Le 20 mars 1942, donc, le premier lancement est organisé par l’Amirauté britannique et huit heures plus tard, la première attaque aux ballons météorologiques de l’histoire touche l’Allemagne nazie. Au mois d’août, ils en sont à 1000 lancement par jour. Et tu veux te marrer ?
– Dis toujours.
– Les militaires ont apparemment le même réflexe que toi : ça ne leur semble ni très crédible, ni très glorieux, comme manière de faire la guerre. C’est même pour ça que c’est l’Amirauté qui s’est fait refiler le bébé et pas la RAF qui estimait officiellement que ce n’était pas très fair play et que je cite, « des attaques de cette nature ne devraient pas pouvoir partir d’un pays qui pratique le cricket ». Du coup, devine qui gère l’opération ?
– Euuuuh ben…
– 140 femmes issues du WREN.
– Le pardon ?
– Le Women’s Royal Naval Service. Des militaires non combattantes puisqu’en vertu de certains clichés misogynes qui n’ont bien évidemment plus cours aujourd… Oui, bon, oublie : on estime que des femmes ne sauraient être bonnes à faire autre chose que du ravitaillement, du secrétariat ou de l’intendance – allez, on peut sans doute en faire de bonnes infirmières, aussi. Du coup, ce sont elles qui se retrouvent à balancer des ballons incendiaires sur l’Allemagne parce que c’est bien un truc de gonzesse, tiens, ça, encore. Bon, on les fait quand même diriger par un homme, hein, restons sérieux, en l’occurrence le capitaine Banister dont la propre fille lancera d’ailleurs sa part de ballons. Elle fait peut-être partie de celles qui s’amusaient à envoyer leurs bons vœux aux nazis à coups de « Eat it, bastards » ou « Balls to Goering » griffonnés sur les enveloppes de latex.