Bon, à la base, c'était pas prévu comme ça, mais la course que je voulais faire à la base a été annulée (vous savez pourquoi...), et celle que je voulais faire en remplacement... aussi.
Bref, LyonSaintéLyon. Un bel a priori négatif sur cette course, du type "c'est pas vraiment du trail", et autres "c'est roulane". Pauvre fou
Comme si faire 156 bornes, c'était anodin...
Le concept a été pris à feu la 180, à savoir qu'on fait la SaintéLyon comme tout le monde, mais que la veille, on se fait un LyonSainté, sur le même parcours, "pour le fun".
Oui, parce que l'aller n'est pas chronométré, les coureurs sont classés sur le temps du retour.
Et du coup, le côté à la cool se ressent au départ à Lyon, personne ne se bouscule vraiment pour être devant et partir vite, les élites font les cons avec le speaker (mention spéciale à celui qui est venu retirer son dossard à peine 10 minutes avant le départ). Et pareil sur les premières bornes, ça trottine en racontant des conneries dans le peloton, bref, on est plus sur l'esprit d'un gros off que d'une course, et c'est vraiment sympa
Du coup, les premiers kilomètres passent vite (enfin non, parce que ça trottine cool, mais vous avez compris l'idée
), et j'arrive vite au premier ravito, au 22ème km. Oui, parce que sur le retour, il y en a un 10 bornes avant la fin, mais là, a priori, pas besoin, on doit être des vrais, un truc du genre
Les bénévoles sont super cool (ce qui est très constant sur cette course, et bien agréable !), et il y en a un qui me propose un "thé finisher" : "Si tu en bois, tu es sûr de finir". Bon bah je prendrais du thé citron très sucré et bien chaud à tous les ravitos alors, si je suis sûr de finir
Juste avant de repartir (1/4 d'heure de pause, on est pas pressés !), un bénévole nous annonce qu'il y a les meneurs d'allure qui viennent d'arriver, et qu'ils prévoient de mettre environ 13h/13h30. Ah bah, je savais que j'étais lent, mais quand même, pas à ce point (je "vise", mais sans pression, environ 11h30/12h). Bah oui, il faut trouver un juste équilibre entre le fait d'être lent, pour pas trop se cramer pour le retour, et pas trop lent, car plus on arrive tôt, plus on a le temps de se poser à Sainté avant le retour...
Bref, on verra bien, je repars, sur des sentiers un peu plus sympa que les 20 premiers kilomètres quasiment tout en bitume. Et ça grimpe un peu plus aussi. J'en profite pour prendre quelques photos des monts du Lyonnais, vu qu'on a un beau soleil pour le moment, pourvu que ça dure (non
)
Et au bout d'un moment, je me fais rattraper par un petit peloton, mené par ces fameux meneurs d'allure. Ah ? Je suis toujours lent, mais toujours pas au point qu'ils me rattrapent normalement. Bon, mais ils visent quoi, en fait ? "12 heures". OK, je comprends mieux du coup! Ca me convient, donc je me dis que je vais rester un moment avec eux, on pourra discuter un peu en même temps, ça peut être sympa. 2 km plus loin, ils s'arrêtent pour une pause technique, et je ne les reverrai plus
Je finis par arriver au pied de la montée du Signal, qui sera la plus grosse "difficulté" du parcours, une montée relativement longue, pas très technique, mais par rapport au reste du parcours, c'est la plus dure. En fait, je me souviens surtout de celle-ci (du moins à l'aller), parce que j'ai été rattrapé par une pipelette, qui m'avait déjà tenu la jambe au départ. Le mec ne fait que causer, tout le temps, c'est impressionnant. Il parle de tous les marathons qu'il a fait, parfois jusqu'à 2 par semaine, et ne s'arrête jamais. Pas le temps d'en placer une. Bref, je vais entendre parler de marathons pendant un bon moment... Limite, j'ai envie de me mettre à "faire" la montée histoire de m'en débarrasser
Et puis bon, arrivé en haut, on s'arrête prendre des photos, lui plus longtemps que moi, et je n'entendrais plus parler de marathons (je vous ai déjà dit que le mec faisait plein de marathons, des fois 2 par semaine ?).
Deux/trois autres anecdotes en vrac sur l'aller (je ponds déjà un pavé, alors que je ne suis même pas à la mi-course, donc j'abrège !) :
- Les ravitos sont tous sous chapiteau, je me dis que c'est cool pour le retour, parce qu'il risque de faire froid. Mais d'un autre côté, ça risque d'être dur de repartir...
- J'ai réussi à me planter deux fois de chemin, malgré la trace sur ma montre. Dont une fois à la sortie du dernier ravito (en fait non, mais ces vicieux de traceurs nous ont envoyé dans un escalier qu'on ne prendra pas au retour) !
