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  1. #271
    Citation Envoyé par Ventilo Voir le message
    Racontée comme ça l'histoire de Zno c'est quand même une putain de coure contre le temps. C'est tellement à l'opposé de mon approche de la vie que j'en ferais des cauchemars si ça m'arrivait.
    Héhé, tout est dans le "racontée comme ça". Parce que j'ai décrit pas loin de 30 ans de tranche de vie, là. Et si effectivement j'aime en profiter, il m'arrive quand même souvent de me poser et prendre le temps pour les chose (cf la musique, que je pratique toujours, la lecture à raison de 20-30 BDs par mois, le jeu de société où j'arrive à me poser 2-3 soirs par semaine avec divers groupes et bien sur les enfants )


    Concernant le burn-out, c'est pas pour faire mon syndrome de Stockholm du patron, mais mon sentiment est qu'ils n'ont pas grand chose à voir dans mon cas.

    Quand ça a commencé à merder sur ce gros projet, il aurait fallu que j'aille les voir direct au lieu de me dire que je pouvais m'en sortir tout seul en faisant un peu plus d'heures. J'ai rien dit pendant 4 mois alors que le navire prenait l'eau de partout et que je courais à gauche à droite pour colmater les fuites.
    Je me souviens que j'étais en mode "je vais réussir, je vais leur montrer que je sais faire", une espèce de tentative de jouer au super héros que j'ai heureusement bien laissé tomber depuis. Si effectivement la hiérarchie aurait pu me suivre d'un peu plus près vu la taille du projet, ils ne m'ont jamais demandé de bosser autant ou de me tuer à la tâche, au contraire.

    A l'époque, après mon passage à l'hosto, je suis rentré chez moi et c'est 2 jours plus tard je suis allé faire le point au bureau avec mon arrêt maladie de 3 mois en main. Un big boss de la direction a fait 2h de train pour être présent. Je leur ai tendu le papier en disant que j'avais merdé sérieux, que j'avais planté le projet, perdu l'équivalent budget d'une année de salaire et qu'ils pouvaient donc me virer sans chichis, comme ça je pourrais perdre ma baraque et aller élever des chèvres dans les Ardennes.

    Ils m'ont répondu qu'il n'en étaient pas question, ont reconnu m'avoir pas assez accompagné, m'ont indiqué que la prochaine fois quand ça merde, il vaut mieux les prévenir dès le début.
    Ensuite, c'était du "allez, va te reposer 3 mois et te retaper un peu, on va voir comment on fait à ton retour"
    (C'est là que j'ai tout qui s'est un peu détendu dans mon corps, un soulagement assez intense qui m'a envoyé derechef aux chiottes vomir mon petit dej et le repas de la veille..)


    Responsabilité partagée, donc, mais plutôt à 80/20 en ma faveur je trouve.

    Par contre, je suis d'accord avec Daedaal sur le côté insidieux du truc, ça vient pas d'un coup, c'est très progressif, façon grenouille dans l'eau qui chauffe. Mon premier entretien avec le psy aux urgences était surréaliste :

    - vous avez des pertes de sommeil ?
    - euh, oui oui.
    - combien de fois par semaine ?
    - Oh, pas trop... 3 ou 4. Parfois le week-end.
    - Vous avez perdu du poids ?
    - Ah tiens oui, en effet. Environ 5kg.
    - Ça vous arrive souvent ?
    - Euh non, jamais depuis mes 18 ans.

    Bref, j'étais dans un déni complet et si quelqu'un m'avait parlé de burn-out à l'époque, je lui aurait probablement ri au nez.


    @Sabro : tu fais preuve d'une sacré résilience (je sais pas si c'est le mot exact pour exprimer ce que je veux dire), chapeau. J'ai l'impression peut-être faussée que la société se détend peu à peu avec le sujet, mais bon, ça dépend tellement des endroits, des milieux sociaux, etc...
    Chapeau en tout cas de partager tout ça ici (car sur un fofo plus ou moins anonyme, c'est facile de ne rien en dire)..

    @Lancelot :
    Citation Envoyé par Lancelot du lag Voir le message
    La solution serais peut-être de changer complétement de vie. Mais ce n'est pas possible.
    C'est ultra-bateau ce que je vais dire, mais : c'est toujours possible
    La Bibliothèque idéale de l'imaginaire, c'est bon pour les noeils et l'esprit.

  2. #272
    Citation Envoyé par znokiss Voir le message
    @Lancelot :

    C'est ultra-bateau ce que je vais dire, mais : c'est toujours possible
    Pas vraiment. Ma mère ne s'en sortira jamais sans mon aide. Elle n'a pas l'air de s'en rendre compte mais c'est ma grand-mère et moi qui supportons bien 70 à 80% des dépenses. Quand ma grand-mère ne sera plus là c'est moi qui vais devoir assumer tout.

    Et puis de toute façon même si c'était possible je n'en n'aurais pas le courage. Pas comme toi. J'en suis même admiratif.
    Citation Envoyé par Seymos Voir le message
    La tactique c'est comme un tabouret. Avec 2 pieds c'est pas stable.

  3. #273
    Citation Envoyé par znokiss Voir le message
    Par contre, je suis d'accord avec Daedaal sur le côté insidieux du truc, ça vient pas d'un coup, c'est très progressif, façon grenouille dans l'eau qui chauffe.
    Totalement, et c'est pour ça que beaucoup de gens (presque tous en fait) s'en rendent compte trop tard. Comme ça vient lentement, on ignore, on s'adapte, on se dit que ça ira mieux dans le pire des cas.
    Sauf que non. Et quand on craque, c'est trop tard.

