Voici la suite du topic sur les claviers et autres périphériques à touches.
Vous pourrez trouver le premier topic ici.
Disposition physique (layout)
Le choix de la disposition des touches est déterminant pour la sélection d'un clavier, bien avant les types de touches, le rétroéclairage ou même les matériaux utilisés.
Les dispositions usuelles et disponibles nativement sur les claviers achetés dans le commerce (que ce soit les claviers séparés ou ceux intégrés aux PC portables) sont les suivantes :
azerty
On trouve et utilise cette disposition majoritairement en France malgré les défauts connus dans le placement des caractères fréquemment utilisés et des caractères accentués.
qwerty
Décliné communément en deux versions (ISO et ANSI) dont les différences principales sont la taille de la touche entrée et la présence d'une touche supplémentaire à gauche du shift en ISO qui rapproche cette disposition de ce qu'on trouve habituellement en azerty FR, le qwerty s'avère mieux organisé pour écrire en français que l'azerty.
bépo
Cette disposition a pour vocation de proposer un placement naturel des caractères fréquemment utilisés en français afin de réduire considérablement le déplacement des doigts lors de la frappe "à 10 doigts", mais aussi accéder facilement aux caractères spéciaux tel que l'espace insécable ou les guillemets.
dvorak / colemak / autres
Ces dispositions ont également pour vocation de réduire le déplacement (et donc la fatigue) des doigts et de proposer un accès facilité à certains caractères utilisés fréquemment pour la programmation.
Ergonomie
Vaste sujet pour lequel en tant que consommateur nous avons peu de possibilités ; la balle étant essentiellement dans le camp des fabricants. Dans l'idéal, voilà ce qu'un clavier et son utilisateur devraient respecter.
position des mains
L'avant du clavier (côté barre d'espace) doit être plus élevé que l'arrière pour éviter l'extension du poignet fatiguant les muscles et les tendons. Bon, déjà on s'aperçoit que c'est un peu mort vu ce que nous propose les fabricants. Très peu de claviers bénéficient de cette inclinaison.
Pour la même raison, les coudes doivent être à la même hauteur que le clavier (poignets alignés avec les avant-bras). Un sous-main est un plus mais on évite les daubes habituellement fournies, trop dures et pas assez hautes.
résistance à la frappe
La force nécessaire à l'activation d'une touche ne doit pas être trop élevée. Il est conseillé de ne pas dépasser une force d'environ 50 cN (~50 g). On oublie donc les interrupteurs à dôme et on dit bonjour aux mécaniques.
La course nécessaire à l'activation des touches doit être bien inférieure à la course totale avec idéalement une baisse de la résistance de la touche lorsque la frappe est prise en compte. Ceci permet de ne pas taper systématiquement le fond du clavier et demande moins d'effort. Argument de plus en faveur des mécaniques.
accès à la souris
La souris doit rester proche du clavier. Pour les droitiers il faudrait donc que le pavé numérique soit à gauche ou qu'il ne soit pas. Ce décalage dû au pavé numérique incite à décaler la position de la souris sur la droite. Dans cette position, le poignet droit à tendance à être plié vers l'intérieur (abduction) ou vers l'extérieur (adduction) et c'est évidemment source de contraintes mécaniques qui peuvent à la longue générer des douleurs.
organisation des touches
Idéalement les touches devraient être organisées de manière à suivre la forme naturelle des doigts ("columnar stagger"), ou orthogonalement ("ortholinear" ou "matrix"). Malheureusement l'organisation des colonnes de touches est communément inclinée avec plus ou moins de décalage entre les lignes ("normal stagger" ou "equal stagger").
-- image, cf.
https://deskthority.net/wiki/Staggering --
zone de repos ("home row")
Là aussi il paraît évident qu'afin de réduire les contraintes mécaniques qu'impose la frappe sur un clavier les caractères devraient être disposés de manière à limiter le déplacement des doigts loin de la "position de repos" (soit les touches qsdf jklm sur un clavier azerty).
