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  1. #4621
    A titre perso toutes les novellas (le format entre la nouvelle et le roman) de Greg Egan que j'ai lu ne m'ont guère emballé.

    Je trouve que le bonhomme brille particulièrement avec ses nouvelles, un format où il est vraiment un des auteurs de SF les plus impressionnants de ce siècle et de la fin du précédent. Mais l'allongement du nombre de lignes ne le bonifie pas particulièrement, car il excelle pour manier les concepts mais guère pour écrire des personnages (comme trop d'auteurs de SF je suppose), or plus le format est long et plus ces caractéristiques sont désavantageuses.

    Pour accéder à la quintessence d'Egan il faut vraiment en passer par les 3 recueils de nouvelles qui sont sortis en France (un 4e serait en préparation).

  2. #4622
    Citation Envoyé par Helifyl Voir le message
    Pour accéder à la quintessence d'Egan il faut vraiment en passer par les 3 recueils de nouvelles qui sont sortis en France (un 4e serait en préparation).
    Excellente nouvelle ! Je pensais avoir à peu près tout lu de ce qui était sorti en français.

    Diaspora, j'ai adoré le voyage, moins la touuuute fin.

  3. #4623
    Oui, Axiomatique/Océanique/Radieux sont des summums de SF.

    Ses romans longs m'ont moins convaincus, à part Diaspora, qu'on peut presque voir comme une succession de nouvelles.

    Il faudrait à l'occasion que j'essaie de lire Shild's ladder et la série Orthogonal, mais je crois qu'on commence dangereusement à approcher du manuel de physique plus que du roman. C'est d'ailleurs assez rigolo de voir citer le site perso d'Egan comme illustration dans des vidéos sur la physique quantique de Science Étonnante.


    (vu les grisages de la page précédente, j'espère qu'il n'est pas dangereux de vanter ici les mérites d'Egan)

  4. #4624
    Je viens de lire :

    - La petite lumière de Antonio Moresco

    « Je suis venu ici pour disparaître, dans ce hameau abandonné et désert dont je suis le seul habitant » : ainsi commence La Petite Lumière. C’est le récit d’un isolement, d’un dégagement mais aussi d’une immersion. Le lecteur, pris dans l’imminence d’une tempête annoncée mais qui tarde à venir, reste suspendu comme par enchantement parmi les éléments déchaînés du paysage qui s’offrent comme le symptôme des maux les plus déchirants de notre monde au moment de sa disparition possible.
    L’espace fait signe par cette petite lumière que le narrateur perçoit tous les soirs et dont il décide d’aller chercher la source. Il part en quête de cette lueur et trouve, au terme d’un voyage dans une forêt animée, une petite maison où vit un enfant. Il parvient à établir un dialogue avec lui et une relation s’ébauche dans la correspondance parfaite des deux personnages. Cette correspondance offre au narrateur l’occasion d’un finale inattendu.
    La petite lumière sera comme une luciole pour les lecteurs qui croient encore que la littérature est une entreprise dont la portée se mesure dans ses effets sur l’existence.
    J'ai bien aimé mais je suis un peu déçu par la fin, il manque quelque chose selon moi, difficile d'en dire plus sans en dévoiler davantage .

    - Avant la forêt de Julia Colin

    Dans un monde à bout de souffle, l’économie s’effondre et les grandes villes se vident, relâchant sur les routes des familles à la recherche de protection et de nourriture. Elie, ses parents et Calme, une amie d'enfance désormais orpheline, s'installent à Massat, au coeur d'une vallée des Pyrénées, protégée depuis longtemps de la folie du monde. Les gens y vivent d'entraide et de troc. Il y a un maire, de l'eau potable et un peu d'électricité.
    Elie rejoint la Milice, le services d'ordre formé par les jeunes, tandis que Calme plonge dans la forêt. Et, peu à peu, deux mondes vont s'affronter : la Nature et les humains, incapables de se libérer de leur violence.
    J'ai beaucoup aimé ce livre, je ne suis pas spécialement adepte du post-apo ni du fantastique, mais c'est bien fait et j'ai lu ce livre rapidement.
    the universal language, this is music

  5. #4625
    Citation Envoyé par Lee Tchii Voir le message
    Excellente nouvelle ! Je pensais avoir à peu près tout lu de ce qui était sorti en français.

    Diaspora, j'ai adoré le voyage, moins la touuuute fin.
    Je n'ai lu que Disapora d'Egan, j'avais apprécié, mais mon père, à qui je refile les bons bouquins de SF que je lis, n'a pas réussi à aller au-delà du début, la genèse du personnage principal.