  4. #274
    Bonjour,

    Je suis un canard qui fréquente le forum depuis longtemps, et j'ai eu la bénédiction de la modération pour créer un multi pour discuter sur ce topic. Je sais que c'est chiant que vous ne puissiez pas savoir quel canard je suis, mais je dois protéger ma vie privée (même si je ne doute pas que certain d'entre vous arrivent à faire le lien), j'espère que vous comprendrez en lisant le message.

    Voici donc mon histoire :

    Spoiler Alert!

    Les études jusqu'à la fin du collège se sont très bien passées. Je n'avais pas de super notes mais j'étais relativement populaire et avait une bonne bande de potes. On passe des nuits à jouer à des jeux de rôle en mangeant des chips et du coca. La vie était belle et simple.

    Arrivé au lycée, je découvre les joies du cannabis. Avec les potes de l'époque, on passe progressivement d'un pétard de temps en temps, à fumer à chaque soirée, puis à taper des douilles (je ne sais pas comment les jeuns d'aujourd'hui appellent ça, c'est un système de pipe à eau) en soirée, puis à longueur de journée. Cela me vaut le redoublement de ma seconde et terminale. Je suis en permanence défoncé, et bien entendu cela à des conséquences sur mon mental : je deviens paranoïaque dès que je fume.

    Cela s'accentue vers la seconde terminale, quand mes amis de l'époque veulent devenir des adultes, des hommes, des vrais. Ils deviennent agressifs avec moi car je suis toujours trop immature pour eux. C'est très dur à vivre car je pensais que c'était mes potes pour toujours, j'en connaissais certains depuis la primaire, et cela est aussi grandement amplifié par la paranoïa. Ils m'insultent, me trahissent, et à l'époque je ne comprends pas pourquoi on ne peut pas rester la bande d'ados qui jouent aux jdr et aux jeux vidéos.

    J'arrête le lycée au milieu de ma seconde terminal car je ne supporte plus les cours et les autres étudiants. J'essaie de passer le bac en candidat libre, mais bien sûr ça ne marche pas, et je fini avec une note de 5.
    Je fini par ne plus supporter mes amis et me coupe assez rapidement d'eux. Je n'ai jamais reçu de coup de fil ou de visite pour savoir comment j'allais, comme il faut s'y attendre de la part de jeunes drogués. Je n'ai pas eu beaucoup de nouvelles par la suite, mais ils sont presque tous passés aux drogues plus dures, acide, lsd, cocaïne, etc. Certains sont tombés dans l'héroïne, d'autres connaissances sont en prison.

    Bref, j'avais commencé à coder des sites web au collège, et après environ un an à ne rien faire, je trouve un job comme dev web à 20 ans. À savoir que j'ai arrêté de fumer à cette époque. Le patron est un connard fini, agressif et désagréable, mais je reste 4 ans dans cette boîte car je suppose que c'est partout comme ça. Je me sens complètement déconnecté des collègues.

    Finalement, je trouve un poste à Paris dans une startup agence digitale. Au début c'est le rêve, une boîte jeune, des gens relativement compétents, un baby foot dans la salle de repos… Très rapidement, j'enchaîne les journées de 10, 11 heures et travaille le week-end. Cela ajouté à l'ambiance "spéciale" de Paris fait que mon stress est très élevé. Les collègues et les gens dans la rue commencent à me faire des commentaires et à m'agresser verbalement (pas vraiment, on va y revenir).

    Mais un jour, suite à un débat, on m'a dit que je devrais passer un test de QI pour voir si j'étais surdoué. Je trouve une psy qui fait passer le WAIS, le passe, et résultat : surdoué ! Incroyable, j'ai une explication à pourquoi je me sens aussi différent ! (spoiler : non). C'est bien sûr un boost indéniable à l'ego, mais mon stress continue d'augmenter, de même que les agressions random.

    Je continue la thérapie TCC avec la psy qui m'a fait passer le test, et au bout d'un long moment, je lui parle de ces agressions. C'est aussi à ce moment que je tombe amoureux de la voisine au-dessus de mon appartement. Accrochez vous, parce que c'est là que ça devient croustillant : je ne l'ai jamais vu. On communique via des bruits et des chuchotements depuis nos appartement respectifs. Je suis obsédé par elle. Bien sûr rien de tout cela n'est réel, et le diagnostic de Schizophrénie sera posé par un psychiatre 6 mois plus tard.

    Voici la meilleure analogie que j'ai trouvé pour se représenter ce que c'est d'être psychotique : imaginez que vous soyez en train de marcher sur la route. D'un seul coup, une voiture arrive à toute vitesse et dévie de la route pour vous foncer dessus ! À cet instant, vous êtes hyper vigilants, prêt à réagir en une fraction de seconde, car votre vie en dépend. Être psychotique, c'est être dans cet état en permanence.

    Bref, les 2 années suivantes je commencerai et arrêterai plusieurs traitement antipsychotique, ferait une crise psychotique qui heureusement n'ira pas jusqu'au bout et donc pas en HP (c'était assez fantastique au passage, j'avais l'impression de tout comprendre et que rien ne m'echappais et que j'étais tout puissant, best feeling ever même si bien sûr c'était du délire). Honnêtement cette période de ma vie est floue, je sais que :
    - j'ai détruit mon appartement, tout cassé
    - j'étais toujours obsédé par la voisine, ce n'est que plusieurs années plus tard que j'ai compris que tout ça n'était que du délire
    - j'ai eu une période suicidaire
    - j'ai commencé à prendre du codoliprane pour me shooter à cette époque (1 à 2 boîtes par jour)
    - j'ai vécu plusieurs changements de personnalité assez important

    Mais j'ai continué de travailler pendant cette période et d'apprendre beaucoup sur le dev web. Pendant longtemps, personne en dehors de ma psy ne doutait de rien de tout ce qui m'arrivait, j'étais juste un gars un peu étrange. Au final j'ai eu une période où je n'arrivais plus à dormir et ils m'ont viré pour absences répétées.

