En ces temps estivaux où les veaux vont à l'eau, vous vous relâchez. Si si, je le sais, et ce n'est pas beau à voir. Vous avez mis votre cerveau au repos et vous n'êtes plus que Sea, Sex & Sun lavage, Sun rinçage, parce que bon, l'eau salée ça abîme la peau faut bien se laver après la baignade.
Et sur les plages de sables gorgés de crème solaire, mon Dieu, faites que ce soit de la crème solaire, vous lisez des magazines insipides maculés de photographies de stars plus ou moins dénudées ? Mais, et le droit hein ? Vous en faites quoi, du droit ? Les grands enjeux juridiques, vous vous en tamponnez sous prétexte qu'il fait chaud ? Non mais oh !
Heureusement que je suis là pour réactiver vos neurones et vous proposer la saine et courte lecture d'un extrait du Journal Officiel de la République Française, relatant un Avis de la Commission générale de terminologie et de néologie (Avis NOR : CTNX1242797K). Ah ça calme hein ? Déjà, le fait qu'il existe une Commission générale de terminologie et de néologie, ça vous en bouche un coin, pas vrai ?
Eh bien oui, cette Commission existe depuis le décret no 96-602 du 3 juillet 1996 relatif à l'enrichissement de la langue française. Ainsi, dans chaque département ministériel, des Commissions spécialisées de terminologie et de néologie, (on y retrouve des experts, des fonctionnaires ou des bénévoles, qui font une veille néologique, c’est-à-dire, accrochez-vous bien, qu'ils ont pour mission « d’établir l’inventaire des cas dans lesquels il est souhaitable de compléter le vocabulaire français, compte tenu des besoins exprimés »), et proposent de nouveaux termes à la Commission générale de terminologie et de néologie.
La Commission générale les examine et recueille l’avis de l’Académie française ! La Commission générale transmet ensuite au Journal officiel les termes qui ont reçu l’accord de l’Académie française et, encore, sous réserve que le ministre concerné n’ait pas formulé d’objection. Une fois publiés au Journal officiel de la République française (rubrique Avis et communications), les termes et définitions adoptés par la Commission générale de terminologie doivent être utilisés impérativement, à la place de termes et expressions correspondants en langue étrangère, pour le service de l’État et ses établissements publics.
Alors laissez-moi vous citer en exemple le fameux avis CTNX1242797K, cela vous changera des photos du nombril de Charisma Carpenter ou de Gwyneth Paltrow. Que fait cet avis CTNX1242797K ? Il crée tout simplement un nouveau mot:
mot-dièse, n.m
Pluriel : mots-dièse.
Vous voyez de quoi on parle ? Oh, réveillez-vous ! Pour inventer ce nouveau mot, il y a eu une proposition émanant d'une commission spécialisée, qui l'a envoyée à la Commission générale, qui a recueilli l'avis de l'Académie française et d'un Ministre, avant de l'accepter et de le publier au Journal Officiel, alors suivez un peu, que toutes ces éminences grises ne se soient pas fatiguées pour rien ! Alors ? C'est quoi un mot-dièse ?
C'est la francisation du mot anglais hashtag, bien connu des utilisateurs de Tweeter !
Bon allez, je vous copie colle l'avis en intégralité tel qu'il est publié au Journal Officiel. -
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Journal Officiel de la République Française N° 19 du 23 janvier 2013
Commission générale de terminologie et de néologie
Avis NOR : CTNX1242797K
Vocabulaire des télécommunications et de l'informatique
mot-dièse, n.m.
Domaine : Télécommunications-Informatique/Internet.
Définition : Suite signifiante de caractères sans espace commençant par le signe # (dièse), qui signale un sujet d'intérêt et est insérée dans un message par son rédacteur afin d'en faciliter le repérage.
Note : 1. En cliquant sur un mot-dièse, le lecteur a accès à l'ensemble des messages qui le contiennent. 2. L'usage du mot-dièse est particulièrement répandu dans les réseaux sociaux fonctionnant par minimessages. 3. Pluriel : mots-dièse.
Équivalent étranger : hashtag.
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Et voilà, grâce à moi, dès ce soir au camping, devant votre cinquième verre de pastis, vous pourrez affirmer haut et fort que Canard PC, c'est aussi un mot-dièse. Non, non, ne me remerciez pas. Remerciez plutôt les experts, les membres de l'Académie française et le Ministre concerné par cette révolution intellectuelle et linguistique.
Vive la France.
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