The Good Fight, ou la déchéance d'un thriller judiciaire d'excellente facture en un pamphlet politique grossier sans saveur
Maia Rindell (Rose Leslie), fille d'un célèbre financier, vient de réussir son examen du barreau et est engagée dans le cabinet de sa marraine, Diane Lockhart (Christine Baranski), avocate réputée, lorsqu'un scandale éclate : le père de Maia est le nouveau Madoff. Diane, qui venait de finaliser son départ en retraite, se retrouve ruinée et est obligée de reprendre son activité. Pestiférée de par ses liens avec le père de Maia, elle rejoint alors la plus importante firme 100% noire de Chicago, Reddick, Boseman & Kolstad, dans laquelle elle fait également entrer sa filleule lorsqu'elle s'aperçoit que celle-ci, haïe de tous, n'était au courant de rien. Lucca Quinn (Cush Jumbo) est une avocate montante de Reddick, Boseman & Kolstad, qui va assister au remue-ménage créé par l'arrivée de Diane et Maia.
Saison 1 : Excellente. Les trois héroïnes sont magnifiquement jouées par Christine Baranski, Cush Jumbo et Rose Leslie, et se partagent le temps d'écran de façon égale. Des relations se construisent, on assiste à des procès intéressants, les personnages secondaires sont bien écrits, on vit le quotidien de ces trois femmes sans que cela soit trop appuyé, et le fil narratif du Ponzi Scheme emmené par le trio père/mère/oncle de Maia offre une tension parfaite à la saison. L'actualité politique est abordée, de façon naturelle pour une entreprise entièrement noire et démocrate aux prises avec un certain aspect du pouvoir sous le régime de Trump, mais sans que cela soit trop appuyé. Juste ce qu'il faut.
Saison 2 : Le début de la déchéance. On arrête de développer les relations entre personnages, Maia commence à prendre une place secondaire, ne sachant que faire de la vie privée de Diane les scénaristes lui imposent des activités de plus en plus hétéroclites et farfelues (micro-dosing, aïkido, lancer de haches, cellule secrète quasi-terroriste de femmes oeuvrant pour la non-réélection de Trump...), certains personnages secondaires disparaissent sans crier gare, on perd la sensation de suivi sur la vie de certains personnages après que certains évènements se produisent, on a plus le droit qu'à des bouts de procès etc. Mais surtout : Trump ! Des personnages dansent et baisent avec des masques de Trump, Trump emmène 5 chèvres à un sommet de l'ONU, Trump met des explosifs dans le cul des ours, Trump, Trump, Trump, Trump. La subtilité est soudainement passée par la fenêtre.
Saison 3 : Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, #Metoo, Trump, Trump, Trump, racisme, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, #Metoo, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, racisme, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, racisme, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, Trump, #Metoo, Trump, Trump, Trump. Sans déconner. Le mari de Diane se fait tirer dessus par un fils de Trump pendant un safari et se fait éjecter de derrière Trump pendant un discours parce qu'il n'applaudit pas assez. Sérieusement quoi. C'est une obsession à ce niveau. Il ne reste aucune des qualités d'écriture de la première saison, c'est le bordel, le personnage de Maia est clairement poussé vers la sortie en étant quasiment absent de la saison (et Rose Leslie a confirmé qu'elle ne serait plus là la saison suivante), le personnage de Lucca est désormais complètement lambda et chiant et Diane est devenue une grande folle inconsciente.
C'est un massacre, un gâchis. Je conseille de regarder la première saison et les deux premiers épisodes de la seconde saison (pour clore l'arc du Ponzi Scheme) et d'en rester là.
La mise en avant de cet agenda politique est à se demander pourquoi certains personnages secondaires ont disparu sans bonne raison après la saison 1 alors que la série était le truc le plus gros que ces acteurs avaient dans leurs tuyaux à ce moment-là. De même pour Rose Leslie qui dans un sketch de SNL a laissé entendre qu'elle n'avait rien de prévu après la saison 3. Des acteurs qu'on a poussé vers la porte pour leurs opinions ou que la subtilité du bousin a rebuté ?