  6. #4626


    Utopies Réalistes de Rutger Bregman.
    J'avais déjà vu son visage à Davos où il disait à tout un tas de milliardaire que l'un des problèmes principaux était l'évasion fiscale, je viens de finir son bouquin.
    Il aborde, à grand renfort de sources diverses et variées (mais de qualité) les questions de revenu universel, du travail, des frontières... en réussissant à trouver une forme parfaite pour ce genre d'ouvrages, à savoir quelque chose de très accessible, vulgarisé, qui ne passe pas trop de temps à aborder chaque sujet.

    Surtout, il établit l'idée que tous ces changements qui pourraient avoir lieu et qui, d'après de très nombreuses études, théoriques et pratiques, permettraient aux sociétés entières de s'améliorer grandement, individuellement et collectivement, sont impossibles tant qu'on continue à être fatalistes, à accepter le monde tel qu'il est, sous prétexte que le système en place a permis effectivement de sortir beaucoup de gens de la pauvreté. Il appelle, et ça fait pas de mal, à ce que la gauche, partout dans le monde, se remette à vouloir changer les choses plutôt qu'appliquer des rustines partout.

    Lecture très intéressante, ça se lit comme du p'tit lait se boit, et ça donne un peu d'espoir en des jours qui chantent.

  7. #4627
    Merci poneyroux, direct sur ma liste à lire
    Steam : Monsieur Toorop

  8. #4628
    Coucou, je pose ma question là au cas où, j'ai commencé à mettre certains beaux livres dans une vitrine /bibliothèque, je pensais mettre des rubans led à chaque étage pour éclairer ça un peu mieux (c'est une vitrine donc forcément une porte fenêtrée qui cache un peu la lumière), comment vous faites vous, avez vous une bonne marque ou système à me conseiller ?
    J'aurais bien aimé à piles car le meuble est entre les deux portes du balcon et pas de prises ici.
    Merci, et dites moi si cette question serait mieux dans un autre sujet.
    / Zodex Discogs - Bandcamp Exod \

  9. #4629
    Sans transition - une nouvelle histoire de l'énergie de J.-B. Fressoz

    Ça mériterait sans doute sa place aussi sur le fil de l'environnement, mais je reste ici. Un beau livre pour remettre les idées au clair sur les prétendues nouvelles solutions qui vont remplacer tous nos vieux machins polluants et dégoulinants de carbone. Ben non. Par exemple, le bois fournit encore aujourd'hui plus d'énergie que tout le nucléaire mondial. Rien que les jus de papeterie fournissent une chaleur délirante.

    Le livre reste sage : pas de gros mots genre décroissance, rien ou presque sur le rapport Meadows par exemple. Il raconte surtout d'où vient le mythe de la transition énergétique, d'abord un truc de futurologues atomistes, et le rôle des pétroliers dans l'embrouillamini des messages écologiques et leurs interférences dans le GIEC.

    C'est sourcé : presque 800 notes en 330 pages de texte, il faut encore 70 pages de plus pour les lister !

    Pour finir, pas de solutions proposées : juste dire qu'on va en chier pour décarboner en quelques décennies (et encore, c'est en sacrifiant l'objectif + 1,5 °C) alors que rien n'est vraiment prévu pour.

    Très belle lecture à mon goût, va falloir que je reprenne mon autre livre dans le style ("Sous le soleil") avec encore plus de bibliographie. Pfiou.

  10. #4630
    Diamond Dogs / Turquoise Days de Alastair Reynolds.

    Deux longues nouvelles "inscrites dans le cycle des Inhibiteurs" selon le quatrième de couverture. J'ai bien lu "L'espace de la Révélation" mais quelque peu oublié sur le coup, donc perdu le contexte...

    Pas mal, pas mal. Univers bien maîtrisé, zolies technologies, par contre histoires assez moches, il y a de la violence et ça finit plutôt mal. Pas l'univers le plus rigolo qui soit, mais bien foutu.

  11. #4631
    Deux petites questions sur the expanse :
    Le cycle de bouquins est fini ? (Pas envie d'attendre façon asoiaf la fin pendant 107 ans)
    Ça se lit pas trop difficilement en VO ?

  12. #4632
    T'as pensé au coupe-circuit? Avatar de Jeckhyl
    Ville
    Crétin des Alpes
    Je suis dessus en VO et je n'ai aucun mal.

    Pour te donner une idée de mon niveau je lis Stephen King ou Terry Pratchett mais je cale sur le cycle Aubry & Mathurin.
    Citation Envoyé par perverpepere Voir le message
    je préfère être dans les ruisseaux des petits geste inutiles que dans le torrent du je m'en foutisme.

