Je rejoins l'idée générale ici : il faut à la fois prendre les victimes au sérieux, et respecter la présomption d'innocence.
Le problème, c'est que les aggressions sexuelles sont tellement peu condamnées que de nombreuses victimes n'ont pas d'autres choix que de dénoncer publiquement leur bourreau, avec les risques et les dérives que l'on voit. Il n'y a aucune raison de se réjouir de la mort de qui que ce soit. Un violeur de moins, ça ne fait pas disparaître les viols. Pour faire disparaître les crimes sexuels, il faut s'attaquer à leur cause : les rapports de domination entre les hommes et les femmes. Le patriarcat.
Il faut comprendre que, rien qu'en France, les associations d'aides aux victimes recensent 75000 viols/agressions sexuelles par an, et plus de 300 féminicides.
Or, sur ces 75000 aggressions, seules 10% sont dénoncées à la justice. Pourquoi si peu ? D'abord parce que la plupart ont lieu au sein du cercle familial, de nombreuses victimes sont des enfants et ados, bref des personnes vulnérables. Ensuite, parce que les victimes ont peur et ont honte. Parce que la honte repose encore majoritairement sur la victime.
Pour résumer, un viol, c'est un rapport de domination. Ce n'est pas un acte de folie commis par des détraqués frustrés sexuels, la plupart du temps les violeurs sont des gens qui ont une vie lambda. Le viol, c'est tout simplement l'aboutissement extrême d'un rapport de domination entre les hommes et les femmes qui s'appelle le patriarcat. On en revient toujours à ça. Et c'est cela qu'on doit combattre dans notre quotidien si on veut que les viols disparaissent.
Je vous partage cet article qui montre très bien comment les victimes sont très, trop souvent traitées quand elles portent plainte. C'est ahurissant :
https://www.bastamag.net/Le-viol-une...iEY9n3dZX2Uo6c
En gros, si tu correspond pas à un archétype de victime idéale, t'es pas prise au sérieux. Seuls 3% des viols recensés sont condamnés... Et beaucoup sont requalifiés en aggressions sexuelles, soi-disant pour aller plus vite...
Voir aussi cet exemple proprement honteux de cette gamine de 13 ans violée à de nombreuses reprises par des pompiers de Paris, et qui doit passer par des pétitions pour faire entendre son cas...
Twitter et le tribunal public ne remplaceront jamais la justice et la police, c'est évident, mais si ça pouvait les remuer pour qu'elles fassent mieux leur boulot, ce serait déjà ça de gagné... Cela m'attriste d'autant plus qu'en dehors d'ordures enfin mises hors d'état de nuire, des innocents, ou du moins présumés innocents, ont été embarqués dans le lot, et ce n'est pas acceptable. Et en tant que fan de Michael Jackson, je sais ce que c'est qu'un innocent lynché en place publique... J'ai par exemple été sidérée de voir avec quelle rapidité on a rayé Kevin Spacey de la carte, alors qu'aux dernières nouvelles (à moins que j'aie raté un épisode), il est présumé innocent. Il faut dénoncer sans ambuïgité l'hypocrisie de certaines boites de prod, certains professionnels, qui pensent à leur image avant de s'intéresser aux faits, ou pire, qui savaient que leur collaborateur était coupable mais n'ont rien dit tant que que ça ne nuisait pas à leurs affaires.
La bonne chose dans ce déballage public, c'est qu'on va peut-être enfin réduire a minima les inégalités entre les sexes. Malheureusement il fallait en arriver là pour que les consciences évoluent, pour libérer la parole des victimes, et pour qu'on fasse le point ensemble, femmes et hommes, de ce qui ne tourne pas rond dans notre société. Qu'on se parle, bordel. On peut pas continuer comme ça.