En ces temps de morosité boursière et de dévalorisation immobilière, à moins que ce ne soit l'inverse, nous nous devons d'être fiers, fiers d'être français, fiers de dominer le monde occidental par la fulgurance de nos idées. Car oui, mes chers compatrifiotes, pardon, compatriotes, nous sommes comme au temps béni de nos ancêtres, une force politique qui compte. Nous sommes un grand monsieur, si j'ose dire. En France, on n'a pas de pétrole d'argent, mais on a des idées.
Comment ? Vous vous croyez au tribunal et vous invoquez de toute la force de vos âmes chagrines le principe du contradictoire, de la charge de la preuve et du procès équitable pour m'obliger à vous fournir des preuves de ce que j'avance ? Fort bien.
"Prends ça", me permets-je de hurler, Phoenix Wright style, en jetant à votre visage ébloui par tant de prestance (la mienne, hein) cet article du Wall Street Journal du 19 décembre 2008, dans lequel on nous informe que la RIAA, cette association des grandes majors américaines, a décidé littéralement de changer de paradigme en attaquant le problème du piratage par le biais des FAI.
Et l'article d'expliquer comment la RIAA a conclu des accords avec les plus grands FAI américains pour mettre en place un système qui apparaît être un copier-coller des meilleurs moments d'Hadopi: mail envoyé à l'internaute qui downloade des oeuvres de l'esprit protégées par le droit d'auteur pour lui dire d'arrêter, nouveau mail s'il persévère, puis ralentissement de sa connexion et enfin, coupure.
Non vraiment, nous pouvons être fiers, notre système Hadopi fait des émules, et si la RIAA fait sa timide, en n'osant pas citer la France comme initiatrice de l'idée, elle la reprend intégralement.
Remarquons toutefois que les Américains n'ont pas tout compris à nos idées, les rigolos : d'une, ils mettent en place un système Hadopi sans passer par une loi, mais par des accords entre la RIAA (qui n'est qu'une association, et pas un organisme public) et les FAI. Du coup, ils font l'impasse sur les rigolades parlementaires que nous vivons au quotidien, c'est ballot.
De deux, en échange d'un système Hadopi, la RIAA cesse d'attaquer les pirates, alors que chez nous, ça se cumule, comme vous le savez, et le pirate peut faire l'objet d'une coupure (ou d'un ralentissement) et risquer amendes et prison. Du coup, ils perdent la double peine, c'est bête comme chou.
Quels petits joueurs ces Ricains quand même... On a encore deux-trois trucs à leur montrer.
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