- En parlant de la trace, celle-ci nous a envoyé tout droit faire du limbo sous des barbelés. Pas d'autre chemin à proximité, donc pas vraiment le choix...
- J'ai eu un gros, gros coup de barre à mi-chemin de l'aller. Pas vraiment au niveau des jambes ou quoi que ce soit, mais l'envie de dormir qui me tombe dessus. Dire qu'il y a une nuit blanche qui m'attend derrière
Et puis, j'arrive dans les tous derniers kilomètres, un peu avant Sainté. Ca commence à cailler quand il y a du vent, mais c'est supportable, donc flemme de m'arrêter mettre une couche supplémentaire. A 5 kilomètres de la fin, on passe sur un chemin, déjà assez étroit, dont la moitié est impraticable pour cause de travaux. Je me dis que ça risque d'être un sacré bordel au retour, avec 5000 personnes qui viennent juste de partir (en fait, non, ça a peine ralenti).
Et, arrivé à Sainté, alors qu'il reste... 3 kilomètres ?, il se met à neiger. Tout doucement au début, et de plus en plus fort. Bon bah ça sent la galère au retour.
Je commence à fatiguer un petit peu, peut-être un peu à perdre en lucidité. La preuve, c'est que je me plante de chemin pour la deuxième fois, et il faudra que les personnes derrière m'appellent 3/4 fois pour que je fasse demi-tour. A ma décharge, la trace n'était pas bonne à cet endroit, mais j'ai complètement loupé les panneaux. Il est temps d'arriver !
Je finis par arriver au parc des expos, en 12 heures tout pile. On passe la ligne de départ, avant de faire demi-tour et d'aller à l'intérieur se mettre au chaud. Parce que maintenant, ça y est, il neige vraiment. Et les quelques dizaines de mètres pour accéder au parc vont paraître bien longues, surtout qu'on ne sait pas où passer, et que personne n'est vraiment capable de nous dire où aller.
Donc, il est 21h05, et on repart à 23h30. Ca me laisse presque 2h30 pour me changer, passer aux toilettes, manger, et faire une petite sieste.
La halle est pas super bien organisée je trouve. On a bien notre espace à nous, partagé avec les élites, mais il n'y a pas de toilettes. Du coup, obligé d'aller "de l'autre côté" pour en trouver. Il y a bien 50 personnes qui attendent. Heureusement, les gens sont cool, ils ont vu que j'étais sur l'aller-retour, ils me laissent passer.
Pas d'endroit pour se changer. Bon, on va se changer en plein milieu, comme tout le monde.
Quand j'arrive au coin repas, loin d'être parmi les derniers, il n'y a plus de St Yorre. Bon... Déjà, j'ai pu avoir un vrai repas (pâtes bolo), chaud, consistant, c'est pas mal.
Et je profite de la grosse heure qui me reste pour aller m'allonger, sur un tapis de sol mis à dispo par l'orga. J'ai froid. Les portes sont ouvertes pour que les derniers puissent arriver, mais du coup, les courants d'air entrent aussi, et comme il fait 0° et qu'il y a pas mal de vent, je n'arrive pas à me réchauffer. Du coup, je n'arrive pas non plus à dormir. Tant pis.
23h. Temps de finir de se préparer pour le retour. Et je cogite. J'ai toujours froid. Et je me dis que si j'ai froid à l'intérieur, qu'est ce que ça va être dehors... Qu'est ce que je fous là ? J'ai pas envie de finir en papillote et en hypothermie, j'ai déjà connu et c'est pas drôle. Oh et puis merde. Foutu pour foutu...
Et là, allez savoir pourquoi, j'ai basculé mentalement. Quitte à être là, autant y aller. Et bien évidemment, une fois la bascule faite, la tenue imperméable enfilée (il neige alors bon autant ne pas l'avoir apportée pour rien), les gants mis, d'un coup, je n'ai plus froid. Et même une fois dehors, finalement, il fait bon. Il ne neige plus. J'ai même la banane, content d'être sur la ligne de départ, de vivre ce "restart". Je déconne avec les coureurs autour de moi, ceux qui sont encore frais, qui ne sont pas encore partis. Dire qu'il y a 10 minutes, je ne voulais pas repartir !
Comme un symbole, il se remet à neiger environ 2 minutes avant le départ. Ca sera une course blanche !
Et ça repart. J'ai l'impression d'avoir les jambes fraîches, comme si je n'avais pas encore couru. Pour autant, j'essaie de ne pas me laisser griser. On est repartis, coureurs de la LyonSaintéLyon, dans le premier sas. Celui normalement réservé aux élites et aux "performers". Donc, ça part très vite. Et on est un peu comme des chiens dans un jeu de quilles, à gêner ces pauvres coureurs. Bon, on essaie de se ranger sur le côté, comme on peut, mais c'est un peu le bordel. Malgré tout, je suis "vite" sur ces premiers kilomètres. En même temps, je pète le feu alors...
