Depuis combien de temps n'étais-je pas revenu ici ? 4, 5 jours ? Une éternité dans le monde de Minecraft, une éternité qui m'avait pourtant ramené ici, à l'endroit même de ma première incursion dans ce monde.
L'endroit a bien changé depuis. Au début, il n'y avait qu'une grande place sertie de pierres précieuses et d'or. Les montagnes alentours s'offraient à nous et l'on découvrait un grand panneau de règles. Le grand panneau existe toujours, seuls les alentours ont changé.
Des souvenirs fusent dans ma tête : un dénommé "Tiax" se proposant de me faire la visite, des exclamations dans la cité naine, un chemin sinueux vers la ville, des bruits de pioches. Tout ceci était si lointain. On avait dit que tous les habitants avaient disparu, envolés. Ce premier moment me le confirmait. Un silence de mort régnait sur le monde, silence seulement rompu par ce qui ressemblait à des poules.
Ma première sortie du bâtiment fut assez rude. Alors qu'avant l'enceinte faisait le tour de la place, elle était maintenant inégale, allongée artificiellement, comme boursouflée. Une odeur de brûlé me titilla les narines et je me précipitai vers l'origine des flammes.
Quelqu'un avait cru bon de construire une forge à obsidienne où la lave était retenue par du bois. Les anciennes coutumes n'avaient plus droit de cité dans ce nouveau monde. Stupide idiot qui avait été jusqu'à modifier le vieux port en creusant n'importe où et en utilisant des matériaux prohibés et probablement volés. Si la sottise l'avait fait courir, cette personne aurait encore les cheveux dans le vent. Le petit port et ses alentours avaient été modifiés, pour le pire comme toujours et étaient désormais méconnaissables.
Des bassins artificiels s'étendaient là où coulaient avant de paisibles ruisseaux. Une mine à ciel ouvert s'enfonçait dans la terre jusque dans les entrailles du monde. La folie des hommes.
Une seule chose m'importait en cet instant : retrouver le confort douillet de ma citadelle, Chateau-Gaillard, qui trônait majestueusement au sommet d'un pic rocheux. Mais peut-être avait-elle, elle aussi, succombé aux défigurations causées par des constructeurs en herbe aussi petits que leur vision du futur. Je me mis donc en route qui devait m'emmener à travers les terres du domaine de la Biche enragée, première étape de ce long voyage de plusieurs jours.
La biche enragée n'était qu'une légende bien sûr et j'avais été un témoin privilégié de la construction des chateaux de cette route. On entendait les pioches et les marteaux jusqu'au coeur de la nuit en ces temps où seul le travail bien fait comptait.