Envoyé par
Mordicus
L'autre point que j'aimerais soulever, c'est le traitement particulier des reporters de guerre. Je ne sais pas si le film a des ambitions satiriques sur le sujet, mais au final, j'en sors avec une plus mauvaise opinion de la profession que lorsque j'y suis entré. Le film n'est en aucune façon une célébration de ces héros des champs de bataille, ces croisés de l’information, qui risquent leur vie avec une rare abnégation pour apporter la connaissance à la population. Il présente plutôt une bande de connards à la “Point Break” : des types (et des femmes) dopés à l'adrénaline, qui cherchent à surfer la plus grande vague du monde, parce qu'ils kiffent à donf, tu vois. Le tout en étant en concurrence entre eux : rien de tel que de se tirer la bourre pour être le premier à photographier des cadavres... Ce sont des sortes de paparazzis de la mort, qui shootent n'importe quoi sans s’encombrer outre mesure d’éthique. Leurs images, accumulées à l’infini, paraissent répétitives, vides de sens, et leur objectif final tourne au grotesque tant il paraît vain.
La raison de ce sentiment tient au choix du réalisateur : à aucun moment Garland ne montre, ou même ne suggère, l'intérêt de leur travail. C’est même tout le contraire. Dans un dialogue désabusé, Dunst dit clairement que son travail n’a aucune conséquence. Une idée qui subira immédiatement l'ironie du vieux sage incarné par Stephen McKinley Henderson, avant d’être disqualifiée par Joel, le trou duc' de l’investigation de choc, qui annonce leur prochain fix d'adrénaline pour le petit matin (avec l’odeur du Napalm, sans doute).
Donc, en résumé, le grand reporter de guerre, c'est clic-clic, panpan, et ça ne le rend pas bien séduisant ! (Il y a quand même la scène dite du "Quel Américain êtes-vous ?" qui les rachète un peu, durant laquelle ils font preuve de solidarité et d'un vrai courage physique).