Par rapport au modèle de croissance des États-Unis,
les modèles européens ont donc davantage permis une progression des revenus des classes moyennes et populaires, malgré des taux de croissance des revenus moyens et des revenus au sommet plus faibles sur la période considérée.
[...]
Cette divergence de trajectoires mérite une attention toute particulière car, dans une certaine mesure, l’Europe a été confrontée aux mêmes révolutions technologiques que les États-Unis, ainsi qu'a des évolutions similaires du commerce international, avec notamment une compétition accrue sur les emplois peu qualifiés du secteur manufacturier.
Ces deux facteurs sont régulièrement mis en avant pour expliquer l’évolution des inégalités à l’intérieur des pays riches.
Or, de telles différences d’évolutions des inégalités de revenus suggèrent que cette explication est largement insuffisante.
La hausse des inégalités apparaît davantage le produit de choix politiques et d’arrangements institutionnels (qualité du système public en matière de santé ou de formation, progressivité de l’impôt, poids des syndicats dans les négociations salariales, etc.) plutôt que le résultat mécanique de la libéralisation des flux de marchandises ou de l’automatisation et digitalisation des appareils productifs.