Malgré la présence d'Half-Life 2 et son importance pour la suite du jeu vidéo sur PC, je suis obligé d'offrir mon vote du cœur à Metal Gear Solid 3.
Avec le temps et la glissade inévitable de la série vers l'épisode de trop, MGS3 est devenu la dernière relique d'une époque lointaine, quand Metal Gear n'était pas considérée comme la série Has Been la plus connue du jeu vidéo mais comme ce que notre SuperBunnyhop international décrivait comme une œuvre alternative intense, innovante et étrange. Mais plus encore, MGS3 en 2004 c'était à tous points de vue un coup de massue pour mettre tout le monde d'accord : un coup de massue final de Konami après une série ininterrompue de classiques instantanés sur la console la plus vendue au monde mais aussi le couronnement d'un créateur et de sa série alors qu'elle semblait se conclure sur une note parfaite.
Le gameplay minutieux mais presque arcade de MGS2 ne pouvait pas survivre aux nouvelles ambitions : à la place d'une grande structure métallique séparée en petits niveaux on se retrouve avec une jungle dense, toujours séparée en zones rendues séparément, mais elles sont beaucoup plus grandes et détaillées. Donc on passe de 60 à 30 FPS et le jeu calme son rythme, désormais plus proche des Thief et Splinter Cell qui ont influencé son attention renouvelée à l'importance du son et de la visibilité. Ce qu'on obtient en contrepartie c'est une pléthore interminable de systèmes de jeu obsessivement détaillés, une grande profondeur de jeu et un niveau d'interactivité si élevé qu'il en est parfois ridicule. Vous voulez y jouer comme un techno-thriller survivaliste tout ce qu'il y a de plus sérieux, avec une difficulté simulationniste ? C'est possible ! Vous voulez y jouer comme une parodie dont vous orchestrerez chaque ressort comique ? La précision du gameplay le permettra à force de persévérance, mais ce qui est plus probable c'est que vos premières parties alternent régulièrement entre le burlesque et la tension. Le système de déplacement et de caméra multiples est d'une complexité intimidante et parfois consternante, mais il est entièrement au service de possibilités de gameplay à n'en plus finir.
L'histoire pourrait ne pas exister que ce gameplay d'une générosité sans fond en ferait quand même un jeu riche en émotions. On s'implique dans chaque mouvement, on rit devant le comique de situation que nos erreurs et l'interaction entre tous les systèmes minutieux permettent. On pleure des larmes de sang lorsque nos erreurs sont durement punies et on sent l'adrénaline lorsqu'on s'en sort malgré tout ! Mais il y a bien une histoire, et plutôt que d'écrire des mots pour tenter de résumer l'expérience hallucinante qui se cache derrière ce gameplay en or, je vais maintenant me contenter de cette vidéo :
De manière générale ce cru 2004 a été comme 2007 une année monumentale pour le jeu vidéo, et maintenant que l'on est remonté à la première moitié des années 2000 ça ne va plus s'arrêter. Il n'y a aucune autre période rassemblant autant de jeux que je considère comme véritablement exceptionnels (et même sans l'aimer on peut difficilement retirer à World of Warcraft son importance pour la suite, par exemple) et qui font de cette génération de consoles ma préférée à ce jour.