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  1. #631
    Pardon de cette réponse qui sera un peu en vrac...

    J'ecris depuis un wifi public dans le centre ville de Perth (Australie), avec ce que ça engendre comme déconnections et instabilités.

    Le point de départ était une idée un peu malsaine, qui me semblait amusante : faire croire que le narrateur voulait violer une gamine, alors qu'il désirait simplement la tuer pour qu'elle rejoigne sa famille de cadavres dans sa cave. J'ai un humour particulier n'est-ce pas.

    Alors la première partie était sensé laisser penser la planification du viol (le luxe de détails sur son emploi du temps et son physique attirant ne sont pas là par hasard), d'où le passage rapide sur sa soeur et sa mère qui ne sont pas intéressantes à ses yeux, et la seconde dévoiler le dessein final du narrateur.
    Je ne voulais précisément pas d'émotion dans cette seconde partie, juste laisser le lecteur découvrir la vérité en cherchant un peu.

    "Clarisse est entre ses parents", c'est la fin de la seconde partie, le passage à l'acte a déjà été fait.J'ai mis un double interligne pour séparer l'avant et l'après, ce n'est peut-être pas très visible...

    Les ruptures de style sont précisément sensés amener un malaise, et faire comprendre que l'on se trouve devant une famille de cadavres (le froid pour éviter la décomposition, "nature morte" c'est de l'ironie, etc...).
    Pour "un batard", Charly est un chien, j'aurais du le préciser.


    Merci encore de ton avis très complet et structuré. Mon intention première dans cette seconde partie était une fois encore d'inclure moult descriptions physiques, j'ai bâclé cela pour pouvoir avancer sur d'autres projets, d'où une fois encore cette impression de "pas fini". J'aimerai dire que j'y reviendrai, mais j'en doute, le fond n'est pas suffisamment intéressant.

    Ah et merci aussi pour improbable, je n'avais jamais remarqué l'employer si souvent.


    Je ne sais pas quand je repasserai, alors joyeuses fêtes à tous.
    Dernière modification par Tetsuro999 ; 24/12/2010 à 07h26.
    Vous savez, tous ces monstres ? J'crois qu'ils vont pas s'en tirer !

  2. #632
    J'ai lu ton texte Tetsuro et les 2 posts de commentaires suivants.

    OMG !

    Peut-être suis-je moins barré que vous deux, mais je n'ai pas du tout compris le texte de la même façon que vous, et surtout comme tu voulais l'exprimer. J'ai interpréter la fin comme ceci : le narrateur est un peintre devant sa toile, qui imaginait les détails de la vie de ses personnages dessinés...
    J'ai trouvé ça plutôt bien amené du coup, puisqu'au départ j'ai cru qu'il pouvait s'agir d'un tueur ou d'un violeur, ou quelque chose de même plus SF. Je soupçonnais par contre un twist, ça n'aurait rien eu de bien original sinon.

    Alors, quand j'ai lu vos commentaires... Quoi, en fait ce sont les pensées d'un serial killer ?!

    Je préfère ma version. Envisagez le texte sous cet angle, vous verrez, c'est bien plus intéressant et "joli" !
    Salut c'est Simone

  3. #633
    Ah oui, idée intéressante, qui pourrait se combiner à la fausse piste du psychopathe en concluant par un happy end. Ce serait original. Cela demanderait pas mal de boulot à Tetsuro. Je crois qu'il peut y arriver mais il n'a pas l'air très emballé par son texte...

  4. #634
    En un certain sens oui il est un peu peintre, et les champs lexicaux abondent (involontairement) en ce sens. Disons plutôt artiste avec la mise en scène des cadavres.
    C'est une idée que je pourrais effectivement développer, même s'il n'y aura jamais de happy end, je deteste ça, sauf dans certains cas particuliers, comme la parodie de conte que j'écris de temps en temps. Eh tiens, il se trouve que j'ai justement tapé celui_là. Ce n'est qu'un travail en cours, un projet embryonnaire de saga, la première histoire est totalement planifiée, ne me reste plus qu'a l'écrire...quand je suis motivé.

    Ça se voit que je suis à l'arrache ?

    Les rayons printaniers ont depuis plusieurs mois déjà fait fleurir les bourgeons des sucriers. Leurs fins rameaux se couvrent désormais de fruits ronds et rouges à chair jaune, que viennent piqueter les rayées infatigables sous les fenêtres de Fifreline. Car il était une fois au pays des pommettes sucrées la princesse Fifreline Vavilov qui contemplait le dehors par derrière sa fenêtre.
    Une fenêtre à la mesure de son pouvoir, si haute que l'on y pouvait observer l'astre Sélène quelle que fut la saison, et qu'elle exigeait que l'on astiquât chaque matin à 10h23 précises, afin que la nuit venue l'astre sus-nommé pût mirer et jalouser son doux visage en sa couche solitaire.
    Une couche elle aussi à la mesure de son pouvoir, où 150 ephèbes eussent pu tenir à l'aise, 200 en se serrant un peu, plus en se serrant beaucoup. A intervalles réguliers, d'immenses baldaquins compliqués prenaient le ciel d'assaut. Chacun était un joyau d'orfèvrerie où s'étreignaient en une improbable farandole oiseaux, papillons, écureuils, escargots et poneys à tresses verts-de-gris; aux faîtes de ces colonnades saillaient des têtes de lapin criantes de réalisme, dont chacune arborait une expression différente, celle-ci un nez fripon, celle-là les moustaches dédaigneuses, cette autre les oreilles plaintives. Ceignant cet étalage champêtre telles un rideau de douche diaphane, d'immenses courtines rosées dégringolaient des tringles torsadées (agrémentées de hamsters et de coccinelles) jusqu’à venir lécher l’épaisse moquette bonbon, refuge pour acariens et autres infâmes vermines dont on ignorait heureusement l’existence en cette glorieuse époque.

    Hors donc, Fifreline Vavilov, fille de sa maman Sidoline Vavilov née Cherenkov et de son papa Charldebert Vavilov, se tenait pensive à la fenêtre. Il n'était pas encore onze heures lorsque quarante trois minutes avant l'horaire fixé par le protocole elle avait actionné le cordon de sonnette brodé, signifiant ainsi à ses domestiques qu'elle désirait se lever et être toilettée.
    Pris de court, c'est particulièrement négligés qu'ils étaient accourus à son chevet : si le vieil Albert était irréprochable comme à son habitude, Arthur était coiffé comme un dessous de bras, et Aymeric avait visiblement été surpris au beau milieu de son rasage. Les rouflaquettes des jumeaux Anton et Anatole leurs mangeaient la moitié d'une oreille. La chemise d'Albéric lui battait les flancs.
    Quant à Alkatel et Alkaline, ils ne se sont même pas déplacés. A leurs âges on a ses petites manies, la leur était de ne jamais tolérer le plus petit écart aux règles de la maison, aussi n'étaient-ils jamais ni en avance ni en retard, non pas par volonté d'en faire le moins possible, mais par pur rigorisme obtus transmis de père en fils. Le petit dernier, Duracell, semblait à ce sujet plus monolithique que ses 2 ainés réunis, bien qu'il ne fusse encore qu'en état de ramper dans son parc.
    Impossible de procéder au lever sans que chacun ne fût à sa place, un domestique derrière chaque baldaquin et les toiletteuses en retrait, brosses et attirail à la main. Ainsi dura l'éternité des 43 minutes d'attente de Fifreline, étendue sur sa couche solitaire et bouillante de rage envers les outrecuidants. Morbleu, s'ils n'étaient les préférés du paternel elle leur frotterait en personne les oreilles !
    Enfin se décidèrent-ils à venir, à l'heure réglementaire. Leurs visages impassibles n'exprimaient strictement rien, mais le pétillement de leurs rétines laissait à penser qu'ils avaient déjà rapporté cet accroc à l'Etiquette à qui de droit.
    Il fallut toute une cargaison de poudre d'albatre pour masquer l'écarlate du visage de la puissante Fifreline. A la honte d'être ainsi rabrouée s'ajoutait l'appréhension de ce qui viendrait sous peu :

    C'est qu'on ne pouvait déroger aux sacro-saintes règles millénaires de la famille Vavilov édictées par l'aïeul Augustin Ferdinand François de Vavilov 1er il y a de cela de cela 73 ans sans irriter Augustin François Ferdinand de Vavilov 3e.
    Non pas qu'il soit fort tatillon concernant l'Etiquette, tout au plus peut-on dire qu’il ne transige pas avec, mais le décès de son père Ferdinand Augustin François de Vavilov 2e, mort d'une glissade à l'age de neuf ans, l'a profondément affecté. On l’avait pourtant mis en garde sur la dangerosité de la pratique du patin à glace, qui plus est un mois d’avril.
    Depuis ce tragique accident, nul écart n’était plus toléré, et la grille des sanctions faisait froid dans le dos : pas plus tard que la semaine dernière, un serf stupide s’était vu confisquer la main droite pour avoir eu l’outrecuidance de s’essuyer le visage en présence du maréchal Casimir Bernodatte, venu lui proposer l'achat du calendrier de lavande officiel et certifié . Pire, Fifreline s’était hier vu refuser une part de gâteau aux figues et aux nénuphars pour ne pas s'être essuyé la bouche avant d'en exprimer le souhait. Intransigeant et rude homme qu'Augustin François Ferdinand de Vavilov 3e.
    Les lavements étaient à peine achevés que Fifreline se précipitait à sa fenêtre. Elle tempéra son excitation pour calmer les pleurs des malheureuses qui avaient déjà fort à faire, et sans tarder encore ! pour l'apprêter au repas. A peine ses pensées dérivaient-elles vers la frontière fluctuante de l'horizon et ses yeux s'illuminaient-ils d'espoirs un peu fous que retentit une cinglante cloche de cuisine.

    Fier et digne dans son trône à roulettes portatif, le roi du royaume des pommettes sucrées toisait sa fille, visiblement fort marri. Ses doigts ensserraient si fort la tête de cheval de son sceptre qu'elle se déformait en une tête de mouton.

    "Nous avons ouï dire que vous vous étiez une fois de plus comporté de façon indigne à votre rang. Auriez-vous le moindre petit commencement d'excuse à avancer ou nous faudra-t-il une fois de plus mettre ces agissements sur le compte de votre insupportable excentricité ? " Ainsi s'exprima-t-il.

    "Elle n'avait, croyez-le bien, nulle intention de vous agacer. S'il en est ainsi, veuillez nous en pardonner, car elle s'en repent assurément de bien pénible manière. C'est qu'il lui est venue une révélation en contemplant l'horizon fluctuant et les rayées infatigables depuis la fenêtre de sa chambre, alors l'excitation lui fit perdre la tête."répondit-elle visage baissé.

    "Diantre, une révélation ! Fichtre que voici une surprenante nouvelle. Nous en informerez-vous donc de sa teneur ou faudra-t-il vous le demander ? "

    "Elle s'en vient père, s'en vient. Vous souvient-il du défilé d'amants que vous lui présentâtent fréquemment ces derniers temps ?"

    "Certes certes, tous de bon partis du royaume que vous déclinâtes les uns après les autres, parfois immédiatement, parfois quelques heures avant les fiançailles."

    "Des rustres et des maroufles sans la moindre éducation ni maintien ni atour."

    "Nous ne pouvons vous forcer la main mais..."

    "Elle refuse de se laisser forcer la main ! Faut-il donc que vous soyiez aux abois pour introduire ici même ce butor qui lui dît "Oh princesse, si bien carrossée que vous fûtes, point votre cinquième roue ne souhaiterait être, car l'on dit que vous traitez votre cours si férocement que l'on n'en revoit jamais plus les membres." Aussi puisque vous en fûtes incapable a-t-elle décidé d'elle même partir chercher son époux."

    "Ce n'est pas dans les usages..."

    "...Et il faudra pourtant vous y conformer, car elle part sur l'heure vers le Ponant sur son fidèle Nicodème."

    "Grand dieu, n'avons-nous donc aucun moyen de vous faire renoncer à cet insensé projet ? "

    "Aucun. "

    "Que n'êtes-vous venue nous en parler plus tôt ? "

    "Il suffit, sa décision est prise et vous voilà désormais informé."

    "Je ne puis décemment vous laisser parcourir seule monts et vaux, que dirait le peuple ? Pour notre tranquillité d'esprit, acceptez l'escorte de la troupe à pieds de nos chevaliers d'écaille. La LSSASH vous escortera et vous protégera au péril de sa vie, nous répondons de la bravoure de chacun d'eux."

    "Elle accepte avec joie. N'avez-vous donc rien à ajouter avant le départ, mère ? "

    "Fais comme tu veux, à chacun son oignon et le mien me suffit."
    Dernière modification par Tetsuro999 ; 25/12/2010 à 13h13.
    Vous savez, tous ces monstres ? J'crois qu'ils vont pas s'en tirer !

  5. #635
    Bon allez, le ridicule ne tue pas il parait >< ...

    Le principe de ce texte était de prendre une métaphore commune, simple ou pas très frappante, et de la filer afin de lui rendre son envergure première.
    j'espère que ça vous plairas, n’hésitez pas a m'envoyer un commentaire, une critique et/ou un compliment en MP pour pas polluer le sujet.

    Le sujet est: la résilience.



    Complainte d'une grenouille


    C' est l'histoire d' une petite grenouille, Moins forte que autres grenouilles elle était sans arrêt sujette aux railleries de ses congénères.La petite grenouille n'était pas aussi colorée que les autres, elle nageait moins vite, sautait moins haut et moins loin, son croassement était rauque et sans charme aucun.Mais cette petite grenouille refusait d'être malmenée, elle se démena et s'entraina, elle sautait maintenant plus haut et plus loin que tous, un jour elle voulu sauter par dessus le grand vide circulaire. Elle en était capable, mais la peur de ne pas réussir la fit douter, puis trembler, et c'est ainsi que son corps entravé par son esprit l'envoya vers le fond.

