Le contexte : c’est devenu une habitude pour moi de faire ce semi, améliorant petit à petit mon chrono. A ma dernière participation il y a 2 ans j’avais fait un peu moins de 1h 20 30s, record à battre.
Ça fait longtemps que j’espère un jour passer la barre des 1h20, mais j’arrive à un âge où ça va commencer à être franchement difficile de continuer de progresser, ainsi je pars (à tort ou à raison) avec l’idée que cette édition 2023 sera ma dernière chance d’y arriver, car ensuite il sera trop tard.
Ainsi un mois ½ avant le jour J je passe sur le site pour m’inscrire et là :bruit de dérapage : je lis « complet »… Heureusement ca ne prendra qu’une poignée de jours avant que je n’arrive à trouver un dossard à racheter (dans le bon sas), mais je ne ferai pas la course sous mon nom (pas très grave).
J’ai mis toute
la prépa sur Strava. Comme il y a 2 ans, je fais 5 séances hebdo dont 3 avec des blocs de vitesse. Mais peut-être avec un peu plus de volume qu’en 2021. Et une meilleurs gestion des allures (l’EF cette fois est faite vraiment planplan, et le jus économisé sert à aller quelques s/km plus vite lors des blocs sur la piste). Autre différence avec la prépa 2021, je fais beaucoup plus de renfo.
Autrement comme je l’avais déjà dit, la prépa a été un vrai plaisir. On est 4 de mon club du même niveau à préparer ce semi, on a fait tous les entrainement ensembles (parfois sous un temps pourri), à se relayer pour mener l’allure, clairement ça soude.
Par contre, bien que j’arrive (à l’exception d’une séance) à tenir les allures lors des séances, au fur et à mesure de la prépa je deviens assez pessimiste sur mes chances de réussir à tenir 3’47 pendant 21 km, ça me parait au-delà de mes forces (et j’en parle à quelques occasions sur le forum).
Le jour de la course. C’est top, alors que l’on a subi un temps souvent exécrable durant la prépa, ce jour-là il fait beau même si super froid. Etant frileux, j’opte pour un t-shirt en plus de l’inévitable marcel aux couleurs du club. C’est peut-être un peu trop de vêtements, mais j’ai trop peur d’avoir froid avant le départ.
J’arrive très en avance, mais j’attends les copains au Mac do où je peux profiter du chauffage et des toilettes (c’est l’instant WC du CR de course, il y en a toujours un …), donc pas de problème.
30 min avant le départ on se met en tenue et on s’échauffe ensemble. Même sans trop faire d’effort je me rends compte qu’il ne fait pas si froid (il faut dire aussi que j’ai pimpé ma tenu d’un sac poubelle), alors sur un coup de tête et juste avant de rentrer dans le sas je décide de me débarrasser du t-shirt : je ferai la course juste en débardeur (et ça a été finalement une excellente décision, j’aurai vraiment été gêné avec plus sur le dos).
On rentre tous les 4 dans le sas sub 1h25, mais on s’y est pris comme des manches et on est dans le fond, ce qui n’est pas idéal comme on va le voir.
Pouet. C’est le départ, et forcément les premiers kilomètres nous avons un peu de mal à dérouler car il y a sans cesse des gens à doubler dans une masse de coureur assez dense. Résultat le premier kilo est 10s trop lent par rapport à l’allure cible (1h20 pour rappel), et les suivants le sont également. Moi je ne réfléchis pas trop à mon allure, je vise seulement de coller les copains aussi longtemps que possible (je m’attends à craquer et devoir les laisser filer à un moment, sur ces premiers kilo les sensations ne sont pas folles et mon pessimisme s’est accentué).
Au 7e kilomètre on passe pile au temps visé, par contre je ne sais pas les 3 autres mais moi je me sens franchement pas à l’aise (à postériori, j’imagine qu’on a dû envoyer sec pour rattraper les secondes perdues sur les premiers kilo) et plus que jamais je m’attends à faire un bide ce dimanche.
Par contre on est maintenant dans le bois de Boulogne, sur des routes bien larges, on a toute la liberté de dérouler. On arrive bientôt sur un virage en épingle et là … c’est un peu le tournant de la course.
Depuis quelques minutes les sensations sont devenues assez bonnes, j’ai pris la tête du petit groupe et je lâche même quelques encouragements. Vers le 11e il y en a un d'entre nous qui place une petite accélération et je m’accroche à lui pendant que les 2 autres restent sur leur rythme.
Je regarde mes temps de passage (j’ai préparé un papier avec les temps cibles tous les 2 km) et je vois que non seulement je suis sur la bonne allure, mais j’ai même commencé à prendre un peu d’avance sur l’objectif. Et les sensations restent bonnes alors que pourtant je creuse l’écart !
Passé le 15é km je réalise que ça va être compliqué … de rater l’objectif (!) et là je suis sur un nuage. Dans ma tête je suis passé de la 5é symphonie à YMCA !
Au 17é je suis tout seul, mon pote m’a finalement déposé, mais je suis toujours sur une très bonne allure. Tellement que, au vu du chrono il y a changement d’objectif, je peux peut-être aller chercher les 1h19 30. Cela va être dur, car je commence à avoir les jambes qui râlent, mais je me dis qu’il n’y plus qu’à tenir jusqu’au 20é et qu’ensuite l’euphorie de l’arrivée fera le reste …
Arrive le dernier kilomètre et j’essaie d’accélérer pour aller chercher ce chrono, mais je n’y arrive pas vraiment car j’ai déjà tout donné, tous les voyants sont dans le rouge et je sens que craquage est imminent. Je vois l’arrivée à quelques centaines de mètres et je sers les temps pour tenir … et ça passe en 1h19 et 19s (du coup c’est cool) !
Et c’est là franchement que ça devient dingue, tout de suite une nuée de fans se ruent sur moi, me soulèvent pour m’emmener au podium, où après avoir juste le temps de glisser quelques premiers mots aux journalistes, on me donne ma coupe au son de la Marseillaise, couverte juste à ce moment là par le passage de la patrouille de France.
… nan en vrai je passe la ligne avec une masse d’autres couillons comme moi, je suis perdu dans le classement après la 500é place, à une année lumière des bons coureurs, mais malgré tout je suis quand-même content de la course