Eh oui, le 12 août 1981, IBM commercialisait le Personal Computer ! Une machine de bureautique pure et dure, puissante mais incapable de sortir le moindre graphisme et le moindre son élaboré, et très chère...
Comment ce vilain petit canard de l'informatique personnelle est-il devenu la master race ? Essentiellement des concours de circonstance :
- Enorme évolutivité, inspirée de l'Apple II. Y'a pas de graphisme ? On sort des cartes d'extension Hercules, CGA, EGA, VGA ! Y'a pas de son ? Les cartes Adlib en 1987 et Sound Blaster en 1989 (sorties en France très tard, fin 1990), amènent la machine au niveau des meilleurs ordi multimédia... Le tout porté par une puissance processeur toujours croissante, les modèles d'IBM XT et AT (286, 1984) étant surpassés par le 386 (1986), le 486 (1989)...
- Puissance commerciale inouïe de Big Blue qui fait de sa machine un standard dans les entreprises en très peu de temps, puis, par capillarité, dans les administrations, les labos, les universités, les écoles... avant les foyers... Dès 1986, le PC est de loin la machine dominante aux USA, en 1988 elle accapare les deux tiers du marché, laissant le reste à l'Apple II GS et au vieux C64. La guéguerre Atari-Amiga est purement européenne voire française ; ils n'ont pas existé là où ça se jouait vraiment.
- Le BIOS du PC ne devait pas pouvoir être répliqué, mais il sera quand même cloné malgré la volonté d'IBM, donnant naissance aux compatibles (c'est-à-dire le PC que vous et moi utilisons aujourd'hui ) ; l'énorme marché du PC pouvait ainsi être pénétré par une myriade de constructeurs qui enclenchèrent un cycle infernal de composants de plus en plus puissants pour de moins en moins cher, cycle qui dure encore aujourd'hui ! (moins 2021)
- Enfin, le PC n'avait pas d'OS exclusif et laissait le choix, suite à un imbroglio juridique, permettant à Microsoft de vendre son MSDOS non seulement aux IBM mais aussi aux compatibles !
Dès 1991, la messe est terminée : le PC enterrera vivant l'Atari et l'Amiga et laissera les Apple dans leurs marges banlieusardes.
Et pour le jeu ? Eh bien le tout premier jeu PC, qui fête donc lui aussi ses 40 ans, était le fameux DONKEY.BAS, un runner intégré au BASIC de MSDOS et programmé par... Saint Billou lui-même.
Etant bien incapable d'afficher un scrolling, le PC va vite se spécialiser dans les genres qui le définissent encore aujourd'hui et qui correspondent à ses caractéristiques techniques : le RPG, le jeu d'aventure, la stratégie, genre adaptés à sa puissance de calcul brute, peu demandeurs en effets graphiques et sonores et convenant aux loisirs des grandes personnes qui se détendent entre deux gestions de bases de données. Les premiers jeux PC mentionnés dans Tilt, en 1984, sont d'ailleurs des wargames et des simulations primitives.
B-1 Nuclear Bomber, premier jeu testé en version PC dans Tilt (sorti en 1978, il était déjà vieillot)
En France, le grand public fera la connaissance du PC en 1986 grâce au triomphe commercial de l'Amstrad 1512 (qui fut aussi mon premier ordi). Ce clone "bon marché" et assez fermé fait pourtant triste figure avec son CGA vite dépassé. Il était bien adapté pour la compta de l'entreprise familiale ou pour bosser un projet étudiant...
Mais en devenant peu à peu incontournable, le PC va apprivoiser petit à petit les applications multimédia qui lui résistent et se transformer en vraie machine de jeu, en posant des jalons. Commander Keen en shareware démontre les possibilités de scrolling et surtout, Wing Commander, fin 1990, est le premier vrai blockbuster d'action de la machine, impressionnant tout le monde (le portage Amiga fait d'ailleurs pâle figure).
Mach 3 de Loriciel, un des premiers jeux d'arcade valables sur PC, dans la splendeur de son célèbre CGA cyan et magenta
Silpheed, adapté des micros japonais, démontre la supériorité du PC dans le calcul 3D et la qualité du fort onéreux expandeur Roland MT-32
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