Vous ne connaissez pas ma véritable identité, mais je peux vous avouer que mon cerveau s'appelle Michelle.
Je vais vous expliquer pourquoi.
Il se trouve que les sirènes, ces femmes dont la queue de poisson rappelle que, depuis l'antiquité déjà, les femelles ne savaient pas conduire, s'appelaient toutes Michelle. Cela s'explique simplement parce que leur chant envoûtant contraignait les marins à se tenir assis sur le plancher de leur bateau, ligotés au mât, sous peine de se jeter à l'eau pour aller les retrouver et périr noyés. Lorsque les sirènes entonnaient leur cri d'amour lara fabianesque, les marins hurlaient "au bas du mât ! au bas du mât !". Puis, en dépit de la spécialisation de leurs tâches professionnelles, les marins étant grossiers comme des charretiers anglo-saxons, ils ajoutaient, "ah ! les bitches! les bitches !". Et comme il convenait d'aller très vite, tant le péril était grand, ces hommes peu éloquents avaient fini par dire "au bas mât ! bitch! au bas mât ! bitch!". Ce qui vous explique, qu'avec le temps, cela se transforma en Obama Bitch, qui n'est autre donc...que Michelle.
La boucle est bouclée !
Tout ça pour dire que, si mon cerveau s'appelle Michelle, c'est parce que c'est une bitch. Non, c'est vrai, il offre son temps disponible au premier panneau publicitaire venu un tant soit peu aguicheur et, Dieu sait que, les panneaux publicitaires, c'est pas ce qui manque. Mais ce n'est pas fini ! Google va ajouter encore plus de pubs, dans toutes les vidéos youtube, Deezer, dans les morceaux de musique, et les jeux vidéo vont en dégouliner car, si vous avez lu la récente news de Solcarlus, le marché de la publicité ingame devrait atteindre le milliard de dollars en 2014.
Si mon cerveau s'appelle Michelle, mon Code s'appelle François. Aussi, me suis-je dit, opposons Obama Bitch à Code François. Nous verrons bien qui gagnera.
Tout d'abord sachez que, curieusement, la publicité en France n'est pas définie par une loi particulière, mais par un arrêt de la Cour de cassation de 1986 qui la décrit comme "tout moyen d'information destiné à permettre à un client potentiel de se faire une opinion sur les résultats qui peuvent être attendus du bien ou du service qui lui est proposé."
Ce qui diffère du placement de produits dans un film ou dans un jeu, qui permet de mettre en scène un objet de façon avantageuse.
S'ajoute à cela l'invention géniale de la publicité ciblée. Il suffit que le jeu repère l'adresse ip du joueur et il pourra faire apparaître des réclames adaptées à sa langue et à son pays.
Alors, la publicité ingame est-elle légale et, si oui, doit elle obéir à certains critères ? La réponse est affirmative, dans les deux cas. Reste que ces critères ne sont pas souvent respectés !
En France, c'est le Code de la consommation qui veille au grain et, la publicité ingame, quel que soit le type de jeu, doit également s'y plier. De ce fait, cette dernière ne peut, selon les articles L. 121-1, L. 121-8 et L. 121-9 tromper le consommateur sur les qualités du produit ou sur l'identité de l'annonceur. Également, les publicités ingame ne pourront, pas plus que les publicités IRL, vanter les mérites du tabac, des boissons alcoolisées, des armes à feu, des médicaments, contenir des messages pornographiques lorsqu'ils sont susceptibles d'être lus par des mineurs etc...
A ce sujet, la publicité doit correspondre à la classification du jeu. Pour GTA, on peut y aller, mais pour un jeu type Adibou, les éditeurs doivent éviter les publicités de produits dangereux pour un mineur.
Lorsque la pub ingame est aussi online, elle doit respecter certaines dispositions de la loi LCEN (confiance en l'économie numérique) du 21 juin 2004, car il y a transmission de données numériques au sens de l'article 1er de cette loi.
Du coup, tout jeu nécessitant une connexion internet se trouve soumis à l'article 20 de la LCEN (à la base prévu pour la publicité sur internet) qui dispose que "Toute publicité, sous quelque forme que ce soit, accessible par un service de communication au public en ligne, doit pouvoir être clairement identifiée comme telle. Elle doit rendre clairement identifiable la personne physique ou morale pour le compte de laquelle elle est réalisée."
Partant, lorsqu'un panneau publicitaire apparaît dans un jeu, il doit mentionner qu'il s'agit d'une publicité et indiquer le nom de l'annonceur, sinon, l'éditeur est en pleine illégalité !
Comme vous venez de le lire, l'article 20 s'applique à toute publicité, "sous quelque forme que ce soit", et par voie de conséquence également au placement de produit. Quand Sam Fisher utilise son Sony Ericsson, il devrait être indiqué qu'il s'agit d'une publicité, ce qui nuirait certes à l'immersion, un comble pour ce genre de jeu, mais, comme dirait Judge Dredd, "au moins, ce serait légal". En l'état, il me semble que ni les placements de produits, ni les panneaux publicitaires virtuels ne font état qu'il s'agit là de publicité, pas plus qu'ils ne précisent le nom de l'annonceur.
Et maintenant resserrons encore les hypothèses : passons aux publicités ingame online dynamiques, c'est-à-dire celles qui recueillent l'adresse ip du joueur pour lui vanter les mérites du pain au chocolat plutôt que du bagel.
Ces pubs ingame sont soumises, en plus du reste, aux directives de la CNIL qui définit la collecte d'adresses comme un traitement de données à caractère personnel. Du coup, l'éditeur du jeu à l'obligation de faire une déclaration à la CNIL et de respecter les règles afférentes à cette collecte, ce qui, à mon avis, ne doit pas souvent se faire !
Enfin, que les annonceurs américains ou slovaques ne ricanent pas en lisant cette news ; ils sont aussi concernés par les lois françaises que je décris dèslorsque le message s'adresse au public français. Ainsi le juge des référés du Tribunal de Grande Instance de Paris a rendu une ordonnance le 2 juillet 2007 dans une affaire mettant en cause les publicités présentes dans Second Life vantant les jeux d'argent, les drogues et la pornographie, dans laquelle il considère que le droit français s'applique, alors que le site hébergeant Second Life résidait à l'étranger, parce que ce jeu s'adresse au public français.
En conclusion: si la publicité ingame est possible, les annonceurs et les éditeurs de jeu doivent veiller à respecter les contraintes légales qui entourent cette activité sous peine de se prendre un retentissant procès dans les dents !
Note: certains hystériens contestent la version officielle que je vous décrivais tantôt. Ils prétendent que les marins auraient hurlé "Pourvu qu'on puisse atteindre la beach, pourvu qu'on puisse atteindre la beach", ce qui finit par donner "au bas mât ! beach! au bas mât ! beach!", puis, Obama Beach. C'est à cette version que Gordon Brown s'est officiellement rallié le 6 juin dernier en Normandie.
Mais alors, pourquoi mon cerveau s'appelle Michelle ? Non, je vous le dis, si mon cerveau s'appelle Michelle, tout ceci n'a aucun sens.
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