    Au fond de ce vieux puits abandonné elle ne peut pas se reposer, il faut nager pour ne pas couler, arracher sa place aux autres animaux plus forts qu'elle, il lui faut se contenter de petits bouts de végétaux, ne jamais s' arrêter de nager pour ne pas couler, toujours sembler forte qu'elle ne l'est pour ne pas être agressée, l'eau est sale et ne se renouvelle que peu avec la pluie.. Le temps passât, la grenouille ne mourut pas. Elle sa faiblesse avait muté en peur de mourir, elle n'avait plus le temps de douter d'elle-même. Elle était maintenant devenue forte, plus rien ni personne ne lui faisait peur, elle mangeait tous les insectes assez imprudents pour s' être aventuré au fond du puits, son royaume de moisissures et de déjections. Les larves de ces insectes étaient également ingérés, La grenouille ne pouvait plus cracher sur aucune nourriture. Parfois même de minuscules poissons qui naissaient après une pluie intense. Elle avait conquit un bout de bois, son bout de bois, pour se reposer. Des années passèrent sans que rien ne perturbe sa survie, et elle perdit toute notion du temps. Elle ne savait même plus pourquoi elle était là, elle ne savait plus rien.Un jour elle se hasarda a lever la tête ... Tiens... Elle n'avait jamais remarqué les étranges couleurs vives et bariolées d'en haut...C'était quelque chose qui la fascinait, Ce rond était parfois gris, parfois rose-rouge, parfois bleu strié de blanc, parfois noir comme les murs, et enfin régulièrement, quand la fatigue la prenait, noir incrusté de magnifiques petits points blancs. Elle en rêvait chaque jour et chaque nuit, dans son obscurité, ce cercle avait quelque chose de divin, d' encore plus beau et magnifique qu'il lui était inaccessible, c'était son rêve... Plutôt vivre un jour dans ce rond que milles ans dans ce monde pensait-elle.

    Cela fait maintenant huit jours qu'il pleut, la grande grenouille est maintenant épuisée, elle sent la fatigue la recouvrir comme une opercule d'eau froide sur sa conscience. Il pleut trop pour se stabiliser sur le bout de bois. Elle a faim, plus aucun insecte ne peut l'atteindre sous cette pluie battante, le puits est trop rempli pour aller chercher quoi que ce soit a manger dans les profondeurs, l'eau du puits a énormément monté, le bord semble plus proche, le disque semble plus proche, et elle sait qu'il ne restera pas gris longtemps. Elle se rapproche du mur, cale ses pattes arrières dans des aspérités de la roche, Elle pousse sur ses jambes arrières, elle saute. Elle saute avec toute sa peur, elle saute avec toute sa solitude, elle saute avec toute sa hargne, elle saute avec toute sa cruauté, avec toute sa douleur. Elle saute avec toute la force qu'elle a acquise dans la noirceur de son monde. Aussi puissante que misérable. Elle se rapproche du du bord, pleine d'espoir elle s'en rapproche, mais déjà l'angle n'est plus bon, elle va cogner le mur et retomber dans la mort...Elle est sortie! elle a reprit appui en atteignant le mur opposé, sans y avoir pensé, ni même l'avoir voulu. Peut être a t' elle appris ça au fond du trou, à survivre e avant de penser. Son corps et son esprit ont apprit a se préserver, et à improviser pour ne pas couler.

    La grenouille plisse des yeux, elle se méfie... Tout cela est trop étrange: Le sol a mille autres nuances que son ancien monde, sa texture est douce et pleine de vitalité. C'est beau, c'est immense, mais la petite grenouille est perdue ici. Elle n'imaginait même pas un monde si vaste, et s'en souvenait encore moins. Rien ne lui semble familier, elle a peur, elle est toujours seule, mais perdue en plus. Les autres grenouilles la regardent, elles sont éclatantes a côté d'elle, si belles et parfaites mais également incroyablement petites. Elle pourrait prendre leur peur pour ce qu'elle est devenue pour du dégout. Il lui serait tellement facile de se méprendre. Mais ce ne sont plus les mêmes que celles qu'elle connaissait. Plus important, elle n'est plus celle qu' elle connaissait, et elle saura trouver sa place maintenant.

    Elle est forte maintenant, La peur fait partie de son quotidien elle l'a acceptée, comme une partie d'elle même, elle peut l'aider si elle ne la paralyse pas. Rien n' est insurmontable maintenant.


  6. #636
    La grenouille qui fait du wall jump !

    C'est une bonne petite histoire, elle aurait néanmoins eue plus d'impact si tu n'avais pas révélé la métaphore, c'est toujours plus amusant de chercher soi-même (bon c'est pas très compliqué, mais ton introduction m'a gaché ce plaisir).

    Cette histoire de puits trop rempli pour pouvoir descendre est-elle cependant plausible ? Et cette accumulation "elle saute avec..., avec..." est un peu trop lourde (surtout que j'ai du mal à trouver sa cruauté).

    Bon et puis y'a cette happy end, j'aurais préféré la voir sombrer dans son monde, y'a matière à être déprimé seule dans un puits, et ça changerait des images habituelles "j'étais au fond du trou mais je m'en suis sorti".
    Vous savez, tous ces monstres ? J'crois qu'ils vont pas s'en tirer !

  7. #637
    Citation Envoyé par Tetsuro999 Voir le message
    Bon et puis y'a cette happy end, j'aurais préféré la voir sombrer dans son monde, y'a matière à être déprimé seule dans un puits, et ça changerait des images habituelles "j'étais au fond du trou mais je m'en suis sorti".
    Bah le but c'est justement de redorer un cliché, c'était un petit jeu a la base. Si elle retombe au fond ce n'est plus l'image cliché, c'est une autre histoire. Ceci je te comprend, j'aime pas trop les happy end non plus -__-. Je mettrais peut être mes petites historiettes a l'avenir, bien moins niaises...


  8. #638
    Hello hello les amis !

    Je vous ai soumis il y a de ça quelques semaines le début de ma nouvelle qui est en cours.
    Vous m'aviez fait à cette occasion une bonne critique qui m'a fait revoir mon travail en profondeur.
    Voici la suite, j'espère qu'elle va plus vous emballer.
    Pour ma part, j'en suis de plus en plus content.

    Attention c'est un peu long.
    Pas plus de suspense, c'est pas fini et ça s'appelle Profil ouvert :

    1.



    Nathan s’alluma une cigarette sur le perron du lycée. Il n’aimait pas particulièrement fumer mais il avait commencé en même temps que ses amis. Il trouvait que ça lui donnait un air cool, alors il en grillait une tous les matins avant d’aller en cours. Le problème, c’est qu’il n’avait pas une thune et il ne pouvait plus en demander à ses amis sans passer pour un gratteur. Alors il lui arrivait de piquer cinq euros dans le portefeuille de sa mère de temps en temps, ça ne le rendait pas très fier.
    Tous les matins, il restait là, à attendre ses potes, sans dire un mot, en regardant la fumée épaisse sortir de sa bouche.
    A huit heures moins cinq, il devint plus attentif. C’était l’heure précise à laquelle Ambre se faisait déposer par sa mère, en bas de la montée du lycée. Nathan avait remarqué par où elle passait et avait motivé sa bande de potes à quitter le hall d’immeuble chauffé qu’ils squattaient habituellement pour un banc glacial de la montée du lycée, malgré leurs protestations. Et ça dans le seul but de pouvoir regarder Ambre avant que les cours ne commencent. Pourtant Nathan pourrait la contempler toute la journée vu qu’elle était en classe avec lui. Mais tous les matins, il ressentait le besoin viscéral de la voir en premier. De voir quelle tenue elle avait décidé de porter. Pour quel maquillage elle avait opté. Avait-elle noué ses cheveux où les avait-elle laissés libres, il préférait quand ils étaient relâchés.
    Cela faisait deux ans que Nathan et Ambre étaient dans la même classe et sa passion pour la belle n’avait fait qu’enfler depuis.

    Jérémy, l’ami le plus proche de Nathan arriva par le bus de la ville, ils échangèrent une poignée de main et commencèrent à parler de ce qu’ils avaient fait la veille au soir. Nathan examinait son ami et regrettait qu’il ait choisi encore une fois de s’habiller n’importe comment, sans aucune attention pour son style. Au lycée, il fallait faire attention à cela bon sang, quelle réputation allait-il avoir si on le voyait entouré de types mal fringués, les no-style qu’on les appelait. Déjà qu’il devait râler auprès de ses parents pour qu’ils lui paient des vêtements à la mode, des marques tendances et tant pis si lui-même n’était pas à l’aise dans ses fringues, il était forcément à l’aise avec les autres en conséquence. Et ce critère social avait à ses yeux terriblement plus d’importance que d’avoir des vêtements chaud ou confortables. Jérémy, lui, s’en moquait et ce malgré les reproches fréquents de son ami. Le souci pour Nathan, c’est qu’Ambre ne le remarquerait jamais s’il était entouré de losers, de perdus et autre surnoms destinés aux crétins qui n’arrivait pas à suivre la tendance.

    Ambre descendit de la voiture de sa mère qui l’embrassa en lui souhaitant bonne journée. Nathan tourna la tête dans sa direction et comme tous les matins il eut le souffle coupé par sa beauté. C’était plus fort que lui, ça le dépassait complètement. Il était dingue de cette fille. Il la matait avec des yeux de rapace, étudiait avec attention sa tenue. Elle portait son petit top noir qui mettait en valeur sa poitrine, et la petite jupe anthracite qui s’arrêtait mi-cuisse. Nathan n’en perdait pas une miette.
    Il était debout, à côté de ce fameux banc, entouré de ses potes, mais pendant ces quelques minutes plus rien n’avait plus d’importance. Il était obnubilé par sa belle, aux traits si fins, si gracieux, aux formes si parfaites pour une jeune fille de son âge qu’elle faisait autant tourner la tête des jeunes hommes que des plus vieux. Nathan crût défaillir en considérant ses jambes, chacun des pas qu’elle fit pour gravir la montée menant au lycée faisait danser sa jupe et découvrait un peu de ses cuisses. Nathan sentit sa température grimper et son excitation complétait sa fascination amoureuse pour cette jeune fille à la beauté dantesque.
    Nathan sut à ce moment qu’il resterait toujours amoureux d’Ambre.
    Toujours.

    Elle ne le regarda pas, il n’aurait su dire si elle connaissait son existence, et ça le tuait. Elle se dirigea vers son groupe d’amies, des filles plutôt jolies, mais tellement quelconques à côtés d’Ambre. Les potes de Nathan savaient bien qu’il était complètement toqué de la « fameuse Ambre de TS2 que tous les mecs rêvaient de se faire ». Ils l’avaient tellement charrié qu’ils ne trouvaient plus de vannes à lui lancer, alors ils l’ignoraient. La sonnerie retentit et Nathan se dépêcha de grimper la montée en espérant être pris dans le flux des lycéens, mais juste derrière sa dulcinée afin de profiter d’un moment privilégié de proximité illusoire.

    Pour la plupart des élèves, les cours passaient au ralenti, mais Nathan savourait chaque seconde qui lui permettait d’observer Ambre secrètement. Il la fixait, quand il était sûr que personne ne le remarque, puis dirigeait son regard ailleurs quelques instants, de manière à ce qu’on ne rapporte pas à « sa belle » qu’un type du fond la matait pendant tout le cours. Il passait aussi une bonne partie de son temps à fantasmer sur elle, se perdait dans ses pensées pendant quelques exquises minutes…
    Mais le retour à la réalité était cruel. Elle ne me remarquera jamais, elle est bien trop occupée à changer de mec, une fois par semaine. Nathan avait fréquemment des instants de blues. Et il y avait de quoi. Ambre changeait régulièrement de petit copain, des beaux gosses au sommet de leur réputation, une fois un skateur qui avait décroché un sponsor et qui enregistrait une vidéo pour le compte d’une grande marque, une autre fois un type qui avait décroché son permis et qui paradait devant le lycée avec la grosse cylindré de papa-maman. Et puis les pires, les types qui avaient dans les cinq ans de plus qu’elle et qui étaient à la fac. Non mais sans blague, quel type ferait ça ? Allez draguer des jeunes lycéennes qui ont l’âge d’être leurs plus jeunes sœurs, se dit Nathan, faut vraiment être un porc ! Mais pas question d’en parler aux autres filles, elles avaient leurs réponses toutes faites, les filles sont raisonnablement plus matures que les garçons, qu’est-ce qu’il pouvait répondre à ça…
    Toutes les conquêtes d’Ambre blessaient Nathan pour deux raisons. D’une ça le faisait crever de jalousie, ça le blessait au plus profond de son cœur au point d’envisager une ou deux fois de mettre fin à ses jours. Et de deux, cette instabilité donnait l’image d’une Ambre volage, pas très sérieuse, débauchée, voire pire, manipulée et souillée par une horde de salauds et d’ordures qui foulaient au pied la plus pure des créatures de cette planète.
    Mais surtout, ce qui meurtrissait ce pauvre Nathan, c’est qu’il ne pouvait soutenir la comparaison avec tous ces Don Juan avec lesquels elle sortait…
    Lui était un jeune homme plutôt banal, ni laid, ni beau, les traits trop fin, pas assez viril, pas très grand. Il était un peu myope et il devait porter des lunettes, mais il essayait de les mettre le moins possible. En plus, il n’était pas entouré par les gens qu’il fallait, les gens qu’il aurait fallu côtoyer pour passer pour un type en place. Ses amis étaient comme lui, mais ne se souciaient pas tant de ce manque de reconnaissance sans grande valeur, cette valeur factice conférée par la plus subjective des appréciations, la réputation. Et ça, ça déprimait Nathan, car ça l’éloignait d’autant plus de son amour. Le problème, c’est que l’obsession de Nathan le tuait à petit feu…

    2.



    C’était la pause de la moitié de la matinée et Ambre alluma une cigarette sur le perron du lycée. Les deux heures de maths avaient été barbantes au possible et elle savourait ce moment de détente avec ses amies, en ragotant sur les couples qui étaient en train de se faire ou de se défaire.
    Ambre n’avait pas trop envie de voir Julien. Elle savait qu’il serait sur le perron mais elle l’avait largué la veille et était gênée à l’idée de se retrouver en face de lui et d’avoir à formuler des explications inutiles sur la fin de leur relation. Le genre de discussion qui allait durer tout le temps de la pause et qui allait lui prendre la tête. Elle se sentait d’ailleurs soulagé de ne plus être avec ce type. Elle s’était laisser séduire mais il n’avait pas répondu à ses attentes, se révélant totalement stupide et imbu de sa personne.
    Ambre partait du principe qu’il n’y avait pas de raison de ne pas sauter le pas avec un mec qui souhaitait sortir avec elle tant qu’il lui plaisait. C’était une fille qui croyait à l’amour et au coup de foudre, et pour rien au monde elle n’aurait laissé échapper son prince charmant sous prétexte qu’elle n’aurait pas voulu lui accorder sa chance. Le souci, c’est qu’Ambre était une jeune fille très courtisée. Elle savait qu’elle plaisait, et qu’elle s’emballait un peu trop vite avec les mecs. Elle se savait détestée par la majorité des filles de sa classe qui la prenait pour une pimbêche qui passait son temps à allumer les mecs. Même si elle faisait comme si ça lui passait par-dessus la tête, ça la blessait de ne jamais savoir si elle pouvait accorder sa confiance à une de ses camarades. Elle se dit qu’il serait peut-être temps de calmer le jeu et de se fixer mais elle ne voyait pas avec qui. Elle alluma une deuxième cigarette. En plus sa mère lui tapait sur le système avec ses mauvaises notes d’histoire et elle savait qu’elle devait rattraper son retard avant le bac. Il fallait qu’elle trouve une solution au plus vite mais elle ne voyait pas vraiment comment rattraper son retard, ça la gonflait l’histoire.