  13. #4633
    La même exactement, je viens de finir le 8 et ça se lit bien en VO. Gros kif en tout cas, je suis à fond !
    You must gather your party before venturing forth. You must gather your party before venturing forth. You must gather your party before venturing forth. You must gather your party before venturing forth.

  14. #4634
    Je démarre le tome 1 de mon côté. Y'a encore du chemin.
    La Bibliothèque idéale de l'imaginaire, c'est bon pour les noeils et l'esprit.

  15. #4635
    Citation Envoyé par Vautour Voir le message
    Deux petites questions sur the expanse :
    Le cycle de bouquins est fini ? (Pas envie d'attendre façon asoiaf la fin pendant 107 ans)
    Ça se lit pas trop difficilement en VO ?
    Et pour répondre à ta première question, oui le cycle est fini, 9 romans et un recueil de nouvelles.
    / Zodex Discogs - Bandcamp Exod \

  16. #4636
    "Fake it until you make it... And you will fake it a long long time..." Avatar de the_wamburger
    Ville
    Pas où, mais Caen
    Citation Envoyé par Zodex Voir le message
    Coucou, je pose ma question là au cas où, j'ai commencé à mettre certains beaux livres dans une vitrine /bibliothèque, je pensais mettre des rubans led à chaque étage pour éclairer ça un peu mieux (c'est une vitrine donc forcément une porte fenêtrée qui cache un peu la lumière), comment vous faites vous, avez vous une bonne marque ou système à me conseiller ?
    J'aurais bien aimé à piles car le meuble est entre les deux portes du balcon et pas de prises ici.
    Merci, et dites moi si cette question serait mieux dans un autre sujet.
    Tu devrais tenter ta chance dans le topic des travaux.


    De mon côté je suis en train de finir la trilogie de Ian W Toll sur la guerre du Pacifique, avec le dernier tome, Twilight of the Gods. J'ai un peu plus de mal à accrocher, parce que le pavé fait quasiment mille pages à lui tout seul (j'en suis à la 300ème quand même), mais ça verse beaucoup dans les récits annexes ou la contextualisation de ceci et cela (surtout la situation japonaise au tournant 1944 quand la marine se rend compte que c'est vraiment finito), et du coup ça se traîne un peu. Enfin là j'ai mangé 50 pages de bataille du golfe de Leyte où ça avançait un peu plus, mais j'ai peur pour la suite.
    Citation Envoyé par Ckao Voir le message
    Le chômage c'est relatif, suffit d'arriver avant les autres à l'usine.
    Taulier chez Keen.

  17. #4637
    Citation Envoyé par poneyroux Voir le message
    https://encrypted-tbn0.gstatic.com/i...gGlSSk6kJQZg&s

    Utopies Réalistes de Rutger Bregman.
    Je l'ai acheté suite a ton message et ait commencé la lecture, c'est effectivement rafraîchissant, et sonne très juste. Dans l'ambiance de depression existentielle collective du moment, c'est un grand bol d'air frais. C'est aussi extrêmement bien documenté. Merci.

  18. #4638
    Citation Envoyé par Tremex Voir le message
    Diamond Dogs / Turquoise Days de Alastair Reynolds.
    Plutôt sympa oui

  19. #4639
    Ouais je les ai adoré aussi, quel dommage que les derniers romans du Cycle des Inhibiteurs ne soient pas dispo en français !
    / Zodex Discogs - Bandcamp Exod \

  20. #4640
    Citation Envoyé par Tremex Voir le message
    Diamond Dogs / Turquoise Days de Alastair Reynolds.

    Deux longues nouvelles "inscrites dans le cycle des Inhibiteurs" selon le quatrième de couverture. J'ai bien lu "L'espace de la Révélation" mais quelque peu oublié sur le coup, donc perdu le contexte...

    Pas mal, pas mal. Univers bien maîtrisé, zolies technologies, par contre histoires assez moches, il y a de la violence et ça finit plutôt mal. Pas l'univers le plus rigolo qui soit, mais bien foutu.
    La nouvelle Diamond Dogs est d'autant meilleure si on se rappelle du contexte:

    Spoiler Alert!
    On apprends dans la série principale que les inhibiteurs ont placé des artefacts destinés à détecter les civilisations spatiales émergentes. Il est donc tout à fait possible que la "Blood Spire" soit l'une d'elle: il n'y aurai donc pas de trésor ou de secret cosmique au bout du chemin, vaincre l'énigme finale ne ferai qu'alerter les inhibiteurs et déclencher un génocide méthodique.
    L'échec de l'expédition est donc, techniquement, un happy ending.

