Pour cette nouvelle année 2011, laissez-moi vous souhaiter du uc, du uc, du uc, à vous en péter la nuque, du uc, du uc, du uc, avec ou sans suc', du uc, du uc, du uc, c'est ça votre truc, et comme je vous comprends.
Sachez d'ailleurs que vous n'êtes pas les seuls à aimer le uc, le uc, le uc, loin de là.
Ainsi, en octobre 2010, une quarantaine d'éditeurs de films de uc ont obtenu une ordonnance du Tribunal de Grande Instance de Nanterre visant à enjoindre à Free, France Telecom, SFR et quelques autres FAI d'identifier plusieurs milliers d'adresses ip d'internautes ayant téléchargé illégalement des films de uc.
Ce qui est amusant c'est que nos éditeurs de films n'ont pas utilisé HADOPI, pourtant à leur service, mais ont préféré passer par un 145. Non, non, il ne s'agit pas d'une version sport extrême d'un 69, mais bien de l'article 145 du Code de procédure civile, qui dispose que "S'il existe un motif légitime de conserver ou d'établir avant tout procès la preuve de faits dont pourrait dépendre la solution d'un litige, les mesures d'instruction légalement admissibles peuvent être ordonnées à la demande de tout intéressé, sur requête ou en référé."
Nos éditeurs ont donc fait une requête devant le Président du Tribunal de grande instance de Nanterre en douce, sans prévenir personne et lorsqu'ils auront les noms des abonnés, nul doute que ces derniers recevront une lettre d'un de mes confrères leur enjoignant de payer plusieurs centaines d'euros aux éditeurs concernés sous peine de se voir assigner en justice.
Ceci étant dit, et comme toujours, les moyens de défense ne manquent pas: on ignore notamment si la CNIL a été saisie ou pas de cette collecte automatisée d'adresses ip. En outre, cette façon de faire ressemble furieusement à celle utilisée par une autre société éditrice de films de uc, Magma Films, bien connue de la rubrique Jurigeek.
J'en parlais en effet ici, ici et ici. Or, si cette société est très active et si elle menace lourdement par lettre d'avocat, elle n'a, à ma connaissance, encore intenté aucun procès contre un internaute. Vu le prix d'une procédure judiciaire et les moyens de défense d'un internaute, on peut comprendre. C'est que voyez-vous, le bluff fait aussi partie de l'arsenal juridique, et nul doute que Magma films et ses 40 copains de l'industrie du uc n'intenteront, en réalité, jamais le moindre procès.
Et ils auraient raison de ne pas le faire. Tenez, aux USA par exemple, la société Axel Braun Productions, célèbre pour avoir commis une parodie XXX de Batman, a osé saisir le juge. Elle a attaqué en justice 7 098 internautes qui avaient téléchargé ce formidable film de uc (enfin, à ce qu'on m'a raconté).
Et bien, le juge US a refusé en l'état la plainte au motif qu'elle visait en même temps 7 098 internautes qui n'avaient aucun lien entre eux. Le juge a donc écarté 7097 internautes et retenu la plainte pour un seul d'entre eux, renvoyant Axel Braun Productions a faire 7 097 plaintes distinctes si cela l'amuse. Vous imaginez le coût d'autant de procès ? Sachant que chaque internaute a un droit d'appel et les moyens de mettre en doute la légalité, voire la fiabilité, de la collecte de son ip ?
Ceci dit, à tous ceux dont le uc est la passion, laissez-moi vous donner un conseil éclairé, le premier de cette année 2011: le uc, c'est comme le psy: C'est mieux quand on le paye.
Voir la news (0 image, 0 vidéo )