Hop, un sujet qui me trotte dans la tête depuis quelques temps. Contrairement à mon habitude j'vais essayer d'êtresuper concisclair, poser les bases et vous laisser donner votre propre avis.
Je n'invente sûrement rien d'ailleurs, mais osef.
Le sujet ? Notre génération, que je vais la définir arbitrairement comme étant celle des années 80 / fin des 70' - la génération qui a connu l'arrivée du PC à la maison au prix d'un rein, de l'Internet lentissime et hautement gifisé avec ce crissement si doux et si chiant parce qu'il réveillait les parents le dimanche matin quand vous tentiez de vous connecter en loucedé - est la première à avoir connu une réelle révolution sociale depuis que l'Humanité a quitté l'Afrique en bandes pour voir ailleurs si elle n'y était pas.
Allez, on va dire la seconde révolution sociale depuis qu'il s'est regroupé en groupuscules formant des entités nommées plus tard villages. Je tiens compte des diverses autres qui ont segmentées l'Histoire mais j'estime ces deux-là vraiment au-dessus de toutes.
Cette révolution c'est Internet, et tous les dérivés directs dont il demeure la base via ses périphériques, moyens d'accès et protocoles divers.
Jusqu'au milieu des 90, l'Humanité était depuis des millénaires sociale et en bande, en groupes.
Aujourd'hui ce que je définis comme un des nouveaux besoins fondamentaux de l'Homme, à savoir l'information et ce qui en découle, est instantanément accessible ; de même que tout le monde l'est.
Vous savez par matraquages que nous sommes dans l'ère du mass-media et de la surconsommation, où il faut tout et tout de suite. L'information est le savoir mais surtout le pouvoir depuis toujours, et aucune information n'est plus désormais réellement inaccessible, tout comme désormais les distances sont abolies. Évidemment, il faudra toujours (longtemps, disons) se déplacer physiquement pour diverses raisons, mais la surcouche à notre univers réel qu'est le virtuel (encore qu'à ses balbutiements), notre future infosphère telle que l'a décrite Dan Simmons dans le magistral Hyperion, permet d'ores et déjà et chaque jour davantage de satisfaire (si tant est qu'on le désire) un maximum de nos besoins quotidiens. Que ça soit l'information pure comme des choses plus terre à terre du quotidien.
Bref, oui, les distances sont abolies. Et si vous ne l'avez pas vu, visionnez Los Angeles 2013 qui rend extrêmement bien avant l'heure cette impression.
On a donc passé le stade de l'Homo Sapiens Sapiens pour celui de l'Homo Internetus.
Car c'est réellement un stade, un bouleversement. Je ne sais pas pour vous, mais moi j'étais en colo annuelle - dans le Jura - de mes 10 à 15 ans. Et ça me faisait monumentalement chier au départ, asocial oblige. Il fallait faire connaissance avec de nouveaux petits camarades, déballer son petit linge à nos armes soigneusement cousues par môman , et se plier avec entrain aux activités, essentiellement en plein air. On faisait des trucs de ouf avec trois fois rien (une espèce de "fronde" avec une serviette en tissu carrée empli de pommes de pin j'crois, qu'on refermait aux extrémités avec une ficelle, faites tournoyer et lâchez, et ça partait suuuuuuuuuper loin). On voulait écrire à nos parents ? Il fallait pour cela avoir amené le papier à lettres, notifié sur la liste de départ. Appeler nos parents ? Uniquement le samedi matin, tout le monde.
Pas d'ordinateur.
Pas de consoles portables.
Pas de téléphones portables.
Pas d'Internet.
Pas de télé, d'ailleurs.
La famille était très loin, à des centaines de kilomètres de là, et nous étions seuls au monde avec des étrangers.
Aujourd'hui, tout a changé. Désormais la plupart des colos déclinent toute responsabilité en cas de vol de console, les portables sont confisqués et les parents priés de ne pas appeler à tort et à travers. Et un centre qui n'a pas de PC avec connexion à Internet est voué à connaitre une révolution digne de la Guerre des Boutons.
Avant, en recherche universitaire, il fallait se coltiner des tiroirs à rallonge dignes d'SOS Fantômes pour trouver les références d'auteur, d'articles, de titres. Aujourd'hui tout est informatisé, voire disponible sur Internet sans bouger de chez soi.
L'Humanité n'a jamais été aussi vorace d'informations, de disponibilité immédiate, de consommation, bref d'immédiateté. Mais paradoxalement l'Humanité n'a jamais été aussi seule. A force de croire contempler le monde à travers nos écrans, on ne fait que se contempler nous-mêmes, illusion sur un reflet. Nos parents n'ont souvent eu du Savoir que l'horizon de l'Encyclopédie Universalis, nous avons le monde entier. Et pourtant ?
Sommes-nous plus intelligents, plus informés, plus renseignés, plus habiles, plus proches que nos parents et toutes les générations qui nous ont précédé, conduisant à cet instant ?
Et quel sera l'avenir à cette vitesse, dans quelles directions, à quels prix, à quelles nouvelles pertes mais pour quels nouveaux gains ?
Personnellement quand je repense à mon enfance/adolescence, ce n'est pas vraiment "c'était mieux avant" ; mais ça me donne le vertige de penser, réaliser que je fais partie des derniers à avoir connu un tel mode de vie.
Voilà, un topic sans réponses précises à apporter, juste vos réflexions, vos pistes, vos idées, vos inspirations, vos aspirations.