Les tirs nucléaires de missiles sous-marins sont très particuliers : l
e ciblage de l'engin est programmé sans que l'équipage sache vers quelles cibles ses têtes nucléaires seront tirées. Après que l'ordre de mise à feu a été reçu par le commandant du submersible, qui exécute en personne la directive présidentielle, l'engin quitte le navire en étant expulsé par une puissante "chasse" d'air comprimé. Le premier étage ne s'allume que lorsque le missile est complètement sorti de l'eau, comme le montre une vidéo du fabricant Astrium, une filiale d'EADS, visionnée le 18 mai vers 23 heures. Dès lors que le coup est parti, plus personne ne peut l'arrêter et aucune instruction extérieure ne peut plus être reçue par l'engin,
qui n'émet pas non plus la moindre donnée. Pour cette raison, le communiqué officiel publié après l'échec évoque à juste titre
une "autodestruction" qui s'est produite sans intervention humaine.
Pas de boîte noire
Le missile ne contient aucune "boîte noire". Pour les artisans de la filière militaro-nucléaire française - Direction générale pour l'armement DGA, marine nationale, industriels -, crème de la crème de l'appareil militaro-nucléaire français, l'échec n'est pas une option ! A tel point que les sites du ministère de la Défense n'ont pas été mis à jour après l'accident du 5 mai. Sur le portail de la DGA, on peut encore lire ce dimanche matin, à propos de la plus puissante des armes françaises, que "tous les essais en vol du M51 ont été des succès complets"...