Envoyé par
JeLaB
Ce qui m'étonne et qui m'agace, ce n'est pas tant l'opposition caricaturale des postures de "Gauche" et de "Droite", mais le fait que les démonstrations alternent (ou cumulent) à la fois des positions "idéologiques" (ce n'est pas un gros mot) et des morceaux de chiffres démontrant, forcément partialement, que "ben tu vois que j'ai raison".
C'est un des miracles de Raffarin, et sa gestion de bon père de famille. Pour ceux qui ne s'en rappellent pas, il comparait la gestion de l'état à celle du budget d'une famille : quand on gagne moins de sous, ben on en dépense moins...
Ces formes mensongères de vulgarisation sont tolérées alors qu'elles sont réellement débiles. La construction d'un état, d'une société, ne se réalise pas sur l'édification de son budget. Le budget traduit l'idée, il ne la précède pas. Vouloir changer les paramètres/les variables des équations de répartition de la richesse produite, ce n'est pas une opération comptable, c'est un acte POLITIQUE...
Il n'y a pas de "justice sociale" dans une équation de la sécu, il y a la traduction d'une idée du bien commun, ou de l'intérêt privé.
Ce que je ne comprends pas, c'est qu'on veut légitimer des décisions rétrogrades (au sens premier du terme hein... cotiser plus longtemps, c'est bien rétrograde je vous assure) en disant, mais nan j'vous jure, je suis pas de droite, mais faut bien admettre que...
Ben moi, je n'admets pas, pas comme ça.
Je vais pas m'amuser à peser les euros du capital et les euros du travail, le PIB français avec les reconnaissances de dettes des états étrangers...
Mais admettez que le sort fait aux intérêts privés (sauvetage des banques, privatisations des entreprises publiques bénéficiaires, exonérations de charges aux entreprises sans contrepartie, défiscalisations...) est depuis de nombreuses années (et même avant Sarkozy ou Chirac) beaucoup plus favorable que le soutien aux politiques d'intérêt général (éducation, santé, recherche, logement, aménagement du territoire, emploi...)
Donc quand même, faut pas ergoter, c'est une affaire de choix de société. Le progrès social, pour vous, vous enfants, vos amis, c'est quoi ? Je ne parle pas de vos cas individuels cumulés, ça ne fait pas société.
Mais oui, je paye des impôts, et j'en suis content, je mange à ma faim, j'ai un toit sur ma tête, et des soins encore remboursés un peu sur un principe de solidarité qui me plait. Et sans mentir, demain, je veux bien en payer plus pour qu'on me garantisse que mes enfants auront une école avec des enseignants qui seront à nouveaux formés, que les exclus du travail retrouveront une dignité, que l'accès à l'eau et à l'énergie sera possible pour tous, etc...
Alors forcément on me répondra "Bisounours" tout ça. Mais si le cynisme aux affaires est affligeant, il l'est encore plus quand il se propage comme une évidence...
La sécu, les congés payés, la TVA... ont été créées pour des idées, pas pour "maintenir des équilibres"... C'est la même chose pour les retraites; c'est avant tout une posture idéologique. Chacun doit se déterminer là dessus, et pas se laisser enfermer dans le débat des moyens.