Un canard BD dont vous êtes le héros ce soir. Si tu veux une intro naze et pas drôle, vas en 1. Si tu préfères une intro pas drôle et naze, va en 2. Si tu ne veux pas perdre ton temps à lire une intro honteuse, va en 3.
1. Ololol l'intégrale de Jerry Golé, ça va être kro drôle.
2. Ololol l'intégrale de Jerry String, va y avoir de la bonnasse.
3. Dupuis continue à ressortir les titres anciens de son catalogue, comme il l'a fait pour Théodore Poussin. Sauf que Monsieur Boulier est descendu vachement plus bas dans son grenier puisque les quatre tomes présents dans cette première intégrale ont été publiés dans le journal de Spirou pour la première fois entre 1954 et 1955. Pourquoi s'intéresser à de telles "vieilleries" ? C'est ce qu'on va voir tout de suite.
Au niveau du scénario, Jerry Spring n'est pas un coup de pied dans la fourmilière , faut avouer. C'est du western classique, plus John Wayne que Sergio Leone, un gentil cow-boy sans peur et sans reproche toujours prompt à défendre la veuve et l'orphelin. Petite démarcation avec Georges Abitbol, il est ami avec un stéréotype de Mexicain et même avec un Indien, c'est dire son ouverture d'esprit "Peace Man". Un cowboy hippie. Enfin presque parce que le gaillard sait se servir de ses poings et de son Colt, il tend pas la tête pour se faire tondre non plus. Toujours est il que les pages défilent avec fluidité, parsemées ça et là de petits cliffhangers et de dilution-divagation de l'intrigue, héritage de la publication en périodique. Un parfum old-school pas déplaisant du tout tant le moteur ronronne avec mélodie et constance, exhalant un délicat fumet de qualité.
Et la qualité se retrouve aussi dans le dessin. J'ai envie de dire surtout dans le dessin. Parce que lui n'a pas pris un coup de vieux. Il en remontre même beaucoup à certains dessinateurs actuels qui offrent la plus grande attention à la narration et négligent complètement le dessin. Suivez mon regard...
Jijé (de son vrai nom Joseph Gillain qui a fait presque pareil qu'Hergé pour se choisir un pseudal) est un monstre sacré de la BD. Pilier du journal Spirou, il reprend le héros éponyme à Rob-Vel avant de le transmettre à son élève Franquin. Il met le pied à l'étrier à Jean Giraud (aka Moebius) qui encrera complètement un Jerry Spring (vous ferez seuls le lien avec Blueberry j'imagine). Niveau références, Monsieur Jijé se pose là et ça devrait suffire à vous faire ouvrir le bouquin. Une fois ouvert, remballez vos langues, la bave ne fera que du mal aux superbes planches publiées pour la première fois en noir et blanc (selon la volonté même de Jijé). Virevoltant, vif et ferme, solide et fluide, alternant pleins et déliés, noirs profonds et blancs éclatants, c'est un régal pour les pupilles.
Un bouquin à lire avant d'offrir à son popa ou son papi parce qu'il n'y a pas de raison qu'il n'y ait que les vieux qui en profitent.
Jerry Spring intégrale 1 en N&B, de Jijé, 240 pages dont 32 de dossier fort instructif, éditions Dupuis, 24€
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