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Nilsou
Je reviendrais donc sur l'origine du débat : "Est ce que c'était "correcte" d'ouvrir le japon par la force des armes, comme dans le cas des guerres de l'opium ?", pour moi non, la fin ne justifiant pas les moyens. C'est pas vraiment du débat historique, c'est un point de vue moral
Ce qui est une démarche, certes, mais vouloir juger moralement des événements historique, ça me paraît être un concept assez spéciale. Surtout en considérant que la moral n'est vraiment pas un repère fixe dans l'histoire. Faut-il juger César pour avoir tué 1/3 de la population Gauloise ou considérer qu'il s'agissait là non seulement d'un élément normal de conquête à l'époque mais qu'en plus, il a permis l'installation durable de l'empire Romain (donc le succès de l'opération au départ). Un débat morale paraît sans fin, et puisqu'il appel à un jugement de moral : insoluble. Qu'est-ce qui pèse le plus ? A l'échelle locale, la mort d'un millions de gaulois ? Ou la fin des guerres incessantes entre les confédérations de l'époque ? Est-ce que pour avoir des thermes, des aqueduc, une culture, un empire qui allait permettre le développement de cette contré reculé ? Quelques centaines d'années plus tard, c'est les gaulois qui mourraient pour le défendre cette Empire ? Je vais essayé d'ouvrir quelque perspective sur cette question malgré tout.
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Nilsou
Ça a quand même pas mal de rapport. Ce n'est pas si éloigné dans le temps que ça si on analyse les rapports sociaux et la phase d’expansionnisme japonais démarre par l'humiliation en 1850. La plupart des auteurs que j'ai lu considère l’ère Taisho comme une simple prolongation de l’ère Meiji, avec une parenthèse démocratique temporaire mais sans modification massive des enjeux géopolitiques.
Mais la motivation derrière l'ère Meiji, c'est pas une quête de revanche fasse à une terrible humiliation. Le Japon de 1850 ce n'est pas la France de 1870. Là où chaque Français était éduqué depuis sa tendre enfance, avec le coeur serré de voir l'Alsace et la Lorraine sous le joug Impérial, les Japonais, à part quelques nationalistes et écrivain romantique y était assez indifférent. La façon dont était considéré cette événement divergeait d'ailleurs selon le "bord politique", un libéral y voyait quelque chose de positif et dépeignait volontiers l'ancien Japon comme aveugle aux enjeux modernes. La guerre du Boshin, même si bien plus complexe qu'une simple dichotomie modernité/tradition, avait aussi pour enjeux une lutte de pouvoir entre la vielle garde et une nouvelle intelligentsia complètement favorable à l'occidentalisation du pays (adoption d'une constitution à la Prussienne, modernisation militaire comme tu le souligne, industrielle, etc.) Si les japonais se jette à corps perdu dans cette modernisation, c'est qu'il se réveille après plus de 200 ans de Sakoku Jidai et que le monde à changé. Les navires noirs de Perry, c'est comme des vaisseaux Aliens qui arrivent au-dessus de la maison blanche. Les Japonais se rendent bien compte qu'il y a du pain sur la planche. Ils ont d'ailleurs de nombreux exemples qui les encouragent à faire vite avant que les occidentaux n'en demandent plus. A cet égard, un simple démonstration de force, c'est pas grand chose. Tu parle de la Chine voisine, c'est plusieurs guerres humiliantes qu'ils ont subis avant de finalement s'ouvrir économiquement. Des pans entier du monde n'ont même pas eu cette chance et ont été colonisés, peu importe si c'était de grande civilisation ou des tribus indigènes. La diplomatie de la canonnière ne porte pas ce nom que parce que c'était des beau bateau. Au regard de l'histoire du Japon, c'est certes un événement impressionnant, mais au regard de ce qui ce fait dans le monde, on est très loin de l'ouverture "au burin".
Pour le fait que l'ère Taishou qui est une continuité de l'ère Meiji, naturellement, comme toute période historique qui se succède. Cependant, l'ère Meiji n'est pas construite sur l'événement cathartique de l'ouverture du pays comme tu l'entends mais bien sur la volonté de modernisation du pays (comme de nombreux pays (Iran, Ethiopie, Siam, pour ne citer que ceux qui ont survécu) à l'époque qui cherchent à éviter le destin de beaucoup d'autre nations qui ont trop tardé. Ce n'est pas la douleur mais la compétition qui motive cette situation. En outre, ce n'est pas une compétition que militaire mais aussi économique et politique. Bref, une concurrence de grande puissance, rang que le Japon veut occuper au même titre que l'Italie ou la Russie, avec les même prérogative et pas comme simple vautour militariste.
