Envoyé par
Pad Ranoïaque
Sauf qu'il s'agit de deux cas différent.
Dans l'exemple que tu évoques, anglais et français font parti du même monde, la Terre et sa myriade de langues. Aussi, conserver un nom étranger est normal puisqu'ancré dans une même réalité plurielle et étrangère. Genre, pour Sherlock Holmes, l'anglais lit une situation chez lui alors que le français lit une situation à l'étranger.
Par contre, dans un monde fictif mono-linguistique où la langue de l'auteur passe pour être la langue du monde, les personnages se nomment dans leur propre langue. Les lecteurs VO lisent donc cette "réalité" avec un monde fictif et sa langue. Si, à la traduction, tu fais les choses à moitié, le lecteur de traduction découvre un univers à deux langues. De fait, la perception du background s'en trouve altéré avec une seconde langue "sortie de nul part" qui n'a pas de raison d'être dans l'univers décri. Français et anglais lisent tout deux un univers "ailleurs".
Pour rappel, à la base, les noms ont toujours été, à la base, utilitaires ou descriptifs. Certains sont évidents, comme les Dubois, Deschamps, Carpentier, Boulanger et autres , d'autres moins en raison de la désuétude du métier d'origine, comme Taillandier (forgeur de lame, de "taille"), ou d'évolution de langue et d'émigration qui donnent au noms propres la sensation qu'ils ne sont qu'eux même comme créés ex nihilo. Mais dans un monde fictif type Antiquité / Moyen Âge où les mouvements de populations sont mineurs et/ou lents, tu n'as pas l'assortiment de brassage et de désuétude de notre Europe post Révolution Industrielle. Si, gamin de Primaire, les noms français descriptifs me semblaient ridicules par rapport aux noms qui ne sont que des noms, plus j'étudiais l'Histoire, plus, en fait, ça devenait normal et naturel.
Le facteur pouvant expliquer ce rejet de nommer en notre propre langue des noms d'individus et d'objets, qui font souvent railler en France les québécois, c'est que nous sommes sous domination culturelle anglo-saxonne avec toute la littérature de masse mais, surtout, le cinéma et les séries.