Ceci est un topic sur le nucléaire (parce que c'est un sujet qui a tendance à déborder et si on peut tout s'écharper dans un unique topic ça sera plus simple ).
Je parle du nucléaire en général, c'est à dire la radioactivité et le nucléaire civil (fission et fusion). Je ne pense pas parler du nucléaire militaire, ou alors succinctement.
Définitions :
- Demi-vie ou période radioactive : La demi-vie est le temps nécessaire à un isotope radioactif pour réduire sa quantité de moitié. Si vous avez par exemple 10 grammes de l'isotope X, au bout d'une demi-vie vous n'en aurez plus que 5 g. Et à la demi-vie suivante il vous restera 2,5 g. il en résulte la loi de décroissance radioactive qui permet de calculer la quantité de matière restante après Y années (comptez 10 demi-vie pour qu'il ne reste plus rien). C'est grâce à ça que la datation radioactive fonctionne. Pour la datation par Carbone 14 par exemple, la concentration dans l'air est fixe mais ce n'est plus le cas pour de la matière organique dont les échanges gazeux avec l'extérieur sont inexistants (ou très réduits), on a donc la concentration initiale, la concentration actuelle dans la matière organique qu'on veut dater et ça nous permet de savoir il y a combien d'années cette matière organique a été retiré des échanges gazeux (en gros quand est-ce que l'être est mort).
La radioactivité
La radioactivité est une transformation physique d'une particle qui émet un rayonnement. Le rayonnement émis au cours de cette transformation conduit à l'irradiation par un rayonnement ionisant ou par des neutrons. Ce rayonnement sera une irradiation si c'est une source extérieure qui vous irradie, ou une contamination si source intérieur, i.e. dans votre corps. L'effet est le même (une source radioactive qui émet un rayonnement ionisant qui agit sur vous) mais les dégâts sont différents.
Un noyau est un ensemble de protons et de neutrons, l'atome est un noyau avec une couche électronique (des électrons). Un neutron est une particule sans charge alors que le proton est une particule de masse quasi identique avec un charge positive. Certains noyaux sont instables car ils ont trop de neutrons ou trop de protons ou sont tout simplement trop lourd. Le noyau stable le plus lourd est le Plomb (un atome est stable quand au moins un de ses isotopes est stable), le Plomb-208 pour être précis. Un noyau instable va avoir une réaction va l'amener vers un noyau stable (en une ou plusieurs étapes). On a un vallée de stabilité qui au début concerne les isotopes ayant autant de neutrons que de protons puis après qui ont plus de neutrons que de protons (ce sont des données empiriques). Un noyau stable est un noyau avec une demi-vie suffisamment importante. Il existe deux atomes moins lourds que le plomb étant radioactifs (n'ayant donc aucun isotope stable), c'est le Technétium et le Prométhium.
Il existe 4 désintégrations radioactives :
Cette désintégration et l'émission d'un noyau d'hélium 4 par un atome X (qui va donc devenir l'atome Y avec 2 protons de moins et 2 neutrons de moins). Cet atome d'hélium 4 (d'une énergie comprise entre 3 et 8 MeV) réagit violemment avec tout (imaginez vous un bulldozer). Du coup il a une portée très limitée dans l'air (entre 3 et 7 cm dans l'air et entre 30 et 90 μm dans l'eau) et la couche morte de votre peau suffit en général à l'arrêter. Une image populaire est de dire qu'une feuille en papier suffit à arrêter le rayonnement alpha. Cela est vrai, mais si vous avez un émetteur qui chauffe beaucoup vous risquez de brûler votre feuille (ou votre peau) si vous êtes proches (contact ou presque). C'est quasiment inoffensif si c'est en irradiation, mais si c'est en contamination vous êtes baisés (ne pas lécher donc).
Deux désintégrations beta (d'une énergie allant du keV au 10 MeV) existent : la + et la -. La + est la transformation spontanée d'un proton en un neutron avec l'émission d'un positron (un électron positif). La - est la transformation spontanée d'un neutron en un proton avec l'émission d'un électron. Un électron réagit moins qu'un noyau d'hélium donc moins de dégâts en contamination mais plus dangereux en irradiation vu que la portée est supérieure (de l'ordre de 4.5 m dans l'air à 1.7 MeV et de seulement 6 cm dans l'eau qui est un milieu bien plus dense). En effet, moins une particule interagit avec la matière, plus elle a de portée dans cette matière. L'image veut qu'une feuille d'aluminium suffit à arrêter le rayonnement beta.
