Déjà, un joueur de Second Life, ça force le respect. Ne serait-ce que parce qu'il ne se perçoit pas comme un joueur. Il estime plutôt expérimenter une forme artistique de mouvance post-lacanienne dans un univers pré-matricien dans un but narcissique d'évasion sans cesse renouvelée, poil au nez.
Mais que penser d'un joueur de Second Life belge ? Comment même est-ce possible ? N'y a-t-il pas là une redondance écœurante, un peu comme d'ajouter du Nutella sur une plaquette de chocolat ? N'y a-t-il pas même un danger considérable à laisser un joueur belge s'ébattre dans Second Life ? Je veux dire : c'est contre-nature. Tant de concentré de folie humaine, ça peut exploser à tout moment.
Et d'ailleurs, c'est ce qui s'est passé.
Voilà qu'en 2007, une joueuse belge de Second Life donc, pousse les portes du commissariat pour déposer plainte pour viol… de son avatar ! Voilà que l'Unité Fédérale belge du crime informatique a même envisagé, certainement sous l'apparence de frites géantes, de patrouiller dans Second Life pour éviter qu'un tel incident ne se reproduise.
Oh ! Attention, on peut se moquer, mais cette plainte continue de faire beaucoup de ravages. Car voilà que l'Australie, ce pays immonde d'Anglo-Saxons bagnards, mi-hommes mi-kangourous, mi-surfeurs, dégénérés au point de s'obstiner à ne pas vouloir être Néo-zélandais et même pas fichus d'être au moins Américains, ce pays, disais-je, enfin, ce désert infernal entouré de requins écœurés d'avoir à se taper une si mauvaise viande, vient de prendre au sérieux toute cette affaire.
C'est ainsi que l'Institut de criminologie du gouvernement australien a rendu, l'année dernière, un rapport sur les "risques de crimes dans les univers virtuels tridimensionnels".
Évidemment, on pense tout de suite aux actes de violence quotidiennement perpétrés contre les avatars des univers online où le PvP est autorisé. Mais les rédacteurs ont recherché quelque chose d'encore plus horrible.
On apprend donc que le premier crime grave perpétré sur un avatar est...un viol commis en 1993 dans un jeu textuel intitulé LamdaMoo. Il s'agissait d'une description de l'acte imposée à l'autre joueur.
Vient ensuite l'étude du cas de la joueuse belge qui a porté plainte à la police pour viol de son avatar.
Eh bien, figurez-vous que le Code pénal australien prévoit trois années de prison pour quiconque utilise un service internet aux fins de menacer, harceler ou causer un dommage à un autre utilisateur. Or, d'après les rédacteurs du rapport, voir son avatar se faire violer pourrait causer un dommage psychologique au joueur, ce qui permettrait l'application de ce texte.
Mais, ce rapport préconise que les viols virtuels, les menaces et harcèlements sexuels, les destructions de propriété ou, simplement, les propos agressifs soient étudiés pour évaluer leurs effets réels sur le joueur, afin d'offrir une sanction légale appropriée.
Alors je vous préviens, si d'ici quelques années j'avais le pouvoir de vous assigner en justice pour avoir infligé à mon avatar des coups et blessures à SFIV ou pour l'avoir tué dans un FPS quelconque, ce serait Second Life, les Belges et les Australiens qu'il faudrait remercier.
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