La vie d'avocat joueur de jeux vidéos est difficile. Mes 2 passions sont assez étanches entre elles, mais parfois, elles se rencontrent et c'est l'accident.
Tenez, par exemple, je me suis souvent demandé, lors d'une partie de Diablo II, s'il n'était pas contraire à quelques traités de protection des espèces en voie de disparition d'occire à la chaîne des Fetish Shaman ou des Baboon Demon. Dans le secret de mon intimité, j'avoue avoir parfois souhaité devoir vraiment répondre de mes actes d'assassin et de voleur lors d'une partie d'Oblivion ou de Fables. Certaines nuits sans lune, je me réveille en sueur, me demandant pourquoi les Space Marines n'ont-ils pas de droit à la retraite ou hurlant dans l'obscurité pour chasser ces visages de Nord-Coréens tués par centaines, alors que bon, ce sont certes des ennemis, mais bon sang, ils ont des droits aussi. Et j'avoue m'interroger avec angoisse sur la sortie prochaine de C&C Red Alert 3: il y aura-t-il des civils innocents qui seront massacrés au mépris du droit humanitaire le plus élémentaire ?
Et bien, je ne suis plus seul face à ces légitimes angoisses. À l’occasion de la Semaine du désarmement (du 24 au 30 octobre 2008), pro juventute (fondation qui a pour but de protéger les enfants et les jeunes contre les scènes de violence virtuelle inadaptées à leur âge en limitant leur libre accès aux médias de divertissement) et TRIAL, (association suisse contre l’impunité des responsables, des complices ou des instigateurs de génocide, de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de torture), se penchent sur le respect du droit humanitaire international dans les jeux informatiques et jeux vidéo de guerre.
Ils constatent que "Nombre de logiciels de loisirs incitent leurs utilisateurs à faire preuve de violence virtuelle. Pourtant, ces logiciels doivent eux aussi respecter certaines règles éthiques. Les jeux de guerre, par exemple, devraient suivre les mêmes normes et valeurs que les vrais conflits armés – soit celles fixées par le droit humanitaire international. Ce dernier condamne les actes de violence inadmissibles et protège la dignité des groupes de personnes particulièrement menacés."
pro juventute et TRIAL désirent par conséquent "vérifier les informations selon lesquelles des jeux de guerre virtuels reproduisant des situations proches du réel comportent des scènes qui poussent les joueurs à enfreindre le droit humanitaire international (par ex. exécution de civils ou de prisonniers de guerre en toute impunité). Les deux organisations s’emploient par conséquent à examiner des jeux de guerre au regard de leur compatibilité avec les dispositions universellement reconnues du droit de la guerre. Ce projet entend inciter les joueurs et fabricants à ne pas soustraire leur comportement virtuel aux règles juridiques valables dans le monde réel".
Mais ce n'est pas tout. Les 2 organisations ont mis en oeuvre un projet primé. Les jeux sélectionnés sont évalués par des spécialistes du droit humanitaire international, sous supervision scientifique de Marco Sassòli, professeur de droit international public à l’Université de Genève et président de l’Académie de droit international humanitaire et de droits humains.
"Tous les jeux sont soumis à des règles, de même que les guerres" déclare M. Sassòli. "Si l’on s’amuse à des jeux de guerre virtuels, la moindre des choses est de respecter le droit de la guerre comme règle du jeu. Le président des États-Unis George Bush lui-même s’est fait rappeler à l’ordre par la Cour suprême américaine, qui lui a fait savoir que la guerre contre le terrorisme connaissait elle aussi des règles. Nos amateurs de logiciels de loisirs doivent l’apprendre lors de leurs jeux virtuels si nous ne voulons pas développer une culture de non-droit."
Bon, ben j'ai plus qu'à mettre en oeuvre mon idée de mod Phoenix Wright pour GTA IV.
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