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Slay the princess.
Je l'ai terminé une fois (enfin, 2 si on compte "la bonne fin", ceux qui savent savent), mais j'écris ici parce que je ne considère pas avoir fini le jeu en ayant complété une seule boucle complète de narration, l'intérêt étant aussi de recommencer une fois qu'on a pigé comment ça marche et de voir à quelles autres fins on peut aboutir ensuite.
C'est un jeu narratif très intéressant, où on enchaîne des choix des dialogues/décisions illustrés par des dessins en noir et blanc joliment stylés, le tout dans une ambiance fantastique-horreur réussie.
J'aime bien ce jeu parce que l'histoire est bien narrée, il y a beaucoup de procédés qui relancent l'intérêt comme les différentes voix, le jeu avec le 4e mur, la structure narrative globale qui se révèle au fur et à mesure... Il y a beaucoup, BEAUCOUP de choix de dialogue ou de prises de décision, et le jeu semble s'y adapter constamment. C'est assez impressionnant de ce côté. Slay the princess a ce côté fascinant que je retrouve dans peu de jeux: je ne sais pas quelle en est la limite. J'ai vraiment l'impression d'avoir un narrateur qui s'adapte à tous mes choix (rien à voir avec les jeux Telltales par exemple, où l'illusion tombe assez rapidement). Curieusement, ça me rappelle l'effet que m'avait fait (attention, comparaison improbable à venir) Baldur's Gate 1: à l'époque, faute de connaître les CRPG à l'époque et de "savoir comment y jouer", j'avais abordé le jeu de façon très naïve et roleplay (ce qui était la meilleure façon en fait!), sans chercher à prendre du recul, à comprendre ce que le jeu attend de moi, sans jouer de façon mécanique et systémique (j'arrive dans une zone = je la fouille au complet pour grinder et pas manquer de quête ou d'objet). Sans conscience donc que je "joue à un jeu". Ça m'avait fait découvrir des nouveaux pans du jeu entiers différents en plusieurs parties (zones non explorées, découverte de la Guilde des Voleurs à ma 2e partie, nombreux personnages et quêtes...), ce qui m'avait laissé bouche bée devant tant de richesse. C'est ce qui fait que BG1 reste le jeu qui m'a le plus marqué, et mon jeu préféré aujourd'hui encore. Tout ça pour dire que sur un plan purement narratif, Slay the Princess m'a fait un peu cet effet-là aussi, pendant une bonne moitié de ma partie au moins. Je ne comprenais pas comment le jeu était construit, comment le jeu parvenait à prendre en compte tous mes choix pour me ressortir une suite appropriée à l'histoire, alors je me suis laissé bercer. Cette sorte d'abandon dans un jeu qu'on ne cherche pas à maîtriser, dont on se contente de profiter, c'est très agréable. Surtout quand on est un vieux gamer et qu'on en a vu d'autres.
Mais je n'en ai pas encore un avis définitif sur Slay the Princess parce que je ne suis pas encore sûr de ce qu'il veut me dire. C'est l'inconvénient d'un jeu narratif où l'histoire est cryptique. J'ai passé du temps dans ma première partie dans le brouillard, à tenter de démêler l'intrigue, les personnages, tenter de comprendre ce qui est en train de se passer. Et je ne suis toujours pas sûr d'avoir bien saisi. C'est aussi pour ça que je veux refaire une partie. Ma crainte, que je vois un peu poindre dans ce que j'ai vu, c'est qu'au final l'histoire du jeu soit totalement hors-sol. Que ce soit juste une histoire pour une histoire quoi, qu'il n'y ait rien à en tirer, que je n'en garde rien d'autre au final que le fait d'avoir été diverti. J'espère que non. J'espère que cette histoire parle de la nature humaine plutôt que de l'art de raconter une bonne histoire (je déteste l'art qui parle de l'art, les films qui parlent de cinéma, les chansons qui parlent d'un chanteur qui aime chanter, etc). Je ne suis pas sûr d'avoir compris.
Je suppose quand même que le jeu est une réussite vu que ça me pousse quand même à y retourner.