Je n'aime pas le foot. Je reconnais qu’en ce moment c'est une affirmation facile, mais je ne l'ai jamais aimé, pas même en 1998. Rien qu'à voir les joueurs se jeter les uns sur les autres dans une parodie parkinsonienne de droit au butt, ça me révulse. Mais, depuis que je suis revenu des USA, je l'aime encore moins, ce sport. Croyez-moi, se balader en Amérique en pleine débâcle française de la Coupe du monde de football, c'est très difficile.
Il m'a fallu affronter quotidiennement le regard peiné des américains qui comprenaient, rien qu'à mon accent, que je viens de ce pays où des joueurs préférant le silicone au polychlorure de vinyle et la traîtrise au jeu d'équipe se permettent de proférer des insultes violentes vis à vis de leur sélectionneur.
Enfin, tout cela ne m'a pas empêché de fouiner un peu partout à la recherche d'un scoop car, oui, le journalisme total, ça vous prend même en vacances, et j'ai déniché une info de première. Alors, figurez-vous que le Président des USA himself, Mister Barack Obama, aura peut être bientôt le pouvoir de couper, d'un coup, Internet sur tout son territoire en appuyant sur un bouton, comme ça, paf ! C'est le killswitch ! Je connais un président français qui va être jaloux. En apprenant cette nouvelle, j'ai quand même été un peu surpris, car Internet n'est pas centralisé sur une machine qu'on pourrait désactiver, c'est même carrément tout le contraire. Alors j'ai trouvé le projet de loi de 197 pages déposé par le Sénateur Joe Liberman.
La réalité est bien plus complexe : après avoir présenté les risques d'un 9/11 sur Internet, le Sénateur considère que le cyberspace est un "national asset" et que le Président devrait avoir le pouvoir, pour des raisons de sécurité, de contraindre toutes les entreprises qui permettent un accès à Internet de le bloquer. Une commission nationale pour les communications et la cybersécurité devrait être créée (la National Center for Cybersecurity and Communications) qui aurait le pouvoir de surveiller la sécurité du cyberspace et de tous ses acteurs et, lesdits acteurs, les FAI principalement, auraient pour obligation de partager les informations avec les autorités fédérales. Mais Liberman se veut rassurant : les FAI ne pourraient se voir ordonner d'espionner les internautes sans que la loi ne les y autorise. Les sociétés gérant l'accès à Internet devraient aussi justifier au directeur de la NCCC qu'elles suivent à la lettre les procédures mises au point par ce dernier, visant à garantir la sécurité du cyberspace. On ignore pour l'instant quelles sont ces procédures.
Et bien évidemment, le projet de loi prévoit une sorte d'immunité juridictionnelle pour les FAI qui se verraient contraints de "fermer" Internet. Quels que soient les dégâts causés par cet arrêt de service, les victimes ne pourront pas attaquer en justice leur FAI.
Alors je dis que les USA font tout en plus grand:
Chez nous, on veut couper la ligne d'un internaute s'il ne l'a pas sécurisée, tandis que chez eux, c'est tout Internet qui serait coupé si les FAI ne sécurisaient pas l'accès à internet.
Bigger, better, stronger !
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