    3.



    Nathan suivait distraitement le cours d’histoire qui portait sur la guerre froide. Il n’avait pas vraiment de souci avec ses résultats, il estimait qu’il aurait le bac sans forcer. Ce qui n’était pas le cas d’Ambre. Elle fronçait ses fins sourcils quand elle ne saisissait pas une idée, et portait toute son attention sur le cours, ce qui permettait à Nathan d’admirer la jeune femme à son aise.
    « Nathan ! Daigneriez-vous nous accorder votre attention ? »
    Nathan, interloqué, releva la tête et bafouilla un « excusez-moi m’sieur » qui le fit passer pour un minable. Cet enfoiré de Blanchard l’affichait devant tous les autres. Il baissa la tête vers son livre d’histoire.
    « Et bien Nathan, peut-être pourriez-vous nous résumer ce que j’étais en train d’expliquer à vos camarades ? Rajouta avec sarcasme M. Blanchard, prof d’histoire de la TS2.
    _ Euh… vous étiez entrain d’expliquer comment la décolonisation à entrainer l’indépendance de l’Algérie et comment le général De Gaulle a eu du mal à gérer la situation, en gros, pour résumé je veux dire…
    _ Mais c’est pas mal ça, Monsieur Nathan Desrives, et vous arrivez à suivre le cours tout en faisant de l’œil à mademoiselle Deneaugret, félicitations ! »
    La classe commença a pouffé de rire devant cette allusion. Tous les yeux faisaient des va-et-vient entre les deux élèves. Nathan rougit et planta son regard dans son livre profondément, comme une autruche qui tenterait de se dissimuler entièrement sous terre. Les copines d’Ambre ne cessaient pas de jacasser devant cette révélation fracassante qui paraitrait en Une de la gazette des ragots du lycée. Nathan sentit son monde se dérobé sous ses pied, il venait d’être humilié, pire, d’être pris en flagrant délit de désir, cet enfoiré de prof venait de violer son jardin secret, il venait de jeter en pâture la part la plus vulnérable de sa personne, étalant au gros jour ses sentiments les plus profonds, les plus confidentiels, son trésor venait de lui être dérobé. Il éprouva une haine absolue envers ce salaud de prof ! Il songea, il faudrait que je le lui plante un couteau dans le dos à la sortie des cours, ou sinon je lui crève ses pneus, ce sera moins radical. Il décida de relever la tête et sans s’en rendre compte dirigea automatiquement son regard vers sa belle. Elle aussi finissait de rougir et jeta un coup d’œil dans sa direction. Puis elle le fixa un peu, comme si elle tentait d’évaluer qui il était. Il détourna les yeux immédiatement, le visage toujours cramoisi comme un bâton de dynamite prêt à exploser. Putain elle me regarde. Le prof calma la classe et revint à son cours. Nathan attendit la fin du cours comme un condamné à mort qui attendrait qu’on envoie le jus à travers la chaise électrique.
    La sonnerie retentit, se mélangeant au bruit des chaises qu’on racle sur le sol, au brouhaha des discussions et de la voix du prof qui indiquait les thèmes à réviser pour le prochain cours sans que personne ne l’écoute. Nathan sortit fissa de la salle sans se retourner, sans attendre Jérémy, fuyant son humiliation ses cours sous le bras.

    Une demi-heure plus tard, il faisait la queue au kebab du quartier au milieu d’une foule d’ados pour commander son sandwich. Deux choses lui revenait sans cesse à l’esprit, le moment précis où le prof l’avait vanné _ il sentait ses poils se dresser rien qu’à se remémorer cette sensation d’humiliation_ et le regard qu’Ambre lui avait lancé. Ce souvenir était doux et agréable, il ne se rappelait pas qu’Ambre l’ait déjà regardé avec attention. L’année dernière, elle lui avait adressé la parole pour lui demander si c’était cette semaine qu’ils avaient anglais ou espagnol. Il avait bafouillé, tellement abasourdi par ce contact, il avait dit qu’il ne se rappelait plus, surement anglais. Elle l’avait considéré deux secondes puis s’était éloigné en marmonnant un merci. Qu’est-ce qu’il avait pu se maudire de ne pas avoir dit un truc intelligent, d’avoir retenu son attention un instant, il avait revécu la scène des tas de fois dans sa tête… Nathan mangeait donc son sandwich perdu dans ses pensées.

    Les cours de l’après-midi parurent durer une éternité. Il n’osa pas jeter plus d’un coup d’œil par tranche de dix minutes, terrifiés à l’idée qu’on le surveille, glissant dans un sentiment de paranoïa qui se mêlait insidieusement à son désir obsessionnel. A la fin de la journée, il était lessivé, il avait dû lutter contre ses pulsions et tenter de s’intéresser à des cours de physique chimie. Mais plus il se forçait à éloigner Ambre de ses pensées, moins il n’arrivait à se concentrer. Epuisé par ses efforts, il s’autorisa une cigarette avant de reprendre le chemin de son chez-lui. 

    4.



    Ambre était contente de son après-midi, elle avait tout saisi en physique, les prochains partiels s’annonçaient bien. En plus, elle avait réussi à esquiver Julien toute la journée, et Caro lui avait dit que Lucas, le type qu’elle avait rencontré à la soirée étudiante du jeudi dernier lui avait demandé son numéro. Ambre avait complètement craqué sur cet étudiant en psycho et elle comptait l’inviter à la soirée qu’elle organisait le weekend prochain. Pourvu qu’il ne râle pas quand elle lui dira qu’elle a trois ans de moins que ce qu’elle lui a annoncé ! Pis de toute façon l’âge ça ne compte pas tant que ça.
    En arrivant sur le perron du lycée, elle chercha une cigarette dans son sac mais poussa un petit soupir en voyant que son paquet était vide. Elle scruta les mecs qui étaient sur le perron en espérant que l’un d’eux puisse la dépanner d’une clope, elle savait malicieusement user de ses charmes quand ça pouvait servir. Elle vit un type de sa classe qui fumait l’air pensif. Elle se rendit compte que c’était celui à qui le prof d’histoire avait mis la honte pendant le cours, le pauvre. Elle avait été gênée sur le moment mais en même temps, il y avait plein de garçons qui la mataient tout le temps en cours. Elle devrait peut-être éviter d’aller le voir, si d’autres la voyait, ils commenceraient à raconter des trucs après l’épisode de ce matin. Comment il s’appelle déjà, Mathieu, non, Nathan ! Oui c’est ça, ça doit faire deux ans qu’on doit être dans la même classe se dit-elle.
    Elle le remarquait pour la première fois, ce n’était pas trop son genre, il était un peu petit et il ne semblait pas très costaud. En plus il avait des lunettes qui lui donnaient un air intello. Mais il avait un visage aux très fin, il était plutôt mignon. Il avait de bons résultats en cours, surtout en histoire. Ça donna une idée à Ambre.

    « Salut ! » Nathan se retourna et la fixa avec de grands yeux ronds. Elle lui demanda :
    « Dis tu pourrais me dépanner une cigarette s’il te plait ?
    Il ne broncha pas puis sembla se reprendre et bafouilla en cherchant ses clopes.
    _ Ouais ouais ! Bien sûr, pas de problème… Il tendit une cigarette à Ambre.
    Elle le remercia et fit lécher la flamme de son briquet à l’extrémité de la clope. Nathan était subjugué, il n’avait jamais vu autant de grâce dans un geste aussi banal, elle était à côté de lui, juste à côté.
    Ambre pris quelques bouffées sur sa cigarette, puis elle lui demanda en fixant ses pieds :
    _ T’es fort en histoire ?
    _ Ouais… Ça va, j’me débrouille…
    Personne ne dit rien pendant quelques minutes gênantes.
    _ Moi je suis nul en histoire, j’ai peur que pour le bac ça…
    _ Je suis désolé pour ce matin ! Il avait lâché ça comme ça, en lui coupant la parole. Elle étouffa un petit rire. Il avait l’air tout gêné
    _ C’est pas grave…
    _ C’est vraiment un con ce prof !
    _ Moi je le trouve plutôt sympa.
    _ Tu sais, je te regardai pas, je regardai par la fenêtre.
    _ Ouais…
    _ …

    Un nouveau silence gêné. Nathan donna une pichenette à sa cigarette mais elle retomba lamentablement sur son sac, il tapa dessus pour enlever les cendres. Ambre tourna la tête.
    _ Et sinon … euh, si tu veux je peux t’aider pour l’histoire.
    _ Bah justement, tu pourrais me faire des photocopies de tes cours, parce qu’il m’en manque quelques-uns, j’ai loupé la semaine dernière, et aussi la partie sur le président Marshall après la deuxième guerre mondiale…
    _ Ha ha, non c’est le président Truman, tu confonds avec le plan Marshall, c’est la doctrine Truman en opposition à la doctrine Jdanov, et…
    _ Ouh la la, attends je suis déjà complètement perdue !
    Ils se mirent à rire.
    _ Ecoute, pas de problème. J’aime beaucoup l’histoire, je trouve ça passionnant. Si tu as le moindre souci demande-moi, j’te donnerais les cours demain.
    _ Merci, c’est cool.
    Il la regardait en souriant, elle lui rendit son sourire.
    Ils se regardèrent quelques secondes, il était gentil, elle finit par dire :
    _ Ecoute je vais y aller, ma mère ne devrait pas tarder. A demain alors.
    _ Ouais, à demain Ambre…

    Elle s’éloigna et descendit la montée du lycée. Il était plutôt sympa en fait, en plus il avait l’air calé en histoire. C’est bizarre qu’elle ne l’ait pas remarqué avant, deux ans qu’ils étaient dans la même classe. En tout cas, vu comment il la dévorait des yeux, elle savait qu’il avait un faible pour elle. Tout ça la laissa songeuse jusqu’à ce que sa mère klaxonne en lui faisant signe de se dépêcher, elle était en double file.

    5.



    Nathan était sur un petit nuage, il venait de vivre les cinq minutes les plus extatiques de son existence, il repensait sans cesse à ce moment, elle en face de lui, eux entrain de rire, elle allumant une de ses cigarettes, elle lui disant à demain, lui l’impressionnant par ses capacités en histoire, elle lui faisant un signe de la main… Il marchait en souriant bêtement, les yeux dans le vague, il sut qu’il chérirait toujours ce court instant dans son cœur, il le graverait dans sa mémoire et pourait s’y réfugierait à chaque instant. Il commença à imaginer qu’il se rendait chez elle pour lui donner les cours, puis qu’ils se retrouvaient dans sa chambre, puis ils s’embrassaient, puis il caressait délicatement sa joue du revers de sa main, puis elle retirait son haut, et…
    Il joua le film une bonne dizaine de fois dans sa tête sur le chemin. En rentrant il s’isola dans sa chambre. Le soir, il dina avec ses parents sans être vraiment là, il était avec Ambre.
    « Les cours se sont bien passés ?
    _ Ouais…
    _ Le prof de physique vous a rendu vos contrôles de la semaine dernière ?
    _ Ouais…
    _ Et ? Tu as eu combien ?
    _ Ouais…
    _ Nathan ? Tu nous écoutes là ? »
    Nathan ne trouva pas le sommeil de la nuit. A aucun moment.

    Le lendemain matin, il dormait à moitié sur le chemin du lycée, déambulant comme un zombie en suivant l’itinéraire quotidien et bien connu. Il était partie une demi-heure plus tôt et s’arrêta en chemin dans une boutique de bureautique. Il fit des photocopies de tous ses cours, les fit reliés par thème avec une page de garde plastifiée. Il prit le modèle le plus cher. Il arriva au lycée et alluma sa cigarette du matin en saluant ses amis.
    Huit heures moins cinq, Ambre arriva, il se dit qu’il attendrait la pause de dix heures pour lui remettre ses cours.
    Dix heures, il la chercha du regard parmi la foule de lycéens. Elle était assise sur les marches, en face d’elle il y avait un type debout qui la faisait rire. Il se rapprocha.

    « Salut Ambre… Elle se retourna, le type aussi.
    _ Oh Nathan, ça va ? Elle se leva et lui fit la bise. Il rougit puis serra la main du type
    _ J’ai tes cours, pour l’histoire.
    Il sortit les cinq ou six dossiers reliés.
    _ Quoi ! Mais t’es fou, combien ça t’a coûté ?
    _ Non rien, laisse tomber.
    _ C’est vraiment gentil, fallait pas. Ecoute, si tu veux ce weekend je fais une soirée, t’as qu’à venir. Faut juste amener une bouteille. Ça te dit ? J’ai fait un évènement sur « Friendship », y’a tout sur la page, l’adresse, un numéro où me joindre et l’heure à laquelle ça commence.
    _ Euh… oui, avec plaisir !
    _ C’est cool, bah à samedi alors !
    _ Ouais, à samedi.
    Il s’éloigna avec l’impression de vivre dans un rêve.


    Il compta les heures et les minutes qui le séparait de la soirée. Il se rua sur internet dès qu’il fut rentré chez lui et envoya une demande d’ajout en ami à Ambre en espérant qu’il n’avait pas tout imaginé. Il n’avait jamais osé lui envoyé une demande d’ajout de peur qu’elle l’ignore ou bien qu’elle le prenne pour un vicieux, mais maintenant que c’était elle qui l’y avait invité, il n’avait rien à craindre. C’était fabuleux, il allait pouvoir voir ses photos, quand il le voudrait, il serait au courant des statuts qu’elle mettrait en ligne, il saurait tout. Tout !
    C’était pour ainsi dire le plus beau jour de sa vie…
    Il passa les deux prochaines heures à vérifier toutes les deux minutes avec anxiété si elle était connectée. Il n’allait jamais sur son propre profil « Friendship ». Personne ne lui envoyait jamais rien, personne ne prenait de ses nouvelles, à part ses potes qui lui mettaient des liens vers des sites de jeux vidéo. D’ailleurs il ne s’était inscrit sur le site que pour une chose, Ambre.