    Je quitte Paris et me trouve un job en télétravail beaucoup plus tranquille qui dure deux ans. Je suis relativement stable à cette époque, et les choses commencent à s'améliorer grâce au travail de thérapie et aux antipsychotiques.
    On arrive en 2016 ou je retourne à Paris pour une mission. En ce moment je vais beaucoup mieux et la mission se passe bien. Je pars 6 mois à l'étranger pour un loisirs. Coupé du codoliprane, j'y découvre l'alcool. D'abord quelques verres au bar, puis plusieurs fois par semaine, puis je bois seul tous les soirs. Quand je reviens, je me retrouve au chômage et mon alcoolisme ne s'arrange pas. Au bout d'un moment, j'en suis à environ 20 bières fortes par jour, en commençant le matin. Je suis toujours suivi à cette époque et finit par faire une cure, qui n'aura qu'un effet temporaire : je recommence à boire quelques mois après, même si plus légèrement. Je prends 35kg pendant cette période.
    Je travaille en freelance pendant 2 ans jusqu'à ce que je décide de monter ma propre boîte début 2019. Le projet prend très bien, je trouve des associés et une communauté se forme. J'arrive maintenant à vivre du projet comme directeur de la société.

    En juillet 2020, coup de fil de ma psychiatre qui me dit que mes dernières analyses de sang ne sont pas bonnes : j'ai un début de diabète. Cela me met un gros coup, et j'arrête de boire quasiment immédiatement. J'arrête les antidépresseurs peu après, et il ne me reste plus que les antipsychotiques comme traitement (à vie, mais c'est une injection intramusculaire tous les 3 mois, donc pas lourd). Plus aucune addiction, plus de problèmes mentaux majeurs, je perds aussi 20kg en un an avec le régime sans sucre et sans alcool. Je mange mieux, dors mieux, médite, reprend le sport et les relations avec ma famille s'améliorent.

    Voilà où j'en suis, à 36 ans. Je n'ai jamais été aussi heureux que maintenant, et même si gérer une boîte est source de pas mal de stress, je préfère ce job à n'importe quel autre. Mais je sais que ma situation est extrêmement fragile.

    Il y a un truc pour lequel je me sens chanceux dans cette histoire : beaucoup de gens de mon age me disent qu'il leur reste tellement à faire, que le temps passe trop vite, mais ce n'est pas mon cas. J'ai déjà réussi ce que je voulais dans la vie : ne plus vivre dans cet enfer.

    Si vous avez des questions sur la schizophrénie ou les addictions, n'hésitez pas !

  5. #275
    Super témoignage RatonLaveur.
    J'ai le frère d'une amie qui est probablement dans une situation similaire. Mais plutôt dans le déni (de sa part et de la part de sa mère qui s'occupe en grande partie de lui, il a la quarantaine) et malgré des crises très probablement psychotiques (je ne pense pas que c'était de l'ordre de la décompensation dans une dépression aigüe), je ne suis pas sur qu'il y ait eu un vrai diagnostique de posé. En tout cas, il a une grande consommation de bière et un peu (ou beaucoup) de cannabis, pour contrôler ou calmer l'agitation avec laquelle il doit vivre en permanence (même, s'il est ultra calme en apparence).

    Comment tu en es venu à accepter cette maladie (ou "fonctionnement" en partie différent du cerveau), accepter de reconnaitre les délires en tant que tel ?

  6. #276
    Bravo pour avoir redressé la barre de manière aussi spectaculaire ! Je te souhaite de continuer sur cette trajectoire.

  7. #277
    J'ai 36 ans aussi, et à te lire j'ai l'impression que tu as vécu deux ou trois vies de plus que moi.
    Sacré courage. Cela n'a pas dû être facile à traverser (ni à déballer).
    Et c'est con à dire mais même en ignorant qui tu es, cela fait chaud au cœur de savoir que tu es parvenu à redresser la pente.

  8. #278
    Citation Envoyé par M.Rick75 Voir le message
    Super témoignage RatonLaveur.
    J'ai le frère d'une amie qui est probablement dans une situation similaire. Mais plutôt dans le déni (de sa part et de la part de sa mère qui s'occupe en grande partie de lui, il a la quarantaine) et malgré des crises très probablement psychotiques (je ne pense pas que c'était de l'ordre de la décompensation dans une dépression aigüe), je ne suis pas sur qu'il y ait eu un vrai diagnostique de posé. En tout cas, il a une grande consommation de bière et un peu (ou beaucoup) de cannabis, pour contrôler ou calmer l'agitation avec laquelle il doit vivre en permanence (même, s'il est ultra calme en apparence).

    Comment tu en es venu à accepter cette maladie (ou "fonctionnement" en partie différent du cerveau), accepter de reconnaitre les délires en tant que tel ?
    Ce qui est très difficile avec les hallucinations, c'est qu'elles semblent réelles. J'ai vraiment cru que les gens me parlaient/m'agressaient pendant longtemps, tout simplement parce que c'est impossible de faire la différence immédiatement entre la réalité et une hallucination. Encore j'ai eu de la chance, mes hallucinations n'étaient qu'auditives, certains voient des trucs. Bref il a s'agit d'un gros travaille de thérapie qui a pris plusieurs années pour :
    - déconstruire le délire dans lequel je m'étais enfermé, petit à petit, et en adoptant une nouvelle façon de comprendre les choses
    - savoir ce qui est, probablement, une hallucination, et savoir comment réagir intérieurement quand elle apparaît

    Et bien sûr, les médicaments sont absolument nécessaires. On ne guéri pas de la schizophrénie ou de la bipolarité juste avec de la thérapie, il faut un traitement à vie. Dans mon cas, 99% des hallucinations et des délires ont disparues une fois que j'avais trouvé le bon traitement.

