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  1. #391
    Je poste un petit truc ici en espérant que cela plaise à quelqu'un...

    Sur le divan...


    J’attends dans cette salle depuis bientôt trente minutes. Je ne sais pas ce que lui raconte son patient, mais ça lui en fait perdre la notion du temps. Les gens ne sont pas assez ponctuels. Quand un rendez-vous est donné à 15h30, il doit commencer à 15h30. Pas 16h. Et encore, 16h si j’ai de la chance.

    Je suis assez stressé, peut-être parce que c’est ma dernière séance de psychanalyse et que je ne sais pas ce que je vais bien pouvoir lui raconter. Les deux premières séances étaient marrantes, je l’ai mené en bateau à propos de mon enfance, m’inventant des parents ambassadeurs dans un pays exotique, toujours entre deux réceptions mondaines. Et puis j’en ai eu assez et je lui ai dit la vérité banale sur moi. Enfance normale, scolarité normale, vie normale.

    Je me suis accordé cinq séances avec ce psychologue parce que j’en ressentais le besoin, mais à vrai dire, les quatre premières n’ont pas changé ma vie. Je suis resté le même gamin immature qui, depuis quinze ans, est incapable de garder une relation plus de deux mois sans éprouver l’irrépressible envie de s’enfuir à toute vitesse. Il y a eu des exceptions, bien sûr, comme pour toute règle, mais dans l’ensemble, je me suis astreint méthodiquement et involontairement à cette période limite de deux mois, assez longue pour connaître les qualités d’une personne et assez courte pour ne pas en voir les défauts.

    Puis j’ai eu trente ans et les gens autour de moi ont commencé à se mettre en couple pour de bon, à se marier, alors que je changeais de cavalière à chaque réunion familiale. D’où l’utilité, pensé-je, de ces séances de psychanalyse qui aurait dû modifier ma façon de penser. Mais pour l’instant, cela ne fonctionne pas.

    Peut-être la faute à ce docteur Bloom, trop vieux pour comprendre ce que je ressens vraiment. Ou peut-être ma faute, mais ne comptez pas sur moi pour le reconnaître devant lui. Il me fait l’effet d’un père auquel je raconterai tout, chose qui n’existe pas et qui est en fait assez déstabilisant.

    La porte s’ouvre enfin, libérant un homme qui s’empresse de partir. 16h12 lis-je sur ma montre. 42 minutes de retard, 42 minutes à attendre dans une salle, 42 minutes à ne rien faire de constructif de ma vie. Le docteur Bloom sort à son tour. Il est grand, massif avec des cheveux blancs et je peux deviner qu’il a dû être un athlète dans sa jeunesse. Peut-être aime-t-il toujours courir sur les chemins de Central Park au petit matin, ou arpenter ceux de Battery Park au soleil couchant.
    - Bonjour monsieur DeLaughter ! Je vous en prie, entrez. Excusez-moi pour le retard mais mon patient précédent en avait gros sur le cœur, dit-il en fermant la porte derrière moi. Comment allez-vous aujourd’hui ?

    Il a une voix grave, un peu intimidante. Je me contente de répondre « Bien, merci ». En fait, je vais aussi bien qu’un homme à qui tu vas prendre du fric. Je souris d’un air aimable tandis qu’il se glisse derrière son bureau dont la simplicité colle tout à fait avec le reste de la pièce. Ici, il n’y a pas de bibliothèque remplie de livres prétentieux ou de squelettes sensés représenter la courte durée de la vie. A peine a-t-il succombé à l’effet attendu en plaçant un divan en cuir que les patients peuvent ne pas utiliser pour préférer un bon fauteuil, en cuir lui aussi.

    La première séance, j’avais pris le divan, pour essayer, mais fixer le plafond m’endort. J’ai besoin d’un contact visuel avec mon interlocuteur, même s’il avait par la suite toujours la tête baissée vers son calepin en train de prendre des notes ou réaliser une bande dessinée à petit budget comme je me l’imaginais.
    - Je constate que c’est notre dernière séance ensemble. Etes-vous satisfait de nos entretiens jusqu’à présent ? me demande-t-il.
    - Oui, mens-je.
    Il a un petit sourire énigmatique.
    - Je vais faire comme si je vous croyais. Bien, allons nous installer si vous le voulez bien, me dit-il en me montrant le divan et les fauteuils. Autant ne pas gaspiller notre dernière heure.

    Comme je l’ai déjà dit, j’ai raconté ma vie durant les premières séances en exposant les faits et rien que les faits, sans jamais m’aventurer à les commenter. C’est ma vie, point. Elle est ce que j’en ai fait et je ne vois pas l’utilité de revenir sur des événements dont je ne pourrais rien changer. Je prends place sur un fauteuil, celui qui est près de la fenêtre tandis qu’il s’assit non loin de là, sur le divan.
    - Au diable les conventions ! plaisante-t-il.