    Au bout de deux heures et quart, il vit qu’elle avait accepté sa demande. Il hurla presque de joie mais l’ordinateur était dans le salon et il ne voulait pas que ses parents se demandent ce qui arrivait. Ses parents ! Il fallait encore qu’ils acceptent de le laisser sortir ce weekend. Il n’y avait pas de raison, il avait eu un bulletin correcte ce trimestre.
    Il contempla les deux cent quarante photos où Ambre apparaissait, s’arrêtant sur chacune, il caressait presque l’écran du bout des doigts sur certaines où elle était absolument divine. Il regarda ses centres d’intérêt, exultant dès qu’il voyait un truc qu’ils avaient en commun. Il écouta les musiques qu’elle avait mises en ligne, il n’entendait même plus son père râler pour la troisième fois, répétant qu’il était tard et qu’il devait consulter sa boîte mail.

    Il resta devant l’ordinateur tard dans la soirée et commençait à somnoler, il regarda l’heure sur le magnétoscope, il était deux heures et demi du matin. Il alla se coucher les yeux rougis par l’écran mais le sourire aux lèvres, le visage béat et les pensées occupées par le visage d’Ambre.

    6.



    Le weekend était arrivé. Nathan passa au supermarché du coin et acheta une bouteille de vodka, de la « Eristoff », il avait lu sur son profil que c’était sa marque préférée. Il avait passé le reste de la semaine à essayer d’apprendre par cœur ses informations personnelles.
    Pendant les heures de cours, il avait essayé de jouer le blasé au plus possible, se contentant de la saluer de loin. Il crût même l’avoir surprise en train de le regarder en cours, mais il n’avait su si c’était à lui qu’était adressé ce regard ou bien à sa copine Caro qui était juste derrière lui (le prof les avait séparées parce qu’elles parlaient trop).

    Il y avait un souci cependant. Ambre habitait dans un village à dix kilomètres de chez lui et il allait devoir y aller à pied. Il aurait bien demandé à ses parents de l’y conduire mais ils allaient au cinéma ce soir-là. Tant pis ! Il avait décidé qu’il irait à pied. Pour rien au monde il n’aurait loupé cette soirée.
    Le soir venu, il se prépara. Il avait décidé de mettre une chemise noire. Sur un commentaire qu’elle avait fait sur la photo d’un de ses amis, elle disait que ça faisait très masculin. Il avait décidé de ne rien laisser au hasard. Vers vingt heures trente, ses parents partirent au cinéma et Nathan se mis en route. Il avait le cœur qui battait à cent à l’heure. Il était anxieux, il n’avait pas l’habitude des soirées de ce genre. En fait, c’était la première soirée où on l’invitait depuis qu’il était arrivé au lycée.

    Il longeait la nationale et se cachait dans le fossé dès qu’une voiture passait, de peur que ce fussent des jeunes qui se rendaient à la soirée. C’était stupide et paranoïaque mais Nathan n’aurait pas supporté qu’on avoue qu’il était venu à pied, longeant la nationale de nuit, tout seul. Tout le monde l’aurait pris pour un fou. Avec tout ça il arriva tard.

    En atteignant le quartier d’Ambre, il commençait à entendre la musique. C’était un lotissement de petites maisons, il essaya de se repérer au bruit. Il repéra l’entrée et s’approcha. Il y avait des gens dehors qui fumaient et buvaient en riant. Il les salua mais ne reconnut personne, qui veux-tu reconnaitre ici se dit-il, et entra dans la maison. Le bruit était assourdissant, la musique était très forte et l’obscurité presque complète. Il distingua une foule entrain de danser au milieu de ce qui devait être le salon. La musique était du style de ce qui passait en boîte. Nathan ne connaissait pas, il n’allait jamais en boîte, ce doit être de la house se dit-il. Il chercha Ambre du regard, scrutant parmi les danseuses, puis continua le tour des autres pièces.
    Dans la cuisine, c’était plus éclairé. Il y avait deux groupes de personnes, une table avait été calée dans le fond et toutes les bouteilles étaient posées dessus. Il sortit la sienne de son sac et la mit au milieu des autres. On lui demanda s’il venait d’arriver, il répondit que oui et demanda où était Ambre. Ils se mirent à rire et lui répondirent qu’elle devait être dans une des chambres avec le fameux étudiant de psycho. Nathan devint livide, c’était comme si on lui avait explosé une bouteille de vodka de marque « Eristoff » sur le crâne pour après lui enfoncer le tesson dans le cœur. Il bredouilla merci puis demanda à ce qu’on lui serve un verre. Les autres durent remarquer son changement de couleur car on lui conseilla de s’asseoir. Les larmes lui montaient aux yeux, non mais il fallait vraiment être con, se dit-il, pour imaginer que ça allait changer quoi que ce soit. Il restait le minable Nathan, juste bon à lui donner ses cours d’histoire. Il avala son verre d’un trait. Tous les autres avaient l’air plus vieux que lui, il se sentait chétif et pitoyable.

    Il décida d’aller dans le jardin prendre l’air. Il resta assis sur un banc, perdu dans des pensées mélancoliques, un verre à la main. D’autres personnes blaguaient à côté de lui, des éclats de rire lui parvenaient mais il était isolé dans son spleen. Au bout d’une demi-heure, il décida d’aller remplir son verre vide et passa par le salon.
    Là, sous la lumière saccadée du stroboscope, il la distingua. Ambre qui se déhanchait. Les flashs éclairaient spasmodiquement son corps qui semblait se cambrer au rythme de la musique. Nathan lâcha son gobelet de plastique qui tomba sans bruit, il ne l’avait jamais vu si belle.
    Les yeux clos et les lèvres légèrement entrouvertes, elle dansait, habitée par le rythme des basses. Nathan était subjugué, elle portait une robe qui laissait son dos nu, ses hauts talons étiraient ses jambes. La sueur faisait briller sa peau à chaque passage d’un projecteur. Il l’appela mais son cri fût noyé dans le vacarme ambiant. Il s’approcha, magnétiquement, comme Ulysse hypnotisé par le chant des sirènes, et il lui frôla l’épaule. Elle ouvrit les yeux et sourit en le voyant. « Nathan ! Ça va ? » S’époumona-t-elle. Nathan n’entendit presque rien à cause de la musique mais hocha la tête. Elle lui prit la main et cria « Vient ! » Elle fendit la foule en direction de la cuisine.

    Celle-ci était maintenant déserte, ils y étaient seuls avec les cadavres de bouteille. Il la contempla quelques secondes, à la lumière crue, c’était « la » Ambre qu’il n’avait jamais osé espérer, celle des grandes soirées. Impeccable, elle avait sublimé sa beauté avec quelques touches de maquillages et une tenue parfaite. Mais quelque chose faisait tâche, Ambre avait du mal à garder l’équilibre. Nathan reprit ses esprits et chercha la bouteille de vodka au milieu de la table. Il la cueillit au milieu du champ de bouteille et la tendit à Ambre.
    « Je t’ai ramené ça.
    _ Ooh ! Génial j’adore la vodka, on va s’en servir un verre ! »
    Elle entreprit de servir deux gobelets mais en versait la moitié à côté, elle semblait saoule. Nathan lui dit qu’il allait le faire. Il servit un doigt de vodka auquel il ajouta du jus d’orange et tendit un des deux verres à Ambre. Ils trinquèrent et Ambre s’envoya la dose d’une traite ! Nathan était mal à l’aise, il ne l’avait jamais vu dans cet état. Elle lui dit « Viens, on va fumer une cigarette ! » Elle lui prit la main et les menèrent à l’extérieur, attrapant la bouteille de vodka au passage. Nathan se laissait guider, savourant chaque seconde pendant lesquelles la paume de sa belle était dans la sienne, sentant les minces doigts serrer les siens. Dehors, elle lui demanda s’il n’avait pas une cigarette, il lui en tendit une.

    « C’est sympa ce soir non ?
    _ Ouais, super soirée.
    _ Tu vois, nous on va fêter le fait qu’on se connait mieux maintenant, parce que c’est quand même fou qu’on est été dans la même classe pendant deux ans et qu’on se soit jamais parlé ! C’est dingue non ?
    _ Euh… Ouais.
    _ Surtout que t’as pas l’air comme ça, mais t’es un mec hyper gentil tu sais !
    _ Bah… euh merci.
    _ Allez, à la tienne ! »
    Sur ce, elle s’enfila une rasade de vodka et lui tendit la bouteille : « A toi ! » Nathan saisi la bouteille, et après une courte hésitation avala une gorgée. L’alcool lui donna un haut le cœur et il toussa en posant la bouteille. Ambre explosa de rire et prit Nathan par le cou en disant : « T’es trop mignon. » Et elle déposa un baiser sur ses lèvres.
    Nathan plaça les mains sur ses hanches et l’embrassa plus fougueusement. Elle posa les paumes de ses mains sur ses épaules et le repoussa, bredouillant « Oh mon dieu, qu’est-ce que je fais… Excuse-moi, je sais pas ce qui m’a pris… » Nathan ne répondit rien. Il resta hébété, ça s’était passé trop vite, pas le temps de comprendre.
    « Ecoute, il y a mon nouveau copain qui est là, tu gardes pour toi ce qui vient de se passer, tu le promets hein ? » Nathan ne répondit rien, ça s’était passé trop vite, trop vite. « T’es gentil mais ce soir je suis sorti avec ce type, Lucas… euh … écoute je sais pas quoi dire, attends là, je reviens… » Elle avait l’air d’avoir dessaoulé d’un coup, elle fila en direction de la maison, laissant Nathan dans sa stupeur.
    L’air était frais, c’était agréable.
    Nathan était toujours immobile. Elle a dit qu’elle allait revenir. Je l’attendrai. Il alluma une cigarette. Elle m’a embrassé, elle m’a embrassé ! En y pensant, il se mit à rire, un rire à gorge déployé, il était heureux. Il l’attendrait.

    7.



    Nathan faisait courir ses doigts sur le dos nu. Ambre poussa un soupir : « J’adore quand tu me caresse comme ça. » Ils étaient montés dans sa chambre après le départ des invités, la soirée finissait dans l’intimité pour les deux nouveaux amants. Elle avait dégrafé le haut de sa robe et il laissait jouer ses doigts sur la peau douce de sa belle. Elle se retourna et l’embrassa. Il fit glisser la fine culotte jusqu’aux genoux pendant qu’elle défaisait le bouton de son jean. Il l’installa sur le dos et s’installa contre elle. Leurs peaux étaient brulantes l’une contre l’autre. Elle poussa un gémissement…
    Nathan ouvrit les yeux. Le réveil sonnait, imperturbable. Il tâtonna avec sa main pour interrompre le son strident qui agressait ses oreilles de bon matin. Six heures et demie. Il devait se lever pour aller au travail. Il venait encore de vivre cette nuit d’amour en rêve. Il poussa un soupire. Cette nuit d’amour qu’il avait tant espérer il y a de ça dix ans maintenant. A ses côtés, Laure se retourna et le prit dans ses bras.
    « Quelle heure il est ?
    _ Six heures et demi.
    _ Mmh, bien dormi ?
    _ … Oui …
    _ Tu me réveille dans un quart d’heure ?
    _ Oui.
    Nathan se leva et se dirigea vers les toilettes. Il s’essuya, il avait joui dans son sommeil. Il urina, tira la chasse puis se dirigea vers la cuisine pour faire couler le café. En prenant sa douche, il se remémora son rêve. Toujours le même rêve.

    En réalité, Nathan avait attendu pendant une heure dans le jardin sans la voir revenir. Puis il était allé se resservir un verre.
    Après c’était assez flou. Il ne buvait jamais habituellement.
    Il se rappelait vaguement qu’on l’avait ramené devant chez lui et s’était réveillé le lendemain dans son lit. Il avait essayé de voir Ambre au lycée mais elle l’avait esquivé autant que possible. Ça lui avait déchiré le cœur.
    Sur « Friendship », elle parlait sans cesse de ce Lucas avec qui elle était sortie pendant sa fameuse soirée. Mais Nathan savait que c’était surtout avec lui qu’elle était sortie. C’était cette rencontre, cette fusion issue d’un baiser qui avait réellement compté. L’autre, cet étudiant, ce n’était qu’un prétendant de plus, un type sans intérêt, insipide. Nathan lui-seul saurait donner l’amour qu’elle méritait, il la comblerait, il … Ils étaient simplement fait l’un pour l’autre, elle s’en rendrait bien compte un jour. Il y a des histoires d’amour auxquelles il faut donner le temps de murir.

    Un jour, le Lucas en question était venu chercher Ambre devant le lycée. Ça avait mis Nathan dans une rage incontrôlable. L’étudiant en psycho avait garé son scooter devant le perron du lycée pendant que les deux tourtereaux étaient allés boire un verre en ville. Il avait crevé les deux pneus, par colère.
    Ça lui avait fait beaucoup de bien.

    Deux mois plus tard, elle avait finalement cassé avec l’étudiant de psycho, mais directement après elle s’était remise avec Julien. Nathan avait accusé le coup.

    Nathan passa son bac avec succès. Ambre aussi. Il l’avait appris sur « Friendship », en fait il passait en revue chaque jour le profil de sa promise. Ce site de réseau social était le dernier lien qui le rattachait à elle.
    Ils ne s’étaient plus jamais adresser la parole depuis la soirée du dix avril.
    Nathan s’était fait tatouer la date sur la cheville.
    C’était le jour ou Ambre et lui étaient sortis ensemble…

    Nathan ne savait pas quoi faire après le bac. Enfin, il avait bien une idée, mais maintenant il n’était plus sur de rien. Un soir, sur « Friendship » bien sûr, il apprit qu’elle allait faire une école de management sur Lyon. Elle était ravie, ses parents acceptait de lui payer une partie de l’école, elle devrait faire des petits boulots pour se payer l’autre partie, les frais d’inscription représentaient une grosse somme. Elle se réjouissait à l’idée de faire serveuse ou un truc dans le genre. Elle allait rencontrer des tas de types si elle faisait serveuse se disait Nathan.
    Subitement, Nathan décida de faire ses études sur Lyon. A l’origine il voulait faire fac d’histoire, l’histoire l’avait toujours passionné. Ses parents ne comprirent pas ce changement d’orientation aussi soudain, voilà que monsieur voulait faire une école d’informatique. Ils lui expliquèrent qu’il pourrait très bien faire son école s’il le voulait mais ce serait dans la région. Nathan finit par trouver une école sur Lyon qui proposait un programme qui n’était pas disponible dans les écoles autour de chez lui. Ses parents finirent par céder.