C'est là qu'entrent en jeu les dispositions alternatives comme le bépo, le dvorak ou le colemak. S'adapter à l'une de ces dispositions peut prendre beaucoup de temps avant de se sentir à l'aise mais le gain en terme de rapidité et surtout confort est certain.
Les touches
Étant donné qu'il est rarement possible de changer les touches d'un ordinateur portable, d'extensions de type Microsoft Surface, cette section ne prendra en considération que les touches des claviers externes pouvant être connectés à n'importe quel ordinateur par câble ou technologie sans fil.
profil
Le nombre de profil de touches dépasse l'entendement et chacun est voué à un usage et un type de clavier / ergonomie spécifique. Certains profils, combinés avec une base de clavier inclinée, vont permettre un positionnement naturel et non contraignant des doigts.
-- image --
Chaque profil va offrir une épaisseur, inclinaison et empreinte différentes ce qui permet à qui veut personnaliser son clavier de sélectionner ce qui lui convient le mieux, en fonction de ses habitudes de frappe.
matériau
Le plastique utilisé pour former une touche va déterminer son poids, le son produit mais surtout sa résistance à l'usure et la persistance de la couleur d'origine.
Habituellement le choix se porte sur
l'ABS qui est moins coûteux à produire et qui permet l'ajout des caractères via de multiples procédés (laser, double injection, etc) sans risquer d'abîmer le plastique. Ce matériau a par contre tendance à jaunir à cause de l'exposition prolongée aux ultraviolets (dont la lumière du soleil est composée) et à devenir lisse et brillant à force d'utilisation.
Le
PBT quand à lui est très résistant à l'usure physique et chimique. Cependant ses qualités le rendent plus complexe à mouler et l'ajout de caractères ne se fera que par laser ou par sublimation.
Peu de claviers semblent posséder de touches en
POM qui semble pourtant également de très bonne qualité, même si plus lourd et glissant que le PBT.
légendes
Il existe plusieurs manières d'ajouter une légende à une touche :
simple impression
C'est la méthode la moins chère et donc la plus fréquente. On imprime le caractère sur la touche et éventuellement on ajoute un revêtement pour améliorer la durée de vie. Parfois ça se rapproche carrément d'un espèce d'autocollant ([hop](
http://cpc.cx/2c5)). On peut avoir un marquage de plusieurs couleurs, collable n'importe où sur la touche mais on sent la lettre imprimée (apparemment gênant pour certains) et surtout, ça s'use très vite.
marquage au laser
Le nom parle de lui-même, on brûle la touche au laser. La durée de vie est bonne étant donné qu'il faut complètement user le dessus de la touche pour voir le marquage disparaître mais la lettre apparaît légèrement floue et sera forcément noire. Sur des touches noires ça peut-être gênant (ou voulu). Là encore on peut sentir le marquage.
sublimation
Cette fois on va déposer de l'encre sur une petite profondeur (quelques dizaines de microns). Même si on use un peu la touche le marquage reste présent. On peut l'appliquer sur n'importe quelle face de la touche et utiliser différentes couleurs. Pour les plus tatillons, on ne sent pas le caractère. Il y a une condition à respecter : l'encre doit être plus sombre que la touche. Ça a l'air super mais c'est super cher, logique. On n'en trouve pas souvent d'ailleurs.
double injection
Encore une technique un peu plus coûteuse que ce qu'on trouve habituellement sur nos claviers. Deux moulages sont réalisés. On crée d'abord une touche plus petite sur laquelle le marquage sera en relief. Ensuite on crée une deuxième touche en injectant le plastique autour de la première de manière à ce que le texte en relief reste visible. Voilà
une image regroupant différents procédés dont le double shot à la 2e ligne. La touche bleue correspond à la première touche, plus petite, comportant le texte.
Deux petites photos de l'envers d'une touche pour mieux comprendre :
(1) et
(2). On voit bien les deux couleurs différentes entre la partie servant au texte et l'enveloppe.
Cette technique permet d'avoir un marquage qui ne partira jamais et qu'on ne sentira pas au doigt. En dehors du prix, l'inconvénient est qu'on est limité à deux couleurs, une pour la touche intérieure et une pour la touche extérieure.
