On est tous d'accord pour dire que les suites ou les préquelles à un film (ou un jeu) culte sont souvent des purges innommables. Vous prenez Star Wars ou Indiana Jones, c'est flagrant. Certains arrivent à mieux s'en sortir, évitant l'écueil de la redite, de la chute dans la facilité, du fan-service. Alien tiens. Ben en BD c'est pareil, sauf que le principe de la série est bien plus courant et contribue à inonder les étals des librairies avec moult bouquins ne se vendant plus que sur leur nom, achetés par habitude ou pour compléter une collection. Mais Julius ne rentre pas dans cette catégorie et on va tout de suite voir pourquoi.
Déjà , les deux auteurs de la quadrilogie originelle sont encore aux manettes. Bon c'est pas forcément un gage de qualité (remember Indy) mais en l'occurence, je serais bien mauvaise langue si je disais qu'ils auraient mieux fait de s'abstenir. Alors oui ils ont choisi la voie de la préquelle, bien casse-gueule mais pas de Jar-Jar Binks à l'horizon dans l'album.
On suit donc Julius de Samarie, détenteur du Troisième Testament, et plus Conrad de Marbourg. On passe déjà physiquement de Sean Connery à Marlon Brando et c'est pas rien : tout le monde préfère voir Jor-El que Zed de Zardoz. On passe du Moyen-Âge à l'Empire Romain post Jésus-Christ, en 64 précisément. Par contre, le type de "héros" reste sensiblement le même : un représentant de l'autorité qui va changer de vie suite à sa rencontre avec le Troisième Testament. Julius, général d'Empire avide de pouvoir, va tomber sur la route d'un étrange chrétien, apôtre non-violent, qui va l'amener, par d'étranges moyens, à changer la face du monde. Voilà pour le synopsis que je laisse volontiers flou, c'est moche de se faire gâcher la surprise, surtout d'un album aussi intelligent.
Car si on peut prendre Julius pour une classique série d'aventures (comme on pouvait le faire pour la série-mère), et ce n'est absolument pas une tare, il serait quand même dommage de la réduire à ça. Ce premier tome est parsemé de réflexions sur la foi, et ma foi (oh oh oh mon dieu j'ai honte), c'est très intéressant d' avoir une deuxième couche dans le mille-feuille, on se sent moins volé. Bien que pour le coup, Julius ne soit pas hors de prix puisque pour la quinzaine d'euros qu'il coûte, vous aurez 78 planches de haute volée.
Déjà , y a la couv'. Magistrale, comme souvent avec Alex Alice. Mais comme on n'est pas superficiel ici, l'intérieur est à la hauteur, bien que le dessinateur ait changé. QUOI §§§ entends-je déjà hurler les puristes ? Bah oui, il est trop occupé à finir son dernier Siegfried et c'est pas plus mal. C'est donc Robin Recht qui reprend le flambeau et il est tout à fait à la hauteur. Décors démesurés, situations épiques, personnages charismatiques, c'est vraiment de la belle ouvrage et pile dans le ton et l'ambiance de la série originelle. Une réussite.
Je vous laisse avec la bande-annonce vidéo, le mini-site fourmillant d'infos ainsi que les douze premières planches.
Le Troisième testament - Julius T1, Alex Alice, Xavier Dorison é Robin Recht, 78 p., Glénat, 15€.
Le Troisième Testament, Alex Alice & Xavier Dorison, 4 tomes ou intégrale, Glénat, dispo.
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