    Tout ça était si loin maintenant.

    Nathan avait réussi son école d’informatique. Il travaillait depuis cinq ans dans une boîte qui éditait des logiciels utilisés dans le secteur industriel. Il était assidu et apprécié par ses collègues et ses supérieurs.
    Ambre avait échoué à son école, elle continuait de faire serveuse et avait tenté de reprendre plusieurs fois la fac, une fois du droit, une fois en psycho, mais ça n’avait pas abouti. Elle avait bien eu quelques histoires sérieuses mais elle changeait toujours assez souvent de mec.


    Nathan se rasait devant le miroir de la salle de bain en pensant à des lignes de code sur lesquelles il bloquait, et aussi à Ambre. Il s’essuya le visage puis alla enfiler une chemise et un pantalon. Dans la cuisine, il alluma une cigarette en buvant une tasse de café. Laure arriva dans la cuisine avec le peignoir de Nathan sur les épaules. Elle lui caressa le cou.
    « Tu n’es pas venu me réveiller.
    _ Oh excuse-moi, j’étais en train de réfléchir…
    _ Tu programmais dans ta tête ?
    _ Oui.
    _ Tu me sers une tasse de café ?
    Il s’exécuta et embrassa son amie sur le front.
    Il était avec Laure depuis deux ans et demi. Ils s’étaient rencontrés dans un pub de Lyon, pendant une soirée poker. Elle l’avait trouvé mignon, elle l’avait dragué, il s’était laissé faire. Il avait fini par lui proposée d’emménager chez lui, elle avait été folle de joie. Allongés dans leur lit, après avoir fait l’amour, elle leur prévoyait déjà une vie future radieuse, avec des enfants et une belle maison dans la périphérie de Lyon. Il acquiesçait vaguement quand elle lui tenait son discours, les yeux dans le vague, elle était déjà en train d’imaginer la couleur des carreaux de la future salle de bain.

    Au début de leur relation, Nathan avait réussi à oublier quelque temps sa promesse. Il laissa Ambre à sa vie, se laissant aller au bonheur d’une relation simple. Après tout Laure le comblait de bonheur. Elle l’aimait. Il ne se rappelait pas qu’on lui ait déjà témoigné autant d’amour.
    Laure était dans l’immobilier, elle avait une bonne situation, elle était mignonne, brune, intelligente. Elle aimait parler politique ou littérature. Il formait un couple que tous leurs amis enviaient.

    Puis le démon revint tirailler l’esprit de Nathan. Il avait recommencé à consulter le profil de Ambre, il y passait maintenant chaque jour plusieurs heures, pendant ses heures de travail.
    Il avait du mal à ne pas imaginer Ambre pendant qu’il faisait l’amour à Laure.
    Il passait souvent devant le café-restaurant où elle travaillait. A chaque fois qu’il la voyait, son cœur se tordait en tous sens. Il murmurait son prénom. Il rêvait d’elle chaque nuit. Son obsession le rendait infiniment malheureux.
    Un jour, il l’avait même surprise en train d’embrasser son nouvel amant. L’idée de le suivre et de le tuer lui avait caressé l’esprit.
    Il avait aimé cette image qui lui avait traversé l’esprit.
    Nathan n’osait pas imaginer où cela allait le mener…

    8.



  9. #639
    @Flambear : n'hésite pas à poster, quoi que ce soit je lirai.

    @Therapy2crew : Avec ma connexion de chie, je n'arrive pas à charger complètement la page, ça coupe à "retomba lamentablement sur son", même avec le skin le moins lourd. Ça m'arrive tout le temps mais ça m'ennuie plus quand c'est sur mon topic préféré avec un texte qui a été bien remanié, alors pourrais-tu l'uploader quelque part et m'envoyer le lien en mp please ? Je te ferai un feedback ce week end et balancerai quelques autres textes (Fifreline en a intrigué quelques uns semble-t-il, j'avais uploadé autre part le début et pas mal de recherches ont été faites sur ce nom, désolé rien de neuf à ce sujet pour l'instant) si je ne suis pas trop crevé.

  10. #640
    Voilà, j'ai mis un zip, comme ça tu pourras le lire.

  11. #641
    Lisez. Lisez. LISEZ.

    Comment on fait déjà pour attirer l'attention des autres et en même temps leur faire de la peine...

    Ah oui !



  12. #642
    @Therapy2crew: j'ai lu la première page, je n'accroche pas principalement parce que tu développes des choses inutiles ou inintéressantes à mes yeux. Par exemple:
    Nathan examinait son ami et regrettait qu’il ait choisi encore une fois de s’habiller n’importe comment, sans aucune attention pour son style. Au lycée, il fallait faire attention à cela bon sang, quelle réputation allait-il avoir si on le voyait entouré de types mal fringués, les no-style qu’on les appelait.
    Redondances, évidences, explicitations, définitions, on pouvait tout comprendre sans la moindre explication:
    "Son ami s'habillait comme un no-style. Nathan s'inquiéta d'être vu à ses côtés."

    Laisse le lecteur faire son travail d'imagination et ne développe que ce qui est vraiment surprenant ou unique, c'est à dire ce que le lecteur ne peut pas deviner.
    Enfin ce ne sont que mes goûts personnels.

  13. #643
    Merci pour le zip, j'ai temporairement accès à une connexion (un peu) plus décente, ce qui m'a permis de m'abonner au topic, ça m'éviteras de mauvaises surprises pour plus tard.

    Ton texte...J'ai tout lu, et très honnêtement, si tu as amélioré beaucoup, l'ensemble me donne toujours une impression de "pénible", je me suis ennuyé parce que c'est finalement banal et très convenu, et le lecteur n'est à aucun moment surpris. C'est même l'objectif que tu sembles poursuivre vu le nombre de détails dont le texte est parsemé : fin du chapitre 3 "Il fallait qu’elle trouve une solution au plus vite mais elle ne voyait pas vraiment comment rattraper son retard, ça la gonflait l’histoire". Nous on sait comment elle va faire...
    Fin chapitre 4 "C’est bizarre qu’elle ne l’ait pas remarqué avant, deux ans qu’ils étaient dans la même classe. En tout cas, vu comment il la dévorait des yeux, elle savait qu’il avait un faible pour elle. Tout ça la laissa songeuse [...]". "Comme de par hasard" ai-je envie de dire...
    Comme le dit Pronoein, laisse le lecteur imaginer, ne le prends pas trop par la main.

    Il faudrait l'avis d'un jeunot pour bien faire, mais ces amourettes me laissent de marbre, je n'ai pas la moindre compassion pour le "héros" ; peut-être parce que je n'ai pas connu la "révolution facebook", j'ai du mal avec la modernité en littérature, que ce soit le langage parlé, le vocabulaire ou la technologie.
    Tu auras donc compris que comme le fond ne m'intéresse pas du tout, je ne suis pas le mieux placé pour émettre un avis intéressant, désolé.



    Me concernant, le boulot me prend l'essentiel de mon temps, je n'ai donc pas fait grand chose littérairement parlant ces dernières semaines, mais une conversation avec une amie m'a motivé à ressortir un vieux texte (3 ans je crois). Il est sensé être réutilisé dans un projet de disons "roman à thème" qui me traine dans la tête depuis précisément 3 ans, mais illustrant de belle manière les propos de dark_fread ici même il me semble, à propos d'un texte qu'il devenait impossible de poursuivre/retravailler à cause d'un film/autre, je vous le mets disons en avant première.

    Le thème de "ma bulle, mon univers" m'a toujours inspiré depuis que j'écris, peut-être même est-ce l'une des raisons pour laquelle j'écris, mais après avoir lu "le terrier" de Kafka, j'ai su que je serai incapable de retravailler ce texte sans paraphraser ou reprendre autrement (et donc en moins bien, Kafka oblige) cette nouvelle, alors il repose depuis un bon moment en attendant je ne sais quoi.

    Je crois avoir organisé mon antre du mieux qu'il était possible, et c'est dans la bienheureuse quiétude que procure un repaire solide que la veille je me laissais aller à ces rêveries auxquelles l'on s'abandonne en pareille situation. A peine de petits nuages floconnaient-ils au ciel, mais ils n'étaient que manifestation rassurante, quoique chagrinante, d'une banale normalité aperfectionne.

    Et ce soir, ce refuge construit de réflexions et de convictions issues d'icelles, ma piteuse retraite, n'est plus.

    Le ciel s'est brusquement assombri, et un pied gigantesque est tombé sur moi. Saisi et porté aux nue, on me coupât les ailes, puis m'arrachât chacune de mes pattes. Une cruelle flamme me lécha l'abdomen, puis l'on fouilla mes entrailles de milliers de petites aiguilles. Enfin fus-je jeté au sol où l'on me laissa inerte au milieu du passage, et où chacun put y aller de ses propres cruautés.

    Misérable et nu, ainsi me traînais-je hors du chemin jusque sous un rocher nu et misérable, où je suis si facile à écraser.

    Et Uriak, tu en es où avec ton roman ?
    Vous savez, tous ces monstres ? J'crois qu'ils vont pas s'en tirer !

  14. #644
    Ha merde;
    Ca marche pas du tout apparement avec ce texte.
    Bon, je sais que le début est ennuyeux et manque d'action, mais je ne vois pas trop comment y remédier.

    Citation Envoyé par Pronoein Voir le message
    @Therapy2crew: j'ai lu la première page, je n'accroche pas principalement parce que tu développes des choses inutiles ou inintéressantes à mes yeux. .
    L'histoire se développe par la suite avec plus d'intérêt. Mais tu n'as lu que la 1ère page, et le fait qu'elle ne soit pas accrocheuse ne permet pas à mon texte de saisir le lecteur. C'est facheux.
    Citation Envoyé par Pronoein Voir le message
    La première page
    Redondances, évidences, explicitations, définitions, on pouvait tout comprendre sans la moindre explication:
    "Son ami s'habillait comme un no-style. Nathan s'inquiéta d'être vu à ses côtés."

    Laisse le lecteur faire son travail d'imagination et ne développe que ce qui est vraiment surprenant ou unique, c'est à dire ce que le lecteur ne peut pas deviner.
    Enfin ce ne sont que mes goûts personnels.
    J'ai encore des progrès à faire pour le style. Work in progress.
    Citation Envoyé par Tetsuro999 Voir le message
    Merci pour le zip, j'ai temporairement accès à une connexion (un peu) plus décente, ce qui m'a permis de m'abonner au topic, ça m'éviteras de mauvaises surprises pour plus tard.

    Ton texte...J'ai tout lu, et très honnêtement, si tu as amélioré beaucoup, l'ensemble me donne toujours une impression de "pénible", je me suis ennuyé parce que c'est finalement banal et très convenu, et le lecteur n'est à aucun moment surpris. C'est même l'objectif que tu sembles poursuivre vu le nombre de détails dont le texte est parsemé : fin du chapitre 3 "Il fallait qu’elle trouve une solution au plus vite mais elle ne voyait pas vraiment comment rattraper son retard, ça la gonflait l’histoire". Nous on sait comment elle va faire...
    Fin chapitre 4 "C’est bizarre qu’elle ne l’ait pas remarqué avant, deux ans qu’ils étaient dans la même classe. En tout cas, vu comment il la dévorait des yeux, elle savait qu’il avait un faible pour elle. Tout ça la laissa songeuse [...]". "Comme de par hasard" ai-je envie de dire...
    Comme le dit Pronoein, laisse le lecteur imaginer, ne le prends pas trop par la main.

    Il faudrait l'avis d'un jeunot pour bien faire, mais ces amourettes me laissent de marbre, je n'ai pas la moindre compassion pour le "héros" ; peut-être parce que je n'ai pas connu la "révolution facebook", j'ai du mal avec la modernité en littérature, que ce soit le langage parlé, le vocabulaire ou la technologie.
    Tu auras donc compris que comme le fond ne m'intéresse pas du tout, je ne suis pas le mieux placé pour émettre un avis intéressant, désolé.
    Tu as lu le passage adulte, c'est la que ça devient interessant et prenant normallement .

    Le souci c'est que je n'avais pas l'intention DU TOUT de cibler les jeunes. Je pensais pouvoir faire écho chez tout type de lecteur. Bon ça ne marche pas du tout. Je ne sais pas ce que je vais faire de ce texte en fin de compte.

    Crotte.

  15. #645
    Citation Envoyé par Therapy2crew Voir le message
    Ha merde;
    Tu as lu le passage adulte, c'est la que ça devient interessant et prenant normallement .
    C'est précisément là que ça pêche, car la "niaiserie" pouvait encore être excusable durant tout le début du texte, ado transi oblige, mais une fois adulte ça ne passe vraiment plus. La situation du héros est pathétique, mais dans le mauvais sens du terme car je n'ai développé aucune compassion pour ledit héros durant les 6 précédents chapitres alors le dernier ne marquant aucune évolution ou changement brutal (au contraire le héros est resté le même), mes sentiments n'évoluent pas plus.

    Citation Envoyé par Therapy2crew Voir le message
    Le souci c'est que je n'avais pas l'intention DU TOUT de cibler les jeunes. Je pensais pouvoir faire écho chez tout type de lecteur. Bon ça ne marche pas du tout. Je ne sais pas ce que je vais faire de ce texte en fin de compte.
    Tout dépend si tu écris avant tout pour les autres ou pour toi.

    Je pense qu'il vaudrait mieux le raconter de façon totalement différente, façon journal intime, ou peut-être analyse à posteriori (en dix ans y'a le temps pour analyser). Mais ne t'arrêtes pas à quelques critiques, si tu veux qu'il soit rédigé de cette façon fais-le, écrire c'est avoir les pleins pouvoirs.
    Vous savez, tous ces monstres ? J'crois qu'ils vont pas s'en tirer !

  16. #646
    Citation Envoyé par Tetsuro999 Voir le message
    C'est précisément là que ça pêche, car la "niaiserie" pouvait encore être excusable durant tout le début du texte, ado transi oblige, mais une fois adulte ça ne passe vraiment plus. La situation du héros est pathétique, mais dans le mauvais sens du terme car je n'ai développé aucune compassion pour ledit héros durant les 6 précédents chapitres alors le dernier ne marquant aucune évolution ou changement brutal (au contraire le héros est resté le même), mes sentiments n'évoluent pas plus.
    On m'avait fait la même reflexion, enfin je veux dire ma copine m'avait fait la même reflexion. Elle m'avait dit que c'était bizarre parce que le héros ne murissait pas. Et je lui avais dit que c'étais l'objectif, que je voulais qu'il reste dans son obsession.
    Maintenant que tu l'explique, par rapport à l'absence de compassion du lecteur pour le héros, je saisis mieux.