Les switches
La quasi totalité des claviers que vous trouverez dans le commerce y compris ceux fournis avec les ordis de marque ou ceux des portables ont des interrupteurs non-mécaniques. C'est un abus de langage étant donné que l'on reste dans la mécanique. Ce qu'il faut comprendre avec ce terme c'est que vous ne trouverez pas de ressort sous votre touche mais du caoutchouc éventuellement accompagné de plastique. Les claviers chers muni de touches classiques, et je vise particulièrement les claviers "gamer", ne sont pas épargnés. Il est quasiment sûr que ces claviers abritent des interrupteurs non-mécaniques.
switch "à ciseaux"
-
avantages : prix, bruit généralement contenu, compact, léger
-
inconvénients : nécessite d'aller en butée pour activer la touche, s'active d'un coup, retour en position plus lent, durée de vie plus courte, sujet au vieillissement (légères modifications du comportement possibles)
switch "mécanique"
-
avantages : ergonomique (prise en compte de la frappe avant d'arriver en butée), frappe moins brusque, retour en position neutre rapide, excellente durée de vie, facilement personnalisable, très peu sujet au vieillissement
-
inconvénients : cher, bruyant pour la plupart des types (le couple mauvaise frappe + MX Blue est parfait pour se faire engueuler), lourd, moins compact et donc difficilement intégrable aux portables
bruit généré
Difficile de donner un conseil général sur ce point. Les touches type portable peuvent se révéler bruyantes, idem pour les interrupteurs à dôme. En dehors des interrupteurs conçus pour générer un bruit bien particulier comme les Cherry MX Blue ou les Buckling Spring on ne peut pas faire de généralités. Même deux claviers avec les mêmes interrupteurs peuvent produire deux sons différents. On peut différencier trois types de bruits que peut produire un clavier :
- le bottom-out (fin de butée) est lié à l'habitude des claviers non-mécaniques où il faut impérativement arriver en fin de butée pour que la frappe soit prise en compte. Il peut être amplifié suivant la construction du clavier. Dans le cas d’un clavier mécanique ce bruit peut être atténué avec des o-rings (joints toriques) à placer dans les touches ou des landing pads à placer sur le switch, ou en prenant l'habitude de ne pas enfoncer les touches jusqu'en bout de course après qu'elles aient été activées
- le clic sonore présent uniquement sur les switches « Clicky » comme les Cherry-MX Blue ou Green. Il s'agit d'un click volontairement produit par le switch lors de l'activation. Il n'est pas possible de l’atténuer vu qu'il fait partie intégrante de la conception du switch
- le retour de frappe est le bruit que peut faire une touche qui revient brutalement à sa position haute après avoir été enfoncée. Généralement bien plus faible que les deux autres mais il peut être amplifié selon la construction du clavier. Il est possible de limiter ce bruit en prenant l'habitude d'accompagner un peu la touche qui remonte, mais c'est assez technique. Sur les claviers mécaniques, un utilisateur qui aura pris l’habitude de ne plus enfoncer les touches à fond réduira aussi ce bruit (la touche qui remonte aura moins d’élan)
Pour vous faire une idée rien ne vaut les vidéos de personnes s'enregistrant en train de taper sur des claviers construits dans différents matériaux et possédant différents types de switches.
ghosting / key blocking / key rollover
ghosting
C'est un phénomène très rare (même un clavier Advance doit en être dépourvu) mais assez pénible. Il correspond à l'envoi d'une touche à l'ordinateur alors que vous n'avez pas appuyé dessus. Par exemple, j'appuie sur A et H, sur mon écran s'affichent AH*I*. Ce I n'a rien à faire là et pourtant il s'est incrusté, envoyé par le clavier. Pourquoi est-ce rare ? Déjà parce que les fabricants ont fait un petit effort et ensuite car ces mêmes fabricants limitent quasiment tout le temps le *Rollover* de leurs claviers.
key blocking & key rollover
Le
Key Rollover correspond au nombre de touches sur lesquelles vous pouvez appuyer simultanément sans qu'une seule ne soit oubliée. Le
Key Blocking est le phénomène qui apparait quand vous atteignez la limite du
rollover de votre clavier : vous avez beau appuyer sur une touche, rien ne se produira. Le
ghosting ne peut donc pas apparaitre une fois la limite du
rollover atteinte.
