Écrit 8 ans avant Deadhouse Gates, Gardens of the Moon souffre des erreurs de jeunesse de Steven Erikson. Si le côté abrupt des premières pages est voulu et assumé et si la logique du dénouement nous apparaît finalement très claire en poursuivant la lecture sur quelques tomes, difficile de nier que les personnages restent assez distants et que le roman est surtout tiré par son intrigue et son univers mystérieux.
Bonne nouvelle, dès le tome 2, la donne est tout autre : Erikson maîtrise beaucoup mieux ses personnages et la différence se sent vraiment. Le ton n'est plus le même, l'histoire ne prend plus le pas sur la psychologie et les deux se mêlent beaucoup mieux. A tel point que je pense maintenant que la plus grande force d'Erikson est de nous faire nous attacher tellement aux personnages que ses éléments tragiques sont d'autant plus puissants. Je trouve personnellement qu'il a transformé son plus gros défaut en sa plus grande qualité : les personnages un peu pantins de Gardens of the Moon sont devenus certains des plus beaux personnages de la fantasy (Coltaine, Itkovian ou Beak pour ne citer qu'eux).
Pour résumer :
- Vous avez lu Gardens of the Moon, vous avez aimé, vous allez adorer la suite.
- Vous avez lu Gardens of the Moon, vous n'avez pas aimé, essayez de redonner une chance à Erikson un peu plus tard avec Deadhouse Gates. Si vraiment ce deuxième tome ne vous plaît pas (ne vous forcez pas à le terminer, même si la fin est superbe), la série n'est pas pour vous. Si le déclic se fait, sautez sur Memories of Ice.
Retenez qu'un défaut que vous trouvez à Gardens of the Moon restera un défaut de Gardens of the Moon et a de grandes chances d'être corrigé dès le deuxième livre. Une critique de Deadhouse Gates ou Memories of Ice pourra par contre s'appliquer à toute la saga.
Sachez aussi que vu le nombre de techniques de foreshadowing qu'il y a dans le premier tome, une relecture peut faire ressortir de nouvelles saveurs. C'est un livre très particulier à relire.