    Citation Envoyé par Tetsuro999 Voir le message
    Tout dépend si tu écris avant tout pour les autres ou pour toi.

    Je pense qu'il vaudrait mieux le raconter de façon totalement différente, façon journal intime, ou peut-être analyse à posteriori (en dix ans y'a le temps pour analyser). Mais ne t'arrêtes pas à quelques critiques, si tu veux qu'il soit rédigé de cette façon fais-le, écrire c'est avoir les pleins pouvoirs.
    EN fait cette nouvelle était pour moi un exercice de style car j'écris à 80% à la première personne. J'ai voulu m'investir dans l'écriture à la troisième personne mais je me suis complètement planté pour le sujet.
    Ca va être du boulot mais je pense que tu as raison, lire le "journal intime" ou bien le récit de vie de mon personnage aura quelque chose de plus viscéral. C'est ce que m'avait dit un canard il y a 3 pages en me parlant d'emphase.
    Le point de vue extérieur ne convient pas à ce texte.

    Sinon j'écris pour moi et pour les autres, difficille de répondre à cette question.
    Par exemple, j'étais content de moi pour ce texte. Je trouvais que ça correspondait à ce que j'avais en tête.
    Une fois soumis à la critique, je ne vois pas les failles mais j'essaie de comprendre le point de vue de la critique. Si je le corrige, je ne me trahis pas, j'enrichi.
    En fait c'est vraiment dur de répondre à cette question.
    En fait je nourris le désir secret d'être reconnu pour la qualité de mes textes donc, fatalement, je dois enregistrer les conseils et corriger les "erreurs" que je ne trouvais pas.

  17. #647
    Citation Envoyé par Therapy2crew Voir le message
    Sinon j'écris pour moi et pour les autres, difficille de répondre à cette question.
    Par exemple, j'étais content de moi pour ce texte. Je trouvais que ça correspondait à ce que j'avais en tête.
    Une fois soumis à la critique, je ne vois pas les failles mais j'essaie de comprendre le point de vue de la critique. Si je le corrige, je ne me trahis pas, j'enrichi.
    En fait c'est vraiment dur de répondre à cette question.
    En fait je nourris le désir secret d'être reconnu pour la qualité de mes textes donc, fatalement, je dois enregistrer les conseils et corriger les "erreurs" que je ne trouvais pas.
    Oui c'est une question pas évidente, chacun a ses propres motivations j'imagine.

    Je me demande parfois pourquoi je publie quelques unes de mes réalisations ici ou là puisque je me fous de la reconnaissance.
    Mais lorsque je lis certains avis ici même je comprends : chacun interprète un texte selon sa sensibilité propre et parfois surgissent des interprétations qu'on n'avait même pas imaginé, comme le feedback de ThorThur ci dessus.

    C'est un sentiment nouveau de sentir son oeuvre voler de ses propres ailes d'une certaine façon, et c'est assez plaisant. Et qui sait un jour où je n'aurais plus d'inspiration pour d'autres textes, je retravaillerai les anciens (l'essentiel de ce que je livre est de l'ordre du premier jet, je retourne rarement sur un ancien projet) en mettant un peu plus l'accent sur ces nouvelles interprétations.


    Dans ce que j'ai retapé qui pourrait vous intéresser :

    Un jour pensa une petite souris grise à moustaches noires :

    "Que ce tas de foin est donc appétissant ! Depuis plusieurs jours que je le contemple, il me semble chaque fois un peu plus haut. Et moi qui ne trouve rien à me mettre sous la dent,comme j'aimerais y courir, plonger, m'emplir le ventre !

    Mais jamais je ne pourrai en approcher : l'oeil torve du gardien est sans cesse posé sur moi, et je sais qu'il n'hésiterait pas un instant à me marteler le crâne de ses sabots."
    Je suis dans ma mansarde et j'attends. Ma faible condition de pantin m'y contraint, il est vrai.
    Du dehors bruît le flot des vivants, si fort que je crains qu'il ne brise mon intimité. Je n'ai aucune idée de la liberté, je m'invente donc mon propre espace.
    La lucarne n'existe que dans ma tête ; elle existe donc autant que moi-même. Ses bords en sont flexibles et caoutchouteux, j'en franchis d'un bond le seuil.

    L'espace s'agrandit soudain comme si tous mes membres avaient été lancés dans toutes les directions. Le crâne prend plus de place qu'il n'en est de disponible et je vomis à grands arrachements. Sous mes pieds roulent de petits fragments de vie qui s'abîment en hurlant dans de si vertigineux escaliers que j'aurais aimé pouvoir me raccrocher à quelque chose.

    Je cherche à tâtons la rampe qui devrait se trouver là dans le vacillement du lumignon, mais n'en trouve point.

    Me retournant, je vis l'entrebâillement de la fenêtre disparaître graduellement, comme avalée par un nuage rampant de plus en plus vite. Qu'il grignote ou ne fasse que masquer l'univers, il ne l'en réduit pas moins.

    Par hasard plus que par reflexion, je choisis de gravir l'escalier plutôt que de le descendre : d'imperceptibles murmures me parviennent d'en haut

    Et plus je montais plus il me semblait devoir monter, comme si les marches se multipliaient sous mes pieds. Les murs se firent de plus en plus minces et bientôt seule la voûte étoilée me tint lieu de support.


    "Monsieur, vous qui me semblez être d'ici, suis-je sur le bon chemin ? "

    L'homme répondit, écartant les bras :
    "Vois donc l'où tu te trouves, comment pourrais-je te conseiller, toi qui n'as nulle part où aller ? Arrêtes-toi ici ou continues ton périple, ouvre des portes ou creuse ton terrier, il n'y a ici personne pour t'aider."

    "J'ai pourtant entendu nombre de murmures, d'où provenaient-ils donc que tu sois l'unique personne que je rencontre ? Sont-ils cachés derrière les étoiles ? Les verrais-je en continuant à monter, et m'ouvriront-ils si je frappe à leurs retraites ? Quand cesserai-je de monter ? Devrais-je m'asseoir dans un coin, heureux de pouvoir respirer ? En ce cas pourquoi avoir quitté mon refuge si meilleur endroit n'existe ailleurs qui me convienne ? Serait-il plus sage de rebrousser chemin, ou vaux-t-il mieux continuer jusqu'à épuisement ?
    Je suis désormais engagé dans une voie, retourner en arrière signifierait la négation des efforts accomplis, mieux vaut donc me perdre parmi les étoiles."
    Vous savez, tous ces monstres ? J'crois qu'ils vont pas s'en tirer !

  18. #648
    Les motivations de chacun à écrire m'intéressent. J'aimerais savoir pourquoi vous le faites. J'ouvre un fil ici.

  19. #649
    @tetsuro: à propos de tes raisons: il est possible que tu sois un explorateur. Aller là où l'homme n'est jamais allé, ou rarement, et partager tes témoignages, etc. Juste mes 2c.

    Je n'ai eu le temps que de lire le 1er texte et de faire une seule critque: "l'oeil torve". Une souris avec une culture littéraire humaine et ses clichés.
    Je te propose de résoudre ce problème récurrent chez toi. Les clichés sont des images denses, fortes et bien pensées, évocatrices de leur contenu au départ, mais qui ont été reprises jusqu'à la banalité vide de sens. Il y a plusieurs moyens de contourner ce problème, ceux que je connais sont: la surprise: on prend une expression connue mais on change un mot ou on la mixe avec une autre. Brassens le fait tout le temps. La paraphrase - en restant dense. L'adaptation: on reformule en faisant mieux coller les mots à ce que l'on veut décrire.
    Pour la création directe de "clichés en herbe", un coup d'oeil sur la comparaison lacanienne des rêves et du langage te montrera des mécanismes intéressants et fertiles (fusion, détournement, etc).

  20. #650
    Psychanalyse… Lacan… j’ai essayé de le lire, la vache, quelle corvée de charabia…
    une balle, un imp (Newstuff #491, Edge, Duke it out in Doom, John Romero, DoomeD again)
    Canard zizique : q 4, c, d, c, g, n , t-s, l, d, s, r, t, d, s, c, jv, c, g, b, p, b, m, c, 8 b, a, a-g, b, BOF, BOJV, c, c, c, c, e, e 80, e b, é, e, f, f, f, h r, i, J, j, m-u, m, m s, n, o, p, p-r, p, r, r r, r, r p, s, s d, t, t
    Canard lecture

  21. #651
    Non mais tout à fait, c'est souvent un charlatan. Je parle juste de cette partie:
    Lacan reprend les concepts freudiens de déplacement et condensation sous les noms, respectivement, de métonymie et de métaphore. Avant lui, un auteur s'y était essayé, mais avait rapproché la métaphore et la métonymie de manière contraire.
    La métonymie désigne un objet par une partie de cet objet, par exemple, mon désir de fraises me fait saliver à la vue des feuilles de fraisiers. Le déplacement (psychanalyse), dans le travail du rêve, serait équivalent d'une métonymie.
    La métaphore est la désignation d'un objet par un autre. Par exemple un rêve de ballons qui signifierait désir de seins. La condensation, dans le rêve, accumule plusieurs éléments en élément manifeste, qu'il faudra analyser afin de mettre à jour plusieurs associations inconscientes.
    Appliquée aux rêves et à l'esprit créatif, cette analyse et ces techniques permettent de formuler du sens par des moyens nouveaux et frappant, pas forcément de manière explicite d'ailleurs, ce qui donne une espèce de force souterraine aux textes. Enfin bon je réponds spécifiquement aux textes de Tetsuro, c'est peut-être différent pour d'autres écrivains et lecteurs.

  22. #652
    Citation Envoyé par Pronoein Voir le message
    Je n'ai eu le temps que de lire le 1er texte et de faire une seule critque: "l'oeil torve". Une souris avec une culture littéraire humaine et ses clichés.
    J'ai l'impression que bien souvent tu t'arrêtes à une première impression sans chercher à te demander s'il y a quelque chose derrière, c'était un peu la même chose sur "Clarisse", tu ne vois rien, il n'y a rien. Peut-être suis-je insuffisamment précis, je ne suis encore qu'un débutant.

    Alors juste une clé de lecture : "la petite souris grise à moustaches noires" est l'un des personnages principaux de "l'écume des jours" de Boris Vian.
    Et ça ne m'étonnerait qu'à moitié qu'elle soit une projection de l'auteur dans ses textes, curieusement on retrouve cette même souris dans une autre réalisation également postée ici-même.

    Bonne idée ce nouveau fil, même s'il est sans nulle doute voué à disparaitre très rapidement dans les tréfonds du forum.
    Vous savez, tous ces monstres ? J'crois qu'ils vont pas s'en tirer !

  23. #653
    Tetsuro :

    Je trouve que le fait de sauter d'un temps à un autre est peu heureux stylistiquement :

    "Et plus je monte plus il me semble devoir monter, comme si les marches se multipliaient sous mes pieds. Les murs se font de plus en plus minces et bientôt seule la voûte étoilée me tient lieu de support."

    Non ?

  24. #654
    C'est pas faux, en réalité je ne suis satisfait que du tout début, jusque "il ne l'en réduit pas moins", ce qui suit correspond à ce que je voulais exprimer mais l'est un peu à la va-vite, manque de quelques transitions et de cohérence. Merci.
    Vous savez, tous ces monstres ? J'crois qu'ils vont pas s'en tirer !

  25. #655
    Je vous livre un extrait d'une nouvelle dont l'idée m'est venue en beurrant mes tartines. C'est très court mais je cherche surtout des conseils en ce qui concerne la façon de monter des dialogues, élément que je ne maîtrise que très mal. Bien sur, j'accepte tous les avis avec plaisir !

    Cintrée dans son tailleur beige et les yeux rivés sur un bout de papier froissé, Madame la Ministre faisait la moue. L'information que venait de lui transmettre son Premier Conseiller la désarçonnait. Elle n'aimait pas être désarçonnée.
    «- D'accord. D'accord... hum... Qu'avons-nous là exactement ?»
    Le Premier Conseiller, debout de l'autre côté du bureau et largement aussi perdu, se risqua à un résumé rapide de la situation :
    «- Il s'agit d'un..euh..crime, d'après... le... quelqu'un, je ne sais plus qui.»
    La Ministre le fixa, interloquée :
    «- D'un ?
    - ...crime, c-r-i-m-e.»
    Elle supposait que ce mot aurait du lui dire quelque chose, en tant que ministre.
    «- Ah, je vois. Quelle est la procédure adaptée ?»
    Avec ça, elle s'en sortait toujours.
    «- Nous n'avons pas encore terminé nos recherches, mais j'attends d'un moment à l'autre le.. ah !»
    Un jeune homme, presque un adolescent, venait d'apparaître dans l'encadrure de la porte en s'excusant. Il n'avait rien dit de spécial mais il portait sur ses traits l'air de s'excuser. Un vrai visage de stagiaire. Le premier conseiller cligna des yeux :
    «- Oui ? Et bien ! Vous avez trouvé quelque chose ?»
    Le pauvre stagiaire ne quitta son air d'excuse que pour s'enfoncer dans le malaise mais parvint à articuler quelques mots :
    «- Et bien euuuh.. Il loucha sur son porte-document. Ca dit là que, au début, la Police doit faire une enquête.»
    Les sourcils du conseiller se froncèrent en un arc impossible. «- Et ?
    - Et.. C'est tout. Pour l'instant. Y a d'autres papiers mais j'ai pas pu..
    - Bien ! l'interrompit la Ministre, nous pouvons faire ça. La Police. Continuez vos recherches jeune homme.
    - Bien Madame.» répondit celui ci, trop content de pouvoir s'éclipser.
    Madame la Ministre posa son regard sur les branches frémissantes du peuplier planté devant sa fenêtre et en profita pour discipliner son souffle. Inutile de paniquer pensa-t-elle, il y avait encore des Archives, il y en avait même plein. La plupart étaient en bon état, pour ce qu'elle en savait, et elles avaient été rédigées avec un style simple. Sujet, verbe, complément. On n'aurait aucun mal à s'en aider. Les battements de son coeur ayant retrouvé un rythme qui lui parut satisfaisant, elle allait se retourner pour s'installer à son bureau quand une présence plantée au milieu de la pièce la fit sursauter.
    «- Conseiller ?!!»
    Celui ci répondit sans se démonter :
    «- Oui, Madame la Ministre ?
    - Mais enfin que faites vous encore ici ? Occupez-vous de la Police. Tout de suite !
    - Euh, mais, laquelle, Madame ?
    - Le prime a eu lieu où ?
    - Le crime. A la sortie de Montevielle.
    - Alors ! Celui qui fait la Police à Montevielle. Ordonnez lui de s'occuper de l'entête.
    - L'enquête. Bien Madame.»
    Ah et pour pas faire mon radin : J'ai lu quelques textes postés ces dernières pages et je dois dire que le petit conte fifrelin de Tetsuro m'a beaucoup plus : y a un style et de l'inspiration ; c'est une lecture très agréable.
    Dernière modification par Fél0N ; 23/01/2011 à 20h55.

