Hop, 10 ans après sa sortie voilà le topic des pères de la saga Gothic, le 1 et le 2.
Excusez les premières réponses un peu décousues, ce sujet étant extrait de hors-sujets enflammés sur celui de Gothic 4.
Les premières minutes de l'aventure G1 en screens.GOTHIC 1
Développeur : Piranha Bytes
Editeur : Jowood
Catégorie : jeu de rôles
Sortie en Allemagne : Novembre 2001
Sortie en France : jamais (disponible en import, avec voix anglaises et patch pour des sous-titres en français)
Gothic premier du nom est sorti, dans l’indifférence générale (en France j’entends !), en Novembre 2001. Il n’a jamais été distribué en France, et, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a décidément pas bénéficié d’une grande publicité. Rares, à l’époque et en France, étaient ceux au courant de l’existence de ce jeu (moi y compris d’ailleurs). Pourtant, Gothic I n’a pas pour seul mérite d’être le premier Gothic, il a véritablement posé toutes les bases de ce qui fera le succès de la série. Des années plus tard, il reste encore un des meilleurs jeux de rôles disponible sur PC, si l’on fait abstraction de l’aspect technique et d’une interface mal pensée.
Gothic I est donc un jeu de rôles se jouant à la troisième personne, dans l’esprit d’un Ultima IX sorti un an auparavant. D’ailleurs, dans bien des domaines, Gothic I peut véritablement être considéré comme le successeur illégitime du dernier Ultima : monde ouvert et libre, système de caméra semblable, interactions nombreuses avec le décor (forger des armes, faire cuire de la viande, s'assoir…) et l’environnement (nage, escalade…), importance accordée aux compagnons de « l’avatar » (le héros sans nom ici), monde vivant et évoluant au gré des actions du héros. Mais la comparaison s’arrête là, car Gothic va plus loin dans bien des domaines, et propose un univers et une ambiance propres à lui : le jeu est sombre, violent, très nuancé, où la frontière entre le bien et le mal est souvent floue. Chaque personnage lutte pour sa survie et ses intérêts, les preuxs chevaliers au grand cœur étant des plus rares (mais les ordures sans aucune morale, l’étant beaucoup moins !). Dans un autre domaine, la possibilité de fumer de l’herbe des marais, ou encore la présence de nombreuses esclaves soumises aux barons richissimes, donnent définitivement à Gothic un coté adulte marqué. On est loin des niaiseries traditionnelles de beaucoup (trop) de jeux de rôles fantastiques.
Graphiquement, contrairement à ce que l’on peut entendre parfois (critique récurrente pour tous les Gothic), le jeu se tient tout à fait pour son époque, sans être révolutionnaire non plus. Et d’ailleurs, si on se limite aux jeux de rôles, force est d’admettre que Gothic est même plus beau que les références de l’époque. Surtout, le jeu offre un grand soin dans la modélisation de l’environnement, et une profondeur de vision appréciable dans un jeu de rôles en 3D. Evidemment, le jeu est très « angulaire » pour nos critères actuels, mais le commun des amateurs de jeux de rôles devrait malgré tout rapidement s’y faire.
Le scénario de Gothic est assurément un de points forts de ce premier épisode. Certains joueurs d’ailleurs, reprocheront au second opus une certaine régression à cet égard. L’histoire de Gothic se déroule dans l’île de Khorinis, et plus particulièrement dans une gigantesque prison à ciel ouvert nommée la Colonie. C’est dans cette vallée recouverte d’un dôme magique que sont envoyés tous les forçats du royaume, condamnés à travailler éternellement dans les mines. Vous êtes l’un de ces bagnards, comme des centaines d’autres avant vous, votre seule chance étant qu’auparavant un magicien vous a transmis une lettre à remettre à ses confrères prisonniers de la Barrière. Et le jeu commence alors que vous atterrissez – brutalement - dans la Colonie, sans autres objectifs que découvrir ce nouveau monde, remettre ce courrier aux magiciens, et éventuellement songer un jour à sortir de cette prison. Vous aurez tout le temps de découvrir un monde sinistre, dur et divisé : face aux résignés travaillant d'arrache-pied pour le roi dans l'espoir d'y gagner quelques richesses, d'autres cherchent un moyen de briser la Barrière magique conditionnant leur existence. A coté de ceux deux camps rivaux, une secte étrange se propage, persuadée que la venue d'une entité nommée "le Dormeur" allait leur apporter la liberté…