  21. #4641


    Outresable de Hugh Howey.

    On est dans un monde post-apocalyptique, entièrement recouvert de sables et où l'humanité se retrouve autour de grands Seigneurs qui se battent ardemment pour le pouvoir. La société est divisée en plusieurs groupes mais les plus utiles sont les "plongeurs", des personnes réussissant à maîtriser parfaitement le sable (notamment grâce à leur tenue, qui leur permet on ne sait trop comment de changer la composition de celui-ci) pour aller plonger à des centaines de mètres et récupérer ce qui a été enfoui.
    Un lieu reste mythique, cherché par tous les plongeurs, et c'est au moment même où un groupe semble avoir localisé ce lieu que l'aventure commence.
    On suit une famille un peu déchirée, entre père décédé qui était une icône chez les plongeurs, mère qui semble avoir abandonné son rôle et enfants qui essayent de trouver leurs places. Et autour d'eux, des groupes de brigands qui semblent avoir un objectif autre que seulement récupérer des artefacts.

    Y a des trucs plutôt réussis : les personnages sont bien exploités, leurs interactions donnent envie de plonger un peu plus dans le bouquin et les enjeux sont globalement suffisamment maîtrisés pour avoir envie de savoir la fin. Ceci étant, sur 400 pages, y a pas mal de choses qui tournent en rond et le rythme est parfois un peu brisé par de longues descriptions d'événements qui n'apportent pas grand chose.
    Mais surtout, y a un soucis que j'ai trouvé assez majeur : j'ai trouvé le monde et son fonctionnement ultra brouillon. Je suis actuellement incapable de faire une description physique des villes (quand bien-même leur structure semble importante), je comprends pas vraiment comment les plongeurs arrivent pas à plonger, je saisis pas la technologie.

    C'est peut-être moi le soucis, mais ça m'a clairement ruiné mon immersion. Et dans de la SF où le world-building est important, c'est quand même sacrément problématique.

    Ca n'en fait pas un mauvais livre pour autant, notamment parce que Hugh Howey écrit toujours aussi bien, parce que les personnages sont suffisamment bons pour tenir l'histoire, mais j'aurais aimé pouvoir me projeter dans leur monde qui a l'air atroce mais sans que je puisse vraiment le ressentir. Et point que j'avais trouvé déjà dommageable dans Silo, c'est la rapidité avec laquelle tout se résout. Y a un événement majeur, ça semble être la grosse merde, et une page après tout est résolu.

    Ca m'empêchera pas, cela dit, de lire la suite, Outredune, puisque je veux savoir ce qui est arrivé. Mais ça sera pas pour tout de suite.

  22. #4642

  23. #4643

    J'espère qu'il fera mieux que le premier tome du Chevalier aux Épines parce que ... quelle purge ...
    Savoir bien écrire ne suffit pas, il faut aussi raconter une histoire intéressante et ne pas sauter sur autre chose à chaque fois que ça pourrait devenir intéressant.

  24. #4644
    canard, de peu de foi.

  25. #4645
    Citation Envoyé par maldone Voir le message
    canard, de peu de foi.
    Genre tu l'as trouvé au même niveau que l'excellent Janua Vera ? Ou le passionnant Même pas mort ?
    Ou même encore alors que c'est celui que j'aime le moins : Gagner la guerre ?
    Soyons sérieux.
    Je ne sais pas ce que Jaworski a fait dans la suite, et vu le premier tome, je ne vais pas acheter les suivants, mais on s’ennuie comme un rat mort dans lequel Mirabilis (ce nom ) mettrait des coups de patte.
    Jaworski qui fait d'ordinaire plus de merveilles et de subtilités (sauf dans Gagner la guerre) ne nous offre ... quoi ? qu'un bosquet ensoleillé difficile à trouver.
    C'est le seul et unique passage où je me suis dit : "Ça, c'est Jaworski". Et tout le reste, à la poubelle.
    C'est direct, sans ambiguïté, de la fantaisie franche avec des sorts de manipulation du temps, d'illusions et de peur et de la nécromancie. Allez hop, un jet de dés et échec critique ? Même pas.
    Et cette façon d'appuyer, d'insister sans cesse avec des gros marteaux et des gros souliers en bois dur sur le fait que "PERSONNE N'EST BON ! TOUS POURRIS ! TOUS ! TOUS MECHANTS !" c'était biiiieeeeeennnn fatiguant aussi ...

