Déscolarisé au collège, retour dans le système en seconde malgré des courriers d'un des collèges où j'avais été inscrit en 3ème sans y terminer l'année (et donc sans passer le brevet) disant que j'avais pas été autorisé à passer en seconde, bac ES obtenu sans redoubler mon lycée. J'ai fait des jolis scores d'absentéisme (mon record étant 122h d'absence en un trimestre
) mais même sans les bases que j'étais censé avoir depuis le collège, aucun soucis de résultats.
Par contre je n'ai pas appris à étudier, donc l'arrivée en fac d'histoire a été un bel échec. Je me suis bien marré, j'ai rencontré plein de gens, mais au final j'ai fait deux premières années sans rien valider. Rencontre avec une demoiselle qui partait au Brésil pour ses études, je suis parti avec elle. Avant de partir j'ai gratté un peu de thunes avec des ptits boulots pour y rester sur place pendant un an, à apprendre la langue, glander sur la plage, apprendre la capoeira et découvrir un autre pays. 21 ans, pas trop de projets, c'était le bon moment. Et ça valait le coup.
Le retour a été assez rude, chez nos parents respectifs pendant un temps, puis on prend un appart ensemble, dans un quartier à la sale réputation mais au final très sympa à vivre malgré un décor de béton dégueulasse et quasi pas de verdure. Par contre plus une thune, donc je prends le premier taf qui veut bien de moi, mon absence de formation et mon refus de passer le permis : manutentionnaire en entrepôt frigorifique de nuit. C'est aussi pourri que ça en a l'air, mais je bossais avec des gens biens.
Problème : rythme complètement décalé avec cette fille qui continuait ses études le jour pendant que je récupérais de mes nuits bien physiques. Au bout de 6 mois on me propose de passer dans les bureaux à organiser les transports, tout en continuant à charger des camions la moitié du temps. C'est cool, ça se passe bien, j'ai le même âge que mon chef et on est tranquilles la nuit, personne ne nous emmerde tant que le taf est fait. Puis mon chef a la douleur de perdre un proche, part au bled pendant quelques temps pour s'en occuper. Je me retrouve seul, à gérer le taf de 17h à 5-6 voire 7h du mat.
Pas évident mais ça se passe pendant deux mois, l'équipe est cool et bosseuse, et quand mon chef revient je demande à ce qu'on me change mon statut, que je ne prenne plus ces responsabilités et ces horaires avec mon "simple" contrat de manut'. On m'envoie chier, et pas super gentiment. Donc je dis fuck au bout de quelques mois, je repasse au rythme "normal" (en moyenne 42h par semaine) avec le rôle non officiel de chef de quai, je prends les décisions et mon chef valide puisqu'il a confiance (c'est lui qui m'a formé à l'organisation). C'est "confort" malgré les horaires, pas trop de stress et une reconnaissance de mes collègues directs.
Par contre à la maison c'est impossible, on ne se voit pas ou seulement pour les trucs chiants, donc séparation, j'habite chez un pote puis retour dans la maison familiale où il ne reste que ma mère, retraitée, fumeuse invétérée, clairement alcoolique. Je tiens encore un an dans ce boulot (pour 3 ans au final dont un peu moins d'1 an dans les bureaux) et mon corps dit stop. Horaires décalés, éprouvant physiquement, pas de perspective d'évolution, je propose à mon chef qu'on se quitte bons amis, à l'amiable. Lui comprend très bien, la direction répond le classique "si tu veux partir, tu démissionnes". Je tiens la baraque l'été pendant les congés de mes collègues et après avoir prévenu mon chef, je pars en congés et je ne reviens pas. Abandon de poste.
Quelques mois plus tard, pendant lesquels je touche toujours mon salaire puisqu'on me passe mes heures dues (heures sup, repos compensatoire, congés restants...) je suis officiellement licencié avec un petit chèque du solde de tout compte (ce qui me restait en heures dues, avec le recul le nombre était assez ouf). Ça plus le fait que quand tu bosses la nuit, t'as pas le temps de dépenser de la thune, j'ai pas mal d'avance et j'étais parti pour glander un moment. Sauf que conséquence inattendue de ces années de taf, je me tape un problème à un nerf au bras gauche, qui ne fonctionne plus : plus de sensations dans la main, perte de motricité, grosses douleurs.
Examens dans tous les sens pendant plusieurs mois sans rien trouver, jusqu'à ce qu'un neurologue décide qu'il faut opérer. Ça mettra 8 mois pour que je récupère l'usage de mon bras, en tout 1 an sans rien pouvoir faire avec. Ça va, je suis un peu ambidextre mais élevé comme un droitier, donc ça reste gérable. Mais on en reparlera. C'est donc l'heure de rechercher du taf, Popole Emploi me conseille un BTS transport et logistique pour valider mon XP, fait les démarches auprès de l'AFPA, et 6 mois plus tard j'entre en formation. Merci Popole. Bon, c'est à St Etienne. Heureusement que je ne suis pas un lyonnais intégriste.