    Décidément, ce type a tout du charlatan. Si j’avais voulu quelqu’un pour m’écouter raconter ma vie, j’aurais pu trouver un ami qui lui ne m’aurait pas facturé la conversation 100$ de l’heure. Mais je peux me le permettre, je vis confortablement grâce à mon métier.
    - Rappelez-moi ce que vous faites déjà dans la vie, monsieur DeLaughter.
    - Will, appelez-moi Will, s’il vous plaît. Je travaille comme interprète aux Nations Unies, dis-je avec un soupir.
    Il ne se souvient même pas de ce que je fais pour vivre. Pourtant, cela doit être marqué quelque part dans ses notes !
    - Oh oui, je me souviens. Ce doit être excitant comme boulot. Cette sensation de toucher de près à l’actualité de notre monde.
    - Pas vraiment. Je traduis, c’est tout.

    Et c’est vrai. J’entends un discours, je le traduis et je le recrache. C’est simple, méthodique, monotone mais bien payé. Pour l’originalité et l’artistique, je repasserai.
    - Bien, bien, parfait, s’enthousiasme-t-il. Nous y reviendrons, Will si vous le voulez bien. Maintenant, ce que j’aimerai savoir, c’est ce que vous, vous attendez de cette dernière séance.
    - Ce que j’attends ? Vous vous moquez de moi ou quoi ? Je vous ai parlé de mon problème d’engagement, j’attends votre réponse.
    Il tressaute sur le divan en prenant un rire sans joie.
    - Mais je ne peux rien faire pour vous ! s’exclame-t-il. Si vous ne voyez pas l’utilité de vivre en couple, ce qui est votre problème si j’en crois mes notes, ce n’est pas un inconnu comme moi qui va vous faire changer d’avis. C’est à vous de le vouloir et pas à moi de vous forcer à le vouloir.
    - Alors pourquoi continuons-nous de nous voir si vous êtes incapable de m’aider ?
    - Je vais être franc, Will. Je ne pense pas qu’aller de psychologues en psychiatres vous soit d’une quelconque aide. Mais vous êtes un client, vous avez payé pour ces séances, donc je vous accorde mon temps.
    Il m’avoue franco qu’il s’occupe de moi juste pour me tirer mon fric. C’est gonflé, ça ne manque pas de panache, mais c’est quand même de trop.
    - Nous y voilà ! dis-je en me levant. Bon, je crois que nous n’avions plus rien à nous dire. Ne vous inquiétez pas, vous serez payé pour cette séance.
    J’ai la main sur la poignée de la porte quand une voix forte, puissante prononce mon prénom.
    - Will ! Je comprends tout à fait que vous ayez envie de partir maintenant mais je vous ai écouté attentivement durant ces quatre premières séances et j’aimerai vous donner mon opinion.

    Je voulais que ma sortie ait autant de panache que ses révélations. Au lieu de cela, j’ai l’impression d’être de nouveau un garçonnet de cinq ans sermonné par son père. Et qui lui obéit. Servilement, je me rassoie, non sans lui jeter des coups d’œils furtifs.
    - Il y a une chose que j’aimerai savoir Will, finit-il par reprendre. Est-ce que vous rêvez d’une famille, d’une maison en banlieue, d’enfants ?
    - Parfois. Mais c’est assez bref comme envie.
    - Avez-vous déjà été amoureux ?

    Il embraye si rapidement sur cette question tellement intime que j’en suis un peu brusqué. Je balbutie quelques mots, tente d’expliquer mes relations précédentes, certaines meilleures que d’autres, mais au final, ce n’est qu’un vague borborygme qui sort de ma bouche.
    - J’en déduis que non, fait-il avec un sourire.
    Il n’a plus l’air fâché et je me sens mieux. Le soleil apparaît derrière les nuages dehors et je me considère comme chanceux. Dans quelques minutes, il aura disparu derrière les gratte-ciels de la ville, mais pour l’instant, il brille juste pour moi.
    - Si, enfin, je crois. Peut-être une fois.
    - Bien, parlez-moi d’elle. Que vous rappelez-vous de votre relation ?
    - Elle s’appelait Claire, réponds-je mécaniquement. J’avais vingt-cinq ans, elle en avait vingt-quatre. Deux ans ensemble, presque mariés, mais finalement, j’ai annulé et je l’ai quittée. Je me sentais bien avec elle, c’est tout ce dont je me souviens.
    - Deux ans ? C’est plus long que votre moyenne de deux mois. Pourquoi l’avez-vous quittée ?
    - Aujourd’hui encore, je ne sais pas. Elle était parfaite. Une tête bien pleine sur un corps de rêve, drôle, tendre, gentille, la femme parfaite. Et je l’ai quittée.
    - Vous ne m’avez pas répondu.
    - Exact. Je pense que c’était peut-être trop parfait, j’avais du mal à y croire. Nous étions si complices qu’on disait de nous que nous n’étions qu’une seule personne, « un tout », le couple idéal. Mais je ne me sentais plus exister, vous comprenez ? Je n’existais plus en tant que moi-même.

    Il ne prend plus de notes et se contente de me regarder.
    - La revoyiez-vous encore ?
    - Parfois, lors de soirées chez des amis communs. Elle est mariée maintenant avec un dentiste, je crois. Ou orthodontiste. Enfin bref, ce n’est pas important. Elle a une bonne vie et je suis content pour elle.
    - Est-ce à partir de là que vous avez commencé à avoir ces peurs d’engagements ?
    Je réfléchis, les dates et moi faisant deux.
    - Oui, peut-être, ou bien un peu avant, je ne me souviens plus très bien.

