Dans le grand combat avocat Vs informaticien, c'est comme l'hippopotame Vs l'éléphant ou Ken Vs Ryu, c'est très difficile de départager le plus puissant des deux.
Mais parfois, c'est très simple. Tenez, prenez les dossiers de baux commerciaux, domaine assez complexe qui régit les relations entre un propriétaire de murs (le bailleur) et un professionnel qui dispose d'un fonds de commerce dans lesdits murs (le locataire).
Le droit des baux commerciaux tisse un réseau délicat de droits et d'obligations entre ces 2 partenaires, afin de concilier la possibilité pour le locataire de conserver son fonds de commerce dans les murs (car la clientèle est souvent attachée à l'endroit et que déménager peut impliquer la ruine du fonds) et la possibilité pour le propriétaire d'être honnêtement indemnisé du fait que son bien immobilier est aliéné (il ne peut pas virer le locataire comme il veut, bien loin de là).
Alors, quand les 2 parties ne s'entendent plus, parce que, par exemple, le locataire ne paye plus ses loyers, les dossiers sont compliqués, les procédures longues, faut obtenir l'expulsion du locataire, c'est la galère.
Alors, que bon, quand vous êtes informaticien, c'est beaucoup beaucoup plus simple, plutôt que de faire appel au juge, il n'y a qu'à désintégrer tout simplement l'immeuble.
C'est la mésaventure qu'a connu le bureau d'avocat Davis LLP, firme canadienne qui louait de beaux locaux professionnels dans Second Life, à rien moins que la société Merrill Lynch (banque d'investissement), propriétaire des lieux qu'elle louait elle-même, moyennant loyers versés à la société Linden, éditrice du jeu.
Comme Merril Lynch ne payait plus ses loyers, crise oblige, Linden a fait disparaître le building comme ça, pouf, a plus. Et le cabinet d'avocat Davis LLP s'est trouvé dans le néant, et il ne peut rien y faire.
Et c'est cette facilité qui me dégoûte, voyez. Alors, par pure mesquinerie, je vais militer pour introduire du droit des baux commerciaux dans Second Life et tous les MMORPG. Comme ça, faudra faire appel à un juge virtuel et prendre des avocats virtuels. Par contre, on ne se fera pas payer en brouzoufs, hein, rêvez pas trop non plus.
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