Entre temps j'ai rencontré quelqu'un pendant une pièce de théâtre dans laquelle je jouais et chantais, violemment amoureux mais relation toxique. Soupçons de tromperies, mensonges, de la merde, j'aurais dû me barrer mais je suis un gros con. Et c'est aussi à ce moment que ma mère part vraiment en vrille. Tout seul à être encore géographiquement proche, je dois appeler les urgences parce qu'elle est devenue complètement incohérente et dangereuse pour elle-même. Résultat : métastases au cerveau (et aux poumons, et dans le squelette...) qui altèrent son comportement. Hôpital, cortisone à haute dose qui nous redonnera quelques jours où elle retrouve ses esprits qui nous permettent de nous dire correctement au revoir. 3 mois après c'était fini.
Sale année. Heureusement les cours se passent très bien, bonne ambiance en formation, mais les weekend c'est la merde à la "maison" : la maison familiale étant en très mauvais état, il faut tout refaire, ce qu'on fait avec mon père (il habitait avec une autre femme depuis plus de 10 ans mais ils n'avaient jamais divorcé ces cons-là, il a géré toutes les obsèques, il a assuré). Mais pendant ce temps, je dois squatter dans une piaule à l'AFPA la semaine et chez la mère de ma copine le weekend. J'ai mon BTS avec une note parfaite mais le gars qui fait les travaux à la maison disparaît dans la nature. Je trouve un taf dans un service client dans une boite de transport, un mois plus tard ma copine disparaît aussi avec un autre, les soupçons que j'évoquais plus haut sont confirmés. J'ai une haine incommensurable, une maison à moitié finie et pas habitable, bonne dépression, mais j'ai des potes et un taf qui vont me sauver.
Je squatte chez le guitariste de mon groupe (métal tendance stoner où je taquine la basse), puis chez un couple d'amis qui a une chambre "en trop". Je resterais deux ans chez eux (j'ai pu en partie leur rendre la pareille quelques années plus tard en les hébergeant avec leurs deux gosses le temps d'une mutation pro), le temps qu'on retrouve quelqu'un et la thune pour finir les travaux. Au taf, en open space avec 5 femmes, c'est pas si mal mais c'est moyennement bien payé et la direction décide de me casser les couilles au bout d'un an et demi (mon taf est nickel, mais je refuse de faire des astreintes le samedi de 7h payées 35€, je ne travaille pas pour 5€ de l'heure en plus de ma semaine de travail). Après deux mois de situation tendue, rupture conventionnelle. Ça tombe pile au moment où les travaux sont finis à la maison et où je rencontre ma compagne actuelle.
Je m'installe enfin chez moi (enfin maison possédée avec mon père mais que j'occupe), chômage, glandage sur le net, JV à un rythme industriel, petits tafs, projets musique, formation... je "perds" du temps mais je profite. J'arrive sur ce forum à cette époque alors que je joue aux JV depuis 1988
Puis il y a 5 ans une boîte veut bien de moi, je connais rien au taf mais on me fait confiance, j'apprends, je m'épanouis dans une petite structure de 6 personnes gérée par un patron qui sait que des employés bien choisis, motivés et heureux sont compétents ou le deviennent. Augmentations, primes (mon salaire a pris 50% depuis que j'y suis), bonne ambiance, confiance, le tout à 20mn de bus de chez moi, tout va bien... mais c'était sans compter le retour de la vengeance du nerf du bras. Droit cette fois-ci. Syndrome de Parsonage Turner d'après le neurologue. Crises tous les 6 mois depuis 4 ans, aucune cause identifiée, cocktail de cortisone pour tout traitement.
Heureusement collègues et patron adorables, on adapte mon taf, on me fait comprendre qu'on compte sur moi et qu'on espère que ça ira mieux. Ma dernière augmentation m'est tombée dessus sans que je demande rien au retour d'un arrêt à cause de ça. Bon, là ça va faire 9 mois que j'ai rien, je touche du bois. Entre temps, on doit vendre la maison parce que mon père veut récupérer sa part, j'ai pas les moyens / pas envie de lui racheter, donc on vend. On veut acheter avec madame, on trouve rien, on part en location à 30m de la maison qu'on vient de vendre, temporaire qui durera plus d'un an... et enfin en décembre on trouve une maison à acheter (à 800m de là ^^). Covid, l'achat mettra en fait 7 mois à se finaliser, mais ayé, on y est depuis bientôt 2 mois.
J'ai pas parlé de tout, des potes qui viennent habiter chez moi pour pas être à la rue, de l'hébergement d'une famille de réfugiés pendant 8 mois, des animaux qui sont passés et de ceux qui sont toujours là, d'XP de taf trop courtes pour valoir la peine, mais j'ai déjà bien tartiné