    Aussi je voulais te dire que dans ces maladies, on réagit de façon extrême au cannabis. Pour la plupart des gens le cannabis ne fait qu'un effet léger, mais pour les psychotique les effets sont décuplés et aggravent l'état.

    Citation Envoyé par Praetor Voir le message
    Bravo pour avoir redressé la barre de manière aussi spectaculaire ! Je te souhaite de continuer sur cette trajectoire.
    Merci :D

  9. #279
    C'est vraiment un super témoignage et il faut des tripes pour rédiger ça. Merci d'avoir pris le temps de faire sortir de manière aussi détaillée.
    On ne rit vraiment de bon cœur que dans les cimetières.

  10. #280
    Remarquable de voir qu'on est de nombreux canards à être devenus accros à la fumette jeunes pour voir que ça nous a tous bousillé le mental et mis en échec scolaire.
    Bravo pour ton témoignage, difficile de mettre des mots sur son passé.

  11. #281
    Un témoignage poignant et assez impressionnant. Comme dit par Franky Mickey, je suis plus vieux et j'ai l'impression que tu me racontes plusieurs de mes vies compilées là.

    Courage à toi en tout cas, et lâches rien!

  12. #282
    Impressionnant ce déclic qui a tout changé pour toi, surtout après toutes ces années de galère. Bravo !

  13. #283
    Super témoignage, vraiment impressionnant.

    C'est bien de savoir que maintenant tu te sens heureux. C'est le principal.

    Petite question si pas trop indiscret. Tu pense que tu es devenu schizophrenic à cause de l'abus de drogue, alcol etc ? Parce que à ma connaissance c'est souvent le cas. Et si oui, comment tu 'gères" cette connaissance ? Tu regrettes tout, rien ?
    ​{ Steam ~ Biscuitkzh / EGS ~ Biscuitkzh / XboxBisflames / Discord ∼ Bismad#0296 / YouTubeBiscuit kzh / Twitch Biscuitkzh}​

  14. #284
    Merci tout le monde

    Citation Envoyé par Biscuitkzh Voir le message
    Super témoignage, vraiment impressionnant.

    C'est bien de savoir que maintenant tu te sens heureux. C'est le principal.

    Petite question si pas trop indiscret. Tu pense que tu es devenu schizophrenic à cause de l'abus de drogue, alcol etc ? Parce que à ma connaissance c'est souvent le cas. Et si oui, comment tu 'gères" cette connaissance ? Tu regrettes tout, rien ?
    Il y a souvent plusieurs facteurs (famille, environnement, drogues). C'est sûr que le cannabis a joué un rôle important, mais ce n'est pas le seul critère, la plupart qui ont consommé comme moi n'ont jamais eu de problèmes psychiatrique.

    De temps en temps je rêvasse à imaginer comment ma vie serait si je n'avais pas fait tel ou tel truc, mais pas vraiment de regrets non. C'est ma vie, c'est tout, pas grand intérêt à se torturer en se disant qu'il aurait fallu faire autre chose, à part se rendre malheureux.

  15. #285
    J'espère que la happy end va continuer pour toi .

    Il me semblait que le cannabis pouvait révéler les schizophrénie et que les schizophrènes étaient plus sensible que la moyenne au addiction. Tu confirmes ça ou tu penses que ça n'a pas de connexions?
    "Les faits sont têtus."


  16. #286
    Citation Envoyé par RatonLaveur Voir le message
    De temps en temps je rêvasse à imaginer comment ma vie serait si je n'avais pas fait tel ou tel truc, mais pas vraiment de regrets non. C'est ma vie, c'est tout, pas grand intérêt à se torturer en se disant qu'il aurait fallu faire autre chose, à part se rendre malheureux.
    C'est ça l'esprit
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  17. #287
    Une des choses où je me sens "chanceux", c'est les changements de personnalité. Celles que j'ai fait étaient sans perte de mémoire donc je m'en rappelle (plus ou moins). Et ce n'est pas comme quand on bois quelques verres de trop au bar et qu'on est dans un état altéré, j'étais vraiment quelqu'un d'autre : cognition, emotions et perception du monde complètement différent. Il n'y a pas beaucoup de gens qui ont cette expérience, et au final ça a été bénéfique. Je pense que j'ai gagné en empathie après avoir vu en live à quel point les gens pouvaient être différents.


    Citation Envoyé par Laya Voir le message
    J'espère que la happy end va continuer pour toi .

    Il me semblait que le cannabis pouvait révéler les schizophrénie et que les schizophrènes étaient plus sensible que la moyenne au addiction. Tu confirmes ça ou tu penses que ça n'a pas de connexions?
    Je ne pourrais pas te dire si c'est forcément vrai, mais dans mon cas c'est sûr que ça s'applique.

