Tout porte à croire, et les écrits abondent à ce sujet, que l’ensemble des causes qui ont provoqué la crise tiennent à la combinaison de mauvais comportements privés lourdement favorisés voire initiés par l’état, qui en était également bénéficiaire politiquement tant que les choses allaient « bien ». Bref, c’est une certaine forme de capitalisme corrompu par l’état, à moins qu’il ne s’agisse d’une corruption de l’état par un certain capitalisme, qui a abouti à empêcher tous les mécanismes normaux de régulation des erreurs (par le marché ou par l’intervention judiciaire au bon moment) de jouer leur rôle.
Ainsi, l’état US a voulu que les banques du pays prêtent aux pauvres pour en faire des propriétaires à tout prix. Or, les banques ne prêtent pas aux pauvres en temps normal, simplement parce que leur expérience leur dit que c’est un bon moyen de perdre de l’argent. Donc le secteur financier et l’état ont bâti un système de compromis visant à permettre aux banques de répercuter les coûts de la subvention à la pauvreté sur les clients « normaux », tout en transférant le risque d’insolvabilité des montages ainsi créés à l’extérieur des banques via des fonds hypothécaires titrisés vendus à des investisseurs trompés par des notations d’agence exagérément optimistes.
Sans réécrire tous mes articles précédents, quelques lois venues au bon moment ont permis à cette arnaque de prendre forme, et notamment un amendement de dernière minute ajouté à une loi de 1995 (le C.R.A. modifié), amendement autorisant la titrisation de crédits subprimes et la création de « dérivés structurés » de ces crédits peu fiables. On citera également l’extension progressive des prérogatives de Fannie Mae et Freddie Mac via des comptes Off Shore et leurs rachats de plus en plus massifs d’obligations pourries « hors bilan », l’abandon de tout apport personnel minimal obligatoire pour ces emprunteurs (et les autres), et la création avalisée par l’état du MERS, système de transfert de créances jugé depuis illégal par les tribunaux, qui devait permettre la dissimulation de montages dérivés ultra-sophistiqués et masquer aux investisseurs la qualité réelle des prêts qui leurs étaient vendus, ou plutôt, pardonnez moi, « fourgués ».