En fait, chez nous, même si nous commençons tous contractuels, nous ne sommes pas censé chercher du boulot par nous-même : la Fédération Wallonie-Bruxelles (l'équivalent de votre éducation nationale au niveau de la Belgique francophone) a en place depuis très longtemps une plateforme sur laquelle les profs qui désirent bosser pour les établissements de l'état s'inscrivent annuellement jusqu'à leur titularisation. Ça permet, entre autre, de délimiter dans quelle région on veut travailler et de se signaler comme étant disponible ainsi que faire valoir son ancienneté. A partir de là, ils ont un service qui est censé reprendre toutes ces infos, classer les enseignants par région et ordre de priorité, et les appeler dans l'ordre dès qu'il y aura un remplacement de disponible.
Sauf qu'aucun prof n'est jamais appelé en cours d'année par ce service. Parfois, au milieu de l'été, il arrive qu'on reçoive un courrier de leur part pour nous dire qu'on sera assigné à une école dès la rentrée... (Et la seule fois où ça m'est arrivé, ils se sont plantés dans la désignation en prime ) Mais en cours d'année, jamais. Ce sont toujours les écoles qui contactent elles-mêmes les candidats dont elles ont reçu le cv.
Anecdote marrante à ce sujet pour illustrer l'efficacité de ce service : j'ai envoyé un cv à une école un jour. Le lendemain l'école m'appelait pour m'engager. Ça faisait 3 semaines qu'ils étaient à la recherche d'un remplaçant pour un prof malade de longue durée, qui enseignait la discipline pour laquelle j'étais diplômée. L'école était située à 10 minutes en voiture de chez moi, donc dans ma zone de travail. Et j'étais au chômage depuis 2 mois... La direction avait téléphoné à la Fédération Wallonie-Bruxelles pour demander s'ils avaient des candidats disponibles, et on lui avait répondu que non...
Bref, des systèmes existent pour faciliter la vie des jeunes enseignants. Mais la plupart du temps ils ne sont pas appliqués par les services qui sont censé les mettre en œuvre. Donc les jeunes profs restent livrés à eux-mêmes dans la jungle. Et après on a de jolis articles de journaux, chaque année, pour dire "Holala, le métier de prof n'attire plus. Mais pourquoi donc les jeunes professeurs abandonnent-ils le métier en moyenne dans les 5 ans après l'obtention de leur diplôme ? Faut-il revaloriser le métier ? Allonger les études pour mieux les préparer ?"
Et chaque année, les profs hurlent leur mal-être et l'expliquent. Mais personne ne les écoute...
Mais je ne vous apprends rien à ce niveau-là, je pense
You must gather your party before venturing forth. You must gather your party before venturing forth. You must gather your party before venturing forth. You must gather your party before venturing forth.
J'ai pas lu les sources, mais j'ai compris qu'on remettait 1h30 de maths pour ceux qui n'en faisaient pas du tout; et je pige pas bien en quoi c'est censé résoudre le problème de "manque d'étudiants dans les filières scientifiques" qui a été dénoncé (et ce, depuis l'annonce de la réforme, si j'ai bonne mémoire).
[J'ai pas lu les sources, mais ma femme, qui est enseignante-chercheuse en maths, est plus au courant que moi, et elle a l'air d'être sur la même longueur d'onde]
Bref, je vois pas bien en quoi faire un pouième de maths va permettre à des étudiants de faire des études scientifiques. Je veux bien croire que ça en fait chier, mais pour faire des études scientifiques, on peut pas se passer d'avaler une dose significative de maths... et espérer qu'on va les acquérir uniquement une fois arrivé dans le supérieur, c'est illusoire (mais ça fera plaisir à mes collègues des labos de maths, qui vont pouvoir recruter à tour de bras... ou pas!)
Je n'ai pas encore eu l'occasion d'en parler avec les collègues, mais j'imagine que ça va être une successions de facepalms quand on va réfléchir aux éventuelles conséquences. Sachant que ceux qui ont pris l'option math en Terminale n'arrivent quasiment pas à suivre notre L1.
Et les postes en plus, on a arrêté de rêver depuis bien longtemps. Sans compter que ceux les informaticiens qui nous les piquent en fait
Je pense que c'est parce que tu n'as peut-être pas l'historique. De ce que j'ai compris (je tente de retrouver un bon article sur le sujet que j'avais lu, mais je fais chou blanc), les mathématiques sont considérées par les industriels et par le patronat comme un minimum primordial pour bien des tâches. Tout comme la lecture d'ailleurs. Ce qui fait qu'historiquement ces milieux sont plutôt engagés pour soutenir ce minimum fonctionnel chez leurs futurs employés.