  18. #288
    Citation Envoyé par RatonLaveur Voir le message
    De temps en temps je rêvasse à imaginer comment ma vie serait si je n'avais pas fait tel ou tel truc, mais pas vraiment de regrets non. C'est ma vie, c'est tout, pas grand intérêt à se torturer en se disant qu'il aurait fallu faire autre chose, à part se rendre malheureux.
    Clairement, si on me demande ce que je changerai dans ma vie, je répondrais rien. Allez peut-être que je changerai une broutille ou deux très récente (ne pas manger ce sandwich avarié la semaine dernière), mais même sans être content de ma vie ou particulièrement heureux, ce sont ces décisions pas toujours bonnes qui font que j'en suis là. Peut-être que si j'avais fait ci ou ça je serai millionnaire avec trois gosses, mais est-ce que ce serait mieux ? Pas sûr. Est-ce que je serai sdf ou mort dans un accident ? Pas impossible. Tout ce que je sais c'est que j'en suis là aujourd'hui, ça pourrait être mieux, ça pourrait être pire, mais c'est ce que j'ai fait de ma vie jusqu'à présent, et au final, je prends largement ça plutôt que n'importe quoi d'hypothétique.

  19. #289
    Le déroulé de ma vie est assez tortueux. Je ne parle clairement pas de chose du niveau de ce qu'à pu connaître/vivre RatonLaveur, mais voilà, j'ai pas eu un déroulé simple que certains peuvent avoir.

    Un jour que j'en discutais avec une très bonne amie, elle me demandait si je n'aimerai pas revenir dans le passé pour changer une ou deux décisions importantes qui ont fait de ma vie ce qu'elle a était. Je lui ai répondu que "Non, car ce sont ces décisions qui font que je discute avec toi en ce moment et que j'ai les amis que j'ai en ce moment. Et au final, je suis bien avec vous. Est-ce que j'aurais aussi bien en changeant quelques choses ou est-ce que je serai sous traitement médical pour supporter une carrière pro bien plus lucrative mais destructrice ? Je ne sais pas, donc autant prendre ce que je sais avoir."

  20. #290
    Merci pour ton témoignage RatonLaveur. Même à pseudo couvert il faut du courage pour partager tout ça.
    Citation Envoyé par Seymos Voir le message
    La tactique c'est comme un tabouret. Avec 2 pieds c'est pas stable.

  21. #291
    En fait c'était assez facile, je me suis planté devant google doc et une heure après c'etait fait. Je recommande l'exercice à tous les canards, même sans publier à la limite si ça vous plaît pas, mais c'est toujours intéressant à faire.

  22. #292
    J’ai trouvé très touchant tous ces témoignages. Il y a de sacrés parcours, certains qui résonnent un peu avec le mien.
    C’est assez étrange : il y a un petit côté voyeur à lire ce qui se cache derrière un pseudo débile et autre avatar plus ou moins idiot. Parfois au sujet de canards brièvement croisés IRL lors d'un weekend de jeu de plateau ou effectivement on ne parlait pas de grand chose d'autre que d'un point de règles...

    Il y a aussi un côté AA ou chacun raconte son histoire et ses traumatismes (ou absence de traumatisme).
    Et l’exercice d’essayer de coucher sa vie est assez intéressant en soi.

    J’ai repris plusieurs fois mon pavé, en essayant d’éclaircir ce qui ne semblait finalement pas très important ou qui alourdissait un texte déjà long. J’espère qu’à force de remettre en forme des passages je n’ai pas rendu le tout incompréhensible et indigeste.

    Voici donc une pas si brève histoire de Vaurien (team "mec un peu autiste apolitique")
    Spoiler Alert!

    Pour commencer il faut parler un peu de l'enfance de Vaurien, fils de hippies à la fin des années 70.
    Mes parents se sont rencontrés jeunes, avant le bac pour ma mère juste après pour mon père. Lui était biclassé glandeur/séducteur et avait convaincu ma mère que les études ne servaient à rien. Après une vie de bohème passée à faire le tour de l’Europe en stop et en sabots, à dormir dans des squats pourris et, pour mon paternel, à coucher avec le plus de femmes possible, ma mère trouva les ressources pour décrocher un diplôme d'infirmière. Elle se dit aussi que de faire un gosse vers 23 ans serait peut-être un bon moyen de stabiliser ce couple défaillant. Grave erreur. L'idéal hippie étant d'élever des chèvres dans un trou paumé, mes parents achetèrent donc une ruine dans l’Aveyron pour une bouchée de pain, dans le but de la retaper et de vivre en autarcie avec leur nouveau né. Mais mon père ne savait utiliser ses mains que pour rouler des pétards et caresser les femmes. D'après ma mère il y en eu vraiment plein...
    De ce temps lointain je ne me souviens que d'un arbre mort lugubre qui me faisait peur dans le jardin (c'était une forêt en fait) et de l'école maternelle (je prenais seul le minubus scolaire) où il y avait des enfants gitans qui étaient beaucoup plus grands que nous et qui nous terrorisaient.

