PDA

Voir la version complète : Les jeux vidéos rendent intelligent...



Toxic
18/11/2006, 12h11
Pour tous ceux qui ont besoin d'un petit remontant après avoir tant lu et entendu que les jeux vidéos rendaient violent, associal, demeuré et épileptique, je voulais parler d'un bouquin que je suis en train de finir de lire en ce moment, Everything Bad is Good for You (http://www.newyorker.com/critics/books/articles/050516crbo_books), de Stephen Johnson.

Ecrit en réaction contre ceux qui affirment que la culture populaire d'aujourd'hui n'est qu'un océan de médiocrité dans lequel sont en train de se noyer nos cerveaux, le livre prend la défense de choses diverses et variées comme la télé-réalité, les séries télé dénigrées pour leur violence (comme Les Soprano) ou leur grossièreté (comme Les Simpson), et... les jeux vidéos.

Il dit par exemple que, si l'on considère les émissions de télé-réalité comme le pire de la télé d'aujourd'hui, elles sont quand même meilleures que le pire de la télé d'antan. Quand vous regardez une bande de crétins sur une île déserte faire des acrobaties et bouffer des limaces et se poignarder dans le dos les uns les autres, contrairement à ce qu'on répète dans les médias "sérieux", vous ne regardez pas un truc particulièrement plus con que les trucs les plus cons de la télé d'il y a 30 ans. Au contraire : devant votre télé, vous réfléchissez. "Ah tiens, moi j'aurais éliminé Machin plutôt que Truc", "Stratégiquement, Untel a plutôt intérêt à s'associer avec Ducon s'il veut pas se faire éliminer". Des sujets de réflexion qui, certes, ne sont pas intéressants en soi, mais ce qui est intéressant, c'est qu'ils amènent les fans de l'émission à faire fonctionner leur cerveau. Et l'auteur nous dit que faire fonctionner son cerveau, même pour de grosses conneries, ça reste un bon entraînement pour le faire fonctionner pour des choses plus importantes par la suite.

Bon, je vous avoue que sa partie sur la télé n'est pas franchement ce qui m'a convaincu le plus, mais sa partie sur les jeux vidéos est pas mal.

Pour lui, donc, les jeux vidéos font du bien. Ce que j'apprécie dans sa démonstration pour ma part, c'est qu'il n'utilise pas les arguments habituels des joueurs pour défendre leur loisir : il utilise les arguments d'un type qui aime jouer sans pour autant être un passionné de la chose depuis sa jeunesse. Ainsi, les études scientifiques qui sont juste parvenues à démontrer que "les jeux vidéos ça améliore la coordination oeil-main chez les enfants", dont on lit parfois les résultats dans la presse vidéoludique pour nous réconforter genre "ah vous voyez bien que c'est pas si nul, prends ça dans tes dents Jack Thompson !", lui il s'en branle, pour lui si c'était le seul aspect positif des jeux ce serait bien maigre, et mettre en avant cette amélioration-là c'est quasiment un aveu d'échec.

Ce qui est appréciable aussi c'est qu'il ne joue pas la carte du "aujourd'hui c'est un art à part entière et blablabla et blablabla", ni du "les meilleurs jeux vidéos racontent de bonnes histoires avec de bons personnages et blablabla" : pour lui, ça, c'est du pipeau, MAIS c'est pas grave. On ne joue pas à un jeu vidéo pour son intrigue ou ses personnages : ce qu'on considère comme un scénario excellent dans un jeu vidéo rivalise à peine avec un roman ou un flim de qualité moyenne, alors si on veut une bonne histoire, autant lire un bon bouquin. En revanche, en jouant à un jeu vidéo, on est constamment amené à réfléchir sur la façon de résoudre les problèmes qui nous barrent la route, et c'est pour ça que (d'après le bouquin) les jeux sont bons pour la santé. Le cerveau s'entraîne constamment à réfléchir rapidement pour trouver les moyens de surmonter les obstacles. Et là encore, si résoudre une énigme de Zelda ou trouver le moyen le plus efficace de réussir une mission dans GTA ou Half Life n'est pas intéressant en soi, le fait que Zelda, GTA ou Half Life amènent le cerveau à une "gymnastique" aura, ensuite, des aspects bénéfiques dans la "vraie" vie du joueur : le joueur apprend à réfléchir plus vite, plus efficacement, à s'adapter à un environnement nouveau et à y trouver les moyens de résoudre des problèmes nouveaux. Le "Quick thinking problem solving", voilà ce que nous apprennent les jeux vidéos, et pour Stephen Johnson, c'est leur plus grande qualité (autre que leur qualité divertissante) et quelque chose qu'on ne trouve dans aucun autre loisir.

Voilà, j'ai pas encore fini le bouquin, mais c'est pas mal, et je pense que c'est pas trop difficile à lire même pour ceux qui ne maîtrisent pas parfaitement l'anglais. Si vous êtes curieux de lire une opinion positive sur les jeux vidéos de la part d'un non-gamer, vous devriez jeter un oeil dessus.

azay
18/11/2006, 13h12
Si vous êtes curieux de lire une opinion positive sur les jeux vidéos de la part d'un non-gamer, vous devriez jeter un oeil dessus.

En même temps, lire avec un oeil en moins, c'est pas évident :P
Je voudrais pas faire ma bégueule, mais ton résumé sur la partie Tv est plus ou moins fumeux... Quand à la section sur les JV, les arguments ont l'air bien foireux... Mais bon, faudrait être con pour affirmer quoi que ce soit sans se fendre d'un peu de lecture... D'autant que je viens de finir la bio de Joey Etoile par Manoeuvre (une grande oeuvre de littérature, un putain de génie de la syntaxe ce philou... Ou pas d'ailleurs)
Bref, je sais comment je vais satisfaire mon besoin compulsif d'achat hebdomadaire... Ty Toxic

Toxic
18/11/2006, 13h21
Très franchement j'approuve pas tout ce qu'il dit, je me contente de résumer ses théories, qui à défaut d'être géniales et d'être LA vérité, ont le mérite de proposer un son de cloche différent de ce qu'on entend habituellement. Et comme il y a à peu près zéro chance que le bouquin soit traduit en France, ou même qu'il ait droit à un entrefilet dans la presse spécialisée dans les jeux, je trouvais intéressant quand même de porter son existence à la connaissance de la communauté CPCienne, juste pour dire "Vous voyez, dans le monde extérieur il n'y a pas que des gens qui pensent qu'on joue à des trucs d'abrutis".

Georges Preaufondt
18/11/2006, 13h48
Ce qui est appréciable aussi c'est qu'il ne joue pas la carte du "aujourd'hui c'est un art à part entière et blablabla et blablabla", ni du "les meilleurs jeux vidéos racontent de bonnes histoires avec de bons personnages et blablabla" : pour lui, ça, c'est du pipeau


C'est à mon avis la grande faiblesse du jeu vidéo, et ma plus grande frustration en tant que joueur. Pour jouer à quelque chose d'aussi, fin, profond, intelligent, humaniste, que ce qu'on peut trouver dans de nombreux flims ou oeuvres littéraires, je suis obligé de me rabattre sur Hideo Kojima et... c'est à peu près tout. Seul ce putain de génie a su exploiter pleinement son média pour faire réfléchir le joueur et véhiculer ses idées. Même des oeuvres sensibles et poétiques comme ICO ne vont en fait pas plus loin que la forme.

Ah si, Dead Rising, malgré son apprence de beat em all bourrin, fait preuve dans son scénario d'une finesse et d'un militantisme étonnant, bien qu'opportuniste et facile.