    Il prend une longue respiration comme si ce qu’il s’apprête à dire est tellement important qu’il doit s’y préparer à l’avance.
    - Les souvenirs, Will. Ce sont eux qui font la différence entre toutes les relations que vous avez pu ou pourrez avoir. Je suis bien incapable de me rappeler les filles que j’ai fréquentées à la fac, mais je me souviens parfaitement du parfum que portait ma femme, sa façon de nouer ses cheveux en arrière, de chanter quand elle faisait la cuisine ou repassait son linge, de rire quand elle voyait une scène drôle durant nos promenades dominicales dans Central Park.

    En disant cela, il ne me regarde plus. Ses yeux sont dirigés vers l’extérieur, comme s’il voyait des choses offertes qu’à son seul regard. Il semble heureux, mais avec une pointe de nostalgie. Je ne l’écoute plus tandis qu’il parle, je me demande ce qui peut bien faire cet effet. Est-ce donc cela l’amour ? Je n’ai jamais ressenti cela et soudainement, j’en ai très envie.
    - Les petits détails, Will...Il n’y a rien de plus important.
    Il reprend peu à peu conscience de ce qu’il se passe dans cette pièce et semble même gêné d’avoir partagé avec moi des choses aussi intimes.
    - Votre problème n’en est pas un, vous savez. Au fond de vous, vous savez que toutes ces filles avec qui vous sortez ne sont pas celles qu’il vous faut. Mais vous verrez, quand vous la rencontrerez, vous comprendrez que s’engager n’est pas plus difficile qu’ouvrir cette porte. Ce sera aussi rapide qu’un battement de cil, presque instantané. Alors tout deviendra clair dans votre esprit.

    Je suis un peu confus par ce qu’il me raconte.
    - C’est tout ? Je veux dire, c’est cela votre conseil ? Attendre que je rencontre la femme parfaite pour moi ?

    Il hoche la tête tranquillement en me regardant, d’un air satisfait, comme s’il venait de me livrer le Saint Graal de l’Amour.
    Je me lève tandis qu’il rejoint son bureau. Sans un mot, nous avons décidé que c’était la fin de notre dernier entretien. Je pose la main sur la clenche de cette porte qu’il m’a montrée peu de temps avant. Il me regarde comme s’il attendait que je sorte.
    - J’espère de tout cœur que vous trouverez ce que vous cherchez, Will. Vous n’êtes pas un mauvais homme, vous êtes juste un peu confus. Mais tout passera avec le temps. Il vous faut juste la trouver et tout deviendra limpide. Croyez-moi. En sortant, vous pouvez m’envoyer ma patiente suivante, s’il vous plaît ?
    - Bien, docteur.

    Je serre la clenche et la porte s’ouvre enfin. Je suis libre, ces séances sont finies et je ne pense pas que j’en reprendrai à l’avenir. Elles n’ont que peu d’influence sur moi. Je sais ce que je veux et malgré tout, ma vie n’est quand même pas si mal que cela. J’aurai pu tomber bien pire, donc de quoi je me plains ? Ooooh, le petit New-yorkais aisé que je suis n’arrive pas à trouver chaussure à son pied ? Et bien qu’il reste seul. Ne dit-on pas qu’il vaux mieux être seul que mal accompagné ? Tiens, cela sera ma nouvelle maxime. Je m’y engage ici et maintenant, alors que je cherche la prochaine patiente dans la salle d’attente.
    - Mademoiselle, le docteur Bloom m’a demandé de vous faire entrer.

    Elle se retourne, s’arrachant à la contemplation d’une reproduction d’une toile fameuse sur le mur et quelque chose change en moi. Un déclic, un frisson qui part du bas du dos et qui remonte. Le temps me paraît s’arrêter tandis que ses yeux verts clignent au ralenti. Le contour de sa bouche, le rosé de ses joues, ce nez si délicat, ces cheveux sombres qui lui tombent sur les épaules. Elle a l’air émue, je mets cela sur le compte de son amour pour l’art que je viens de lui inventer plutôt que sur ma présence dans cette salle d’attente.

    Puis le temps reprend son cours, elle me sourit et me frôle en entrant dans la salle où le docteur Bloom l’attend, à côté de la porte.
    - Merci d’être venue aujourd’hui, je sais que c’était un peu précipité mais il était important que nous nous voyions, lui dit-il en la faisant entrer.

    Il me regarde maintenant avec ce petit sourire mystérieux qu’il a eu tout au long de l’heure et juste avant de disparaître derrière la porte, il me dit doucement :
    - Vous voyez, Will. Aussi simple que d’ouvrir une porte...

    Fin.

    D'autres nouvelles sur mon site.

  2. #392
    Je suis un peu mitigé.
    En particulier sur les détails - comme le fait de lire le mot "clenche" écrit par un narrateur qui se veut new-yorkais - mais pas que...Je vais lire tes autres textes, pour voir.


  3. #393
    Bon j'ai retouché lourdement le truc que j'avais posté dans l'autre topic, je le bougerai sans doute plus.

    Parce que ça m'énerve de le laisser comme les autres moisir sur un disque dur, je le soumets au jugement éclairé de, euh, vous qui vous faites chier un dimanche soir.
    C'est ici.

    En espérant vos avis sincères, je vous prie d'agréer, gnagnagna.