    Maternelle et primaire
    Après le fiasco Aveyronnais, retour en Normandie pour mes 4 ans. Mon père a été l'amant de ma maîtresse de moyenne section (véridique), bonne ambiance à la fête de fin d'année !
    Souvenir traumatisant d'une dispute dans la voiture avec moi qui agrippe ma mère qui veut sauter en marche, tandis que mon père gueule en roulant à fond en marche arrière...
    Pendant plusieurs années ils se séparent, se remettent ensemble, s’engueulent, et rebelote.
    Ils terminent par divorcer vers mes 7 ans, puis ma mère se trouve un compagnon stable, gentil et cultivé (futur nouvel époux). Mon père trouve son premier travail (ils ont la trentaine).
    Vers 7-8 ans je suis assez doué pour convaincre voisines et petite camarade de classe de jouer au docteur avec moi : je suis très curieux. Ce talent de m’abandonnera assez rapidement… Ce sera en fait un gros désert jusque bien plus tard.
    Découverte de l’Atari 2600 et premiers émois vidéoludiques et découverte de Donjons et Dragons suite à l’achat de la boite rouge avec un copain de primaire (qui est aussi le fils des dealers d’herbe de mon père, tellement pratique). A l’école je m’ennuie, aussi bien en cours qu’en récré. Je ne suis pas très populaire : à un moment le foot est devenu la principale préoccupation des garçons, je voulais faire comme eux. J’étais toujours choisi dans les derniers et je détestais ce jeu. Au bout d’un moment je me suis retrouvé à errer dans la cours sans but avec les rares autres non footeux (dont le copain à la boite D&D)
    Beaucoup de déménagements à cette époque : à 10 ans j'avais déménagé une bonne dizaine de fois (en restant en Normandie à part pour l’escapade Aveyronnaise)
    D’après mes cousins/cousines j’étais un sale petit con. Il est vrai que c’est ma mémé qui s’occupe majoritairement de moi à cette époque et qu'elle me laisse tout faire. Elle m'achète 3 pains au chocolat pour le gouter et elle me donne plein d'argent pour aller jouer au flipper et aux bornes d'arcades (rhaaa Bubble-Bobble) dans les bistrots. Je suis fan des Forbans.
    Naissance de mon (demi) petit frère (11 ans d’écart) : ma mère reforme une nouvelle famille et j’ai du mal à m’y intégrer (malgré la gentillesse de mon beau père). Mon père multiplie les copines avec lesquelles il se fâche régulièrement. Parfois je découvre une nouvelle copine tous les 15 jours, parfois ça dure quelques mois.

    Collège
    Déménagement dans la campagne normande. Je lis joystick même si je n'ai pas d'ordi. J'ai eu une NES (surprise totale du Noel de sixième), mais je rêve des gros RPG de l’Amiga en lisant les tests.
    Je me trouve une petite bande de potes, on parle du film de la veille ou des guignols de l'info dans la cour. On est "un peu" lourds : bataille d'eau dans les toilettes, concours de mollards, discussion cul, échange de cassette vidéo avec le porno de canal+... Je ne travaille pas trop et m'en tire avec une petite moyenne, juste de quoi passer au niveau suivant. Mon beau père achète un 'mac classic', je joue à Shuffle Puck Cafe.
    Déménagement en ville en 3ème: c'est le retour à la civilisation ! Je me fais plein d'amis avec qui je fais des jeux de rôle et des figurines. Je ne joue plus du tout aux JV : j’ai revendu toutes mes consoles. Certains dont les parent ne sont pas très regardant fument déjà des joints et commencent à picoler. Ma mère s'inquiète. Ma prof de Maths ne m'apprécie pas trop et bloque mon passage en seconde générale (vers le lycée "d'élite" du centre-ville) malgré un bulletin "moyen +" et un brevet obtenu assez largement (ma meilleure note est pourtant équivalent à 15/20 en Maths). Je n’étais juste pas très motivé pendant les cours.
    Comme on doit déménager dans une autre région (encore !) finalement ce n'est plus très gênant et je suis autorisé à continuer les études générales.

    Lycée
    Arrivé en Bretagne dans une ville que je déteste immédiatement. Lycée privé que je déteste aussi. En fait je me déteste, et ma famille aussi. J’avais trouvé mon groupe et je le perdais quasiment aussitôt. Je ne me fais pas trop de pote au lycée, juste deux ou trois inadaptés sociaux déracinés comme moi. Je trouve un club de jeux de rôle ou je passe de très bonnes soirées avec des gens plus âgés (profil étudiant). Rétrospectivement ils étaient super bizarres ces gens… Sympa mais inadaptés sociaux aussi… Comme moi.
    Je passe en section S de justesse, puis me laisse couler en première. Je suis dépressif, ne trouve pas ma place, rêve de retrouver mes potes. Redoublement. Prise de tête à la maison. Depuis longtemps la menace de ma mère est de "m'envoyer chez mon père", et finalement je me dis que ça serait peut-être pas si mal. Déménagement pendant l'été chez mon paternel qui habite un appart’ un peu pourrave dans une quartier populaire. Ma chambre fait moins de 10m2 dans un grenier mansardé et vaguement aménagé dans lequel je peux à peine tenir debout. Les voisins s’engueulent en hurlant et en se balançant la vaisselle à la gueule. Une fois le mari sort même son fusil sur le palier. Je m’en fous : après 2 années difficiles je retrouve la ville et mes potes de troisième.
    La copine d'alors de mon père se rend compte qu’elle n’est pas beaucoup plus vieille que moi et elle se barre…
    Commence alors une sorte d'âge d'or adolescent illusoire : mon père m’offre une liberté complète. Il fume même des joints avec mes potes et moi. Grand prestige. Au départ nous continuons les jeux de rôle, mais assez rapidement ça devient un prétexte pour boire et fumer. Bientôt nous ne jouons plus, nous allons en rave et free-party dans la boue (Normandie mec), biture et défonce. Un des potes a une vieille R5 déglingué et il nous trimballe faire la teuf jusqu'en banlieue parisienne. Je rencontre beaucoup de monde : le groupe de pote est éclaté sur plusieurs lycée, chacun ramène d’autres pote, les réseaux s’interconnectent. Cette période était à la fois magique mais aussi un peu triste : au fond nous n’étions qu’une bande de mecs asociaux sans but dans la vie autre que se défoncer la gueule. Heureusement au fond de moi il y avait un truc qui me retenait d'aller trop loin dans la dérive, et je crois aussi que je regrettais un peu les soirées jeux de rôle.
    Je suis à ce moment très affaibli psychologiquement: dépressif, parano, ultra flemmard (léthargique), avec parfois des épisodes à la limite de la schizophrénie (j'entends des voix flippantes), malaises. La drogue c’est mal. Heureusement je n’ai pas suivi certains de mes amis qui s’aventurent toujours plus loin.
    En fait ce qui est assez dingue c’est que la période défonce/free-party n’a pas durée très longtemps (à peine une année scolaire) mais m’aura énormément marquée.
    En terminal je prends conscience que je dois me reprendre si je ne veux pas mal finir. J’essaie d’être studieux, je fais moins la fête, je participe en classe, je vais voir un psy. Alors que je n’ai aucune idée de ce que je veux faire plus tard, j'entends dans le couloir du lycée un mec parler de la journée porte ouverte à l'IUT informatique qu'il a fait la veille : « il y a des salles pleines d’ordis ! » C'est la révélation !
    J’ai eu une copine pendant 15 jours à un moment durant ces 4 années...

