Bon je prends quelques minutes pour te répondre: Voilà ce que je peux te dire de très général: Il y a une jurisprudence constante qui juge que La décision unilatérale de l'employeur de mettre fin définitivement au contrat de travail avant tout commencement d'exécution de celui-ci s'analyse en un licenciement sans cause réelle et sérieuse dès lors qu'il n'est invoqué aucun motif légitime de rupture. Et l'employeur n'est pas fondée à se prévaloir d'une rupture en période d'essai dès lors que le contrat de travail n'avait pas commencé à être exécuté à la date à laquelle il a été rompu et qu'il n'avait donc pu apprécier les capacités professionnelles de l'intéressé. Le licenciement est illégitime et irrégulier.
Car la période d'essai n'existe que pour permettre à l'employeur de tester les capacités du salarié. Si ce dernier n'a aucun travail à accomplir....
Sinon, ton cas est un peu particulier par rapport aux jurisprudences que je citais, dans la mesure où, dans ces dernières, la rupture a lieu avant la date d'effectivité du contrat. Par exemple, tu signes un contrat le 30 mars qui prévoit que tu entreras en fonction le 15 avril et l'employeur indique qu'il rompt le contrat le 6 avril. Ce n'est pas ton cas, me semble-t-il. Toi tu as signé un contrat et la date d'effectivité de ce dernier était bien arrivée, tu aurais dû entrer en fonction mais rien ne s'est passé. J'ai un arrêt de la Cour d'appel de DIJON de 2005 qui ressemble à ton cas, et qui juge la même chose: la rupture de l'employeur est fautive dans la mesure où la période d'essai n'a pas démarré puisqu'aucune tâche donnée concrètement au salarié.
Sinon, même à considérer que dans ton cas la période d'essai a démarré, on a aussi la notion de "légèreté blâmable de l'employeur", lorsque ce dernier rompt abusivement ladite période d'essai.
Cette légèreté blâmable a été retenue à l'égard de l'employeur qui rompt la période d'essai sans avoir placé le salarié en conditions d'exécuter la prestation contractuellement prévue. C'est apparemment ton cas.
La brièveté de la période d'essai constitue parfois aussi un abus car elle ne permet pas au salarié de démontrer son aptitude à l'emploi. Ex: l'employeur qui met fin à un contrat 4 jours après le début de la période d'essai qui était de 3 mois. Toi, c'est pire, il y aurait rupture de la période d'essai alors que tu n'as pas travaillé du tout.
Tu vois que dans les deux cas, que l'on considère une légèreté blâmable dans la rupture de la période d'essai ou carrément que la période d'essai n'a en fait pas commencé, la rupture est abusive et te donne droit à des dommages et intérêts.
Maintenant, j'attire ton attention sur le point suivant: ce que je te dis est assez général, pour te donner un avis vraiment pertinent, il faudrait étudier toutes les pièces de ton dossier (le contrat, la mission qui t'était confiée, ce qui s'est dit au sujet de l'annulation de cette mission, la façon précise dont l'employeur s'y est pris pour te notifier la rupture, les raisons qu'il invoque s'il y en a, ta convention collective etc...).
Donc, à vue de pif, tu peux imaginer avoir droit à des dommages et intérêts, mais ne crie pas victoire, il faut une analyse poussée de ton cas précis avant de vraiment se prononcer.
Mon conseil du jour: va voir un avocat avec ton dossier et étudie avec lui si une action judiciaire est possible. En tous les cas, tu apparais fondé à aller avoir un avocat avec ce genre de problématique, ça ne sera pas une démarche idiote. Ça te coûtera un peu d'argent, mais ça pourra t'en rapporter aussi.
Bon courage!