  4. #394
    Pas mal, vraiment pas mal du tout. Y'a quelques trucs dans la forme qui font tiquer lors de la lecture, mais ça n'est vraiment rien d'essentiel. Genre, une virgule mal placée qui ne donne pas l'effet escompté, une répétition ou un adjectif dont tu pourrais te placer, mais je chippote.

    La vérité, c'est que, personnellement, je trouve ça assez excellent. Une idée simple, bien développée, qui ne tombe pas dans l'excès de longueur ou dans une lenteur insupportable, servie par des personnages, certes, peu originaux, mais bien placés et bien utilisés.

    Non, sans dec', c'est très bon à mes yeux ElGato, mais je suis loin d'avoir le bon goût absolu.

  5. #395
    Bon j'y vais de ma petite contribution, ma vielle page perso, ici

    La section textes est ici ( Une quinzaine de textes/poèmes et une intro de roman)

    J'ai continué à écrire ( et a dessiner aussi), mais tout reste sur des carnets parce que je sais pas écrire directement au clavier, et qu'un carnet ça se garde toujours sur soi.

    Il me faudrait juste le courage de tout taper et de scanner/photographie dessins et toiles mais je suis un peu .
    "Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l'une ni l'autre, et finit par perdre les deux." B.Franklin -"Bien fait !!" - Moi .

  6. #396

  7. #397
    Une chronique du dernier 50 Cent, et une du dernier Pelican.

  8. #398

  9. #399
    Hop, une nouvelle issue du topic nouvelle mais pas que.

    Ça s'appelle Un Foutu Bonbon ... J'espère que ça va vous plaire ...

  10. #400
    Faiseur d'opinion personnelle Avatar de Goji
    Ville
    3<-
    Je ne le lirai pas avant la fin du temps imparti :b
    BigRockTribe Streaming de musique Rock, Post-Rock et Metal.
    Une novella médiévale et fantastique disponible sur Kobo et sur Amazon.

  11. #401
    Mais ça fait super loin février !! Je crois que j'ai vu vraiment trop long pour le délai.

  12. #402
    Moi j'écris une nouvelle sur une tribu oubliay dans une foray oubliay, qui aurai développay une technologie alternative basé sur des ondes bêta interactive mental iodisées , ils aurait des yeux laser et des bras bionique, mais c'est la qu'une horde de bébé iradiay intervient, et ca serait la guerre pour le controle du monde et des étangs... Voila voila... Pas Mal ?
    En a marre des signatures pourries

  13. #403
    Bof.
    Treize ans ?
    une balle, un imp (Newstuff #491, Edge, Duke it out in Doom, John Romero, DoomeD again)
    Canard zizique : q 4, c, d, c, g, n , t-s, l, d, s, r, t, d, s, c, jv, c, g, b, p, b, m, c, 8 b, a, a-g, b, BOF, BOJV, c, c, c, c, e, e 80, e b, é, e, f, f, f, h r, i, J, j, m-u, m, m s, n, o, p, p-r, p, r, r r, r, r p, s, s d, t, t
    Canard lecture

  14. #404
    Citation Envoyé par ducon Voir le message
    Bof.
    Treize ans ?
    Mon papa y m'as dit de pas écouter les mauvaises langues.

    Et pi y'aurait aussi des ânes hydrocéphales et un cyclone dévastateur en plus.
    En a marre des signatures pourries

  15. #405
    Citation Envoyé par Desactivator Voir le message
    Mon papa y m'as dit de pas écouter les mauvaises langues.

    Et pi y'aurait aussi des ânes hydrocéphales et un cyclone dévastateur en plus.
    Dit qu'ils sont bleus et on aura le scénario d'Avatar ou presque
    :mimetismespongebongelinolnext:
    CAFET' & GARÇONS 2: www.stemporryed.com

  16. #406
    Liens morts pour les "oeuvres" de b0b0 .
    NE PAS CLIQUER ICI
    Et sinon je vend ÇA et je cherche ÇA (M.A.J 1/05/2011)

  17. #407
    Faiseur d'opinion personnelle Avatar de Goji
    Ville
    3<-
    Normal, B0b0 fait de l'art éphémère.
    BigRockTribe Streaming de musique Rock, Post-Rock et Metal.
    Une novella médiévale et fantastique disponible sur Kobo et sur Amazon.

  18. #408
    Autant pour moi, j'avais pas saisi la subtilité.
    NE PAS CLIQUER ICI
    Et sinon je vend ÇA et je cherche ÇA (M.A.J 1/05/2011)

  19. #409
    Faiseur d'opinion personnelle Avatar de Goji
    Ville
    3<-
    Tu n'attraperas jamais B0b0.
    BigRockTribe Streaming de musique Rock, Post-Rock et Metal.
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  20. #410
    Un documentaire sur James Cameron, à rendre pour un séminaire.

    Putain que c'est pas facile

  21. #411
    Citation Envoyé par Snowman Voir le message
    Un documentaire sur James Cameron, à rendre pour un séminaire.

    Putain que c'est pas facile
    T'a vu l'interview de Gans?

  22. #412
    Citation Envoyé par Jolaventur Voir le message
    T'a vu l'interview de Gans?
    La vidéo de plus d'1/4 d'h sur ecranlarge ? Ouaip.

