Tandis que je prenais le métro tout en réfléchissant aux prochaines pilules rouges que je pourrais vous faire avaler (et donc, à quel grand procès je pourrais m'attaquer pour vous le disséquer), mon oeil, pourtant entraîné à esquiver les 232 affiches publicitaires/seconde qui me donnent parfois le sentiment que je suis un figurant de Brazil, est tombé sur des publicités qui se voulaient rigolotes concernant le site internet de petites annonces automobiles 321auto.com.
Bon, honnêtement, pas de quoi se fêler une cote, mais on peut sourire en lisant des messages du type "j'astique la mienne tous les matins" ou encore "celle de mon mari ne tombe jamais en panne, c'est agréable". J'ai de toutes les façons toujours considéré que la voiture était un substitut phallique (alors que le métro, bien que long et annelé, pas du tout).
Bon, je reconnais que l'intro est commaque, mais tenez bon, j'en arrive au fait. Et bien, croyez-moi si vous voulez, mais je me disais justement, tiens, c'est bizarre, c'est le genre de message qui pourrait être considéré comme contrevenant aux dispositions de l'article R 624-2 du Code pénal qui prohibe "Le fait de diffuser sur la voie publique ou dans des lieux publics des messages contraires à la décence"
Et qu'est-ce que j'apprends ? Que l'ARPP (qui est l'organisme chargé de vérifier les publicités) a recalé d'autres messages que 321auto.com comptait diffuser au motif suivant: « les accroches du registre très privé des "blagues douteuses", échangées entre certains pré-adolescents ou quelques adultes avertis, sont de nature à choquer la pudeur du public qui y serait involontairement exposé et, à notre sens, portent atteinte à la dignité humaine »
Pour info, porter atteinte à la dignité humaine est bien plus fort que porter atteinte à la décence, qui n'implique qu'une contravention. Le respect de la dignité humaine est un principe européen, constitutionnel (Décision du 27 juillet 1994), législatif, notamment l'article 16 du Code civil qui " interdit toute atteinte à la dignité de [la personne]" et 227-24 du Code pénal qui prohibe le fait de diffuser "un message à caractère violent ou pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine [...] lorsque ce message est susceptible d'être vu ou perçu par un mineur."
Je pense que l'ARPP y va un peu fort. Caractériser ces messages d'indécents aurait suffi pour les interdire, pas besoin d'invoquer une violation de la dignité humaine.
Quels sont donc les messages recalés ? "Mon mari en a une trop grosse pour ce que l'on en fait" et "J'en ai une petite mais ma femme l'adore".
On a sans doute la publicité que l'on mérite...
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