Je vais cependant être vite freiné. Sur ce retour, je porte un bonnet. Et ma frontale n'est pas ajustée par rapport à cette épaisseur supplémentaire. Du coup, je la remets assez régulièrement. Et sur un de ces réajustements, une des sangles "lâche". Je pourrais la remettre, mais ça signifie enlever les gants. Pas envie. Du coup, je sors la deuxième du sac, et je repars, de manière plus raisonnable, ce qui ne sera pas un mal certainement.
A part quelques passages un peu plus compliqués à passer avec beaucoup de monde autour, que seul à l'aller, rien de spécial à signaler jusqu'au premier ravito (18ème km). Ca a pas mal changé par rapport à l'aller en fait. Exit le ravito sous chapiteau, il sera en extérieur. Et il sera également bien plus imposant en taille, ce qui est logique. Mais pour autant, c'est un peu la guerre pour se faufiler jusqu'aux tables et récupérer un peu à grignoter. C'est pas que j'ai faim en fait, mais il faut quand même que je me force à avaler un ou deux trucs. Et bien évidemment, mon fameux verre de "thé finisher". Avant de repartir, je vais aux fontaines prévues pour remplir les flasques.
Et je vais bien mettre 5 minutes à les remplir. En temps normal, elles sont chiantes à ouvrir. Pas forcément évidentes à fermer. Et galère à remettre en place. Avec 14 heures de course dans les pattes, je vous laisse imaginer...
Bref, il va falloir que je revoie le matos parce que ça va pas du tout.
M'enfin, ça repart, après donc 10 bonnes minutes d'arrêt. Le bonhomme va bien. Mais les chemins ne vont plus du tout. Il neige toujours. Et il fait toujours aux alentours de 0°. Donc verglas. Et du coup, on est bien partis pour 30 bornes de galère. Grosso modo, dans les endroits découverts, on a une petite épaisseur de neige sur les chemins, avec de belles plaques de verglas. Ca fait très "holiday on ice". Sauf qu'on n'a pas de patins, et que je vais du coup être témoin de pas mal de gamelles. Aucune grave, heureusement. Perso, je vais "juste" finir une fois à 4 pattes, un peu présomptueux dans une montée, où j'ai voulu passer par l'endroit le plus pentu. Ca ne passait pas.
Du coup, on ne court pas vraiment sur les chemins, mais sur le côté des chemins, voir carrément dans les champs, là où ça ne glisse pas. On apprend vite à repérer les endroits un peu herbeux, qui glissent le moins.
Pour la vanne, on croise un spectateur à un moment de galère qui nous demande : "Alors, c'est du trail ou pas du coup la SaintéLyon ?" "Bah non, c'est du patinage artistique."
Quand il n'y a pas de neige ni de verglas, sur les chemins abrités par les arbres, à la place, on a de la gadoue. Pas mal de gadoue. Alors, c'est certainement pas l'Origole, mais quand même. Avec tout ça, on n'avance pas bien vite...
Et en plus, la sangle de ma deuxième frontale m'a lâché aussi. Je vais finir avec la lampe à la main. Heureusement qu'il y a beaucoup de monde autour, et qu'en fait je pourrais presque la ranger.
D'ailleurs, j'ai hésité lorsque la pile m'a lâché et qu'il a fallu que je la change. Heureusement, j'ai profité d'un feu fait par des spectateurs pour pouvoir le faire tranquillement "au chaud" et avec de la lumière.
Les spectateurs, parlons-en. L'avantage de faire une course aussi importante, c'est qu'il y en a partout, même en pleine nuit. Même (surtout) dans des endroits improbables, qui ont fait du feu pour se réchauffer, avec la sono à fond pour mettre l'ambiance. Bref, top.
L'un d'entre eux, quelque part sur le chemin, m'avait dit "Pour toi, sur l'aller-retour, une fois au Signal, la course est finie, y'a plus qu'à rentrer". Alors, en vrai, c'est pas tout à fait ça. Bon, déjà, y'a plus qu'à rentrer, mais il reste... 40 bornes ? Et puis, c'était sans compter la redescente du Signal. Souvenez-vous, c'était il y a 10000 lignes. Je vous disais que la montée était longue et plutôt technique. Bon bah la descente est longue. Et complètement gelée. Une catastrophe. Du coup, ça descend plus ou moins au ralenti. Sauf que c'est pénible de descendre au ralenti. Donc au bout d'un moment, j'essaie d'accélérer parce que bon... Et puis, ça glisse. Je manque de tomber. Ca me calme 2 minutes. Et puis j'en ai marre de descendre au ralenti. Et de me faire déposer par des gens plus malins qui ont des yaktrax. Donc j'accélère. Et puis, ça glisse, je manque de tomber. Bref, vous avez compris l'idée. Cette descente me paraîtra in-ter-mi-na-ble.