    Intéressant (mais Gans est un type passionnant à écouter, comme Scorsese, Tarantino, Del Toro, Coppola, ...)

  23. #413
    J'ai écrit ça vite fait, pour rigoler. Je le posterai peut-être sur Café de Faune dans la semaine.

    The videogame of everything

    Au commencement, il voulut créer un jeu de rôle. Un rogue-like. L'architecture fut vite créée, les algorithmes régissant la génération aléatoire de donjons et les règles du jeu aussi. Il y joua toute la nuit et se dit que c'était plutôt bon. Et ce fut la version 1.0.

    Puis il se dit que les graphismes étaient somme toute assez sommaires. Qui s'intéresserait encore, au vingt-et-unième siècle, à un jeu dont l'univers était représenté par des symboles ASCII ? Alors il opta tout d'abord pour des sprites en vue top-down, puis pour une perspective 2D isométrique. Mais cela ne suffisait pas. Alors il téléchargea un moteur 3D open-source et entreprit de réaliser des modèles 3D totalement animés pour chacun des éléments du jeu. "Qu'il y ait de la lumière", nota-t-il en commentaire de video.cpp, et il ajouta des lumières dynamiques, de l'éclairage par pixel et du parallax mapping. Il y joua toute la nuit et se dit que c'était plutôt bon. Et ce fut la version 2.0.

    Puis il se dit que cela manquait de souplesse et il décida d'ajouter une interface entre des fichiers xml contenant les définitions des différents éléments du jeu, qui jusqu'ici étaient hardcodés, et le programme. Et il y eut d'un côté le contenu informationnel et de l'autre le reste du programme, qui n'était plus qu'un interpréteur et une moteur graphique. Il écrivit une interface liant celestial.cpp et sublunar.cpp. Il y joua toute la nuit et se dit que c'était plutôt bon. Et ce fut la version 3.0.

    Puis il se lassa de la répétition du schéma classique "porte-monstre-trésor" et se dit qu'il serait bon de pouvoir parler à d'autres personnages, de visiter des villes, des mers, d'autres planètes. Et comme il aimait les simulateurs, il se dit qu'il serait bon pouvoir piloter des véhicules. Et comme il aimait les jeux de stratégie, il se dit qu'il serait bon de pouvoir être à la tête d'un empire. Alors il créa des fichiers xml par milliers, afin de couvrir toutes ces possibilités. Il y joua toute la nuit et se dit que c'était plutôt bon. Et ce fut la version 4.0.

    Puis il trouva l'arbitraire des scores de compétences et autres générateurs aléatoires trop grand. Alors il supprima toute référence aux 3d6 points de dégâts des épées à deux mains, et au bonus offerts pour une force supérieure à 16, les remplaçant par des informations sur la nature du matériau de l'arme et la puissance musculaire du personnage, exprimée en joules, le tout intégré à un moteur physique de sa création. Puis il effaça tout à nouveau et repris sa modélisation au niveau moléculaire, concevant un modèle qui, à partir l'analyse de ces données physiques primordiales par ses puissants algorithmes, parvenait à décider des conséquences de l'application d'une dague contre une carotide ou de l'effet du frottement de feuilles essentiellement composées d'atomes de carbone et d'oxygène sur la vitesse de course d'un cheval. Il y joua toute la nuit et se dit que c'était plutôt bon. Et ce fut la version 5.0.

    Puis il abandonna toute référence à la personnalité des personnages non joueurs, supprima ames.xml, et commença à modéliser la composition atomique de leurs neurones et leurs connexions. Puis, comme c'était trop fastidieux, il préféra tout effacer à nouveau. Alors il créa un modèle décrivant les interactions de la matière et de l'énergie et laissa le programme s'organiser de lui-même. Quand il eut fait cela, ne restèrent plus que deux fichiers : fermion.xml et boson.xml. Et ce fut la version 6.0.

    De ce qu'il advint au moment où il pressa le bouton "Compiler le programme" de son IDE, on ne peut dire qu'une chose : c'était inattendu.
    Dernière modification par L-F. Sébum ; 07/01/2010 à 20h45.

  24. #414

  25. #415
    Si t'enlèves le moteur graphique, c'est Dwarf Fortress. Mais on en n'est encore qu'a la version 4.3 (d'après ton échelle). Donc il reste deux trois étapes pas évidentes. Enfin en tout cas c'est tout a fait l'approche, "démesurée mais c'est pas grave" du gars qui code ce truc.

    Texte sympathique, j'aime particulièrement l'écriture de la chute. Je remplacerais les "plutôt bon" par "bon" tout court. L'appel à la référence biblique me semble plus importante, dans le son, que le rappel à toute fins utiles qu'un vrai testeur de jeu vidéo emploie toute son échelle de notation, et même si je peut comprendre que tu n'ai pas eu envie de suggérer un aboutissement (sinon pourquoi une version suivante ?).

    Ou alors carrément un "plutôt pas mal", peut-être, pour garder la référence et la réserve sur la perfection du monde, mais en en faisant alors plus un clin d'œil qu'une reprise.
    Dernière modification par Athmos ; 07/01/2010 à 12h30.
    "Un peuple sans subjonctif est un peuple mûr pour la dictature." (Agar)

  26. #416
    Citation Envoyé par Agar Voir le message
    J'ai écrit ça vite fait, pour rigoler. [...]