  26. #4646
    Tiens, je te mets le post-scriptum (sans spoil) du Chevalier aux épines qu'a écrit Jaworski sur son Facebook, qui t'éclairera peut-être sur pourquoi tu n'as pas aimé.
    Dans tous les cas, je pense que tu peux au moins accorder à Jaworski qu'il ne traite pas son sujet par dessus la jambe.

    Spoiler Alert!
    Post-scriptum du ‘Chevalier aux épines’
    Dans ‘Le Roman’, court essai qui ouvre son œuvre ‘Pierre et Jean’ (1887), Guy de Maupassant observe qu’il est impossible de donner le caractère décousu de la vie réelle à un récit de fiction.
    « Un exemple entre mille :
    « Le nombre des gens qui meurent chaque jour par accident est considérable sur la terre. Mais pouvons-nous faire tomber une tuile sur la tête d’un personnage principal, ou le jeter sous les roues d’une voiture, au milieu d’un récit, sous prétexte qu’il faut faire la part de l’accident ? »
    À la question qu’il soulève ainsi, Maupassant répond par la négative, ce qui l’amène à conclure que « faire vrai consiste à donner l’illusion complète du vrai, suivant la logique ordinaire des faits, et non à les suivre servilement dans le pêle-mêle de leur succession. » Et pourtant l’écrivain continue à méditer le problème puisque deux ans plus tard, le protagoniste de son roman ‘Fort comme la mort’, renversé par un omnibus, périt peu après de ses blessures. Alors que le préfacier de 1887 affirmait qu’on ne pouvait pas complètement contraindre la narration réaliste à se plier aux hasards de la vie réelle – « les Réalistes de talent devraient s’appeler plutôt des Illusionnistes », précise-t-il – le romancier de 1889 finit par tenter l’exercice. Et avec quel brio ! Car si l’accident de la circulation arrive sans prévenir et sans rapport avec l’intrigue, Maupassant lui donne un caractère suffisamment ambigu pour que le lecteur se demande s’il s’agit d’un terrible hasard ou d’un geste suicidaire. Dans un sens, le dénouement du roman est inattendu et cruel ; d’un autre côté, c’est une invitation à revoir toute l’histoire pour trancher entre deux hypothèses.
    Voilà des années que je suis fasciné par la manière dont Maupassant a repris ce qui n’était à l’origine qu’un lieu commun pour l’insérer dans une fiction et apporter, en quelque sorte, l’antithèse par la pratique à sa propre démonstration théorique. On y perçoit, au-delà des techniques éprouvées du conteur à succès, l’auteur qui réfléchit au rapport entre le réel, la fiction et son public, et qui entreprend une expérimentation esthétique à travers ce qu’il appelle lui-même un « roman d’analyse ».
    Bien que je sois très loin d’avoir le talent et l’audience de cet illustre devancier (sans compter qu’il aurait probablement brocardé mon vocabulaire « chinois »), c’est précisément ce travail d’expérimentation narrative et formelle qui m’intéresse dans la composition romanesque. Non pour fournir un ornement décoratif au récit : les jeux sur l’énonciation, la structure et le style sont consubstantiels de la fiction. En d’autres termes, c’est parce que le propos possède un dispositif et une couleur spécifiques que l’univers, l’action et les personnages acquièrent plus d’épaisseur. Du moins tel est mon dessein ; c’est bien sûr au public de juger s’il a été mené à bien.
    Cette intention, en tout cas, a amené ‘Le Chevalier aux épines’ à se développer suivant plusieurs axes ; je me propose d’en évoquer quelques-uns dans ces lignes. De la même façon que ‘Fort comme la mort’ dialogue avec ‘Le Roman’, ‘Le Chevalier aux épines’ dialogue (ou, pour être plus exact, débat) avec ‘Gagner la guerre’. Cependant, en dépit de leurs oppositions, ces deux romans décrivent le Vieux Royaume ; d’une certaine façon, leurs antithèses esthétiques contribuent à la complexité de l’univers fictionnel, et c’est précisément cette complexité qui a infusé dans certains détours narratifs que d’aucuns ont jugé déroutants.