  26. #656
    Quelqu'un saurait où choppé une machine à écrire pas chère?

    Je m'en fous qu'elle soi vintage ou moche comme une 205 du moment qu'elle est confortable.

  27. #657
    Citation Envoyé par Fél0N Voir le message
    Ah et pour pas faire mon radin : J'ai lu quelques textes postés ces dernières pages et je dois dire que le petit conte fifrelin de Tetsuro m'a beaucoup plus : y a un style et de l'inspiration ; c'est une lecture très agréable.
    Venant de quelqu'un avec un avatar aussi classe ("les rapetou raflent tout" du picsou mag 316 vu les couleurs de la redingote :spécialiste: ) ça me va droit au coeur, merci.

    Concernant ton texte, le burlesque est plaisant, le problème vient à mon sens plus de l'organisation des phrases : après "un vrai visage de stagiaire", tu aurais du aller à la ligne pour "le premier conseiller cligna des yeux".
    Il y a également beaucoup beaucoup de ponctuation, ça donne un rythme haché désagréable aux dialogues ("occupez vous de la police. Tout de suite !"). Laisse tes phrases en suspens plutôt que de mettre des "ah ! " ou "et ? ", ça allégera déjà le tout.
    Enfin je pense que les ignorances de la ministre "prime" et "entete" sont de trop, c'est trop gros pour qu'on y croit.

    Texte agréable, tu ne veux pas poster le reste ?


    Pour ma part, en rédigeant une réponse au topic de pronoein, j'ai (encore) retrouvé un texte de quelques années. Ecrit pour une fille... :topic du coeur:
    Et comme il me semble que ma plume était bien meilleure à cette époque qu'elle ne l'est aujourd'hui (si on met de côté les fortes influences qu'avaient mes lectures de l'époque sur certaines expressions, vous pouvez vous amuser à les chercher si vous voulez), je vous laisse juges :

    Dis-moi, pourquoi rien ne se passe jamais comme on le souhaiterait ? Depuis que Sarah est partie, plus rien n'est comme avant. Ici, la nourriture pourrit et les rats grattent aux murs tous les soirs. Plus personne ne vient chercher les morts, alors on les entasse où l'on peut et donne leurs lits à d'autres, que l'on entassera dans quelques semaines, peut-être jours. Et les relents des charognes attirent chaque jour plus de rongeurs. Ils grattent les portes en fer sans s’arrêter, tellement fort que je n'arrive pas a dormir, ils creusent les murs, le plancher jusqu’à ce qu'ils parviennent à leurs fins. Et le lendemain, il n'auront même pas laissé les os. C'est uniquement par respect pour les morts que l'on ne leur jette pas les corps en pâture, mais chacun sait qu'une fois la porte fermée, il ne faudra que quelques heures pour que la sépulture de fortune soit violée. Au moins aurons-nous essayé, cela permet de s'en laver les mains et de penser à autre chose.
    Tu te souviens, avant ils se sauvaient en nous voyant. Maintenant la faim les rend temeraires, c'est à peine s'ils ne nous sautent pas dessus. Il est vrai que l'odeur de la mort est partout, peut-être plus qu'ailleurs dans cette pièce dont les murs résonnent encore de derniers râles. Nous ne sommes que des morts en sursis, et ils le sentent, nous testent comme des charognards autour d'une bête malade. Et si les cadavres ne leur suffisent pas et qu’ils ne trouvent rien d’autre, ils se dévorent entre eux avec sauvagerie. Mais ce n’est qu’épsilonesque au regard de la quantité qui afflue chaque jour, il suffit de regarder à la fenêtre pour s’en convaincre.
    Les rideaux que tu voulais sont toujours là. Regarde, dehors rien n'a changé. La vieille usine en brique rouge est toujours debout, et sous les faitâges amiantés, la production continue.
    Sous un éther souillé de charbon, l’asphalte graisseux déroule toujours ses ornières; à demi caché par une futaie de câbles grésillants, des silhouettes floues pilotent des machines aux couleurs vives. Chacun vaque à sa tache sans se soucier de ce qui l’entoure, nul ne prête attention à ce fou qui se lamente, un crâne à la main. Le macadam défoncé est jonché d’ordures qui s’amoncellent de jour en jour. Certains n’ont pas notre égard pour les morts, des cadavres sont sans cesse defenestrés. Oh n’aie crainte, ils ne pourriront pas au soleil. A peine ont-ils touchés le sol que les rongeurs en font déjà curée. Ce spectacle me retournait l’estomac la première fois qu’il eût lieu sous ma fenêtre, mais la routine s’installant, je me dis que cela vaut mieux que de voir des visages exsangues aux lèvres pendantes se flétrir jour après jour.
    Oh ma chérie, si seulement tu pouvais me comprendre, m’entendre. J’ai peur, peur, mais tu restes pourtant si calme. Qu’y a-t-il derrière tes yeux de verre bleu ? J’envie cette placidité autant qu’elle m’inquiète. Ne vois-tu donc rien ?
    Jour et nuit on transporte des caisses opaques jusque dans des dépots rhomboédriques un peu plus au nord. Qu’y a-t-il dans ces caisses et qu’en fais-t-on, je n’en sais rien. J’ai l’impression qu’un gigantesque plan se trame derrière mon dos, et que si ses rouages ne me broient pas comme dommage collatéral, je serais simplement laissée pour compte, effacée des registres. N’existe pas et n’a jamais existée. Ça a déjà commencé, sinon comment expliquer qu’ils nous laissent croupir ici ? La cage est grande mais nous ne sommes que des oisillons en captivité à la merci des prédateurs, et nos piaillements laissent indifférents les ouvriers, là-bas. Je me sens comme entre les mains d’un géant invisible,mouche affolée empêtrée dans les mailles d’un effrayant destin, avec pour araignée des monstres de doute et de fumée.
    J’aimerai quelque chose auquel me raccrocher, qui me permette d’endurer ce quotidien encore un peu plus, un peu plus longtemps. Je ne suis pas plus forte qu’une autre, mais si je ne le fais pas, qui aidera tous ces gens ? La plupart n’ont même plus la force de me remercier, et le peu que je récupère sur leurs corps ne me servira ni dans cette vie ni dans une autre. Leurs souvenirs ne sont pas les miens, et l’argent n’a plus aucune valeur. Parfois je trouve tout de même quelques choses intéressantes : Ce carré de tissu rouge avec lequel je te ferai une robe demain. Ou cette boite, peu à peu devenue la pierre angulaire de mon existence, après toi peut-être.

    Ce n'est pas tant son contenant que son contenu qui importe, le bois sculpté n'étant qu'un écrin protecteur isolant son trésor des vicissitudes de notre temps. A l'intérieur, irradiant par intermittence sa chancelante lueur bleutée, un trapezoèdre blafard est soutenu de minces fils d'argent aux compliqués entrelacs. Paradigme à lui seul, quintessence absolue et universelle. Voilà ce qu’il est. Chaque face, chaque arête en est invariablement striée, toujours suivant la même découpe, telles de minuscules corridors donnant sur d’autres corridors tout aussi minuscules, rejoignant enfin d’infinis escaliers où les marches s’abîment vers d’infinis confins de minuscules corridors sous l’étendue glacée du cristal gibbeux. A chaque corridor correspond tout un pan ramifié d’une connaissance particulière, dont les tenants et aboutissants, possibles comme impossibles, ne seront jamais loins grâce à l’infinitude labyrinthique des corridors entremêlés. Car comprends bien qu’il n’est pas un simple conglomérat de savoirs passés, présents ou futurs. La vérité n’est pas unique, et peut suivant le référentiel choisi se reveler absolument fausse, et son anthithèse, bien que totalement incongrue pour quiconque se trouverait en dehors du phénomène, validée en tout point. Ainsi, une droite n’aura pas les mêmes proprietés suivant que l’on se place dans une géometrie euclidienne classique ou dans un espace de Minkowski. Il est donc plus correct de parler «d’hypothèses» ou de «données» que de connaissances, de savoirs.
    Et nulle d’entres elles n’est à rejeter, car l’infini est son aire de jeu. D’autres référentiels seront trouvés, qui viendront invalider d’anciennes théories que l’on pensait inébranlables et poseront de nouvelles bases, avant d’être à leur tour submergés, les éons se succédant. C’est cette éternité que je tiens dans ma main, un chaos ordonné de joaillier céleste, une anomalie de l’espace temps, l’universalité entre mes doigts.
    La plupart des hypothèses sont hélas hors de notre portée de compréhension, impossible de s’affranchir de notre temporalité finie d’êtres humains. Il nous faudra donc lentement gravir l’échelle de l’évolution sans possibilité de griller une seule étape, en ayant pleinement conscience que le futur se fera sans nous, et que nos érections en forme de prouesse techniques ne sont que châteaux de cartes aux yeux de l’univers. Loin de m'attrister, je suis au contraire soulagée d'avoir l'éclatante confirmation que rien ne remplace l'expérience, à condition bien sur d'en tirer les leçons qui s'imposent. Nos erreurs passées sont les garantes d'un futur plus heureux, qui ne fait pas d'erreur n'a pas d'avenir.
    Ces donnés ne sont pas directement accessibles comme le sont des étagères d’ouvrages dans une bibliothèque. Le trapezoèdre devra d’abord être l’unique objet d’attention de ton esprit; il te faudra le visualiser mentalement, puis il grandira, grandira sans que tu puisses le contrôler. Il obstruera totalement ton champ de vision, au dessus, en dessous, au loin ou a portée de main, il sera là, et il n’y aura plus que lui. Et lorsqu’enfin tu seras devenu lui, promène toi en ses entrailles, parcours les dans toutes les directions et repais- toi de leur contenu, peut-être n’auras-tu pas d’autre occasion.
    A chaque question correspondent d'innombrables réponses dont il te faudra faire le tri par filtres successifs, et qu'ils te satisfâssent ou non, ces résultats chasseront les médiocres comme la clarté les tenebres. Ils s'imposeront à ton esprit en de titanesques proportions, renvoyant aux limbes éthérées leurs égaux d'autrefois qui n'existent plus et n'auront jamais existés depuis la reflexion initiale jusqu'à l'aboutissement du processus, et ce faisant, émergeront enfin de concepts abstraits quoique tangibles à formes identifiables consciemment exploitables.
    Aux monts cyclopéens de glace noire pourront sans transition succéder les abysses infernaux mouillées de fleuves achérontiques sans que ton esprit ne s'offusque d'aucune manière, trop heureux qu'il est dans cette plénitude des sens où la profondeur supplante le superficiel : Les plus abstraites des équations maxwelliennes dérouleront sous tes yeux leurs profondeurs aussi concrètement que je suis devant toi, la limite de roche être franchie si tu le désires, les ceintures bleutées de van halen s’étirer comme chaînes hélicoïdales. Le mur de Planck peut s’écrouler d’un battement de cil, et les répercutions sur la mécanique quantique de tout notre continuum espace-temps s'étaleront devant toi, en toi. Et l'Experience étant circonscripte par les limites de l'esprit, la seule finitude est celle de ton imagination. Le cadre est réel, ainsi si dans un plan contemporain des flammes s'enroulent autour de tes chevilles, la chaleur te lècheras effectivemment la peau, noircissant et brulant les chairs, laissant d'indélébiles cicatrices. Les possibilités sont infinies, mais hélas l'infini entraîne l'infini à sa suite, et sans précaution, il te videra de toute essence en te remplissant de lui.
    Ce n'est pas un passe temps que je te donne, ni un support à la revasserie romantique en ces temps désespérés. Plus jeune, Sarah me racontait l'histoire d'une petite fille qui voulait mettre du soleil dans une boite. Elle crut avoir réussi en attrapant un ver luisant. Ce n'était qu'un subterfuge bien sur, un simple moyen d'éluder la réalité des choses en créant sa propre vérité. Ce trapezoèdre dans sa boite sculptée est un monde a lui seul, où les lois seront celles que tu voudras, y compris les lois de la matière. Prends garde de ne t'y perdre, ou perds-t-y avec délice. Puisses-tu y créer ton propre univers et y trouver ce que tu mérites tant ma chérie.
    edit : à la reflexion c'est peut-être pas le picsou mag 316 puisque le canon y est rouge dans celle-là, c'est donc une version antérieure, mais avec cette manie française de changer les titres je ne peux pas être plus précis.
    Dernière modification par Tetsuro999 ; 26/01/2011 à 02h40.
    Vous savez, tous ces monstres ? J'crois qu'ils vont pas s'en tirer !

  28. #658
    J'espère qu'elle était balèze en sciences ta gonzesse, sinon on pige que la moitié =)

    Les filles, ça donne des ailes quand même. J'avais aussi écrit un truc pour une charmante jeune femme il y'a une dizaine d'années (en fait toujours en première page du topic, mais que personne n'a jamais du lire), et au délà de la qualité du texte, j'en garde un souvenir stimulant, plein de vie, de jeunesse et de fougue.

    Y'a un petit côté "romantisme noir" dans ce texte qui est assez sympa (au delà des mots dont je pige que dalle).
    "'me disait que c'était un sacré fils de p^$£ lui aussi !" Cassidy

  29. #659
    La seule réaction à laquelle j'ai eu droit pour ce texte, c'était de mémoire "bizarre mais sympa". Oui c'est court.

    Moi j'ai lu ton texte, le concept est sympa (j'ai moi-même fait un peu la même chose, un texte par jour, à la différence que ça ne m'a pas apporté grand chose de positif et que j'ai tout supprimé dans un accès de colère (je regrette aujourd'hui, et impossible de les récupérer)) et le résultat final très beau.
    Vous savez, tous ces monstres ? J'crois qu'ils vont pas s'en tirer !

  30. #660
    Pardon pour le long poste qui vient qui n'intéressera sans doute que Tetsuro.