    The videogame of everything
    Han, j'ai fait un truc dans un peu dans cet esprit aussi.
    Citation Envoyé par O.Boulon Voir le message
    Chouette topic.
    C'est le genre de truc qui couronne des années de modération impitoyable et d'insultes lancées au hasard.

  27. #417
    Faiseur d'opinion personnelle Avatar de Goji
    Ville
    3<-
    "Porte-monstre-trésor" ^^
    BigRockTribe Streaming de musique Rock, Post-Rock et Metal.
    Une novella médiévale et fantastique disponible sur Kobo et sur Amazon.

  28. #418
    Citation Envoyé par Athmos Voir le message
    Texte sympathique, j'aime particulièrement l'écriture de la chute. Je remplacerais les "plutôt bon" par "bon" tout court. L'appel à la référence biblique me semble plus importante, dans le son, que le rappel à toute fins utiles qu'un vrai testeur de jeu vidéo emploie toute son échelle de notation, et même si je peut comprendre que tu n'ai pas eu envie de suggérer un aboutissement (sinon pourquoi une version suivante ?).

    Ou alors carrément un "plutôt pas mal", peut-être, pour garder la référence et la réserve sur la perfection du monde, mais en en faisant alors plus un clin d'œil qu'une reprise.
    Oui, le "plutôt bon" me pose problème. Comme tu l'as supposé, je l'ai conservé pour garder la référence génésiaque tout en donnant au ton quelque chose de léger, le genre de chose que pourrait se dire un programmeur amateur en admirant son oeuvre.

    Citation Envoyé par Dark Fread Voir le message
    Han, j'ai fait un truc dans un peu dans cet esprit aussi.
    Tu ne voudrais pas le poster ?

    Citation Envoyé par Goji Voir le message
    "Porte-monstre-trésor" ^^
    Fixed.

  29. #419
    Tiens, niveau création du monde, j'avais écrit ça. Le début et la fin sont un peu raides, parce que ça fait partie d'une histoire plus longue dont je vous fais grâce (c'est déjà assez long comme ça... ^^)

    Bernard le N’enfant, assis dans la boue, avait donc saisi un joli petit caillou.
    Et le joli petit caillou avait rugi :
    « QUI ME DERANGE, MOI LE DIEU SANS NOM, PETIT CAILLOU PERE DE TOUTES CHOSES, MAITRE PARMI SES SEMBLABLES, ET COMTEMPLATEUR ULTIME DE L’ORDRE DU MONDE ? »
    Il avait rugi sur un mode majestueux et péremptoire que lui autorisait son statut de divinité première.
    Non pas que, d’habitude, le petit caillou soit un dieu particulièrement acariâtre, mais il faut bien admettre que les trente dernières minutes lui avaient été particulièrement pénibles à vivre.

    Jugeons plutôt.


    Pour resituer les choses, rappelons que le petit caillou divin avait commencé sa carrière en tant qu’énorme entité mystérieusement sphérique, perdue dans le néant originel.
    Un jour, par désœuvrement peut-être, le petit caillou s’était décidé à créer quelque chose, une sorte d’univers, sans prétention. Dans une telle situation, d’autres se seraient contentés de repeindre leur plafond, ou de commencer une collection de timbres. Mais encore eut-il fallu pour cela qu’on créasse préalablement les plafonds et les timbres. On n’en sortait pas.


    Ainsi, le petit caillou tout puissant se mit au travail. Il délimita un bout d’espace-temps à peu près compact pour son univers (pas trop encombrant non plus pour qu’il puisse aisément le ranger à la fin de l'expérience).
    Puis, pour le remplir, il imagina des petits machins qui seraient à la fois ondes et corpuscules, de dimension un peu fractale. Assez rigolos.
    Il s’amusa pendant l’équivalent de quelques millions d’années à envoyer ces machins se fracasser les uns contre les autres, histoire de voir ce qui en sortait: le résultat en était fort intéressant.
    Puis, histoire de compliquer un poil les choses, il décida d’entasser quelques uns de ces machins, et leur adjoindre un petit bouzin qui orbiterait autour du tas, histoire de lui assurer une certaine stabilité.
    C’était une idée diablement ingénieuse, que l’on baptiserait par la suite assez pompeusement ’atome d’hydrogène’. Pourquoi pas. Toujours est-il que tous ces petits atomes dans cet univers, voilà une idée qui plaisait énormément au petit caillou, qui, du coup, faillit en rester là.


    Le petit caillou sacré avait donc posé son univers hydrogéné à côté de lui, et de temps en temps, il le prenait, le renversait, et le reposait, et alors il contemplait les petits atomes s’agiter, se frictionner, faire des étincelles. C’était d’une splendeur hors du commun, et seules quelques civilisations sont aujourd’hui parvenues à recréer un semblant de cette expérience par le biais de dérisoires ’boules de neige - Paris - tour Eiffel’. En moins bien, il s’entend.


