L’écart entre les dynamiques allemandes et françaises se confirme ensuite au début des années 2000. De 2001 à 2007, l’industrie française stagne, alors que la production en Allemagne augmente de 20 %. Vient alors la crise de 2008 qui aggrave le cas français (– 10 % de 2008 à 2014) quand l’Allemagne encaisse le choc, dépassant même en 2014 de 2 % le niveau de production enregistré six ans plus tôt.
Ces chiffres s’expliquent-ils majoritairement par un « effet euro », comme le prétend Marine Le Pen ? Le cas du Royaume-Uni, qui n’appartient pas à la zone euro et qui a gardé sa monnaie nationale (la livre sterling) et qui a tout de même connu peu ou prou les mêmes déboires que la France sur le plan industriel, montre que la monnaie unique a bon dos.
Comment expliquer le dynamisme industriel allemand ?
Les réformes en profondeur menées au cours des années 2000 par Gerhard Schröder sont souvent citées parmi les explications, car elles auraient contribué, notamment du fait d’une politique de modération salariale, à la relance de la production et à la compétitivité du pays sur le plan international, ce qui s’est traduit par une hausse des exportations. Tandis que les salaires, eux, ont stagné Outre-Rhin. Dans le même temps, la productivité française a plutôt diminué.
Dans un texte de 2012, l’économiste allemand Karl Benke ajoute d’autres facteurs d’explications. Pour lui, l’industrie allemande connaît à la fin des années 1990 la fin d’une dynamique née de la réunification. La croissance mondiale, ajoute-t-il, « a alors littéralement dopé jusqu’en 2001 la production industrielle allemande qui a ensuite stagné à nouveau jusqu’au début 2004 environ sous l’effet du ralentissement de la croissance mondiale qui a suivi. Puis, avec la reprise, la production industrielle allemande a connu un formidable essor avant de chuter spectaculairement durant la crise de la finance mondiale ».
En conséquence des réformes Schröder et de la croissance mondiale, les exportations allemandes ont augmenté. De 2001 à 2006, explique M. Benke, celles-ci ont bondi de 33 % en Allemagne pour la production industrielle, contre 9 % de croissance sur le marché français.
De fait, l’Allemagne a connu un excédent de sa balance commerciale dès le début des années 2000,
avant le passage à l’euro, donc, tandis que la France, à l’inverse, voit sa balance commerciale chuter dès la fin des années 1990.