Gothic I offre tout un monde unique à explorer et découvrir, tout en proposant une trame principale intéressante, qui ne se dévoilera vraiment qu’après de nombreuses heures de jeu. En terme de taille du monde, on peut dire, avec ses trois « villes » et ses nombreuses grottes, ruines et autres tours abandonnées, que là encore Gothic ne déçoit pas, et propose de très nombreuses heures de jeu. Par ailleurs, le jeu propose différentes factions à intégrer, permettant de le recommencer à plusieurs reprises en l’abordant sous un angle différent (même si la trame principale reste malheureusement la même, quel que soit le bord choisi, la différence se faisant surtout sentir pour l’équipement et certaines réactions de pnjs). Pour ce qui est de l’évolution du personnage, le jeu offre un système simple mais efficace, offrant une certaine liberté sans imposer de limites de classe très strictes. Petit détail au passage, on apprécie de voir qu’en améliorant sa maîtrise dans un type d’arme, la différence se fait aussi visuellement, avec une arme maniée de façon plus élégante. On regrettera par contre (du moins après avoir joué au second épisode) un certain manque de choix et surtout de spécialisation dans les différentes compétences, aboutissant à des personnages au final un peu trop « touche-à-tout ». Dans le même ordre d’idée, la récolte de l’équipement est parfois mal dosée, avec des débuts difficiles et une armada d’armes surpuissantes en fin de partie.
Gothic est également un précurseur dans deux domaines qui contribuent à cette ambiance unique : d’abord, tous les dialogues sont parlés (ce qui était déjà le cas dans Ultima IX), avec un nombre d’acteurs honnête, ce qui ajoute énormément à l’immersion. Ensuite, pour la première fois sans doute dans un jeu de rôles en 3D, les pnjs ont de véritables emplois du temps, donnant au monde une impression de vie jamais vue jusqu’alors. Les forgerons travaillent dans leurs ateliers la journée, les gardes réagissent aux intrusions de créatures, les magiciens sont plongés dans leurs grimoires ; la nuit, la plupart s’en retournent dormir dans leurs habitations respectives ; sortez votre arme près d’eux, et ils feront de même en vous ordonnant de rengainer immédiatement ; la propriété privée n’est également pas un vain mot, tous vous chasseront de leurs demeures si vous y posez les pieds sans y être invité. Tous ces concepts paraissent peut-être désormais dans la norme, mais pour l’époque, c’est une véritable évolution. Evolution d’ailleurs, que certains jeux plus récents se vanteront d’incarner, plusieurs années après…
On arrive toutefois au point qui fâche, et qui a contribué a donner à Gothic I – mais cela poursuivra la série au moins jusqu’au troisième épisode – une réputation de jeu inaccessible et rebutant. Car l’interface de Gothic I est effectivement très mal pensée. Un exemple typique, pour ramasser un objet, le jeu nous impose de maintenir le bouton de la souris, tout en pressant la flèche du haut : un simple clic aurait pu pourtant pu faire l’affaire…Il n’y a rien d’insurmontable pour peu que l’on prenne le temps de s’y habituer – et qu’on ravale notre fierté lors des premiers combats - mais force est d’admettre que certaines choses ont été mal pensées. Dans le même ordre idée, les combats, bien que plaisants et offrant une certaine finesse, demandent un apprentissage patient avant d’être maîtrisés. Quoi qu’il en soit, il s’agit vraiment d’une question d’habitude, on oublie rapidement ces défauts au bout de quelques heures de jeu.
Bref, Gothic I est véritablement un jeu de rôles exceptionnel, qui inaugure brillamment cette série qui nous passionne. Il manque un peu de cette maturité qui profitera aux prochains épisodes, mais a posé toutes les bases qui font la richesse des Gothic. Cinq ans plus tard, comme cette description a du vous en convaincre, il n’a finalement vraiment pas grand-chose à envier aux jeux de rôles les plus récents. Si vous êtes capable de surmonter des graphismes dépassés, et une interface demandant un temps d’apprentissage, vous auriez tort de ne pas vous plonger dans cette aventure.