Se produit quand un noyau est dans un état excité et qu'il revient à l'état fondamental (en général une désintégration beta amène à l'état excité d'un noyau). Attention à ne pas confondre avec l'état excité d'un atome, dans ce cas si ce n'est pas un électron qui est dans une couche supérieure mais le noyau qui est excité (me demandez pas l'interprétation physique :ninja). Dans le cas de la désexcitation d'un atome on émet du rayon X (en général) alors que la désexcitation d'un noyau on émet du rayon gamma (en général). Le rayon X et le rayon gamma sont tous les deux des ondes électromagnétiques (comme la lumière, mais d'énergie plus élevée) et le rayon gamma a simplement une énergie (et donc une fréquence) plus élevée. L'image veut qu'une certaine épaisseur de plomb ou de béton permet d'arrêter le rayonnement gamma. La désintégration gamma est à peu près aussi dangereuse en contamination qu'en irradiation.
Dans ce cas la on a une réaction nucléaire qui émet un ou plusieurs neutrons. Le neutron n'étant pas chargé il va relativement loin mais quand il interagit il pique pas mal (aussi dangereux en contamination qu'en irradiation). Plusieurs réactions peuvent produire des neutrons. On a bien évidemment la fission du noyau (spontanée ou forcée) ainsi que l'absorption d'un neutron qui va mener le noyau à émettre plusieurs neutrons.
Il existe deux types d'effets suite aux radiations, les effets stochastiques et les effets déterministes. Les premiers sont visibles à long terme (i.e. les cancers et leucémies) tandis que les premiers c'est les dégâts directs (ceux qu'ont subis les liquidateurs à Tchernobyl par exemple). Pour vous donner une idée des différentes irradiations auxquelles vous pouvez-être soumis, vous avez cet excellent dessin d'xkcd.
En radioactivité on a plusieurs grandeurs :
- L'activité (en Bq), c'est le nombres de désintégrations par seconde de la source.
- Le flux ou l'exposition (en nb de particles / m²s), c'est le nombre de particules qui traversent une surface donnée par unité de temps.
- La dose absorbée (en J/kg ou en Gy), c'est l'énergie absorbée par unité de masse (anciennement exprimée en rad, 1 Gy = 100 rad).
- La dose équivalente (en Sv), c'est la quantification des dégâts biologiques sur un humain (c'est la dose absorbée pondérée par la distribution de l'énergie sur le récepteur et par les dégâts biologiques, certains organes sont plus sensibles que d'autres). Auparavant exprimée en rem (1 Sv = 100 rem). Attention, la dose équivalente ne fait de sens que quand on parle d'effets stochastiques, il est plus judicieux de parler de dose absorbée quand on parle d'effets déterministes.
La fission nucléaire
La fission nucléaire c'est quand on envoie un électron sur un noyau lourd qui a tendance à se fissionner quand il gagne un neutron. Il se fissionne en 2 ou 3 noyaux plus petits (en général 2) et plusieurs neutrons qui vont faire fissionner d'autres noyaux lourds. Le but du jeu est que la fission d'un noyau entraine la fission d'un autre noyau (lors du fonctionnement normal). Si c'est moins d'un noyau fissionné alors la réaction va s'arrêter, si c'est plus de un elle va grimper. Quand le ratio k (k = # de neutrons dans la génération i-1 / # de neutrons dans la génération) est égal à 1 (i.e. la réaction se maintient) alors on parle de réacteur critique. Si k est inférieur (strictement) à 1 alors on est sous-critique (subcritical en anglais, y a un terme plus joli en français ?) et si k est strictement supérieur à 1 alors on est super critique (supercritical en anglais, y a un terme plus joli en français ?). Les réacteurs actuels fonctionnent à l'uranium enrichi ou uranium naturel (c'est la quantité des différents isotopes qui déterminent si c'est naturel ou non). Le thorium est une piste mais n'est pas encore utilisé commercialement à ma connaissance (l'Inde s'y intéresse fortement vu ses ressources en thorium). Pour les réacteurs thermiques il est nécessaire d'utiliser un modérateur (un élément qui va ralentir les neutrons) en plus du refroidissement (ils peuvent être identiques). Un bon modérateur ralenti fortement les neutrons et les absorbe très mal.
Les trois modérateurs les plus utilisés sont :
- Graphite : Ralenti le moins bien les neutrons (des trois modérateurs) les absorbe mieux que l'eau lourde. Est sous forme solide.
- H2O : L'eau, ralenti très bien les neutrons mais les absorbe très bien également. Reste le modérateur qui ralenti le plus les neutrons, mais vu son taux d'absorption il ne peut pas fonctionner avec de l'uranium naturel.
- D2O : L'eau lourde, ralenti assez bien (7 fois moins bien que l'eau) les neutrons mais les absorbe le moins (3 fois moins que le graphite et 664 fois moins que l'eau).
