Hop, un petit compte-rendu du trail de l’Origole que j’ai fait le week-end dernier.
L’origole c’est un trail nocturne avec 4 distances possibles, 25 50 75 et 100km et qui se court dans les Yvelines. Du coup le dénivelé n’est pas monstrueux, j’étais sur le 50 km et le D+ se limite à 1800m « seulement ». Par contre sa petite originalité, c’est que ce trail peut être pas mal « technique » quand la boue est au rendez-vous.
Le contexte perso, c’est que j’ai fait un semi 2 semaines avant et que la prépa n’a laissé quasi aucune place pour faire du sentier forestier qui tache et encore moins du d+. En plus avec la pause pré-semi, celle post-semi puis celle pré-trail, on va dire que je mise davantage sur la fraicheur (et un petit passif de trailer du dimanche) que sur une prépa trail digne de ce nom (même si pour le semi je suis monté jusqu’à des sorties de 1h45).
Du coup j’y vais sans objectif, pour s’amuser, surtout qu’un copain sera là également et qu’on devrait faire la course ensemble/se tirer la bourre. J’ai juste une petite crainte par rapport au froid, mais comme ils n’annoncent pas de pluie le jour j, finalement ça devrait aller à ce niveau-là. Non non il n’y a pas de doute, ça va être fun ! (spoiler : non)
Le jour J : il a plu les jours précédents, pas de doute ça va être un bain de boue façon Woodstock (spolier : ça sera plutôt les tranchées façon 14-18). Bon au moins je n’ai pas à tergiverser sur le choix des pneumatiques, je vais prendre celles qui accrochent le plus, avec les crampons.
Bon au moment de prendre la voiture pour me rendre au départ de 19h50, en guise de mauvais présage il se met à tomber des cordes, et mon pot m’appelle pour me dire … qu’il est en panne sur le bord de la route et qu’il ne sera jamais là à l’heure … Ca se présente … moyennement bien.
Bon finalement la pluie cesse avant le départ, et mon pote arrive à temps.
Les courageux du 75 et 100km partent 15min avant nous et vient notre tour vers 20h.
On part pleine balle avec mon pote, d’abord sur 1 à 2 km urbains, on double plein de monde.
Assez vite on quitte le bitume pour rentrer dans les bois, et comme attendu le rythme s’en voit très ralenti. Les chemins (le plus souvent en single) sont super humides, et les quelques centaines de coureurs qui viennent de passer 15 min avant les ont transformés en gadoue parfois assez profonde.
En plus de cela viennent des montées et surtout des descentes franchement raides et en sale état.
Mais bon le moral reste au top, le rythme pas mauvais vu que l’on double constamment des gens, c’est grisant (surtout de nuit) et on n’arrête pas de papoter, bref la course est cool comme prévu !
On a rattrapé les coureurs du 100 et 75, ça bouchonne du coup un petit peu, mais c’est l’occasion d’échanger quelques mots en les croisant pour s’encourager mutuellement.
Premier (et unique) ravito vers le 20é km, qui nous oblige à nous arrêter quelques minutes, et les jambes repartent (sans trop couiner encore) !
Donc ça continue comme cela encore un peu. Le tracé nous a séparé des autres courses, on est maintenant seuls dans le noir et la forêt mais toujours relativement bon train.
Arrive le 30é/1000d+ et vers ce moment-là je commence à sentir les jambes lourdes. J’ai vraiment du mal à suivre mon pote dans les montées, je mets un temps de plus en plus long à relancer une fois de retour sur le plat, bref je suis déjà dans le dur alors qu’il reste presque 20km et 800d+. Ce n’est pas normal, c’est trop tôt ! Je ne parle presque plus, mon pote comprend que la suite de la course va être difficile … pour moi. Par ce que lui il est encore « bien » (en tout cas mieux que moi). Les km s’enchainent de plus en plus lentement à cause de moi, c’est l’hémorragie de toutes les minutes que nous avons gagnées en traçant au début. C’est de plus en plus douloureux de suivre mon pote, qui pourtant fait l’effort de ralentir pour rester avec moi. 34e, 35e, je suis une tortue, je n’arrive même plus à faire du 6’ au kilo sur du plat, chute de temps en temps (no bobo)… Ça m’ennuie pour mon pote qui a la caisse et pourrait faire une grosse course, je lui propose plusieurs fois de me laisser derrière mais il reste. 37e, c’est devenu très dur. Les montées, les descentes techniques, même relancer sur le plat… J’y pense depuis quelques temps et le dit à mon pote : ça va me prendre un temps fou pour terminer, surtout si le rythme continue de faiblir, j’ai bien envie d’abandonner dès que possible. C’était pas ma guerre, tout ça quoi … J’ai beau manger/boire, j’ai la sensation que presque plus jus arrive au moteur…
Quelque-part vers le 40e, alors que l’on est presque seuls au monde depuis des km, un coureur du 50 nous rattrape et mon pote se décide à l’accrocher, je me retrouve en solo dans le noir.
Petit soulagement, je n’ai plus à forcer pour essayer de le suivre et adopte un rythme davantage soutenable. J’alterne marche et trottinage, et m’attends à me prendre une flopé d’appels de phare d’autres coureurs pour que je mette sur le bas-côté et les laisser passer, mais finalement ça n’arrive pas, ou très peu. Je me dis que les autres ne doivent pas être en tellement meilleur état que moi en fait. Je passe le marathon \o/ (cacededi à Baron) et n’ai toujours pas croisé de bénévoles pour leur donner mon dossard et me faire raccompagner jusqu’au départ pour prendre une douche (le rêve ….) et avaler un truc chaud. A un moment un coureur me rattrape, je suis limite en mode « immobile sur la bande d’arrêt d’urgence avec le triangle et les warning ». Il me dit que lui aussi est à la rue, mais qu’il faut s’accrocher ! C’est con mais ça me remonte un peu, je ne sais pas trop comment mais je reprends un poil de forces et n’ai plus besoin de marcher.
Au 43é je tombe enfin sur des bénévoles ! Mais ça ne va plus si mal que ça, merde, je continue. Une bénévole me demande si ça va, je grogne un truc incompréhensible en réponse. Elle me dit alors qu’il ne reste plus que 5km (pourtant je suis à 43 à ma montre, le GPS aurait déconné ?) et que ça va être roulant, qu’il faut tenir … Et effectivement à partir de là on retrouve du bitume et des chemins roulants, c’est beaucoup plus facile et le rythme s’en ressent (même si je suis obligé de faire 2 pauses de quelques min pour changer la batterie de la frontale – on approche des 6 heures de courses- et envoyer des sms). Après avoir eu le moral au plus bas pendant des heures, ça va à nouveau ! Je suis super content car je n’avance pas trop mal et surtout je comprends que je vais finalement réussir à le finir ce foutu trail que je m’étais pourtant résigné à abandonner !
Et hop, un peu avant les 6 heures de courses je passe la ligne. Mon pote lui est arrivé il y a 20 minutes, il est vraiment très fort ! Qui sait ce qu’il aurait pu faire si je ne l’avais pas ralenti ? Moi je suis juste très content d’être allé au bout de cette galère !