    Quelques éternités plus tard, le petit caillou, qui avait un peu délaissé son expérience, revint un soir, un peu fatigué de sa journée. Pensif, il saisit machinalement son petit univers poussiéreux, et se mit à le triturer. Une idée lui était venue: créer des petites entités autonomes à base de ces atomes d’hydrogènes, des petites cellules qui pourraient s’organiser et vivre un semblant d’existence.
    Finalement, à force de touillage et de millions d’années, cela finit par marcher. Les petites cellules s’organisèrent, formant des espèces de petits nuages vaguement intelligents. Ces nuages vivaient, mouraient, et s'échinaient dans l'intervalle à construire un semblant de civilisation, tranquille et indolente. Le plus grand bonheur de ces petits êtres était de se jeter dans les courants de l’univers, de se laisser porter pour rendre visite à leurs cousins les plus éloignés. Puis ils revenaient, et racontaient leurs aventures à leurs amis émerveillés. Et tout cela ravissait le caillou sacré.


    La petite civilisation grandit paisiblement, se développa, construisit divers monuments, et se mit à l’art avec des ambitions somme toute modestes. La postérité retiendra de cette époque (charmante mais un brin monotone) quelques symphonies, et en particulier une sonate pour 4 nuages barytons et un soprano, intitulée ‘Ode au courant du Centre Univers’.
    Même s’il est difficile de restituer la beauté bizarre d’une sonate chantée par des nuages, on pourra simplement résumer le refrain qui disait :
    « Ah, ah, quel beau cosmos,
    Comme il est agréable de se laisser porter
    Par le courant du Centre Univers.
    Flotter tel un songe,
    Et traverser les immensités,
    Ah, ah,
    Et rendre visite au cousin René.»




    La civilisation hydrogénée prospéra, déclina.
    Elle re prospéra, re déclina.
    Elle migra un peu plus loin vers la droite dans l’univers, re prospéra, inventa deux-trois trucs plutôt bien.
    Le hula-hop vint à la mode, puis fut rapidement oublié.
    A vrai dire, le caillou sacré s’ennuyait un peu. Il n’y avait certes pas grand chose à reprocher à cette civilisation, douce et tranquille, mais il fallait quand même bien reconnaître que <ce n’était pas vraiment ça>.
    Alors, hop, il laissa décliner puis s'éteindre cette civilisation sans histoires.




    Pas lassé, le petit caillou recommença à touiller son univers. Il entassa ses bidules les uns sur les autres, et s’aperçut qu’il avait créé de nouveau types de machins. Genre de l’hélium, de l’oxygène, du carbone, dans ce style de trucs. Dire qu’il « vit que cela était bon », ç’aurait peut-être été excessif. Disons un petit 12/20, 'Encouragements'.
    Et puisque la tendance était à l’empilement, le petit caillou parfait empila. Il en finit même par créer la force gravitationnelle, histoire que les choses s’empilent toutes seules, pour un maximum d’amusement.
    Les atomes s’empilèrent, et formèrent des molécules. Les molécules s’empilèrent, les empilements de molécules s’empilèrent. A un moment, la divinité première ralentit un peu le rythme, avant que l’univers se résume à un gros tas. Parce qu’on n’aurait pas été plus avancés, n’est-ce pas.


    L’univers était donc rempli de tout un tas de nébuleuses, poussières, astéroïdes, astres, trous noirs. Le caillou était agréablement surpris. Ca avait quand même plus de gueule que la précédente soupe hydrogénée.


    Maintenant que la structure globale était à peu près en route, Little Caillou fit s'allumer certains composants de l'univers comme des lampions de fête foraine. (NB : oui, le petit caillou divin avait imaginé l’idée du lampion de fête foraine avant le concept de l’étoile, c’est absolument confirmé par des sources sures)




    C’est à ce moment que le petit caillou sacré commença à avoir une vague idée de ce qu’il allait faire de cet univers, et de la raison pour laquelle il l’avait créé. C’était pas trop tôt, bordel.



    Le petit caillou s’attacha donc à préciser ses plans : il avait besoin d’une planète principale, sur laquelle il développerait une vie un peu sophistiquée, à base, disons, de carbone. Aussitôt dit, aussitôt fait, notre divinité attrapa une petite planète, y colla un peu d’eau et de chaleur. Histoire de faire les choses proprement, il créa quelques fioritures vaguement utiles, telles que l’ADN et les levers de soleil.
    Dès lors, la vie crût et se multiplia. Pendant que les organismes se tâtaient pour voir si ça valait le coup de rester monocellulaires, ce genre de questions un peu existentielles, le petit caillou remplissait tranquillement la planète. Il mit des cailloux à son image un peu partout, histoire de marquer son territoire. Il imagina aussi des trucs franchement déments, propres à émerveiller le quidam : les cyclones et les aurores boréales, les mirages et les tours de magie, et puis aussi Edouard Balladur.
    Pendant ce temps, la vie sortait de l’eau sans se presser.
    Le petit caillou, un peu déconcerté, observait cet amoncellement de mollusques et d’octopodes minables. Ca ne réfléchissait pas, ça ne parlait pas, ça ne faisait pas d’éclairs. Un peu moumou.
    Après une attente insensée, les gastéropodes vinrent s’installer dans le paysage. C’est à ce moment que le petit caillou inventa le café, dont il fit une consommation qu’on aurait du mal à se représenter.
    Vinrent les insectes, les crabes et les araignées. Le petit caillou sacré inventa les amphets, puis la coke.
    Au moment de l’arrivée des grenouilles, le petit caillou inventa l’extazy, et se fit la remarque que ce monde était d'un calme confinant au sinistre. Il créa donc le coassement des grenouilles, ainsi que les différents cris des animaux passés, présents, et à venir.