Dans la majorité des réacteurs commerciaux les neutrons sont fortement ralentis (lors de la fission ils ont une énergie de 2 MeV alors que cette énergie est de 0.025 eV après qu'ils aient été ralentis). On parle de neutrons thermiques quand ils sont à 0.025 eV et de neutrons rapides s'ils sont à 2 MeV (en gros, s'ils sont pas fortement ralentis ça reste des neutrons rapides, même à 1 MeV).
Les réacteurs nucléaires sont divisés en 4 générations (en fait 5 dont une et demi qui ne sont pas vraiment en service).
Réacteurs de 1ère génération :
Construits avant 1970. Par exemple Chooz A en France. Les réacteurs étaient pas si standardisé à l'époque, de ce que j'en sais, et on a essayé pleins de solutions.
Réacteurs de 2ème génération :
Construits entre 1970 et 1998. Le gros des réacteurs européens et américains (et russes en fait). C'est la standardisation des réacteurs de première génération avec plusieurs améliorations.
On a plusieurs types de réacteurs qui se différencient en plusieurs catégories (liste non exhaustive).
Il y a les réacteurs dont la modération est faite par la graphite :
- Magnox : utilise de l'uranium naturel et est refroidi par du gaz carbonique.
- AGR : utilise de l'uranium enrichi et est refroidi par du gaz carbonique.
- RBMK : utilise de l'uranium enrichi et est refroidi par de l'eau bouillante. Très instable spatialement (en gros le réacteurs ne réagit pas de manière uniforme sur le plan horizontal, sur le plan vertical ils ont tous ce soucis) et ne possède pas de confinement. Permet de changer le combustible en opération, très pratique si on veut obtenir du plutnium pour les bombes mais à ma connaissance ils n'ont jamais été utilisé dans ce but. Des réacteurs de 2 GW étaient prévus (à titre de comparaison une centrale EPR c'est 1.6 GW et c'est gros).
Les réacteurs dont la modération est faite par de l'eau liquide, parce que meilleure densité (l'eau liquide en modérateur ne permet pas d'utiliser de l'uranium naturel) :
- REP : Réacteurs à eau pressurisée (PWR en anglais, les russes utilisent une version légèrement différent, le VVER). Les plus populaires en occident (et pas que, ils représentent 75% des réacteurs en service), ils ont l'avantage d'avoir le modérateur qui assure le refroidissement. Si votre réacteur chauffe l'eau diminue en densité et donc la modération est réduite. Ce qui amène une baisse de température. La plupart des réacteurs essayent d'utiliser des rétroactions négatives de ce genre si possible, mais ça rend le REP plus sûr que du RBMK. Est aussi très apprécie grâce à sa compacité (la place ça coûte cher).
- REB : Réacteurs à eau bouillante (BWR en anglais), très similaire au REP sauf que dans le coeur du réacteurs l'eau se transforme en vapeur vers le sommet des barres de combustibles (qui restent immergées). Ça permet de ne pas utiliser d'échangeur de chaleur mais le cœur est plus gros et il faut mettre plus de choses dans le confinement qui est donc plus cher.
Les réacteurs dont la modération est faite par de l'eau lourde (non Sharn, elle n'a pas besoin de faire un régime ) :
- CANDU : utilise de l'uranium naturel et est refroidi par de l'eau lourde liquide (cela dit c'est un peu particulier l'agencement, très intéressant). Permet de changer de combustible en continu (bon en téléopération hein, sinon vous en ferez qu'un de changement ). C'est un réacteur canadien.
- PHWR : utilise de l'uranium enrichi et est refroidi par de l'eau lourde liquide.
Réacteurs de 3ème génération :
Construits après 1990. C'est des réacteurs de seconde génération améliorée mais sans changement notable.
Réacteurs de génération III+ :
Évolution des réacteurs de 3ème génération, mise en service à venir. Des améliorations significatives des réacteurs de 3ème génération mais rien de révolutionnaire.
Réacteurs de 4ème génération (en) :
Réacteurs révolutionnaires, mise en service prévue entre 2020 et 2050.
Eux c'est des réacteurs rigolos. 6 ont été retenus par le forum des réacteurs de 4ème génération.
Il y a également les ADS qui consistent à utiliser un accélérateur de particules afin de transmuter les noyaux. Pas le plus efficace pour la production d'énergie mais permet de se débarrasser de pas mal d'isotopes à longue durée de demi-vie dans les déchets nucléaires. Encore au stade de la recherche, plusieurs prototypes sont dans l'étape de pré-construction.
La fusion nucléaire
Confinement magnétique :
[En cours de création]
Confinement inertiel :
[En cours de création]
Fusion froide
C'est du caca (parce que pas de résultats vérifiables et pas d'explication physique) et il y a un topic dédié.
Liens intéressants
Pas anti-nucléaire
Anti-nucléaire
Désinformation
Ce n'est pas fini, mais je continuerai au fur et à mesure, toute critique ou conseil est bienvenue.