Je souhaiterais parler ici d'un sujet qui concerne ou concernera beaucoup de canards : la gestion de leurs vieux (voire pour certains, leur propre gestion ).
En effet, lorsque les choses nous tombent sur le nez sous la forme d'un Alzheimer, d'un décès d'un parent, laissant l'autre qui en était dépendant totalement désemparée et tout ce genre de choses, il me semble intéressant d'en parler afin d'évoquer des pistes et peut-être même pousser certains à se bouger grâce à elles.
Je précise aussi que je n'ai pas de compétences particulières dans le domaine social, donc si certains sont de la partie et veulent prendre la main sur le sujet pour bien l'étoffer avec leurs connaissances, c'est avec plaisir que je leur laisserai la main.
De plus, je parlerai ici de ce qui existe en France, je ne saurais dire s'il en est de même en Belgique, Suisse ou Pologne.
La chose cependant la plus importante à garder en tête est que l'on ne peut aller à l'encontre de la volonté d'une personne qui refuse d'être aidée, sauf avis médical démontrant l'impossibilité pour la personne de s'occuper d'elle-même sans se mettre en danger. Donc si mamie semble présenter des problèmes mais ne va pas se faire examiner et envoie bouler toutes les aides qu'on peut lui proposer ou dilapide son patrimoine en conneries inutiles, vous risquez ne de rien pouvoir faire sinon voir blanchir vos cheveux face à la catastrophe que vous ne pourrez que constater.
Mais restons positifs, tout ne se passe pas toujours comme ça, restons sur des cas normaux (en gardant à l'esprit que pour ces cas particuliers, une hospitalisation sera très certainement votre meilleure alliée pour débloquer les choses ).
Donc, pour commencer, avant de parler de ce qu'il faut faire lorsque le problème est arrivé, le mieux déjà est de préparer les choses pour amortir le choc au moment de son arrivée.
Ainsi, alors même que tout va bien, il peut être intéressant de commencer à avoir une discussion avec les personnes âgées concernées. C'est un moment délicat, car ces personnes peuvent ressentir ça surtout comme une mise sur le côté alors qu'elles sont encore capables de s'occuper d'elles-mêmes. C'est vraiment personne dépendant, en fonction des caractères et des relations entretenues avec elles, il est fort possible que face à certaines têtes de mules, il ne sera pas possible d'aborder le sujet avant d'être au pied du mur. Tant pis dans ce cas, il faudra faire avec après avoir quand même tenté de récupérer le maximum d'informations pour se faciliter la vie. Si en revanche on a face à soi une personne ravie d'être prise en charge, c'est royal, profitez-en pour bien boucler les dossiers en accord avec elle.
Pour préparer les choses, il existe un formulaire nommé "mandat de protection future" (pdf) qui permet à une personne de désigner une personne qui deviendra son mandant et pourra ainsi prendre les choses en main rapidement dans la limite de ce qui aura été défini, ce document permettant à l'intéressé de désigner les choses sur lesquelles son mandataire aura le droit de traiter en son nom.
Ce document, qui sera à envoyer pour validation au tribunal de grande instance rattaché au lieu de résidence de la personne à protéger, prendra effet lorsque le mandataire constatera que l'état de santé du mandant est trop dégradé pour lui permettre de s'assumer seul, avec validation par un médecin inscrit sur une liste établie par le procureur de la république.
Selon les relations que vous avez avec le parent, celui-ci peut également vous fournir une procuration sur ses comptes afin que vous puissiez remplir des chèques pour lui, mais cela exige une grande confiance de sa part, que certains ne savent pas donner, même si c'est peut-être la plus grande aide qu'il pourrait vous fournir pour affronter les problèmes à venir.
Une autre chose à ne pas négliger, c'est de vérifier que la personne dispose bien d'un compte France Connect, car les procédures de sécurité à l'inscription sont contraignantes (avec notamment un selfie en vidéo) et vous risquez fort de vous trouver en galère si vous souhaiter le créer avec une personne atteinte d'un Alzheimer. C'est un compte confidentiel à la personne, mais si vous pouvez avoir la main là-dessus, cela vous facilitera la vie pour la gestion des impôts ou même ne serait-ce que demander un suivi de courrier à la Poste vers l'Ehpad de résidence (attention, la connexion via Ameli n'ouvre pas toutes les actions possibles qu'avec la Poste par exemple, donc à prendre en compte à la création).
Lorsque l'on commence à constater l'apparition de problèmes, il convient de se tourner avant tout vers les organismes sociaux de la communauté de communes qui aideront dans les démarches. Pour cela, vous pourrez en général trouver dans votre mairie un centre communal d'action sociale (CCAS) auquel vous pourrez aussi signaler un état de faiblesse de la personne à protéger, de sorte qu'elle soit inscrite sur la liste des personnes à risques, qui entraînera une surveillance par des appels ou visites ponctuelles pour s'assurer que tout va bien. J'imagine que cela est cependant très dépendant des communes, ça fonctionnera peut-être bien dans une commune de 5000 habitants, et sans doute moins bien dans une autre en comportant 50 fois plus. Quoiqu'il en soit, c'est une étape importante à faire car ça reste un contact intéressant à avoir, surtout dans ces moments où on est un peu perdu, et cette personne pourra donner des indications sur ce qu'il faudra faire ou qui contacter afin de ne pas nous laisser seuls à nous débrouiller.