Et puis, peu après la fin de ce carnage, un ravito, qu'on n'avait pas à l'aller. Il fait jour maintenant. Il ne neige plus. Il reste, quoi... 35 bornes ? Le bonhomme va bien, les jambes sont encore là (enfin, comme après 120 bornes du moins). On a une petite vue sympa sur les monts enneigés. Y'a du "thé finisher". Les plus grosses difficultés sont derrière nous. Tout va bien, y'a plus qu'à rentrer.
Bon, il reste bien quelques plaques de verglas ici ou là, mais dans l'ensemble, maintenant, ça roulotte. On a des panneaux tous les 5 km nous indiquant la distance restante. Et puis, en fait, le peloton est maintenant dans le même état que moi. Au restart, je me faisais doubler par tout le peloton. Normal, mais frustrant. Même si une grande partie des coureurs avait des petits mots sympas pour les "jaunes", les fous de mon genre qui faisaient l'aller-retour. Maintenant, c'est moi qui double, nettement plus que l'inverse. Alors ça file un coup de fouet. Pas de quoi pavoiser du haut de mon... 9 km/h ? Mais quand même, ça motive. Pas que j'en avais besoin, parce que les "Je vais le faire, je vais finir" en boucle dans ma tête sont déjà motivants, mais tout est bon à prendre à ce moment là. A un moment, sur une longue ligne droite, une petite route de campagne qui doit bien faire 1,5 km, je vais doubler, sans exagérer bien une centaine de personnes qui sont pour la plupart en train de marcher.
Et puis, arrive le dernier ravito, à une douzaine de kilomètres de la fin. Mais avant ça, il y a une autre ligne droite, d'un kilomètre, sur laquelle on se croise avec les gens qui sortent du dit ravito. Et celle-là, qu'est ce qu'elle est longue. En fait, on se rend pas compte de sa longueur quand on commence à croiser les gens. Donc, on se dit "cool, on arrive au ravito". Et en fait, non. Pfiou. C'est même pas que j'en ai besoin de ce ravito, mais ça marque toujours une étape, surtout quand c'est le dernier. Du coup, je sais pas si c'est la frustration de cette ligne droite, l'envie d'en terminer, ou le fait que ça aille bien, mais ce ravito, je vais le squizzer. J'arrive, je prends un verre de coca, un carré de chocolat, je prends un café à emporter et c'est reparti. Une minute trente, contre 15 minutes de moyenne aux précédents. Oui, j'ai fait une infidélité au "thé finisher", besoin de me réveiller. C'est que ça fait quelque chose comme 26 heures que je suis en course, les yeux commencent à piquer.
Mais le bonhomme va bien, toujours. Tellement bien, qu'à 5 bornes de la fin, dans la dernière descente "technique", je "fais" la descente. Ca fait des bonds entre les racines, ça fait des bonds dans les marches, ça cavale entre temps, bref ça envoie. Enfin, j'ai l'impression que ça envoie, vu de l'extérieur, ça devait ressembler à rien, un mec qui a 150 bornes dans les pattes et qui essaie de faire des sauts pour éviter les racines
Bon, ça m'a un petit peu scotché dans la remontée qui suivait juste derrière, mais c'était fun
Et enfin, la libération, on commence à voir le musée des Confluences. La ligne d'arrivée est juste après, il va rester, allez 2 bornes. Plus qu'à savourer tranquillement. Les voitures nous klaxonnent, les passants nous félicitent. Et puis, on arrive dans la Halle Tony Garnier, j'en profite pour faire le con une dernière fois avec les spectateurs, et c'est terminé ! J'en pousse un cri de soulagement, ça fait tellement plaisir !
12h45 au retour, contre 12h à l'aller, plutôt bien maîtrisé au final. Surtout que les conditions n'étaient plus du tout les mêmes, ça aurait presque pu être meilleur.
Je récupère vite fait la médaille, je vais me reprendre un café, puis la bière finisher, avant de récupérer mes affaires. Et de prendre une bonne douche... bien gelée, parce qu'on n'avait pas eu assez froid dans la nuit !
Au final, ça aura été une belle course, dans l'ensemble très bien organisée, avec des bénévoles adorables, qui ont bravé le froid et la neige pour voir des couillons courir toute la nuit. Et du coup, c'est du trail ou pas ? Sion se base sur le retour, c'est évident. Sauf les 20 derniers kilomètres, qui sont quasi exclusivement sur bitume. Mais même si ce n'est jamais très technique, que ça ne monte jamais très haut, les conditions rendent souvent le parcours bien assez compliqué comme ça. En tout cas, j'aurai pris beaucoup de plaisir à courir cette épreuve, et c'est bien là le principal !