Le combo des réformes accumulées au fil du temps sur les générations sortantes a eu comme conséquence récente de faire écrouler le niveau post-bac en mathématique. Alors que le patronat et les industriels étaient plutôt favorables jusque là, il y a tout de suite eu une levée de boucliers.
De fait, il y a une machine arrière, mais celle-ci est avant tout une réponse à la levée de boucliers du patronat et de l'industrie : rétablir le niveau minimum de mathématique, dans l'urgence, et non une réponse au problème d'ensemble.
Une fois que tu le vois comme ça, la décision prise est parfaitement cohérente. Puisqu'elle n'est pas prise, à mon sens du moins, pour répondre au problème que tu pointes mais pour répondre à un autre problème (et à cet autre problème elle y répondra surement).
Bon c'est mon interprétation du fait de diverses lectures que je mets bout à bout, à prendre avec les pincettes d'usage.
Dernière modification par Nilsou ; 14/11/2022 à 17h49.
Je suis en partie d'accord avec Nilsou, le problème à résoudre n'était pas d'alimenter les filières scientifiques, mais d'assurer un niveau minimum en math puisque l'on voyait des étudiants sortir du avec deux années sur trois sans aucune math.
Par contre je ne crois pas que ce soit uniquement pour faire plaisir aux entreprises, mais bien parce que c'était gênant de considérer que les maths sont facultatives pour l'épanouissement dans la vie et la compréhension du monde.
Rien ne me choque moi, je suis un scientifique ! - I. Jones
Je plussoie Nilsou également. C'est clairement pas avec à l'esprit le bien des étudiants qu'ils font les réformes de toute façon, et ce depuis une trentaine d'années aux bas mot.
Je suis vraiment pas certain que leur réflexion soit allée jusque là. Sinon ils n'auraient pas enlevé les maths du tronc commun en première instance.
Chaine Youtube : vidéos sur le Seigneur des Anneaux JCE et autres jeux divers et variés.
Je pense que ceux qui ont fait cette réforme le savait déjà. On ne le croirait pas, mais il y a quand même des profs et des gens intelligents qui participent à ce genre de truc. Sauf que le choix politique a été fait plutôt de limiter le nombre de postes de profs de maths nécessaires.
Rien ne me choque moi, je suis un scientifique ! - I. Jones
Ça fait surtout tâche quand, en même temps, tu resserres a fond sur les fondamentaux (maths/français) en primaire.
Yep je confirme En même temps, même avec une baisse des effectifs depuis un an ou deux en info, chez nous les informaticiens sont les moins bien lotis (dans le secteur "sciences et technologies") en nombre d'EC par étudiant, et les matheux sont pas loin d'être les mieux lotis, juste derrière les physiciens qui n'arrivent pas à donner un service nominal à chacun; donc qu'on leur en pique un peu, c'est pas vraiment si choquant que ça.
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Accessoirement, les concours de recrutement du secondaire (Capes/Agreg) en maths ont depuis plusieurs années moins de candidats présents aux écrits, que de places ouvertes au concours; ils ne peuvent mécaniquement pas faire le plein (et ces salauds de jurys ne prennent pas tout le monde, sous prétexte qu'il faut que les profs connaissent un peu de maths). J'imagine que diminuer un peu le besoin de profs de maths, c'est tentant vu du ministère de l'EN.
Moi je réfléchit régulièrement à une reconversion. Après, il faut aussi savoir qu'on fait tourner un IUT (du côté de mon enseignement) à 5 titulaire pour 80 vacataires, et que ça devient compliqué.
Réellement.
La charge mentale combinée de l'enseignement supplémentaire (j'ai presque fait un double service l'an dernier) et de la recherche sous projet devient préoccupante dans le supérieur, avec toujours les règles de retour à l'équilibre financier (poste remplacé 1/3)
Impeccable.
Ah mais je dis pas qu'ils seraient pas appréciés, hein. Juste, au vu des besoins en enseignements (qui sont ce qui tire les attributions de postes), la discipline n'est pas prioritaire.
Comme l'université a des gros problèmes de masse salariale, le central demande aux composantes des "efforts". Et on (l'informatique) arrive à tirer notre épingle du jeu, en ce sens qu'on ne nous force pas à perdre des postes alors que les autres oui. Et comme on a tendance à transformer des postes vacants (MCF ou PR) en PRAG, on devrait même augmenter notre potentiel enseignant statutaire (ce qui, dans le contexte, est un peu un exploit).