Bienvenue dans la Colonie…
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Gothic 2 & La Nuit des Corbeaux
Développeur : Piranha Bytes
Editeur : Jowood
Catégorie : jeu de rôles
Sortie en Allemagne : décembre 2002
Sortie en France : mars 2005 (voix anglaises et sous-titres en français)
Gothic II, sorti en Allemagne fin 2002, sera diffusé en France… en mars 2005, soit deux ans et demie plus tard. On commence, déjà, à comprendre pourquoi un jeu de rôle aussi bien réalisé est passé à ce point inaperçu dans l’hexagone. Rajoutez à cela quelques bugs spécifiques à cette adaptation française (en particulier la non-reconnaissance de la souris, problème réglé depuis), ainsi qu’une presse généraliste ayant sommairement testé le jeu sur la forme plus que sur le fond : on dispose désormais de tous les éléments pour expliquer, non sans amertume, cette injustice faite en France à un titre aussi exceptionnel. Nos voisins d’outre-rhin, chez qui le jeu s’est érigé en référence du jeu de rôles, n’ont en tous cas pas connu ces déboires…
Gothic II est un donc un jeu de rôles à la troisième personne dans la droite lignée de son prédécesseur, sorti un an et demi auparavant. Il en reprend tous les éléments qui ont fait la richesse de ce premier épisode, s’inscrivant clairement dans la continuité. Pour autant, il serait tout à fait injuste de lui reprocher un certain conservatisme : simplement, là où Gothic I avait posé des bases déjà solides, Gothic II les reprend en les exploitant au mieux, avec toute la maturité et l’expérience acquise avec le temps.
En termes de graphismes, Gothic II traînera plus ou moins injustement une réputation de « jeu moche ». Il faut dire qu’avec une diffusion aussi tardive en France, il est évident que le jeu accuse alors un cran de retard. Il est vrai aussi, qu’entre Gothic premier du nom et ce second épisode, est sorti un Elder Scroll qui a placé la barre très haut techniquement. Pourtant, si l’on fait abstraction de ces deux éléments, les graphismes de Gothic II restent tout à fait honorables. Et si le moteur 3D est le même que celui utilisé par Gothic I, il a été énormément retravaillé et perd ses aspects anguleux. Il ne faut pas oublier non plus, que Gothic II offre un monde vaste et vraiment libre, où il est possible d’escalader, nager, gravir des montagnes… On peut difficilement se permettre de comparer les graphismes d’un tel jeu avec un fps quelconque se déroulant dans un univers fermé. Quoi qu’il en soit, il serait vraiment dommage de se priver d’un jeu extrêmement riche pour une simple question d’esthétisme.
L’histoire s’inscrit donc naturellement dans la continuité de ce premier épisode : notre héros sans nom s’est échappé de la Colonie minière de Khorinis, sauvé in extremis d’une mort certaine par l’énigmatique nécromant Xardas. Le jeu commence alors que ce dernier lui apprend qu’un nouveau mal plane sur la région : la destruction de la Barrière aurait réveillé des hordes de dragons, menaçant désormais l’île entière. Avertir au plus vite les paladins récemment débarqués dans la ville minière, telle est la première mission confiée à votre héros. On le voit donc, la trame générale, par rapport au premier épisode, s’annonce d’emblée assez classique et quelques peu manichéenne. Toutefois, ce scénario dont on peut regretter le peu d’originalité, est très bien servi par une histoire bien ficelée, de multiples rebondissements, et toute une situation « géopolitique » passionnante. Car votre héros ne tarde pas à se rendre compte des changements dramatiques que la destruction de la Barrière a apporté à la région : les armées royales privées de leur précieux minerai sont en déroute ; les anciens forçats évadés se sont reconvertis dans le banditisme, ou comme mercenaires ; les routes ne sont plus sûres, et la fin du commerce du minerai ruine la ville portuaire. A cette situation déjà sensible s'ajoutent la menace grandissante des orques, et la révolte latente gagnant les fermiers de la région. Tout ce contexte d’une région en déclin, ruinée de l’intérieur et en proie aux invasions, est vraiment bien rendu dans le jeu. Mieux, la situation évolue véritablement en fonction du scénario, et c’est impuissant qu’on observe la lente agonie de cette région sinistrée…
Une fois encore, l’univers de Gothic se veut sombre, nuancé, réaliste même. Par rapport au premier Gothic qui prenait place dans une prison, le monde se révèle un peu plus « civilisé » au premier abord. Pourtant, les paladins sont souvent des modèles d'arrogance et d'autoritarisme absurde, ils vous crachent au visage tant que vous n’êtes pas l’un des leurs. Les hauts quartiers de la ville sont habités par des riches commerçants souvent trempés dans des affaires louches, tandis que le port recèle de dealers, racailles et voleurs en tous genres. Les mercenaires saisissent le moindre prétexte pour vous provoquer et vous dépouiller. Naturellement, cette impression de monde vivant, qui existait déjà dans le premier Gothic, est encore plus présente dans ce second épisode : les prêtres font leurs offices, les gens se retrouvent le soir à la taverne, on les voit manger, dormir, uriner même. Tous ces comportements sont certes scriptés, et parfois inégaux d’un pnj à l’autre, mais il n’empêche que jamais un jeu de rôles n’avait proposé une telle sensation de vie dans ses villes. L’immersion dans le monde de Gothic II en est vraiment très forte, et d’autant plus que les dialogues – doublés bien sûr - sont nombreux et crédibles.