    IUT Informatique
    Du bonheur. Je fais un truc qui me plaît vraiment, j'ai des bonnes notes, je rencontre des gros nerds, j'ai mon premier ordi. Diablo, Baldur's Gate, Star Craft, Lan Party, C++, Java. J'ai l'impression d'avoir enfin trouvé ma famille !
    Je fréquente encore un peu mes potes d'avant, mais avec de plus en plus de réserve. Ceux qui n'ont pas trouvé leur voie galèrent. L'un d'eux, le genre à avoir son bac avec mention tout en étant défoncé et sans avoir révisé, se ramasse en prépa, puis à la fac, puis à l'IUT. C'est dur de le voir complétement rater ses études et sombrer dans l'alcool. Je croise un jour mon pote de primaire, le fameux fils des dealers de mon père, qui fait la manche dans la rue. Il est complétement ravagé (drogue, je le croisais souvent dans les free party), il sort de l'hôpital psy et n'arrive pas à faire des phrases de plus de 3 mots. Il a à peine 20 ans. Je prends conscience que j’ai eu du bol.
    Au niveau affectif c'est le néant. Être entouré de 95% de mec en classe n’aide pas. J’évite les événements festifs : les soirées étudiantes paraissent bien fades après mes sorties nocturnes lycéennes.
    Pendant mon stage de fin de DUT un technicien super sympa, qui bosse comme un ingé mais sans le salaire, me convainc de continuer mes études. Le genre de rencontre clé qui change une vie en une heure à la machine à café.

    ERASMUS en Irlande
    Emancipation, largage complet des amarres avec mon ancienne vie, mais c'est dur : je me sens très seul. Je ressens d’autant plus mon côté asocial en étant coupé de mon référentiel habituel. C’est d'autant plus frustrant que ça fricotte pas mal entre étudiants Erasmus. Je suis trop introverti y participer. Je regarde ça de loin avec jalousie (petite pensée pour l’espèce de playboy avec sa guitare, qui chantait du Goldman et qui était en colloc’ avec 5 nanas...).J'en profite pour essayer de récupérer une vie plus saine (sport, régime) et je me sens mieux. En plus j'arrive à baragouiner en anglais en repartant. Je retrouve espoir et confiance en moi.

    FAC
    J’arrive à récupérer un ticket d'entrée à la fac. Mon diplôme Irlandais ne « compte pas » et je dois reprendre en licence… J’ai un peu les boules, mais finalement je fais des trucs passionnants (et bien souvent inutiles) à la fac, des projets dans tous les sens. J'adore ça. C'est la folie du .com et l'avenir devant moi semble radieux.
    Je retrouve malheureusement un peu les vieux démons de l'adolescence (alcool/drogue/dépression/frustration), car je suis loin d'être heureux: la solitude affective (et sexulle aussi) devient pesante et je ressasse toutes les occasions ratée dans ma vie. Je suis le roi des actes manqués (souvenir d'une fin de soirée d'été, allongé au coin d’un feu de camp à regarder les étoiles avec une fille qui me plaisait beaucoup, qui me sort: tu n'as pas froid ? Tu ne veux pas venir dormir sous ma tente ? Et moi: "hein ??? non, non, ça va j'ai pas froid, t'inquiète" haha quel con. Et j'en ai un paquet d'autre des comme ça). En fait le désert affectif je me le suis créé tout seul. Et le soir avant de dormir ça pèse et ça fait cogiter.
    Je trouve un DESS en apprentissage à Paris et je pars à l'aventure. Je déchante vite: je suis en banlieue, certes "chic" mais loin de tout, et chère (Yvelines). Je vis dans un foyer de jeunes travailleurs (j’y croise des gens de tout horizons et origines), et surtout je regrette ma fac de province: meilleur ambiance et meilleurs profs (de loin). Mais je suis alternant et je gagne un peu de thune. Je fais mon stage dans un trou paumé de Normandie et pas du tout dans le domaine qui me plaît. Je me fais chier comme un rat mort. Re déprime. Et à la fin: retour chez maman et chômage. C'est le creux de la vague post bulle .com et je suis un universitaire provinciale naïf: je ne connais absolument rien du milieu pro. Ma famille non plus. Je rame 6 mois avant de décrocher un job à Paris.

    Paris – Genève
    Un peu galère au début (salaire de merde et j'habite chez un pote, puis sur le canap' d'un ami de mes parents) C'est un peu la misère, le temps de mettre de côté et de passer la période d'essai. Puis rencontre avec WoW et quasi en même temps ma future épouse.
    J'ai dû faire un choix; j'arrête WoW avant le niveau 30 ! Elle est très différente de moi (elle a fait des études brillantes, n’a jamais fumé la moindre bouffée de cigarette, ne supporte pas un dé à coudre d’alcool, ne joue pas… Mais on se ressemble sur beaucoup d’autres points de caractère. Surtout elle m’a aidé à complétement tirer un trait sur mon état dépressif, à reprendre confiance en moi, et nous avons par la suite bâtie une famille qui tient bien la route.