    "qu'en fais-on"->fait

    J'aime. Il y a toujours cette dérive de la pensée et une tendance à l'esthétisme qui t'es familière, ce langage soutenu parfois à la limite de la crédibilité, mais ici cela passe bien parce que la progression est plus continue, la narration plus lente, on sent une évolution de la pensée en même temps que les émotions. Le rythme est plus en accord qu'avec tes précédents textes, et puis surtout le long monologue sur la boîte se désincarne suffisamment du perso pour qu'on oublie le côté théâtre dont je te critique si durement la réussite technique (désolé).

    Pour être honnête je ne pense pas que grand monde ne te comprenne ni ne soit intéressé. J'avoue que je me sens plutôt à l'aise avec ce type de langage. Je ne dis pas qu'il est bien fait ou bien employé, mais juste qu'il n'est pas opaque, que je le décode, c'est pourquoi je pense rarement à parler du message parce qu'il me semble évident. Je ne partage pas publiquement mon intérêt pour le contenu parce qu'il m'a toujours semblé mal poli de juger la sensibilité des personnes, cela les choque. Cependant tu as exprimé le regret que je passe pas cette barrière. Parce que tu prétends vraiment communiquer je vais te critiquer le contenu, ce que je ne fais que pour moi-même normalement. C'est donc une réponse dans ton texte.

    Si ce n'est pas la boîte qui compte, alors la surface du trapezoèdre, par le même principe, n'est qu'un écrin protecteur. Une réalité fractale, une poupée Russe renfermant un sens qui nous échappe, une échelle de Jacob aux barreaux infinis. Tout cela je comprends, et je comprends que l'absence de sens premier et les petits bugs t'exaspèrent. Et le carnage défile, la vie et la mort, le temps passe et fauche à l'aveuglette, les rats s'engrossissent, les plus humains prennent le temps d'un rite dérisoire, ou même plus, et nous comprenons que nous sommes les survivants d'un rêve qui ne pèse que quelques grammes dans un monde de brute. Pourtant, à l'intérieur de notre boîte noire qui nous sert de cerveau, à l'intérieur du mot, à l'intérieur de la viande, au sein de cette vie et de cet univers, il y a ce trésor..., alors? Aye, what then?
    Ces questionnements me semblent valides, ce sont aussi les miens. Mais ce ne sont pas les seules questions que je me pose. Et vu que personne n'a la réponse, il faut communiquer nos questionnements avec efficacité. Quand à discuter des prochaines zones d'inconnu à explorer avec toi, c'est à condition que tu relativises ce que tu professes toi même: ce que tu as à dire est aussi important qu'autre chose ou son contraire, car il n'y a pas de connaissance ou de savoir. Les structures que tu crois reconnaître dans la nuit qui entoure l'humanité ne sont que des ombres horliennes, une illusion locale. Rien n'est simple, même si tu trouves un infini équivalent au pouvoir d'un voeu. Tout est-il synonyme? Tout est-il anonyme? L'infini lisse-t-il tout à une valeur finie, infinitésimale, infiniment insignifiante et indifférenciable tout ce que nous pourrions penser? Le mal vaut il le bien? Aucun des deux existent, puisqu'ils sont équivalents. Etc.

    Tout calembour camoufle un code, toute réponse semblant aléatoire et proche du bruit est peut-être signal à un autre niveau de langage.

    Tu veux contempler en quatre dés depuis ton conditionnement trois dés. L'Eglise qui nous a fait perdre tant de temps de traiterait d'orgueilleux. Mais ok, je te suis, nous ne sommes ni les premiers ni les derniers à partir à l'assaut de notre potentiel.
    Comme Lennon je t'avertis pourtant: "you say you want a revolution... well...". Plutôt que de se précipiter, il faut déjà écouter et se faire écouter. Mais bon. Je replonge dans le texte.

    Si nous pouvions sauver le monde par la pensée, si nous étions une clef de voûte du destin humain, du destin des hypothèses ou de la matière, le sauverions-nous tout de suite ou attendrions-nous le dernier moment? En d'autres termes, combien vaut l'expérience et la temporalité?
    Etre à trois dés est-il un enrichissement ou un amoindrissement? Question importante déterminant notre condition de mortel par rapport aux dieux. La relation immanence et transcendance. Et comment communiquer lorsque nos pensées ne vont pas exactement à la même vitesse et pas exactement sur le même tissu culturo-référentiel? Comment savoir si l'autre n'est pas un fou ou un imitateur? Comment savoir si ce n'est pas nous le fou, si ce n'est pas nous qui nous trompons? Si nous pouvons tout penser et donc nous changer et nous déterminer, quels moteurs premiers mettons-nous à nos actions, qui lançons-nous à l'assaut du trône, à qui nous confions-nous en premier, pensons-nous seulement à une révolution? Au long terme qui peut dire ce qui est l'évènement déclenchant du Destin. L'aile d'un papillon crée aussi bien l'ouragan que l'océan ou l'atmosphère. Chacun a sa place décisive et son moment décisif dans un système chaotique. Comment surmonter cela? Voilà l'une des questions primordiales qu'il faut explorer avant de trop parler d'autre chose.


    Passons à l'accroissement et perfectionnement de la modélisation du réel par l'exercice de la pensée dans un espace imaginaire. Belles allégories. J'utilise souvent "les autoroutes de la pensée" pour parler d'un phénomène que tu traites dans le texte.
    Cette projection que tu décris n'a de sens que si je me projette en toi; aussi pour que ton lecteur te comprenne il faut qu'il la maîtrise lui-même. Il faut que son esprit soit moulé d'une manière qu'il puisse suivre les thèmes et rhèmes de ton discours.
    C'est ironique que tu ne parles que de ça, d'ici et maintenant à celui qui est capable de comprendre tes déictiques.
    Aux autres, tu es hermétique.
    A ceux qui te comprennent tu leur dit l'évidence.

    Va plus loin, sinon tu n'es que mon miroir et mon reflet, je est tu et tu es moi. Nous sommes raisonnablement jumeaux de l'esprit. Mais alors que nous dire? Allons-nous parler de la pluie et du beau temps?

    Que faire? Conjuguerons-nous nos efforts? Pendant combien de temps ne parlerons que de choses que nous partageons déjà? Pourquoi ne pas utiliser notre consensus à autre chose? Pourquoi ne pas appliquer notre doute à autre chose? Faut-il que l'un soit l'admirateur de l'autre? Doit-on vraiment s'astreindre à la longue et fastidieuse linéarité exhaustive du temps? Me comprends-tu encore quand je saute à un autre moment de notre débat potentiel?

    Le débat doit mener à l'action, donc l'accord n'est pas seulement un but, c'est aussi un moyen: un projet doit naître de l'accord, c'est pour ça qu'il a lieu, ce n'est pas juste pour se dire bonjour qu'on a fait tout ce chemin, qui est tout de même fastidieux en même temps que génial si on y pense. Par exemple, peux-tu reconstituer le contexte de cette question?
    Cheminer le complexe, c'est loin d'être un accident, on est donc plus sûr de notre sens au fur et à mesure qu'il s'éloigne de la banalité, paradoxalement. C'est un filtre à personne sensée finalement. Un filtre néguentrope.

    Que faire donc? Dans quel poche de potentiel explorer?
    Si nous pensons les mêmes choses nous pouvons partager des écrits et nous critiquer mutuellement. Nous pouvons faire des oeuvres collaboratives qui si bien pensées serons synergiques, ne serait-ce qu'en abattant le travail de deux personnes par jour.

    A mon avis, nous sommes à l'un de ces croisements. Un lecteur improbable comprend un texte improbable, la surprise ou la banalité étant mutuelle. Vas-tu rejeter l'évènement, le laisser tomber dans l'oubli, et fabriquer ton cerveau dans une direction où ce genre de choses n'arrivent pas? La sauce prend-elle ou ma réponse est-elle un échec? Nos talents réunis sont-ils suffisants pour établir un aller-retour?
    Est-ce de la télépathie, ou de la simple compréhension intuitive explicitable?
    Lorsque la Terre rejoint le Ciel, la Matière l'Esprit, lorsque le cerveau possède des chemins qui permettent de passer d'un évènement de l'un à l'autre, de parler de la Matière ou de laisser la Matière parler, une boucle est bouclée dans cet infinie progression, un seuil est atteint, un renforcement, un nouveau niveau de conscience. Ce que je pense veut dire..., est la conséquence de ..., la pointe émergée d'un ..., la crête d'une vague dont l'amont, l'histoire, les prémisses et le raisonnement précédent et en cours sont l'hologramme ressuscitable, ma force, mon champ, ma profondeur, ma compréhension. Au final l'idiot comme le sage sont capables de répondre un bit d'information oui ou non; mais pour lequel des deux c'est la réponse à tout et l'autre à rien, ce n'est pas clair, c'est indécidable. Curieux non? Notre intuition ne nous dit-elle pas autre chose? Y a-t-il des constantes à l'échelle universelle? des principes plutôt, qui survivent à tous les contextes sous plusieurs masques.

    Si l'hypothèse transcendentale avait quelque chose de vrai, que ferions-nous de ce pouvoir? A mon avis si on s'emballe on chope la folie des grandeurs. Il faut tout voir en amont, et marier cette analyse constante avec un quotidien constant, et il faut progresser chaque jour. Il ne faut pas crier et sauter comme un fou kamikaze, mais utiliser son temps imparti de la meilleure manière. Que faire de la prise de conscience à part la proclamer sans réfléchir?
    Faut-il d'abord avancer nos pions, rentrer dans la partie, et ensuite se poser la question sur la jugada que nous venons de faire? Si nous défions l'ordre des choses et le destin, faut-il le faire aussi benoîtement? Faut-il pour autant entrer dans un délire de persécution?

    En effet, il est toujours possible de prendre le pas sur une pensée en questionnant ses attitudes, en la faisant réfléchir à quelque chose qu'elle n'a pas eu le temps de méditer, puisque conditionnant antérieur ontologiquement et chronologiquement. C'est aussi benêt que ça. Les prêtres, les grands manipulateurs l'ont compris. C'est un secret qui se découvre et se garde jalousement. Guerres et cercles secrets. Brr! Un monde de lézards. Tu entrevois?
    Mais si nous nous gardons de ce péril, en fixant quelques règles, quelques limites à la confiance, quelques minimaux de vigilance, critique, information, transparence, temps de réflexion, sérénité émotionnelle, entente, tranquilité d'esprit, autonomie matérielle, indépendance de volonté, etc., nous remarquons que nous sommes plus stables: feedback positif. Pouvoir.
    Mince.
    Comment sombrer dans le devenir du Pouvoir, ce jeu de la puissance, sans se faire baiser? Comment réfléchir au pouvoir sans qu'il réfléchisse à nous, sans qu'il nous corromp? Une fois en contact avec le pouvoir, il prend possession de nous ou nous tue. C'est son jeu. Il suffit de voir les chroniques sur le fondateur de Wikileaks. Il suffit de réfléchir à la sagesse des Elfes qui n'ont pas utilisé leur anneau (pour changer un peu de référent). Tout peut se dire d'une autre manière, et tout revient au même. Mais le cheminement fait une différence, il oriente, il choisit.
    Si tous les états possibles de la matière ne sont pas les mêmes, alors les choses stables finissent par apparaître et demeurer.
    Or le mal comme le bien sont existant: ils ont donc leur processus générateurs de stabilité.
    On peut les examiner, les expliciter, les contrôler.
    Paradoxe: le mal est égoïste, il convient à peu de personnes, il est autodestructeur. Le bien est de volonté presque Universelle, peut être même Universelle. Alors pourquoi le mal non seulement semble au moins aussi solidement accroché au destin du monde que le bien, il semble même plus puissant? Ce triomphe n'est-il pas le dernier coup de poker d'un joueur ruiné: avec la quasi télépathie des internautes, le mal ne peut plus se cacher, ses ruses s'épuisent, et il faut recourir à des solutions extrêmes comme le bluff. Notons que des mentalités tricheuses n'accepteront pas de perdre la partie sans appuyer sur les boutons rouges, aussi ne nous pressons pas de gagner notre partie.
    L'aftermath est important, c'est ça la pensée 4d non? Trop dire sa pensée, c'est comme invoquer 3 fois de suite un malheur démoniaque constituté par l'égrégore de tout ce qui nous est opposé.
    Rien ne se perdant, rien ne se créant, le potentiel que nous changeons est un dépolarisation de binômes de contraires. Nous changeons des bits dans la ligne future.
    Donc certains de ces changements sont perçus comme favorables par certains, ils seront des motifs d'alliance.
    D'autres changements seront jugés défavorables et seront des motifs d'hostilité.
    Le jeu politique brasse tout ceci pendant le temps de nos existence.

    A notre mort, et à la mort de chaque ethnie, chaque époque, c'est à dire tout le temps et à tous les niveaux d'existence, les deux camps se demandent:
    à quoi a rimé tout cela? le compositeur sourd déclare à ses amis que la comédie est enfin finie, etc., et que répond ton cristal à cela?

    changer le futur a des conséquences infinies, alors prétendre avoir révéler les réponses en chemin me semble hasardeux et présomptueux. Pourtant tu as toute ma sympathie et je t'accompagne le temps d'un rêve.


    Très beaux passages. Tu devrais voir Noein. Je suis Pro Noein. Comme toi, je peux l'appeler mais j'avertis avant. Je suis un gardien. Puisque nous nous croisons voici mon rêve. Voici comment je te croise, d'où je viens, vers où je vais. Pourquoi, de ce que nous avons partagé, je crois ceci ou cela.
    Le problème de ce genre de texte, c'est qu'on s'engage dans une loterie de la folie et on finit par s'entendre parler de farfadets ou d'extra-terrestre. La transcendance semble bien réelle mais mène au métaphysique, à l'au-delà épistémologique. Pour moi cela reste un mystère et je reste agnostique et modéré, quelle que soit ma fascination. "Si on peut en parler toute sa vie, alors à quoi mène-t-il? A la conclusion suicidaire de Bouddha? Avait-il vraiment tout vu et tout considéré?" Pour l'instant je reste dans le doute cartésien, je désire l'air qui freine mais porte la colombe plutôt que le vide. Le contenu de tes textes, quoi que je le comprenne en tant que lecteur et l'étudiais déjà en tant que conscience, ne m'a pas encore convaincu. Mais je crois que tu as un potentiel intéressant.

    @Fél0N: je n'ai pas encore lu ton texte. Il me manque encore un autre de Tetsuro.

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