Bon, pour le faire voir à ma moitié, j'ai refinis la S1 de
Psycho-Pass :
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À l'époque, Psycho-pass avait reçu un accueil plutôt positif et moi même, dans un élan de générosité, je lui avais mis un 10/10.
Aujourd'hui en le revoyant je me rends compte que c'était complètement immérité. Néanmoins, je pense qu'il faut bien un second visionnage pour se rendre compte que Psycho-pass, même la S1, est problématique à divers points de vue (ce qui est encore plus criant sur la suite, mais déjà bien visible sur la S1 en fait).
Déjà le hasard du calendrier a voulu que je re-regarde cette saison après m’être refait Ghost in the shell : Stand Alone Complex, et c'est salvateur, car ça permet de se rendre compte de deux choses :
-> Psycho-pass repompe de très nombreux points de GITS, et ça va souvent au-delà du simple hommage pour tomber, un brin, dans le plagiat, amha.
-> Psycho-pass est loin d'être aussi riche que sa source d'inspiration, non seulement objectivement sur la forme, bien en retrait malgré des efforts, mais aussi sur le fond, qui pose en plus des problèmes que GITS n'a pas, bien au contraire.
Prenons la forme déjà : Psycho-pass est objectivement plutôt réussi pour un animé « moderne », c'est bien animé, il y a une BO, il y a un effort sur les dessins et les perso.
Néanmoins voilà, déjà là il y a à redire : Psycho-pass sur la forme c'est de la repompe de GITS en tout point, ça va du style général à tout plein de petits détails présents dans les épisodes dont la liste serait interminable (les moyens de transport par exemple, qui sont carrément repompés pour ce qui est des hélicoptères). Le design du méchant, comme son rôle, rappelle également furieusement celui du « Héros » (méchant, mais pas vraiment) de la S2 de GITS, même cheveux blancs, même discours, etc etc.
Cette repompe générale aurait pu être un avantage, mais elle ne l'est pas, car psycho-pass fait de la peine par rapport à son ainé : plan moins riche, perso en retrait et caricaturaux, BO dont on ne se souviendra pas d'un seul morceau au final, etc.
Et ça c'est que la forme, le souci est encore plus apparent dans les structures d'épisodes. Dans toute la première moitié de la saison, certains épisodes sont des « hommages » a des épisodes de GITS, à un point que certaines fois ça frise, une fois encore, le plagiat, ou du moins, le manque de créativité manifeste. (on a le piratage dans une usine de robot, on a l’enquête en ligne sur des forums 3D etc etc...)
Donc déjà pas mal de soucis que je n'avais pas remarqué la première fois (surement parce que j'avais vu GITS plusieurs années avant psycho-pass à l'époque) mais en plus psycho-pass a un furieux problème de discours.
Comme dans GITS on est ici dans l'animé philosophique
« pour grande personne » et il emprunte à GITS son concept de personnage évoluant dans un univers cyberpunk futuriste et déclamant des discours philosophiques en quasi-monologue qui vont révéler les enjeux du scénario.
Je pense que la première fois je n'ai vu aucun souci sur ces aspects, comme bon nombre de personnes ayant vu la saison, car il est aisé de passer son cerveau en mode off sur des monologues philosophiques pour, plutôt, se concentrer sur l'action de la scène d'après. Mais à la faveur de ce revisionnage j'en ai un peu profité pour essayer de bien comprendre le discours et les monologues. Et là c'est le drame. Non seulement la moitié d'entre eux est incompréhensible et semble tout droit tirée d'un chapeau au hasard (contrairement à GITS, qui présente des discours complexe, mais pertinent). Mais en plus je me suis rendu compte que psycho-pass est une œuvre très très conservatrice. On est un peu, sur le fond, devant un
«anti-1984».
On est devant une œuvre, pour ceux qui ne connaissent pas la série, qui se déroule dans un genre de monde à la 1984/meilleur des mondes/cyberpunk/GITS ou tout est géré par un système global, Sybil, qui décide de l'avenir de chaque personne, de leur métier, des décisions gouvernementales, et surtout qui juge et condamne instantanément toute personne en fonction d'un coefficient criminel calculé par l'analyse en direct du cerveau des gens.
Bien entendu, au départ l'animé nous montre un peu les côtés sombres de cet univers, mais très vite le discours va s’aplanir en direction d'un
« C'est pas top, mais c'est mieux que rien, car après tout, l'ordre est là ». Ce discours, qui est celui de toutes les grandes dictatures depuis des dizaines d'années, et qui est celui de beaucoup de « méchants », à juste titre, de la culture populaire, est ici présenté comme la seule conclusion acceptable. D'ailleurs il est drôle que le méchant de l'animé soit un révolutionnaire présenté comme un être sans foi ni loi dès lors qu'il peut mener son changement du système, on a l’impression d'être devant une caricature anti-révolutionnaire datant de bouquins conservateurs de 1800...
Il est encore plus drôle de mettre dans la bouche du révolutionnaire des phrases tirées de toutes les œuvres pertinentes sur le sujet (de Orwell à Gibson), pour mieux ridiculiser ces citations ensuite. Psycho-pass c'est un peu un scénariste qui semble se défouler contre toute une littérature qui l’énerve.
Je pense que je n'avais guère fait attention à tout ceci au premier visionnage, car le héros « secondaire » prend tout l'écran, et qu'il est, lui, un véritable
« héros » disposant d'une morale classique et d'une aura de badass, résultat des courses les problèmes de l'animé n’apparaissent surtout que dans la S2 ou ce personnage est moins présent à l'écran. Mais en réalité, dès la S1 on peut les voir sans soucis.
Notons également que pas mal de point du scenario sont incohérent ou ne tienne que sur des TGCM. Par exemple tout ne tient que sur « il n'y a pas d'alternative à Sybyl, le monde ne pourrait pas vivre sans lui » répété ad-nauseam (pourquoi ? Il y a des pays à coté du votre qui n'ont pas Sybil non ?). Énormément d'autres aspect ne tiennent que parce que le monde est réduit à une ville et que la planète entière est résumée à cette ville sans parler de ce qui se passe à l'étranger.
Pour finir : j'ai trouvé l'animé particulièrement malhonnête, car il recourt à une petite astuce pour faire passer son discours dans le domaine de l'acceptable : c'est de mettre en scène une héroïne dont le
« psycho-pass » est continuellement bas et ne varie jamais. De fait, tout le côté dictatorial et oppresseur du système devient
« le problème des autres » puisque le héros sur lequel on vient faire son identification n'est pas affecté par ce souci (et que le second héros en tire même avantage, c'est de là que vient son côté badass et son
« métier » particulier). Un peu comme si on écrivait 1984 du point de vue du chef de la dictature et non du point de vue d'un simple citoyen lambda observé. Petite astuce, mais essentielle pour que l'animé
« passe » sans élever de critique chez la plupart.
Bref, j'avais mis 10/10 et à posteriori c'est donc complétement immérité, je descend cela à
7/10 (ou 8, je verrais) je pense. Parce que malgré ses défauts ça se suit agréablement grâce à l'action et la réalisation. Néanmoins voila, c'est pas du grand art dés la S1 et ça explique que ça empire dans la suite ...