Envoyé par
Slowhand
Bon, je regrette que mon pavé n'ait pas atteint la page 666. C'est malheureux, mais c'est comme ça. Du coup, je vais vous le reproposer :
Région parisienne, dans un lieu gardé secret, le 15 mai 2012.
Matinale, elle arrive dans les bureaux à 8h30. Depuis des mois, elle aime arriver à cette heure-là car aucun des « autres » n’est là avant 11h00. Comme tous les matins, elle commence par faire le café. Ça aussi, elle aime le faire elle-même pour être bien certaine qu’il sera à son goût. C’est son plaisir. Et elle en a bien peu, des plaisirs.
Depuis quelques semaines, elle traverse une période très dure. « Eux », ils ne le savent pas, ils ne s’en aperçoivent même pas. Personne ne la regarde, personne ne lui parle. Les seuls contacts qu’elle peut avoir avec eux, ce sont des cris et de furtifs regards quand elle passe à côté de leurs bureaux. Elle le savait en acceptant ce travail. C’était très clair. Elle aurait dû être stupide pour ne pas s’en douter. Entourée d’hommes, elle devenait, de facto, un objet de désir et de moqueries.
Au début, elle le prenait bien, pour s’intégrer. Ses copines lui disaient de s’accrocher. Mais petit à petit, le vice s’est installé. A cause de « lui. » Il est pire que les autres. Il est plus vicieux que les autres. Quand elle le croise, il ne la regarde pas. Quand elle lui parle, il se concentre sur son écran. Quand elle s’approche de lui, il crie. Et quand elle a besoin d’aide pour un article, il rit.
Son rire, elle n’en peut plus. Elle ne le supporte plus, pis, la nuit, elle en fait d’affreux cauchemars.
Ce matin-là, néanmoins, elle est décontractée. Elle sait qu’il ne vient pas. Aucun d’entre eux ne viendra.
Elle s’installe à son ordinateur et l’allume. Puis, tout à coup, elle entend des pleurs. Elle sursaute et se relève en cherchant d’où ils proviennent. Elle touche ses joues pour être certaine de ne pas être la source de ce bruit. Non, ce n’est pas elle. Mais alors, qui ?
Elle cherche et fini par passer devant le bureau du chef. La porte est entre-ouverte. Elle angoisse, hésite entre deux possibilités : Soit elle part en courant vers la sortie en criant très fort dans le but que quelqu’un vienne l’aider, soit elle entre et ose prendre l’intrus sur le fait. Elle choisit s’entrer.
- Qui..est…là… ?
- C’est moi, Sébum..snif…snif…
Elle s’arrête, net. Il ne devait pas être là aujourd’hui. Aucun d’entre eux ne devait être là ! Elle l’observe et constate que ses yeux sont rouges. Il pleurait. Il pleure encore.
- Qu’est-ce que tu as ? Je t’entend pleurer depuis quelques minutes, j’avais un peu peur…
- Je…snif snif…je..
Jamais, elle ne l’avait vu dans cet état. Jamais. Tout dans sa tête commence à se bousculer. « Est-il là pour voler dans le bureau de Boulon ? Pleure-t-il parce qu’il sait que Boulon va fermer le journal ? L’un des « autres » serait-il mort ? Serait-ce « lui », le pire d’entre eux, qui serait mort ? Les autres vont-ils arriver pour un réunion ?»
- Je peux faire quelque chose pour toi ?
- Non…non…personne ne peut plus rien faire…personne…
- Sébum, explique-moi ce qu’il se passe… J’ai peur…
- Peur ? Toi ? Snif…snif…tu as toujours été égocentrique…
Cette remarque était choquante pour elle. Elle se sait épiée, moquée, critiquée par tous. Même les jeunes de la section console se moquent d’elle. Et voilà qu’il la traite d’égocentrique ? Elle qui donne tout à ce journal ? Elle qui fait tout pour « eux » ?
- Ce n’est pas gentil…
- Pas gentil, peut-être, mais vrai.
- Et pourquoi ? Pourquoi serais-je égocentrique ?
- Snif..snif..j’ai de gros problèmes là, maintenant, je n’ai pas envie de parler de toi..
Il a raison, et elle le sait. Il faut qu’elle l’épaule et qu’elle l’écoute. Il est vraiment mal. Vraiment mal.
- D’accord, on en reparlera plus tard.. Qu’est-ce que tu as Sébum ? Je peux t’aider ?
- Non..snif..c’est trop tard !
- Mais trop tard pour quoi ?
- Snif… ma..version… Collector de Diablo 3 n’est pas arrivée !
Tout alla ensuite très vite dans sa tête : « Diablo 3 ? Non de nom ! Nous sommes le 15 mai ! Qu’est-ce que je fais ici ? Je dois absolument rentrer chez moi ! J’ai MA version Collector qui m’attend bien au chaud. »
- Ah.. euh… Ok. Bon, mon gars, ressaisi-toi ! Ce n’est qu’un jeu. Et un mauvais jeu, si l’on en croit notre rédac’ chef.
En entendant cette phrase, Sébum se raidit et projeta le bureau de Boulon dans les airs.
- NE DIS PAS CA ! PAS DEVANT MOI ! PAS AUJOURD’HUI ! TU TE PRENDS POUR QUI, HEIN ?!!??? JE VAIS TE TUER !
Paniquée, elle se précipite vers la sortie à toute allure. Derrière elle, le bruit de Sébum courant pour l’attraper la fait paniquer. Son coeur bat la chamade. Elle arrive devant les doubles portes de l’ascenseur en esperant qu’il est bien à leur étage. Elle appuie frénétiquement sur le bouton et s'apprête à prendre l'escalier quand les portes s'ouvrent. Il était là. « Lui ».
- Salut, lol, pourquoi tu cours comme ça ? Et..pourquoi Sébum arrive en surcourant ? Lol c'est pas bon pour son coeur !..
Elle le pousse et entre dans l’ascenseur. Avant que les portes ne se referment, elle entend « son » crâne se faire fracasser par Sébum. Finalement, cette journée en est une belle. Elle peut maintenant rentrer chez elle tout en étant débarrassée du jeune vicieux.