Le monde proposé par ce second épisode se révèle bien plus vaste que celui de son prédécesseur, presque le double, avec une ville de taille respectable, et un petit nombre de communautés diverses. On retrouve le système de faction obligatoire, mais avec cette fois-ci des différences bien plus marquées entre les différentes guildes, tant du point de vue du gameplay (par exemple, seuls les magiciens du monastère ont accès à la magie de haut niveau, tandis que les mercenaires sont des combattants purs) que de l’histoire (même si on regrettera encore que la trame principale reste globalement la même). La durée de vie est de ce fait très large, avec un grand nombre de quêtes optionnelles à réaliser, et de caches secrètes à découvrir. A noter aussi que c’est un plaisir de retrouver certains personnages du premier Gothic, et même toute une région, avec les changements que la destruction de la Barrière a apporté... Pour ce qui est de l’évolution du personnage, le système comporte quelques petites modifications bienvenues, mais offre surtout un plus grand choix de compétences, permettant de former des personnages vraiment différents d’une partie à l’autre. Bref, le jeu a vraiment bénéficié de l’expérience de Gothic I, et offre un contenu encore plus riche, garantissant de très nombreuses heures de jeu.
L’interface, qui constituait un défaut du premier épisode, a été quelques peu remaniée. En particulier, le bon sens s’est imposé pour l’activation/récupération d’objets, avec un simple clic pour réaliser ces actions. Il reste toutefois des progrès à faire, l’inventaire en particulier étant assez fouilli, et l’absence de raccourcis claviers se révélant parfois pénible. Certains également reprocheront au jeu de ne pas proposer la souris dans le déroulement des menus (il faut passer par les flèches du clavier). Quant au système de combat, il attirera les mêmes commentaires que pour le premier Gothic : difficile voire déroutant au début, mais assez fin et très intéressant une fois maîtrisé. Il convient de préciser aussi que le jeu est difficile : il ne faut pas s’attendre à être gentiment pris par la main, et encore moins rencontrer comme par magie des adversaires constamment à votre portée. Quelques écarts imprudents dans la nature, suivis d’une rencontre prématurée avec un orque ou une bête des ombres, auront tôt fait de vous apprendre à être prudent et patient. Bref, Gothic II tout comme son prédécesseur, demande un peu de patience au début, quoiqu’il soit déjà plus accessible. Mais après quelques heures de jeu, on en oublie totalement ces défauts sommes toutes très relatifs. On en vient même à vraiment apprécier cette difficulté, et cette sensation de peur qui nous accompagne dans nos explorations.
Il faut donc conclure sur ce jeu de rôles si riche, et parfois si injustement décrié. Gothic II s’inscrit dans la suite du premier épisode, sans y apporter de révolution à proprement parler, mais il bénéficie de toute l’expérience d’un système qui a fait ses preuves, en apportant de très nombreuses améliorations. A bien des égards, il reste, en attendant ce troisième épisode, l’un des meilleurs jeux de rôles disponible sur PC.
Senturus - gothic-univers.fr
Liens, tests...
Aujourd'hui, ces deux (voire trois si on pousse à inclure l'addon comme un jeu à part entière, à acheter obligatoirement en cas d'acquisition de G2) jeux sont disponibles pour 10€ chacun sur Good Old Games :
- Gothic 1
- Gothic 2 Gold Edition
Attention, les systèmes sous Windows Seven accompagnés d'une carte graphique nVidia rencontrent des problèmes graphiques, se référer au forum affilié GoG si vous avez ce matériel. Aucun problème pour les cartes ATI.
Gothic 1, astuces de modding
- changement de gothic.ini pour amélioration graphique
- patch 1.0 de sous-titrage français par Meuhoua
- en cas d'absence de vidéos de lancement/intro, ouvrir ...\Gothic\system\gothic.ini et modifier la ligne scaleVideos=1 à 0.