Jusqu'à présent, le travail d'Arturo Pérez-Reverte en tant que romancier ne m'a pas emballé. Je me suis autant ennuyé durant les aventures soi-disant épiques du Capitaine Alatriste que devant les mystères du tableau du maître flamand. Mais c'est un avis qui n'est pas unanimement partagé, loin de là, comme j'ai pu le constater lors de la discussion animée qui a eu lieu ici même. C'est d'ailleurs suite à cette dernière que j'ai décidé de me donner une dernière chance d'apprécier l'hidalgo.
"La reine du sud" est construit sur une alternance. Le narrateur est un écrivain-journaliste qui projette un livre sur la mexicaine Teresa Mendoza, un personnage sulfureux soupçonné d'être une baronne de la drogue. Le lecteur est alors tantôt entraîné à ses côtés lors de ses rencontres et interviews des personnages ayant cotoyé Teresa, tantôt amené à lire le récit de sa vie, qu'on suppose être le manuscrit du narrateur.
Ainsi, par un jeu de balancier entre passé et présent, qui quelquefois se complètent ou au contraire se contredisent, l'auteur détaille le parcours de Teresa Mendoza, de ses débuts misérables au Mexique jusqu'à son ascension vertigineuse dans l'organisation du trafic de drogues en Méditerranée. Ce n'est pas "Scarface", bien que l'on craigne rapidement que cela puisse finir aussi mal. Plutôt qu'un thriller nerveux, Arturo Pérez-Reverte a voulu un récit réaliste, pseudo-biographique. Et cela marche plutôt pas mal : bien que le suspense soit quasi-absent, Teresa est une héroïne attachante dont l'instinct désespéré de survie fait oublier les quelques facilités qui émaillent l'intrigue.
Finalement, ce qui m'a le plus surpris dans cette lecture agréable, idéale pour un week-end pluvieux, c'est d'apprécier le style très fluide de l'auteur, alors que j'avais été si exaspéré précédemment par sa lourdeur. Il y a une raison toute simple à cela : contrairement aux autres romans de Pérez-Reverte, "La reine du sud" a été traduit par l'écrivain et éditeur François Maspero. La différence dans le confort de lecture est tout simplement spectaculaire.
Un roman policier d'Arturo Pérez-Reverte, chez Points Poche, 522 pages parues en 2002, environ 8 euros.
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