Ça reste de la gestion de la pénurie, et déshabiller Pierre pour habiller Paul. C'est juste qu'il y en a qui arrivent (un peu) à s'habiller
Ce qui me fait dire que ce n'est pas un élément concluant c'est que ça fait depuis plusieurs réformes qu'il y a des warning fort depuis les enseignants. Avertissements qui ont été complétement ignorés. Par contre quelques mois après la levée de bouclier des industriels et du patronat sur le niveau en sortie, il y a machine arrière immédiatement. Et machine arrière calibrée pile poil pour répondre à leur levée de bouclier, pas plus pas moins.
La correlation temporelle et du niveau de réponse dans l'histoire me fait donc dire que ...
J'ai des situations très très favorables, du point de vue labo et recherche, mais aussi du point de vue enseignement (pas d'obligation d'heures sup, jamais eu aucun cours imposé, et on me propose des cours intéressants à faire). Et d'un point de vue carrière (reclassement optimal, passage hors-classe dès la 2e année où c'était administrativement possible, et PEDR sur la moitié de ma carrière). Donc je n'ai vraiment pas à me plaindre (mais ma femme me rappelle régulièrement que je pourrais instantanément doubler mon salaire en allant dans le privé). Mon plus gros souci actuellement un syndrome de l'imposteur ...
Ton expertise CPC devrait être reconnue aussi !
Devoir donné avec des documents sur photocopies noir/blanc.
Copie d'élève: "comme on peut le voir sur la courbe orange ..." (réelle couleur sur le document d'origine)
Personnellement, je commence à m'interroger sur ce que je vais faire dans quelques années à l'issue de ma thèse. Et la carrière de maître de conf ne m'enchante particulièrement pas. N'avoir les conditions de faire ni de la recherche ni de l'enseignement correctement ne m’attire guère (après avoir préalablement galéré à courir les concours). Je suis en train de regarder ce qui pourrait me plaire ailleurs, mais bon je trouve dommage qu'alors que la France m'a payé mes études, qu'elle ne m'offre des conditions de travail satisfaisantes pour que je puisse travailler en échange pour elle.
J'ai fini par aller dans un labo en école d'ingé perso. Les conditions de travail sont bien meilleures qu'en labo en fac (budget conséquent pour faire ta recherche, facilité pour avoir des thésard sans soucis, partenariat avec des entreprises facilités, organisation et évolutions des cours très simple à faire évoluer, voir changement complet des cours que tu peux pousser aisément, rendant le tout très évolutifs et intéressant pédagogiquement etc.), et pour le moment j'en suis bien content, même si ça peut obliger, selon l'école, à sortir du public.
Par contre tu restes mal payé.
Ce n'est pas la panacée, mais voila...
Première fois que ça nous arrive, on récupère en post bac des élèves qui cette fois ci n'ont jamais intégré la priorité des parenthèses et pour qui 2*1+x c'est pareil que 2*(1+x), et qui ne comprenne pas quand on leur explique, comme si il l'avait jamais vu.
Le prof de math n'en revient pas ...
Si tu veux principalement faire de la recherche, tu peux viser le concours de chercheurs CNRS. Mais faut être plutôt déter, les places sont rares, la compétition est rude et le salaire n'est pas mirifique, mais au moins une fois que t'as le poste t'es pépouze. A part ça y'a pas grand chose si tu veux te concentrer sur la recherche. Tu peux enchaîner quelques contrats post-doc mais ce n'est pas vraiment comme une position de permanent. Après on s'étonne du phénomène de la fuite des cerveaux
Dernière modification par Magator ; 16/11/2022 à 09h16.
Mes AARs : C:DDA : Prisonnier Jean Colvert (fini) | Dwarf Fortress : Crazy Drinks (fini), Les canards à la mine (en cours) | Factorio : Avalon (fini)
Je pense que ça dépend des secteurs, et des régions.
Toutes les universités ne sont pas logées à la même enseigne. Et, parallèlement, l'IUT est plus "vorace" en horaire & investissement pédagogique.
Clairement, mon temps est à 75-80 / 25/20 enseignement / recherche. Et ce n'est pas normal. Le sous effectif dans le public commence à être problématique.
Je reçoit des offres d'écoles, a un moment mes convictions vont lâcher je pense. quand on te propose presque x2 pour de "meilleures" conditions (sur le papier. Hein. Soyons honnête).