Si, comme le disait le Général, les français sont de veaux, notre Président est vraiment un coq. Il pousse son chant le plus fort possible, pour réveiller le village planétaire sur les périls que représente un Internet pas encore civilisé. Son dernier chant en date, c'est l'eG8, ce sommet mondial organisé par la France en présence des plus grands acteurs de l'Internet multimédia 2.0, Google, Facebook, Twitter etc. venus grenouiller autour du buffet. Les critiques ont plané autour de ce sommet, tels des vautours qui se réunissent près d'un cadavre pas frais, et les journalistes, jouant aux mouettes rieuses, ont ricané à l'envi. Il faut dire que le discours de Nicolas était plein d'emphase saluant, platement, les progrès sociaux et humains, réalisés grâce au Web sans effusion de sang, évoquant la légende de la rupture amoureuse de Zuckerberg ou de la création de Google dans un garage, tout en rappelant qu'il fallait faire attention à ne pas laisser ce grand espace de liberté aux mains des pirates et autres délinquants, et que si Internet aide à l'implantation de la liberté partout dans le monde, il ne faut pas qu'il aide à déstabiliser les démocraties blablabla.
Et chacune des grenouilles stars du Web y est allé de son petit coassement, bien insipide, (Zuckerberg : on est en train de refaire le monde en permettant aux gens de communiquer avec leur famille), voire ridicule, (John Donahoe, le patron d'eBay, a déclaré: comme 1,3 million de personnes tirent leurs revenus principaux ou secondaires d'eBay, on peut donc dire que eBay a 1,3 million d'employés dans le monde) et bien que l'on puisse retenir l'intervention de Xavier Niel, patron de Free, qui a osé qualifier de ridicule et de loi folle notre Hadopi nationale, pas de quoi fouetter Monsieur chat. Cette basse-cour s'est séparée gentiment, chacun ayant échangé des idées sur la façon de policer le net.
Mais, laissez-moi être un oiseau de mauvaise augure et voir au delà de cet assemblage apparemment bien inoffensif d'un coq bruyant et de grenouilles qui cherchent toutes à être la plus grosse. C'est que, voyez-vous, une idée commence à se répandre, qui veut que, pour lutter efficacement contre le piratage – je dis bien efficacement, - il faut arrêter de taper sur l'internaute qui télécharge des oeuvres de l'esprit, mais plutôt lui retirer matériellement toute possibilité de pirater, en incluant dans la boucle les FAI et les moteurs de recherche.
En effet, l'accès à une page Internet se fait soit par nos FAI, qui ne sont pas si nombreux soit, lorsqu'on ignore l'adresse d'une page, par un moteur de recherche. Si vous forcez les uns et les autres à agir, par l'intermédiaire d'une Loi, un site peut purement et simplement devenir invisible, peu important qu'il soit hébergé en Russie ou au Nicaragua. C'est l'internaute local qui perd la possibilité de le visiter.
L'idée n'est pas nouvelle, je vous rappelle que nos FAI nous bloquent l'accès aux usenet newsgroups qui contiennent des fichiers contrefaisant une oeuvre de l'esprit protégée. Elle est même, depuis peu, devenue très concrète. On la retrouve dans les serres de l'Aigle américain. Ainsi, aux US, il y a le Protect IP Act, projet de loi déposé le 12 mai 2011 et qui vise à permettre au Ministère de la justice de demander à une Cour de justice le droit d'exiger des moteurs de recherche qu'ils rendent invisibles aux internautes des sites qui violeraient le droit d'auteur. Le texte est en cours d'adoption et, pour l'instant, semble bien parti pour devenir une vraie Loi.
Alors, vous me direz, l'Amérique, c'est loin. Eh bien, la même chose a, comme par hasard, germé dans l'esprit d'un vieux renard à la crinière argentée, Michel Barnier, Commissaire européen au Marché intérieur et qui a annoncé récemment que l'Europe envisage de permettre aux ayants droit de contraindre cette fois, allons y gaiement, les fournisseurs d'accès à rendre invisible un site qui aiderait à la contrefaçon de leurs oeuvres de l'esprit.
Comment précisément ? Plusieurs pistes sont étudiées, nous dit le renard.
Alors de part et d'autre de l'Atlantique, on entend des cris d'orfraies contre cette censure du net, digne de la Chine ; cette violation de la présomption d'innocence, car on ignore encore qui et comment on va décider si un site contrefait une oeuvre de l'esprit, ce premier pas vers une possibilité que s'octroieront en définitive les Gouvernements de faire fermer un site qui leur déplaît (Wikileaks en tête) etc. Mais, nous le savons, si les oies servent à donner l'alarme en canardant sauvagement, elles finissent aussi dans les assiettes et ce ne sont pas leurs cacardements d'effroi qui éviteront aux lois de passer.
Et comme le dit si bien le juge Rocco-Dredd : Durex lex sed lex, ce qui peut se traduire par, quand la loi est votée, tu l'as dans le cul.
PS: aucun des animaux cités dans cette news n'a été blessé. Pourtant ce n'est pas l'envie qui m'en a manqué.