    Quand j’ai écrit ‘Gagner la guerre’, je l’ai composé en réaction contre la mode de la multiplication des points de vue que j’observais dans un certain nombre de romans de fantasy. Ce procédé, souvent inspiré de l’entrelacement narratif du ‘Seigneur des anneaux’, me semblait devenu un outil un peu convenu. S’il était utile pour relancer l’intrigue et la curiosité du lecteur, il lui manquait souvent le sous-texte présent dans ‘Le Seigneur des anneaux’, c’est-à-dire l’hommage à un entrelacement narratif, parfois très sophistiqué, que l’on peut relever dans certaines œuvres médiévales. Afin de sortir de sentiers trop battus, j’ai opté pour un narrateur unique délivrant au lecteur son seul point de vue, dans un récit dont l’univocité, paradoxalement, générait un discours équivoque.
    En revanche, j’ai changé de pied dans la composition du ‘Chevalier aux épines’. Dans la mesure où ce livre avait un sujet plus médiéval que ‘Gagner la guerre’, dans la mesure où il s’agissait aussi d’un hommage au roman de chevalerie, j’ai décidé d’y revenir à l’entrelacement narratif. C’est donc un livre polyphonique dont la narration est prise en charge par plusieurs narrateurs. Ce sont des écrivains, comme le narrateur cadre des premier et troisième tomes ou le narrateur principal du deuxième tome, mais aussi des narrateurs enchâssés qui rapportent oralement des témoignages, comme le vieux chevalier Engoran dans ‘Le Tournoi des preux’ ou (indirectement) le frère Winemer dans ‘Le Débat des dames’. Entre les récits en prose de ces différents narrateurs viennent s’intercaler de longs passages en vers du ‘Roman du Bel Églantier’. L’entrelacement devient donc également mise en abyme, et mise en abyme signifiante puisque le roman en prose et le roman en vers finissent par se répondre et se rejoindre. En outre, le mélange des vers et de la prose renvoie à l’évolution formelle du roman médiéval, genre littéraire qui fut d’abord versifié au XIIe siècle et au début du XIIIe siècle avant de devenir littérature en prose. Mélange de prose et de vers, ‘Le Chevalier aux épines’ devient ipso facto un prosimètre, forme hybride fréquente dans la littérature du second moyen âge et de la Renaissance.
    L’entrelacement auquel j’ai eu recours n’a donc pas seulement pour objectif de rythmer la dynamique du récit ou de relancer l’intérêt du lecteur ; en s’inscrivant dans une alternance entre l’écrit et l’oral, entre la prose et le vers, il rend hommage aux formes du roman médiéval et à la plasticité qui lui a permis d’évoluer progressivement d’une esthétique encore voisine de celle de la chanson de geste vers celle du roman moderne. Parce qu’inspiré de formes médiévales, ‘Le Chevalier aux épines’ n’est pas une œuvre médiévaliste seulement par son sujet, mais aussi, dans les mêmes proportions, par sa composition. En ce sens, l’entrelacement ne se réduit pas ici à un artifice narratif : il devient consubstantiel de la matière même du roman.
    À ce dispositif narratif s’ajoute l’énigme du narrateur cadre. Bien qu’a priori, il ne soit pas un protagoniste de l’histoire, le narrateur intervient de temps en temps dans le récit, donne son avis, corrige certaines rumeurs, évoque les conditions mystérieuses dans lesquelles il compose le livre. Mais ‘Le Chevalier aux épines’ ne fournira que des informations lacunaires sur ce narrateur ; pis encore, le chroniqueur apparaît comme peu fiable, voire délibérément trompeur. Ce locuteur qui se fait fuyant – ou au contraire intrusif – a été créé à l’image de ce que nous percevons des romanciers médiévaux : ce sont des écrivains qui continuent à nous parler à travers leurs livres, parfois avec autorité, et qui pourtant se dérobent à nous. Beaucoup sont anonymes ou apocryphes. Même ceux dont nous connaissons le nom, même ceux dont l’œuvre est restée célèbre demeurent de véritables énigmes. J’emploie à dessein le mot énigme car tout un pan de la littérature médiévale raffole du procédé. Les œuvres destinées aux milieux curiaux, cultivant un certain élitisme, cachent au fil de leurs pages des symboles ou des jeux formels qui ne sont accessibles qu’aux initiés et aux lecteurs (ou auditeurs) attentifs. C’est également ce que fait le narrateur cadre du ‘Chevalier aux épines’, en se livrant à un jeu inspiré des tours pratiqués par les grands rhétoriqueurs de la fin du moyen âge et du début de la Renaissance. Il a signé le livre, et même plus encore, mais il faut les codes pour le voir.
