Les communistes affirment que leurs théories n'ont pas été balayées par l'Histoire (parce que l'URSS c'était pas des vrais communistes), les libéraux nous affirment que leurs idées ne sont pas des idées zombies*, contredites par les faits mais toujours présentes.
De la même façon qu'aucune société n'a atteint le stade du communisme pur et parfait -fantasmé par les marxistes- aucune société n'a atteint le stade du libéralisme pur et parfait.
C'est en même temps très intéressant à observer pour le libéralisme, la diffusion de ses idées dans le champ de la pensée économique étant indéniable. La société du mont pèlerin-que tu connais sans doute- a fait un travail de sape de la pensée keynésienne qui régnait dans les années 50 et est parvenu à imposer le discours libéral que ce soit dans le discours politique ou dans le discours universitaire.
On peut quand même penser que, si le libéralisme n'a jamais pu être poussé au bout de sa logique, malgré un courant idéologique favorable (peut-être pas en France certes) c'est que le libéralisme parfait est aussi chimérique que le communisme dans sa phase achevée.
De plus, si nos sociétés ne sont pas libérales à 100%, il est quand même difficile de nier que la société est de plus en plus libéral. Je donne un exemple simple, le taux d'imposition aux USA (je n'ai pas les chiffres français sous la main mais je ne doute pas que les résultats soient similaires)
http://www.taxpolicycenter.org/taxfa....cfm?Docid=543
Dans les années 50, le taux marginal d'imposition sur la dernière tranche était autour de 90%, passant à 70% dans les années 70 et à 35% aujourd'hui (les républicain viennent de proposer de le faire passer à 25% avec leur plan Ryan)
Je traduis quand même:
Dans les années 50, il était possible de donner 90% de sa fortune à l'Etat. Aujourd'hui ont est passé à moins de 40% (disons 50 en comptant les taxes hors impôts sur le revenu).
Il me semble donc assez difficile -et beaucoup trop confortable- d'extraire le libéralisme de l'histoire des politiques économiques et de lui réserver la place de théorie économique séduisant et jamais appliquée.
*je réutilise cette expression, issue d'un ouvrage récent "Zombie Economics: How Dead Ideas Still Walk among Us", parce que je la trouve à la fois amusante et terriblement juste.