Je ne suis pas certains que ce soit le problème dans Goblins Slayers, l'un des soucis c'est justement que l'auteur ouvre des portes laissant entendre que les Gobelins sont une race très intelligente et capable largement de se passer des humains (ils peuvent se reproduire avec tout et n'importe quoi selon l'auteur, donc l'argument de la nécessité de la reproduction, ce qui en ferais des « parasites » est mal fichu selon le propre monde de l'auteur.
De fait la guerre qui les oppose aux humains n'est qu'une guerre parfaitement classique d'occupation du territoire. Dans ce contexte, appeler à l'extermination de tout les gobelins, femme et enfant compris, est un brin pernicieux dans le sens ou on pourrait, justement, appliquer la même rhétorique à n'importe quelle race belliqueuse.
Sauf que moralement rien ne justifie le génocide, pas même que la race en face soit belliqueuse, ni même qu'elle tente de te génocider (sinon faut être cohérent et l'appliquer à la vrai vie).
Ça c'est le premier soucis : l'auteur ne construit pas son monde de façon suffisamment carrée pour que ça ne prête pas le flanc à la critique (et de fait : shitstorm là ou tout les films et séries de zombies et autres du même genre à base de zigouillage d'aliens passent sans problème).
Le second soucis c'est que de toute manière, même si c'était bien construit ça devrait être regardé avec un peu d'attention. Il est toujours aisé de construire des mondes par l'analogie avec la vrai vie en créant un monde imaginaire dans lequel une race quelconque est paré de défaut tellement énorme que son extermination devient la seule solution. Néanmoins il faut quand même prendre ça avec de grosse pincettes et ne pas oublier que ce type de chose peuvent être trèèès aisément détourné par leur auteur pour faire une analogie crade avec la vrai vie, et présenter ce qui dans la vrai vie ne serait pas évident, comme une évidence dans le monde imaginaire. Ici par exemple on peut se poser la question de ce qui motive l'auteur sur ce genre d’œuvre, consciemment ou non, quand l'auteur est issu d'une société qui a de très gros soucis avec les étrangers...
Bah à l'origine faut remettre en contexte historique. La création des « orques » par Tolkien se fait après son traumatisme de la 1ere guerre mondiale, ils jouent alors le rôle des méchants aux mœurs barbares. N'importe qui lisant des œuvres littéraire de l'époque verra aisément le parallèle avec la façon dont est stigmatisé l’Allemand pour les peuples des pays de l'ouest, notamment en France et en Angleterre. Lire n'importe quel auteur de la période 1850-1914 permet de s'en convaincre aisément. Comme l'époque est très très portée sur le racisme, qu'il soit positif ou négatif d'ailleurs, la notion que c'est la race allemande qui a ces traits de façon « native » est commune, même chez les auteurs les plus progressiste de l'époque. (Genre, lire Jules Vernes : Les Chemins de France)
Aucun rapport avec les noirs ou Afro-américains évidemment, mais tout les racismes se ressemblent malheureusement beaucoup dans la méthode, il n'est donc pas surprenant de trouver des parallèles dans la façon dont sont construit les orcs, basé sur le modèle commun du racisme contre les allemands de l'époque, et le racisme contre les noirs et afro-américains. Dans les deux cas on va retrouver les mêmes primitives : le sauvages, au mœurs rude et incompréhensible qui par son imprévisibilité peut être un danger pour l'homme européen de l'ouest, raffiné et porteur de la raison. (qui lui même vise l'idéal d'une "race supérieure" : l'elfe ici)
Après faut remettre ça en contexte historique, c'est pas parce que Tolkien (ou Jules Vernes d'ailleurs) baigne dans un environnement ou les considérations de races sont normales et emmène automatiquement à faire du "racisme", que ces auteurs pensaient forcément à mal. Ça ne remet pas non plus en cause le concept lui même des orcs, n'importe quel ouvrage de littérature un peu moderne ne présente plus forcement les orcs comme une société intrinsèquement malsaine. Suffit de voir, même dans le JV on a eu le passage à une autre façon de voir les choses avec Warcraft 3 par exemple. Mais déjà même sous Tolkien l'auteur ne se prononçait pas du tout en faveur de l'extermination des orcs ou des êtres maléfiques, il rejette fondamentalement à plusieurs reprise le fait que les êtres sont maléfiques par nature et qu'ainsi il faudrait les exterminer. Le passage le plus mémorable à ce propos est la réponse de Gandalf à frodon dans la Moria :
Ceci avait donné lieu à un thread reddit qui comparait justement l'approche très différente entre Tolkien et Goblin Slayer.Frodon : Do you mean to say that you, and the Elves, have let him live on after all those horrible deeds? Now at any rate he is as bad as an Orc, and just an enemy. He deserves death.’
Gandalf: ‘Deserves it! I daresay he does. Many that live deserve death. And some that die deserve life. Can you give it to them? Then do not be too eager to deal out death in judgement. For even the very wise cannot see all ends. -
Tolkien s'était d'ailleurs élevé contre pas mal de point raciste de l'époque, même si évidemment ça ne l’empêche pas forcément de construire certains point de son roman sur ce modèle, sans trop s'en rendre compte forcément. (sur les orcs il a beaucoup changé d'avis en cours de rédaction donc ça restera par exemple toujours un peu flou, sont-ce le fruit d'expériences ou une race à part entière ?).
En bref, le parallèle dans ta citation n'est pas étonnant, mais en soit ça n’empêche pas non plus d'utiliser le concept de façon propre. Ce que font d'ailleurs implicitement la grande majorité des œuvres de fantasy moderne, heuresement.
Par définition c'est de l'essentialisme
Après D&D a été conçu pour être simple, pas pour être une œuvre à portée philosophique ni même pour avoir un quelconque message.
edit :
Néanmoins le débat a semble t-il eu lieu au fur et à mesure des changements de D&D :
https://dmdavid.com/tag/how-dd-shed-...-of-half-orcs/
Au départ les demis-orcs et les orcs de D&D étaient très proche de ce qui est vu dans Goblin slayers, comme quoi c'est pas très original finalement
Mais ça a vite évolué au fil des versions pour virer ce point de vue :At first, D&D pictured orcs with pig faces and described them as evil bullies willing to “breed with anything” and eager to capture human slaves. This led many people to conclude that half-orcs came from rape.
Bon notons qu'ils ont juste repoussé le truc sur les gnoll et voilaFifth edition frees half-orcs from their darkest implications by developing the nature of orcs. Their evil and savagery stems from their devotion to Gruumsh and the rest of their gods. Orcs follow a faith that preaches blood and conquest, backed by actual gods able to give followers divine powers. No wonder orcs behave so badly.
Outside of Gruumsh’s influence, orcs can escape savagery. “Most orcs have been indoctrinated into a life of destruction and slaughter. But unlike creatures who by their very nature are evil, such as gnolls, it’s possible that an orc, if raised outside its culture, could develop a limited capacity for empathy, love, and compassion.” Perhaps the son of a human and a loving orc could even grow into a factol in Sigil.