Cher Monsieur Balestra...
Oh, et puis après tout... Nous sommes dans une industrie jeune et dynamique. Les courbettes pompeuses et les cérémoniaux interminables n'y ont pas vraiment leur place... Ici, on se tutoie, on se tape dans le dos et on se boit une bière.
Du coup, même si nous atteignons tous deux un âge respectable (pour peu qu'un âge puisse ne pas l'être), puisque nos sommes, si mes souvenirs sont bons, nés la même année, même si nous travaillons également tous deux depuis longtemps dans le milieu du jeu vidéo, et même si nous sommes chacun d'un côté du miroir, permettez-moi un ton plus direct, amical et un tutoiement de circonstance. .
D'ailleurs, nous nous sommes rencontrés plusieurs fois. J'ai même eu le plaisir de vous interviewer, entre autres, pour mon site actuel, GamAlive.
Bref.
Cher Christophe,
Je me permets aujourd'hui de prendre la plume (c'est une expression, j'ai en réalité juste saisi mon clavier) pour vous remercier de The Last of Us. Toi et toute l'équipe de Naughty Dog.
Je viens de terminer le jeu. Wah. Quel choc émotionnel. Quelle belle, quelle merveilleuse, quelle incommensurable claque.
Merci. Merci mille fois pour cette formidable expérience. Merci pour cette extraordinaire aventure.
The Last of Us est de ces jeux adultes, trop rares, dont le monde du jeu vidéo a besoin.
Merci pour ce scénario intelligent, très travaillé, et qui n'épargne aucune réalité aux joueurs. On est à mille lieux d'un film hollywoodien bien pensant et moralisateur où l'on tait certaines choses pourtant évidentes, où l'on évite certaines questions qui sont sur toutes les lèvres.
Ici tout est montré. Le joueur se prend en pleine face une réalité horrible qui est tout autant d'évidences parfois à la limite du soutenable, et qui vous emmènent souvent au bord des larmes, par-delà la bienséance et la morale. Par-delà l'acceptable.
The Last of Us est un grand jeu. Que dis-je, un immense jeu qui mérite par son brio et son traitement parfaitement maîtrisé, de rester dans les annales. Mon Dieu quelle claque !
Le scénario joue avec nos sentiments de sublime manière. On s'attache aux personnages en même temps qu'ils s'attachent les uns aux autres, et leurs sacrifices comme leurs épreuves sont autant de moments intenses et douloureux pour nous.
Appuyée par une technique de qualité et un graphisme solide, cette histoire est à ce point captivante, le jeu est à ce point réussi qu'il relègue au rang des choses sans importances les quelques petits défauts qu'on pourrait lui trouver (nous aurons tout le temps d'en parler dans notre test, à paraître demain à 16h). Un grand moment, vraiment.
The Last of Us est de ces jeux qui vous remuent les tripes, vous passionnent et vous chamboulent. Un monument. Un pur et intense moment de bonheur.
Merci. Merci mille fois pour cette expérience unique.
Durant ma déjà longue carrière de journaliste vidéoludique (17 ans, tout de même...), c'est la première fois que j'écris une telle lettre ouverte. C'est mérité : The Last of Us est sans doute l'un des meilleurs jeux auxquels j'ai jamais joué. Voire peut-être même le meilleur. Tout simplement. Merveilleusement.
Et tant pis si cet exercice peut paraître pompeux. Je sais qu'aujourd'hui, le dénigrement est un moyen d'exister pour beaucoup. Et trop souvent, on tait les louanges, on tait les félicitations, on réfrène les excitations. Pour se donner un genre. Parce que l'on croit qu'offrir sa considération et ses applaudissements, c'est se rabaisser. Je ne suis pas de cet avis. J'estime que si l'on est sévère envers les échecs, on devrait être de la même manière exagérément expansif avec ses louanges face à un chef d'oeuvre. Je me permets donc pour ce coup de maître, de vous tirer mon chapeau et de me courber bien bas.
Merci d'avoir osé. Merci de n'y avoir rien censuré. Merci d'être allé au bout de ce projet qui restera gravé comme l'une des plus belles expériences vidéoludiques.
Amicalement,
Cedric Gasperini
Rédacteur en Chef
GamAlive