En outre, il existe un autre organisme social à ne pas négliger que sont les centre locaux d'information et de coordination (CLIC), avec des établissements de proximité qui disposent d'assistants sociaux et d'infirmiers qui pourront se déplacer au domicile pour vérifier l'état de dépendance de la personne que vous cherchez afin de vous proposer des solutions, comme par exemple la mise en place d'aides à domicile.
Lorsque les problèmes arrivent, on prend contact avec les organismes cités au-dessus si ce n'est pas déjà fait et on se retrousse les manches.
Si les problèmes restent mineurs et permettent le maintien à domicile, le CLIC vous aidera en vous proposant des services d'aide à la personne, qui auront certes un coût, mais font l'objet d'aides permettant d'alléger l'ardoise.
Cependant, la situation peut être telle que le maintien à domicile n'est pas possible si la personne vit seule (risques de chutes notamment), auquel cas il faudra se tourner vers les maisons de retraite. Il existe plusieurs type d'établissements, depuis des "résidences séniors" qui sont en gros des logements dans lesquels les personnes âgées peuvent mener leur vie dans un milieu surveillé, apportant ainsi une certaine sécurité, jusqu'aux maisons de retraite que tout le monde connaît, avec parfois des unités protégées lorsque le déclin cognitif est trop marqué et empêche l'hébergement dans un milieu plus "normal" (le plus gros obstacle étant essentiellement la possibilité de déplacement de l'individu car une personne qui marche et entre partout toute la journée et la nuit n'est pas compatible avec une structure non adaptée).
Pour trouver les maisons de retraite, vous pouvez vous appuyer sur le site ViaTrajectoire, qui vous donnera beaucoup d'informations sur les démarches à faire ou les aides dont vous disposez, mais surtout aussi vous indiquera les maisons de retraite dans le périmètre désiré, que vous pourrez alors contacter d'un simple clic. Certaines sont référencées mais ne suivent pas trop ça, mais globalement, ça marche bien, on est assez vite contacté si l'on est dans une zone assez bien pourvue, et au pire, on a au moins les adresses pour se déplacer sur place, ce que je recommande de faire de toute façon pour bien se rendre compte du cadre de vie dans lequel on destine notre parent à vivre. Au-delà de l'aspect belle salle à manger ou beau parc, il faut penser à demander quelles sont les services et activités proposés outre le logement et la restauration et il est également primordial de tâter un peu le terrain avec les personnels pour dégager un petit a-priori sur leur bienveillance car c'est ça qui sera le plus important en fin de compte.
Un élément à prendre en compte dans le choix de la maison de retraite sera le niveau de dépendance (groupes iso-ressources - GIRx, avec x allant de 6 à 1, ce dernier étant le niveau le plus fort), qui définira également le niveau d'aides auxquelles la personne aura droit.
Au niveau paperasse, il faudra comme je le disais plus haut prendre la main sur la gestion des affaires de la personne, et il existe pour cela plusieurs niveaux : l'habilitation familiale, la curatelle et enfin la tutelle. Ces deux dernières options sont des protections judiciaires plus contraignantes, avec surveillance judiciaire et nécessité de tout lui demander et justifier, en plus de coûter de l'argent. C'est à réserver aux cas compliqués en cas de conflits familiaux par exemple. Dans la mesure du possible, il faudra plutôt se diriger vers l'habilitation familiale (pdf), qui vous permettra de gérer sans trop de contrainte les affaires courantes, ainsi qu'éventuellement quelques affaires plus grosses (touchant l'immobilier par exemple) si vous en parlez bien au juge devant lequel vous passerez pour présenter le dossier. Attention, ces procédures sont assez longues selon le niveau d'engorgement des tribunaux, donc il ne faut pas s'étonner si cela prend 6 mois à être traité, avec la galère que cela peut représenter à gérer pendant ce temps si les choses n'ont pas été préparées en amont, à commencer par une procuration sur un compte car les sommes à sortir ont vite fait d'exploser lorsqu'on commence à parler de maisons de retraite, même s'il existe des aides (mais souvent dépendantes des revenus, tout le monde ne sera donc pas placé à la même enseigne vis-à-vis d'elles). Concernant ces dernières, il pourra être utile d'appeler la mutuelle de la personne, car certaines proposent bien des aides en fonction du niveau de la dépendance, qui ne paieront pas la maison de retraite, mais même si ce n'est "que" 200 balles par mois, ça reste très bon à prendre. Il faut aussi regarder du côté des aides départementale avec l'allocation personnalisée d'autonomie (APA ou APAE si placement en établissement), à chercher auprès du conseil départemental dont dépend la personne. Là encore, ça ne paiera pas tout, mais restera un coup de pouce intéressant à récupérer.
Voilà, c'est une sorte de premier jet en pavé mais qui, je l'espère, sera utile à certains, et permettra au moins déjà d'initier les conversations sur le sujet, avec si on a de la chance, peut-être quelque (vrais !) experts sur le sujet qui traînent sur le forum et qui pourront apporter leurs connaissances et expériences.
[Edit pour autre conseils intéressants]