Si, comme le disait le Général, les Français sont des veaux, notre Président est vraiment un coq. Il pousse son chant le plus fort possible, pour réveiller le village planétaire sur les périls que représente un Internet pas encore civilisé. Son dernier chant en date, c'est l'eG8, ce sommet mondial organisé par la France en présence des plus grands acteurs de l'Internet multimédia 2.0, Google, Facebook, Twitter, etc. venus grenouiller autour du buffet.
Les critiques ont plané autour de ce sommet, tels des vautours qui se réunissent près d'un cadavre pas frais, et les journalistes, jouant aux mouettes rieuses, ont ricané à l'envi. Il faut dire que le discours de Nicolas était plein d'emphase saluant, platement, les progrès sociaux et humains, réalisés grâce au Web sans effusion de sang, évoquant la légende de la rupture amoureuse de Zuckerberg ou de la création de Google dans un garage, tout en rappelant qu'il fallait faire attention à ne pas laisser ce grand espace de liberté aux mains des pirates et autres délinquants, et que si Internet aide à l'implantation de la liberté partout dans le monde, il ne faut pas qu'il aide à déstabiliser les démocraties blablabla. Et chacune des grenouilles stars du Web y est allé de son petit coassement, bien insipide (Zuckerberg : on est en train de refaire le monde en permettant aux gens de communiquer avec leur famille), voire ridicule (John Donahoe, le patron d'eBay, a déclaré: comme 1,3 million de personnes tirent leurs revenus principaux ou secondaires d'eBay, on peut donc dire que eBay a 1,3 million d'employés dans le monde) et bien que l'on puisse retenir l'intervention de Xavier Niel, patron de Free, qui a osé qualifier de ridicule et de loi folle notre Hadopi nationale, pas de quoi fouetter Monsieur Chat.
Cette basse-cour s'est séparée gentiment, chacun ayant échangé des idées sur la façon de policer le Net.
Mais, laissez-moi être un oiseau de mauvais augure et voir au-delà de cet assemblage apparemment bien inoffensif d'un coq bruyant et de grenouilles qui cherchent toutes à être la plus grosse. C'est que, voyez-vous, une idée commence à se répandre, qui veut que, pour lutter efficacement contre le piratage – je dis bien efficacement –, il faut arrêter de taper sur l'internaute qui télécharge des oeuvres de l'esprit, mais plutôt lui retirer matériellement toute possibilité de pirater, en incluant dans la boucle les FAI et les moteurs de recherche. En effet, l'accès à une page Internet se fait soit par nos FAI, qui ne sont pas si nombreux et donc faciles à contrôler, soit, lorsqu'on ignore l'adresse d'une page, par un moteur de recherche. Si vous forcez les uns et les autres à agir, par l'intermédiaire d'une Loi, un site peut purement et simplement devenir invisible, peu importe qu'il soit hébergé en Russie ou au Nicaragua. C'est l'internaute local qui perd la possibilité de le visiter.
L'idée n'est pas nouvelle, je vous rappelle que nos FAI nous bloquent l'accès aux usenet newsgroups qui contiennent des fichiers contrefaisant une oeuvre de l'esprit protégée. Elle est même, depuis peu, devenue très concrète puisqu'on la retrouve dans les serres de l'Aigle américain. Ainsi, aux US, il y a le Protect IP Act, projet de loi déposé le 12 mai 2011 et qui vise à permettre au Ministère de la justice de demander à une Cour de justice le droit d'exiger des moteurs de recherche qu'ils rendent invisibles aux internautes des sites qui violeraient le droit d'auteur. Le texte est en cours d'adoption et, pour l'instant, semble bien parti pour devenir une vraie Loi. Alors, vous me direz, l'Amérique, c'est loin.
Eh bien, la même idée a, comme par hasard, germé dans l'esprit d'un vieux renard à la crinière argentée, Michel Barnier, Commissaire européen au Marché intérieur et qui a annoncé récemment que l'Europe envisage de permettre aux ayants droit de contraindre cette fois, allons y gaiement, les fournisseurs d'accès à rendre invisible un site qui aiderait à la contrefaçon de leurs oeuvres de l'esprit. Comment précisément ? Plusieurs pistes sont étudiées, nous dit le renard.
Alors de part et d'autre de l'Atlantique, on entend des cris d'orfraies contre cette censure du Net, digne de la Chine ; cette violation de la présomption d'innocence, car on ignore encore qui et comment on va décider si un site contrefait une oeuvre de l'esprit; ce premier pas vers une possibilité que s'octroieront en définitive les Gouvernements de faire fermer un site qui leur déplaît (Wikileaks en tête) etc. Mais, nous le savons, si les oies servent à donner l'alarme en cagnardant sauvagement, elles finissent aussi dans les assiettes et ce ne sont pas leurs cacardements d'effroi qui éviteront aux lois de passer.
Et comme le dit si bien le juge Rocco-Dredd : Durex lex sed lex, ce qui peut se traduire par, quand la loi est votée, tu l'as dans le cul.
PS: aucun des animaux cités dans cette news n'a été blessé. Pourtant ce n'est pas l'envie qui m'en a manqué.
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