    La suite c’est moins intéressant car plus banal : déménagement en banlieue, changement de SSII, moufflet #1, re-changement de SSII (plusieurs fois). J’ai toujours eu du bol au travail : j’ai toujours trouvé des postes qui plaisait bien, avec des collègues et des chefs sympas. Pas trop de stress, et assez d’assurance pour dire merde aux commerciaux de SSII quand ils me faisaient des sales coups.
    Après 5 ans comme ça on commence à chercher autre chose: "la banlieue c'est morose" surtout pour élever un gamin. Nos amis d’alors sont tous plus ou moins partis ailleurs. J'ai une proposition à Londres, mais c'est trop hasardeux, Finalement je décroche "le contrat du siècle" en tant que fonctionnaire international à Genève dans un centre de recherche européen. Deuxième marmot au passage.
    Malheureusement le contrat est à durée limité de 5 ans. Petite déprime à la sortie, puis je me case comme fonctionnaire dans une grosse structure étatique genevoise. Très bon rapport avec mes collègues et mes supérieurs. Je suis très content de mon job : petite équipe, totale autonomie sur des projets intéressant, chef qui nous protège du jeu politique, rarement du stress : c’est la belle vie !
    Parfois je me dis que les 25 prochaines années risquent d’être un peu monotones, puis j'écoute la radio et je me dis que ça me plait bien tout compte fait, j'aime bien cette vie peinarde.
    Et quand je regarde mon adolescence, je trouve que je m'en tire à très bon compte et que j'ai eu une finalement une sacrée bonne étoile. Je n’arrive pas encore à cerner tout à fait comment mon étape « défonce » a contribuer à mon parcours. Dans quelle mesure ça n’a pas été bénéfique de vriller au lycée et de raccrocher après : j’ai vu pas mal de gentils petit gars au lycée se ramasser à la fac/IUT parce qu’ils n’avaient plus aucun cadre et ne pas réussir à se relever après avoir fait la fête non-stop pendant leur première année de fac.
    J’ai complétement coupé les ponts avec mes amis d’alors, mais j’ai vécu des trucs assez intenses avec cette petite bande, parfois j’ai un peu la nostalgie d’avoir 17 ans et d’errer dans les rues dans un état second avant de partir vers une destination inconnue écouter de la musique répétitive.
    Avec mes parents c’est plus compliqué : je m’inquiète un peu pour mon père qui vit seul depuis plusieurs années, fâché avec tous ses anciens amis, et devenu « père la vertu » distribuant sa morale de curé à deux balles, pas très en phase avec ce qu’il m’a fait vivre. Ma mère a été imbuvable avec mon épouse à la naissance de Vaurien Junior #1 (prématuré, resté 2 mois à l’hosto) et après 13 ans la relation reste compliquée…
    Dernière modification par William Vaurien ; 16/10/2021 à 21h14.

  23. #293
    Merci pour le partage.

    Putain avec toutes vos histoires j'ai l'impression d'avoir (eu) une vie tellement banale
    ​{ Steam ~ Biscuitkzh / EGS ~ Biscuitkzh / XboxBisflames / Discord ∼ Bismad#0296 / YouTubeBiscuit kzh / Twitch Biscuitkzh}​

  24. #294
    Citation Envoyé par Biscuitkzh Voir le message
    Merci pour le partage.

    Putain avec toutes vos histoires j'ai l'impression d'avoir (eu) une vie tellement banale
    Boarf avec l'Italie tu vas bien nous trouver un truc avec la mafia non ?
    Citation Envoyé par Noël Lagoia

  25. #295
    Elle brise des grèves, ça le fait du coup.


  26. #296
    Merci pour le partage Cool que ça se passe mieux maintenant.

  27. #297
    j'ai deja du le dire, mais big up a tous. On a tous nos tares, et on s'en sort comme on peut. Vaurien, ton copain me rapelle un des miens qui trainait dans la bande. Un type extremement brillant, un matheux de l'extreme, capable de seduire n'importe quelle fille avec son humour et intelligence, et a finit legume associal a la suite de diverses addictions....
    penser a mettre une signature moins grosse

  28. #298
    T'as pensé au coupe-circuit? Avatar de Jeckhyl
    Ville
    Crétin des Alpes
    Citation Envoyé par William Vaurien Voir le message
    Je suis le roi des actes manqués (souvenir d'une fin de soirée d'été, allongé au coin d’un feu de camp à regarder les étoiles avec une fille qui me plaisait beaucoup, qui me sort: tu n'as pas froid ? Tu ne veux pas venir dormir sous ma tente ? Et moi: "hein ??? non, non, ça va j'ai pas froid, t'inquiète" haha quel con
    on doit tous en avoir un comme ça, t'inquiète :D.

    Sinon je trouve amusante l'idée de penser que tes gosses diront un jour que papa est le mec chiant qui n'a jamais du faire un truc régressif de sa vie et toi, dans ta tête, tu te diras "mouiiiiii"...
    Citation Envoyé par perverpepere Voir le message
    je préfère être dans les ruisseaux des petits geste inutiles que dans le torrent du je m'en foutisme.

  29. #299
    Citation Envoyé par William Vaurien Voir le message
    Depuis longtemps la menace de ma mère [...] fait moins de 10m2 dans un grenier mansardé

    Who putain, j'ai sauté une ligne, ouf

  30. #300
    Merci pour le partage Vaurien. Encore une fois, je suis impressionné par la capacité de certaines personnes à retomber sur leurs pattes avec un tel passif

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