Taishou, est une parenthèse, mais pas un accident de l'histoire. Tout comme aujourd'hui, les jeunes chinois adoptent des modes de vies américains, les Japonais de l'époque, avec l'amélioration de leur condition de vie ont cherchés à adopter un mode de vie Européen qui était à l'époque un modèle de civilisation. Tout comme les chinois qui ont couru pour rattraper l'occident au cours des 40 dernières années, les Japonais ont commencé à goûter au fruit de leur labeur. L'Europe étant à l'époque le modèle de civilisation. Je pense pas qu'il y ait de l’ethnocentrisme à dire que les Japonais cherchaient à adopter le même mode de vie. La démocratie, elle qui est du ressort des décideur, n'est pas un accident. Ce qui l'est, c'est la constitution de Meiji qui n'a pas solidifié suffisamment leur pouvoir pour résister à l'influence de la noblesse impériale, des lignées de militaires et surtout des Zaibatsu (conglomérats économique qui existent encore aujourd'hui). Elle est fragilisé comme la république de Weimar. Le parallèle est d'ailleurs intéressant car le Japon comme l'Allemagne on des paysages politiques presque semblables qu'on peut peut-être mettre sur le dos de cette constitution Prussienne.
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Nilsou
Le "traités avec respect" du traités de Versailles est très relatif. Ils gagnent une place dans le nouvel ordre post-1erGM, mais ils gardent en travers de la gorge l'opposition US durant les négociations du traités de Versailles (voir
ici pour un résumé succinct des négociations du point de vue jap). Dés le début l'ouverture à un but d'atteindre la puissance économique et militaire capable de rivaliser avec l'occident menaçant, et même dans l'exemple que tu donne (1919) le japon en se rendant compte qu'il accuse encore un retard technologique (lors du déploiement de ses troupes et engins dans la 1ere GM ça lui a donné l'occasion de comparer) décidera d’accélérer la cadence. Toujours la même logique sous-jacente.
Cette façon de voir les choses entraîne certes, en aparté, une fascination pour l'occident, mais qui est toujours basée sur la fascination pour la puissance militaire, avec comme objectif de la dépasser. Rien de très sain donc, et les conséquences en furent assez logique.
Les Japonais se doutent bien qu'ils ne vont pas se faire accepter aussi facilement, c'est pour ça que Versailles est inespéré. Au vu de sa contribution, ce qu'elle gagne est superbe. Ce que ton document mais en évidence, ce n'est pas le refus de laisser la place au Japon dans le concert des nations (ce qui pourrait être vu comme humiliant) mais "juste" le résultat d'une rhétorique raciste (bien normal à l'époque, des deux côtés, pas de quoi prendre la mouche en somme).
Oui, l'objectif au début est militaire, puisque c'est l'aspect le plus impressionnant. Mais les conséquences sont économiques, et les acteurs qui profitent, et deviennent moteur politique de ce développement ont des intérêts bien éloignés de ce développement militaire. L'occidentalisation du Japon n'est pas juste apprendre à tirer en rang et produire des beaux canons Krupp. Dans l'esprit des décideur comme du peuple.
Je comprends pas trop la référence à 1919. En 1905, le Japon a déjà vaincu la Russie dans une guerre qui n'était pas une simple escarmouche. Ils ont prouvés la valeur et la modernité de leurs armées comme de leur flottes et le Japon en 1919 n'est pas arriéré. S'il est en périphérie du monde développé, il a rattrapé son retard. Le développement de l'armée dans les années qui suivront est le résultat de la faiblesse de la démocratie, de lobby de l'armée et de l'industrie qui se trouve des intérêts communs et surtout de l'effondrement de l'Empire Russe qui laisse une voie royale en Chine. Le Japon n'est pas l'innocente victime des machinations occidentale (tout comme la Chine d'ailleurs, mais c'est un autre sujet). Le Japon ne pouvait pas continuer son existence fermé du reste du monde, qui le veuille ou non. Sa militarisation n'est pas le résultat d'une mauvaise éducation comme un enfant mal encadré. Cette période est un grand succès, source de fierté pour de nombreux japonais, qui se referme malheureusement sur le chapitre de la seconde guerre mondiale, comme de nombreux pays qui n'ont pas été "ouvert au burin".
Encore une fois, je ne peux m'empêcher de signaler que l'évènement est vu de manière positive par la population Japonaise moderne, même si on peut douter de la pertinence de cette remarque tant le peuple Japonais aujourd'hui est différent de celui d'il y a 50, 100, 150 ans.