    Et aussitôt, il regretta amèrement, définitivement. Le monde s’était empli d’une clameur désordonnée, qui ne le quitterait désormais plus avant l’apocalypse. Bordel, quelle idée de merde.
    Puis le petit caillou se remit à attendre. Le plan l’exigeait. Et puis il avait bien créé l’ADN, maintenant, fallait assumer. Ceci dit, il nota dans un coin de son esprit de réserver une vie de merde à Darwin.


    Les poissons arrivèrent. A ce moment, le petit caillou, qui avait décidé d’arrêter la drogue, connut un sérieux coup de blues. Mais il tint bon.
    L’arrivée des tortues, des lézards, des oiseaux, et des mammifères ne relevait dès lors que de l’anecdote, du truc sans grand intérêt mais indispensable pour la suite des événements.


    Quand le petit caillou termina sa déprime, les choses avaient bien avancé. Les mammifères avaient pris le dessus. Y en avait plein, partout. Au moment où les primates commencèrent à montrer quelque signe d’intellect, le petit caillou se dit que, enfin, 'ça y était'. Raison pour laquelle il décida promptement de descendre sur cette planète voir de près ce que ça donnait.
    C’est donc ainsi qu’une entité parfaitement sphérique d’environ quatre mètres de diamètre se retrouva posée sur un bout de campagne qui n’avait rien demandé.
    Le petit caillou (qui était encore assez encombrant à cette époque, nous reviendrons ultérieurement sur les causes de sa déchéance) regardait avec curiosité ces petits quasi humanoïdes lutter sans grand succès contre la famine, la maladie, et une pelletée de prédateurs plus malins qu'eux, tels l'ours, le puma, le chat et l'escargot.
    Observant ses prometteurs bipèdes, le caillou effectua quelques tentatives de communication à base de 'gru' et de 'gné', mais sans grand succès. Alors, pour patienter, il s'occupa. Se fit vénérer, en se permettant quelques miracles faciles. Des offrandes de fruits des bois, des libations, des sacrifices d'enfants et de vierges, juste histoire de voir. Et pendant que les primates dansaient autour du caillou en chantant 'gru gru gné gné', (avec le plus grand respect, de peur de se prendre un éclair dans les fesses), la divinité méditait sur l'avenir. Maintenant, le plan céleste était lancé, il allait falloir jouer juste, et serré.
    Dans le grand plan du gros rocher, l'étape 'Homo' n'était qu'un rapide intermède. Plus tard venait une espèce supérieurement intelligente et munie de tentacules (fruit des amours bizarres entre l'homme et le poulpe). Cette espèce, qui mettrait au point en une dizaine de milliers d'années la fusion thermonucléaire à froid, serait ensuite supplantée par une autre, munie de plumes, d'antennes, et de bosses, et qui viendrait rapidement à bout du continuum espace-temps. Et enfin, une autre, avec des rayures et un gros nez, qui viendrait à bout... du mystère de la mort... et aussi du mystère du con qui dit non, une sacré colle métaphysique, ne riez pas sombre crétin. Si vous riez, c'est que vous n'avez même pas compris la complexité du problème. Abruti de lecteur.


    Avec ça, une grosse partie du boulot serait réglée, pensa le Petit Caillou. Le reste ne serait que question de flux massif d'entropie, de temps, et de souplesse. Pendant ce temps, les primates dansaient toujours en lançant des gné et des gru, l'air un peu tendu.
    Le petit caillou se dit alors qu'en fin de compte, il avait bien mérité des vacances. Des vraies vacances. Pendant quelques dizaines de milliers d'années, histoire de bien couper, relaxation optimale. Mais pas trop longtemps non plus, histoire de ne pas perdre le fil. On dissocie le corps et l'esprit, on laisse l'entité physique aux soins des primates poilus, pendant que l'esprit parfait va se faire bronzer loin de toute cette médiocrité. Juste quelques petites dizaines de milleirs d'années... Trois fois rien... Le truc sans aucun risque... Avec un un peu de chance, à son retour, les bestiaux auraient réussi à se rendre vaguement utiles ou agréables.
    Par exemple en cessant de manger leur caca. Oui, ça, ça serait pas mal, et juste assez ambitieux pour représenter un vrai challenge.


    Le caillou divin fit ses dernières recommandations à son peuple idiot, à grand renfort d'éclairs, de nuages, de boums, de bangs, de gru et de gné. Puis il s'autodissocia, et partit. Loin loin.
    C'est alors que les choses commencèrent à tourner au vinaigre.


    À suivre...
    L'Huître Défaite, losers de père en fils depuis 1998.

  30. #420
    Ca m'a rappelé un peu l'épisode Godfellas de Futurama.

    J'aime bien, il y a juste quelque chose qui me dérange : tu passes brusquement d'un registre très recherché dans des passages qui semblent insister sur la dimension métaphysique de l'histoire ("Le monde s’était empli d’une clameur désordonnée, qui ne le quitterait désormais plus avant l’apocalypse") à des blagounettes qui jurent un peu avec le reste ("Le petit caillou sacré inventa les amphets, puis la coke", par exemple).

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