Pour tester ce
rollover je vous conseille
cette page (le lien que j'utilise habituellement est mort, j'ai trouvé celui-là rapidement mais j'en chercherai un meilleur). Essayez de tester des touches que vous êtes susceptibles d'utiliser simultanément, notamment en jeu. Les toWin (ou équivalent)uches Ctrl, Alt, Maj, et parfois Suppr ne comptent pas. Elles bénéficient normalement d'un traitement spécial et ne vous bloqueront pas. On parle de *X*-Key Rollover (ou *X*KRO) où *X* est le nombre maximale de touches prises en compte en même temps. Le NKRO correspond au cas où toutes les touches peuvent être activées au même moment.
Cette limite va dépendre de la conception du clavier et bien sûr, avoir du NKRO coûte plus cher que du 2KRO. Vous verrez que cette limite n'est pas la même selon que vous utilisiez des touches proches les unes des autres ou non. Cela dépend généralement des lignes/colonnes des touches concernées. La plupart des claviers sont limités à 2, 3 voire 4KRO. Les claviers "gamer" présentent parfois l'argument du NKRO ou de l'
antighosting (c'est censé être la même chose). La plupart étant en USB ce n'est normalement pas possible (voire section suivante) mais on n'a que dix doigts. Quand on approche de 5, 6KRO il est très très rare d'être gêné.
avec ou sans fil
Faire 15 pages là dessus serait inutile, on voit facilement les avantages et inconvénients du sans-fil. Choisissez bien choisissez But pour ne pas prendre un modèle qui nécessite de changer les piles toutes les 2 minutes et ça ira. Les problèmes de latence sont un faux problème pour peu qu'on ne possède pas une daube sans nom. En laissant de côté le bas de gamme on évite la plupart de ces petits soucis.
Une entreprise témoin suisse expérimente le wifi avec fil. Pour les intéressés, contactez johnclaude (ne me remercie pas de pourrir ta boîte à MP, ça me fait plaisir).
port PS/2 ou USB
USB me direz-vous, il est partout. Sauf que ce n'est pas si évident que ça. Le PS/2 présente plusieurs avantages et un désavantage. On commence par le désavantage comme ça c'est fait : il y a de moins en moins de ports PS/2 sur les ordinateurs et quasiment jamais sur les portables. Ceci dit, un adaptateur généralement fourni règle le problème. Petit inconvénient donc. Voyons les avantages.
Le PS/2 supporte le NKRO alors que l'USB est "limité" à 6 touches en plus des touches de combinaison (Ctr, Alt, Shift et Win/Méta/Commande). Certaines entreprises comme Microsoft essaient de régler le problème et sur le Noppoo Choc Mini cela semble marcher.
Alors que le clavier en USB attend qu'on lui demande si une touche a été enfoncée, celui en PS/2 envoie l'information. Un peu moins de latence et pas de soucis en cas de surcharge de l'USB.
En cas de soucis avec une CM, il peut être salvateur d'avoir un clavier en PS/2 à portée de main.
Le PS/2 est donc un peu plus intéressant mais ne vous prenez pas trop la tête là-dessus. Si vous le choisissez faites attention, un débranchage/rebranchage à chaud peut flinguer le port PS/2 de la CM (uniquement le port).
rétroéclairage
Dernière partie, courte, sur le rétroéclairage. Il se répand doucement et avec une qualité variable. La seule chose que l'on puisse réellement dire est vis-à-vis des claviers mécaniques. Le rétroéclairage de ceux-ci est beaucoup plus difficile à cause de la présence d'un interrupteur imposant sous chaque touche. On trouve néanmoins certains claviers le proposant mais pour une obscure raison les fabricants de clavier s'évertuent à utiliser une police d'écriture immonde sur les claviers rétroéclairés.