    Sur ces hommages à des formes médiévales sont venues se greffer des influences plus modernes ; elles font de ce récit un roman de fantasy tout autant qu’un pastiche de roman de chevalerie.
    Ainsi, les circonlocutions de la narration sont redoublées par les circonvolutions de l’action et du paysage. Fausses pistes, événements imprévus, errances chevaleresques et vagabondages animaux, méandres des cours d’eau et dédales architecturaux détournent le lecteur des horizons d’attente qu’il espère peut-être atteindre, tout en le ramenant régulièrement vers le lieu central que représente le château de Vayre. Tous ces faux fuyants ont leurs raisons d’être. Tout d’abord, le texte opère un déplacement : le caractère aventureux du roman de chevalerie se décale, glisse insensiblement du personnel romanesque à son public. Mon intention était que l’errance devienne presque autant celle du lecteur que celle des protagonistes.
    À ce sujet, l’épigraphe du deuxième tome est une clef. La citation de Jorge Luis Borges, qui éclaire bien sûr les crimes commis de sang-froid dans ‘Le Conte de l’assassin’, est tirée de la nouvelle intitulée ‘Le Jardin aux sentiers qui bifurquent’. Cette fiction racontant un assassinat aussi odieux que tortueux, elle entre en résonance avec le volet criminel du ‘Conte de l’assassin’. Mais le titre de Borges est également une périphrase pour désigner le labyrinthe et, de fait, l’assassinat qu’il imagine est commis au cœur d’une mise en abyme labyrinthique. Cette double thématique, homicide et dédaléenne, donne tout son sel au choix de l’exergue. Car, dans sa narration comme dans son sujet, ‘Le Chevalier aux épines’ possède une dimension labyrinthique qui contribue d’ailleurs à le rendre déceptif. Le motif du labyrinthe m’intéresse dans sa polysémie : symbole de l’infini et de l’initiation, à la fois découverte du monde et de soi. Or le roman de chevalerie est souvent récit initiatique, où le chevalier se révèle à lui-même au fil de ses errances, tandis que le roman de fantasy est roman d’évasion, qui dévoile un monde secondaire au lecteur. En ce sens, faire entrer le lecteur dans le labyrinthe fictionnel, c’est l’inviter à voyager dans la narration comme dans l’univers de fantasy. Figuration du monde, le labyrinthe, fût-il subliminal, vient structurer le mirage de l’univers secondaire, contribuant ainsi à la construction de la fantasy.
    Le caractère déroutant que peut prendre ‘Le Chevalier aux épines’ est donc en partie le produit de cette composition. La double fin est à la fois ouverture – en particulier sur les romans ultérieurs du cycle du Vieux Royaume – et dans un sens libération ; à rebours, c’est aussi un piège tendu à l’imagination du lecteur et, pour peu qu’il fonctionne, cet explicit n’est pas sortie du labyrinthe mais accession à sa pièce centrale, là où le vrai monstre tissait sa toile.
    Par-dessus tout, cette fin à la fois double, frustrante et réflexive renvoie à nouveau, sinon à l’esthétique, du moins à l’une des vocations du roman médiéval. Les romans de chevalerie, mais aussi un genre littéraire comme le débat (à mettre bien sûr en relation avec le titre du troisième tome) avaient pour but d’en appeler à l’interprétation et à la discussion du public. Ces ouvrages destinés aux loisirs de la cour proposaient des allégories où des questions qui, une fois la lecture publique terminée, ouvraient le débat au sein des convives. C’est donc ce phénomène que j’ai voulu susciter, non dans le cadre des jardins ou des grands-salles nobles, mais dans les discussions directes ou numériques du XXIe siècle. À la différence de bon nombre d’auteurs médiévaux, je n’entends pas prêcher ou édifier mon public ; mais dans la mesure où j’ai composé un récit médiéval-fantastique, j’ai voulu que l’hommage à la civilisation du moyen âge déborde du récit et ressuscite éventuellement certains usages de la lecture pratiqués entre le XIIe et le XVIe siècle.

  27. #4647
    Citation Envoyé par Lee Tchii Voir le message
    Et cette façon d'appuyer, d'insister sans cesse avec des gros marteaux et des gros souliers en bois dur sur le fait que "PERSONNE N'EST BON ! TOUS POURRIS ! TOUS ! TOUS MECHANTS !" c'était biiiieeeeeennnn fatiguant aussi ...
    Mais tellement pas.

    Le chevalier aux épines lui-même est super ambigu, tout le long. Mais sûrement pas mauvais.
    Le chevalier qui l'accompagne est tout ce qu'il y a de plus héroïque au sens médiéval, sans aucune intention de faire le mal. C'est une sorte de stéréotype de paladin.

    Le page est très douteux, la duchesse peut-être aussi, comme son fils aîné, le chef des Ouromands, les trois chevaliers elfiques, ... Mais douteux ne veut pas dire alignement EVIIIIIL.
    Ce sont des personnages avec des zones d'ombre, pas des méchants manichéens.

    Evidemment, si tu lis les bouquins avec une grille de lecture de lutte des classe, en te disant que les nobles sont foncièrement mauvais parce qu'ils exploitent les paysans (en particulier le passage assez tôt où le chevalier aux épines coupe le bras d'un paysan sans vraiment s'en soucier), rien ne pourra les rattraper.

    Il y a en permanence dans la série un décalage entre l'honneur à la base de toute la société noble de Bromael, et ce que les nobles sont prêts à faire au nom de cet honneur.


    C'est complètement dans la continuité de certaines nouvelles de Janua Vera (on y retrouve d'ailleurs le chevalier aux épines, deux fois de mémoire), donc j'ai du mal à comprendre la différence que tu fais entre les deux.

  28. #4648
    Citation Envoyé par LaVaBo Voir le message
    j'ai du mal à comprendre la différence que tu fais entre les deux.
    Ya un recueil de nouvelles intéressantes et un roman où je me suis ennuyée.
    Le chevalier aux épines passe son temps à embobiner tout le monde. Il laisse croire qu'il va sauver les enfants et dit tranquillou que non, ils sont mieux à se battre pour savoir qui sera le meilleur dr... le plus rapidement sacrifié qu'avec leurs parents et se sert d'un cas individuel pour appuyer son assertion en la sachant 100% de mauvaise foi.
    Le chevalier est une caricature certes, avec bon fond, mais montré complètement teubé à de nombreuses reprises. Un problème éthique ? Appelez Héloïse ! Hop, il n'y pensera plus.
    La duchesse ordonne tranquillou de bruler le couvent pour se venger de l'ex maitresse de son mari, yeah.
    Son fils ainé frappe l’abbesse sans aucun remord.
    Les trois chevaliers elfiques qui kidnappent des enfants en sachant qu'un sera sacrifié.
    Mais non, ils ne sont pas méchants voyons, ils sont pleins de bonnes intentions


    Et non, je n'ai pas de grille de lecture.
    On me dirait que ça a été écrit par un ghost writer, je l'aurais 100% cru.

    Citation Envoyé par kilfou Voir le message
    Tiens, je te mets le post-scriptum (sans spoil) du Chevalier aux épines qu'a écrit Jaworski sur son Facebook, qui t'éclairera peut-être sur pourquoi tu n'as pas aimé.
    Dans tous les cas, je pense que tu peux au moins accorder à Jaworski qu'il ne traite pas son sujet par dessus la jambe.
    Je lis ça demain, merci.

    PS : Après lecture, je ne suis pas sûre que cela explique pourquoi le roman ne m'a pas plu.
    Je n'ai rien contre le fait d'avoir plusieurs points de vue dans une histoire, ou un seul, ou un narrateur peu honnête, et si la fin m'a confortée dans le fait que je n'aimais pas ce livre, ce n'est pas non plus la raison pour laquelle je ne l'apprécie pas.
    Au contraire, comme l'auteur le dit, la multiplication des points de vue est censé renouveler l’intérêt du lecteur.
    Ce n'était pas mon cas, car Jaworski a choisi volontairement de changer de point de vue dès que l'histoire devenait intéressante.
    Et généralement de sauter la partie intéressante, ou de la raconter par un autre point de vue encore 20-30 pages après alors que moi, le lecteur, j'étais passée à autre chose.
    Alors c'est vrai, le roman part avec un gros boulet : je n'aime généralement pas les histoires de chevalerie.
    Mais comme j'avais aimé ces précédents romans (moins que beaucoup de fanboys ici, mais apprécié quand même), j'ai essayé.
    Et du coup je n'ai aimé ni la partie chevaleresque tournée "réaliste", ni la partie fantasy beaucoup trop bourrine et assumée, ce qui, à mon sens, est très différent de ce à quoi nous a habitué l'auteur.
    J'étais chagrine avant, mais j'étais en PLS dès la première l'apparition de Mirabilis.
    Dernière modification par Lee Tchii ; 23/06/2024 à 12h27.

  29. #4649
    Je viens de finir Gideon la Neuvième, de Tamsyn Muir



    Ouvrage de science-fiction assez inclassable, on se retrouve dans un récit qui mélange avec bonheur :
    - un univers futuriste avec des relents (mais des relents seulement) de WH40K
    - un huis-clos digne d'un polar
    - des interactions dignes d'un soap opéra, avec un humour omniprésent
    - des nécromanciens, des épéistes, des duels, des morts, et re des nécromanciens derrière
    - des personnages bien campés, plutôt attachants et souvent marrants

    Bref, un univers un peu foutraque mais original et un récit rondement mené, qui ne cède que rarement à la facilité.

  30. #4650
    C'est Archer qui retombe dans le coma pour une nouvelle saison quoi.



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